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15.09.2013

LA ROCHEFOUCAULD : SES MEILLEURES MAXIMES CLASSÉES PAR THÈMES

La Rochefoucauld            Ayant déjà rassemblé il y a quelques semaines les meilleures sentences de La Bruyère, je me devais de faire de même pour l’autre grand aphoriste du Grand Siècle, ce dont je m’acquitte en ce jour qui est le quatre-centième anniversaire de sa naissance. Mon choix est très large, puisqu’il regroupe pas moins de 245 maximes (dont 228 tirées des Maximes [1], soit un peu plus de 35% du recueil qui en comprend 641 en comptant les supprimées et les écartées). Cette collection a le mérite non seulement d’une impeccable sûreté [2], mais aussi d’un classement thématique qui, je pense, en facilitera la consultation, en même temps qu’il en dégage les lignes de force [3]. Je donne la référence des deux éditions les plus complètes parmi celles qui sont facilement accessibles, celle de la Pléiade et celle de la Pochothèque [4].

          Les rubriques que j'ai constituées, accessibles directement par un clic, sont :  
De la misère de notre nature                                              De la difficulté à connaître un individu    
De notre inconstance fondamentale                                          De notre égocentrisme souverain     
De la tyrannie et des ruses de l'amour-propre      De notre facilité à nous duper nous-mêmes    
De l'hypocrisie qui empreint toutes nos actions                 De la toute-puissance de nos vices      
De l'amour, de ses pièges et des tourments                                    Des femmes et de leur frivolité    
De l'amitié et de ses tromperies                                                           Des amertumes de la vieillesse     
Des sots et des petits esprits         Des grandes âmes et des habiles              Du train du monde    
Quelques observations neutres                                                              Quelques conseils de sagesse

 

DE LA MISÈRE DE NOTRE NATURE

. La philosophie triomphe aisément des maux passés et des maux à venir, mais les maux présents triomphent d'elle. (La Rochefoucauld, Maximes, n°22 ; Pléiade, 1964, p. 406 ; Pochothèque, 2001, p. 117).

. Peu de gens connaissent la mort : on ne la souffre pas ordinairement par résolution, mais par stupidité et par coutume, et la plupart des hommes meurent parce qu’on ne peut s’empêcher de mourir. (La Rochefoucauld, Maximes, n°23 ; Pléiade, 1964, p. 406 ; Pochothèque, 2001, p. 118).

. Pour bien savoir les choses, il en faut savoir le détail, et comme il est presque infini, nos connaissances sont toujours superficielles et imparfaites. (La Rochefoucauld, Maximes, n°106 ; Pléiade, 1964, p. 417 ; Pochothèque, 2001, p. 137).

. La folie nous suit dans tous les temps de la vie. Si quelqu’un paraît sage, c’est seulement parce que ses folies sont proportionnées à son âge et à sa fortune. (La Rochefoucauld, Maximes, n°207 ; Pléiade, 1964, p. 430 ; Pochothèque, 2001, p. 160).

. Les gens heureux ne se corrigent guère, et ils croient toujours avoir raison quand la fortune soutient leur mauvaise conduite. (La Rochefoucauld, Maximes, n°227 ; Pléiade, 1964, p. 433 ; Pochothèque, 2001, p. 166).

. Il est aussi ordinaire de voir changer les goûts, qu’il est extraordinaire de voir changer les inclinations. (La Rochefoucauld, Maximes, n°252 ; Pléiade, 1964, p. 437 ; Pochothèque, 2001, p. 173).

. S’il y a des hommes dont le ridicule n’ait jamais paru, c’est qu’on ne l’a pas bien cherché. (La Rochefoucauld, Maximes, n°311 ; Pléiade, 1964, p. 445 ; Pochothèque, 2001, p. 186).

. On trouve des moyens pour guérir de la folie, mais on n’en trouve point pour redresser un esprit de travers. (La Rochefoucauld, Maximes, n°318 ; Pléiade, 1964, p. 446 ; Pochothèque, 2001, p. 187).

. Nous arrivons tout nouveaux aux divers âges de la vie, et nous y manquons souvent d’expérience, malgré le nombre des années. [5] (La Rochefoucauld, Maximes, n°405 ; Pléiade, 1964, p. 456 ; Pochothèque, 2001, p. 205).

. L’esprit nous sert quelquefois à faire hardiment des sottises. (La Rochefoucauld, Maximes, n°415 ; Pléiade, 1964, p. 458 ; Pochothèque, 2001, p. 207).

. Nos ennemis approchent plus de la vérité dans les jugements qu'ils font de nous, que nous n'en approchons nous-mêmes. (La Rochefoucauld, Maximes, n°458 ; Pléiade, 1964, p. 463 ; Pochothèque, 2001, p. 215).

. Comme la plus heureuse personne du monde est celle à qui peu de choses suffit, les grands et les ambitieux sont en ce point les plus misérables, puisqu’il leur faut l’assemblage d’une infinité de biens pour les rendre heureux. (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes posthumes n°522, Pléiade, 1964, p. 477 ; Maximes écartées n°1, Pochothèque, 2001, p. 267).

. Les plus sages le sont dans les choses indifférentes, mais ils ne le sont presque jamais dans leurs plus sérieuses affaires. (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes supprimées n°591, Pléiade, 1964, p. 491 ; Maximes supprimées n°22, Pochothèque, 2001, p. 246).

. On n’est pas assez heureux pour oser croire ce que l’on souhaite, ni même assez heureux aussi pour être assuré de ce qu’on craint le plus. On est assujetti à une incertitude éternelle, qui nous présente successivement des biens et des maux qui nous échappent toujours. (La Rochefoucauld, Réflexions diverses, chap. VIII. « De l’incertitude de la jalousie » ; Pléiade, 1964, p. 514 ; Pochothèque, 2001, p. 717). [6]

. [Ceux] qui n'ont rien de faux dans le goût, ni dans l'esprit [] sont très rares, puisque, à parler généralement, il n'y a presque personne qui n'ait de la fausseté dans quelque endroit de l'esprit ou du goût. / Ce qui fait cette fausseté si universelle, c'est que nos qualités sont incertaines et confuses, et que nos vues le sont aussi : on ne voit point les choses précisément comme elles sont; on les estime plus ou moins qu'elles ne valent, et et on les fait point rapporter à nous en la manière qui leur convient, et qui convient à notre état et à nos qualités. (La Rochefoucauld, Réflexions diverses, chap. XIII. « Du faux » ; Pléiade, 1964, p. 520 ; Pochothèque, 2001, p. 726).

 

DE LA DIFFICULTÉ À CONNAÎTRE UN INDIVIDU

. Il est plus facile de paraître digne des emplois qu’on n’a pas que de ceux que l’on exerce. [7] (La Rochefoucauld, Maximes, n°164 ; Pléiade, 1964, p. 424 ; Pochothèque, 2001, p. 150).   la rochefoucauld,maximes,jean marchand,louis martin-chauffier,oeuvres complètes,pléiade

. La plupart des hommes ont, comme les plantes, des propriétés cachées que le hasard fait découvrir. (La Rochefoucauld, Maximes, n°344 ; Pléiade, 1964, p. 449 ; Pochothèque, 2001, p. 192).

. Les occasions nous font connaître aux autres, et encore plus à nous-mêmes. (La Rochefoucauld, Maximes, n°345 ; Pléiade, 1964, p. 449 ; Pochothèque, 2001, p. 192).

. La fortune fait paraître nos vertus et nos vices, comme la lumière fait paraître les objets. (La Rochefoucauld, Maximes, n°380 ; Pléiade, 1964, p. 453 ; Pochothèque, 2001, p. 200).

. Il est plus aisé de connaître l'homme en général, que de connaître un homme en particulier. (La Rochefoucauld, Maximes, n°436 ; Pléiade, 1964, p. 460 ; Pochothèque, 2001, p. 211).

. Il faudrait pouvoir répondre de sa fortune, pour pouvoir répondre de ce que l’on fera. (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes supprimées n°574, Pléiade, 1964, p. 488 ; Maximes supprimées n°11, Pochothèque, 2001, p. 244).

. Comment peut-on répondre de ce qu’on voudra à l’avenir, puisque l’on ne sait pas précisément ce que l’on veut dans le temps présent ? (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes supprimées n°575, Pléiade, 1964, p. 488 ; Maximes supprimées n°12, Pochothèque, 2001, p. 244).

. On ne peut répondre de son courage quand on n’a jamais été dans le péril. (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes supprimées n°616, Pléiade, 1964, p. 494 ; Maximes supprimées n°42, Pochothèque, 2001, p. 251).

 

DE NOTRE INCONSTANCE FONDAMENTALE

. La durée de nos passions ne dépend pas plus de nous que la durée de notre vie. (La Rochefoucauld, Maximes, n°5 ; Pléiade, 1964, p. 403 ; Pochothèque, 2001, p. 113).

. Il y a dans le cœur humain une génération perpétuelle de passions, en sorte que la ruine de l’une est presque toujours l’établissement de l’autre. (La Rochefoucauld, Maximes, n°10 ; Pléiade, 1964, p. 404 ; Pochothèque, 2001, p. 114).

. Le caprice de notre humeur est encore plus bizarre que celui de la fortune. (La Rochefoucauld, Maximes, n°45 ; Pléiade, 1964, p. 409 ; Pochothèque, 2001, p. 122).

. Rien ne doit tant diminuer la satisfaction que nous avons de nous-mêmes que de voir que nous désapprouvons dans un temps ce que nous approuvions dans un autre. (La Rochefoucauld, Maximes, n°51 ; Pléiade, 1964, p. 409-410 ; Pochothèque, 2001, p. 124).

. La constance en amour est une inconstance perpétuelle, qui fait que notre cœur s’attache successivement à toutes les qualités de la personne que nous aimons, donnant tantôt la préférence à l’une, tantôt à l’autre : de sorte que cette constance n’est qu’une inconstance arrêtée et renfermée dans un même sujet. (La Rochefoucauld, Maximes, n°175 ; Pléiade, 1964, p. 426 ; Pochothèque, 2001, p. 152).

. Il y a deux sortes de constance en amour : l’une vient de ce que l’on trouve sans cesse dans la personne que l’on aime de nouveaux sujets d’aimer, et l’autre vient de ce que l’on se fait un honneur d’être constant. (La Rochefoucauld, Maximes, n°176 ; Pléiade, 1964, p. 426 ; Pochothèque, 2001, p. 153).

. La violence qu'on se fait pour demeurer fidèle à ce qu'on aime ne vaut guère mieux qu'une infidélité. (La Rochefoucauld, Maximes, n°381 ; Pléiade, 1964, p. 453 ; Pochothèque, 2001, p. 200).

. Le calme ou l’agitation de notre humeur ne dépend pas tant de ce qui nous arrive de plus considérable dans la vie, que d’un arrangement commode ou désagréable de petites choses qui arrivent tous les jours. (La Rochefoucauld, Maximes, n°488 ; Pléiade, 1964, p. 467 ; Pochothèque, 2001, p. 221).

. Nous nous accoutumons à tout ce qui est à nous ; les mêmes biens ne conservent pas leur même prix, et ils ne touchent pas toujours également notre goût ; nous changeons imperceptiblement, sans remarquer notre changement ; ce que nous avons obtenu devient une partie de nous-mêmes : nous serions cruellement touchés de le perdre, mais nous ne sommes plus sensibles au plaisir de le conserver ; la joie n’est plus vive ; on en cherche ailleurs que dans ce qu’on a tant désiré. (La Rochefoucauld, Réflexions diverses, chap. IX. « De l’amour et de la vie » ; Pléiade, 1964, p. 515 ; Pochothèque, 2001, p. 718).

. Il y a une première fleur d’agrément et de vivacité dans l’amour qui passe insensiblement, comme celle des fruits ; ce n’est la faute de personne, c’est seulement la faute du temps. Dans les commencements, la figure est aimable, les sentiments ont du rapport, on cherche de la douceur et du plaisir, on veut plaire parce qu’on nous plaît, et on cherche à faire voir qu’on sait donner un prix infini à ce qu’on aime ; mais, dans la suite, on ne sent plus ce qu’on croyait sentir toujours, le feu n’y est plus ; le mérite de la nouveauté s’efface ; la beauté, qui a tant de part à l’amour, ou diminue ou ne fait plus la même impression ; le nom d’amour se conserve, mais on ne se retrouve plus les mêmes personnes, ni les mêmes sentiments ; on suit encore ses engagements, par honneur, par accoutumance et pour n’être pas assez assuré de son propre changement. (La Rochefoucauld, Réflexions diverses, chap. XVIII ou XVII. « De l’inconstance » ; Pléiade, 1964, p. 539 ; Pochothèque, 2001, p. 741-742).

 

DE NOTRE ÉGOCENTRISME SOUVERAIN

. Nous avons tous assez de force pour supporter les maux d’autrui. (La Rochefoucauld, Maximes, n°19 ; Pléiade, 1964, p. 405 ; Pochothèque, 2001, p. 117).  la rochefoucauld,maximes,jacques truchet,marc escola,pochothèque,jean marchand

. La félicité est dans le goût, et non pas dans les choses ; et c’est par avoir ce qu’on aime qu’on est heureux, et non par avoir ce que les autres trouvent aimable. (La Rochefoucauld, Maximes, n°48 ; Pléiade, 1964, p. 409 ; Pochothèque, 2001, p. 123).

. L’amour-propre nous augmente ou nous diminue les bonnes qualités de nos amis à proportion de la satisfaction que nous avons d’eux ; et nous jugeons de leur mérite par la manière dont ils vivent avec nous. (La Rochefoucauld, Maximes, n°88 ; Pléiade, 1964, p. 415 ; Pochothèque, 2001, p. 133).

. On incommode souvent les autres, quand on croit ne les pouvoir jamais incommoder. (La Rochefoucauld, Maximes, n°242 ; Pléiade, 1964, p. 436 ; Pochothèque, 2001, p. 171).

. Il n’y a point de passion où l’amour de soi-même règne si puissamment que dans l’amour, et on est toujours plus disposé à sacrifier le repos de ce qu’on aime qu’à perdre le sien. (La Rochefoucauld, Maximes, n°262 ; Pléiade, 1964, p. 438 ; Pochothèque, 2001, p. 175).

. Ce qui fait que les amants et les maîtresses ne s’ennuient point d’être ensemble, c’est qu’ils parlent toujours d’eux-mêmes. (La Rochefoucauld, Maximes, n°312 ; Pléiade, 1964, p. 445 ; Pochothèque, 2001, p. 186).

. Nous ne ressentons nos biens et nos maux qu’à proportion de notre amour-propre. (La Rochefoucauld, Maximes, n°339 ; Pléiade, 1964, p. 448 ; Pochothèque, 2001, p. 191).

. Nous ne trouvons guère de gens de bon sens que ceux qui sont de notre avis. (La Rochefoucauld, Maximes, n°347 ; Pléiade, 1964, p. 449 ; Pochothèque, 2001, p. 192).

. Il y a des gens si remplis d’eux-mêmes que, lorsqu’ils sont amoureux, ils trouvent moyen d’être occupés de leur passion sans l’être de la personne qu’ils aiment. (La Rochefoucauld, Maximes, n°500 ; Pléiade, 1964, p. 468-469 ; Pochothèque, 2001, p. 224).

. Les biens et les maux qui nous arrivent ne nous touchent pas selon leur grandeur, mais selon notre sensibilité. (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes posthumes n°528, Pléiade, 1964, p. 478 ; Maximes écartées n°16, Pochothèque, 2001, p. 270).

. Tout le monde trouve à redire en autrui ce qu’on trouve à redire en lui. (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes supprimées n°567, Pléiade, 1964, p. 487 ; Maximes supprimées n°5, Pochothèque, 2001, p. 242).

. La justice n’est qu’une vive appréhension qu’on ne nous ôte ce qui nous appartient ; de là vient cette considération et ce respect pour tous les intérêts du prochain, et cette scrupuleuse application à ne lui faire aucun préjudice. Cette crainte retient l’homme dans les bornes des biens que la naissance ou la fortune lui ont donnés ; et sans cette crainte, il ferait des courses continuelles sur les autres. (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes supprimées n°578, Pléiade, 1964, p. 489 ; Maximes supprimées n°14, Pochothèque, 2001, p. 244-245).

. On blâme l’injustice, non pas par l’aversion que l’on a pour elle, mais pour le préjudice que l’on en reçoit. (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes supprimées n°580, Pléiade, 1964, p. 489 ; Maximes supprimées n°16, Pochothèque, 2001, p. 245).

. Ceux qui sont incapables de commettre de grands crimes n’en soupçonnent pas facilement les autres. (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes supprimées n°611, Pléiade, 1964, p. 493 ; Maximes supprimées n°37, Pochothèque, 2001, p. 249).

. Chacun veut trouver son plaisir et ses avantages aux dépens des autres ; on se préfère toujours à ceux avec qui on se propose de vivre, et on leur fait presque toujours sentir cette préférence ; c’est ce qui trouble et qui détruit la société. (La Rochefoucauld, Réflexions diverses, chap. II. « De la société » ; Pléiade, 1964, p. 504-505 ; Pochothèque, 2001, p. 704).

. Ce qui fait que si peu de personnes sont agréables dans la conversation, c’est que chacun songe plus à ce qu’il veut dire qu’à ce que les autres disent. (La Rochefoucauld, Réflexions diverses, chap. IV. « De la conversation » ; Pléiade, 1964, p. 509 ; Pochothèque, 2001, p. 709-710).

 

DE LA TYRANNIE ET DES RUSES DE L’AMOUR-PROPRE

. L'amour-propre est le plus grand de tous les flatteurs. (La Rochefoucauld, Maximes, n°2 ; Pléiade, 1964, p. 403 ; Pochothèque, 2001, p. 111).

. Notre amour-propre souffre plus impatiemment la condamnation de nos goûts que de nos opinions. (La Rochefoucauld, Maximes, n°13 ; Pléiade, 1964, p. 404 ; Pochothèque, 2001, p. 115).

. L’orgueil se dédommage toujours et ne perd rien, lors même qu’il renonce à la vanité. (La Rochefoucauld, Maximes, n°33 ; Pléiade, 1964, p. 407 ; Pochothèque, 2001, p. 120).

. Si nous n’avions point d’orgueil, nous ne nous plaindrions pas de celui des autres. (La Rochefoucauld, Maximes, n°34 ; Pléiade, 1964, p. 407 ; Pochothèque, 2001, p. 120).

. Il semble que la nature, qui a si sagement disposé les organes de notre corps pour nous rendre heureux, nous ait aussi donné l’orgueil pour nous épargner la douleur de connaître nos imperfections. (La Rochefoucauld, Maximes, n°36 ; Pléiade, 1964, p. 408 ; Pochothèque, 2001, p. 120-121).

. L’orgueil a plus de part que la bonté aux remontrances que nous faisons à ceux qui commettent des fautes ; et nous ne les reprenons pas tant pour les en corriger, que pour leur persuader que nous en sommes exempts. (La Rochefoucauld, Maximes, n°37 ; Pléiade, 1964, p. 408 ; Pochothèque, 2001, p. 121).

. Tout le monde se plaint de sa mémoire, et personne ne se plaint de son jugement. (La Rochefoucauld, Maximes, n°89 ; Pléiade, 1964, p. 415 ; Pochothèque, 2001, p. 133).

. On ne donne rien si libéralement que ses conseils. (La Rochefoucauld, Maximes, n°110 ; Pléiade, 1964, p. 417 ; Pochothèque, 2001, p. 138).

. Le vrai moyen d’être trompé, c’est de se croire plus fin que les autres. (La Rochefoucauld, Maximes, n°127 ; Pléiade, 1964, p. 420 ; Pochothèque, 2001, p. 141).

. On aime mieux dire du mal de soi-même que de n’en point parler. (La Rochefoucauld, Maximes, n°138 ; Pléiade, 1964, p. 421 ; Pochothèque, 2001, p. 144).

. Ce qui nous fait aimer les nouvelles connaissances n'est pas tant la lassitude que nous avons des vieilles, ou le plaisir de changer, que le dégoût de n'être pas assez admirés de ceux qui nous connaissent trop, et l'espérance de l'être davantage de ceux qui ne nous connaissent pas tant. (La Rochefoucauld, Maximes, n°178 ; Pléiade, 1964, p. 426 ; Pochothèque, 2001, p. 153).

. La vertu n'irait pas si loin si la vanité ne lui tenait compagnie. (La Rochefoucauld, Maximes, n°200 ; Pléiade, 1964, p. 429 ; Pochothèque, 2001, p. 158).

. C’est plus souvent par orgueil que par défaut de lumières qu’on s’oppose avec tant d’opiniâtreté aux opinions les plus suivies : on trouve les premières places prises dans le bon parti, et on ne veut point des dernières. (La Rochefoucauld, Maximes, n°234 ; Pléiade, 1964, p. 435 ; Pochothèque, 2001, p. 169).

. Rien ne devrait plus humilier les hommes qui ont mérité de grandes louanges, que le soin qu’ils prennent encore de se faire valoir par de petites choses. (La Rochefoucauld, Maximes, n°272 ; Pléiade, 1964, p. 440 ; Pochothèque, 2001, p. 178).

. Nous aimons toujours ceux qui nous admirent, et nous n'aimons pas toujours ceux que nous admirons. (La Rochefoucauld, Maximes, n°294 ; Pléiade, 1964, p. 443 ; Pochothèque, 2001, p. 182).

. Il est difficile d’aimer ceux que nous n’estimons point ; mais il ne l’est pas moins d’aimer ceux que nous estimons beaucoup plus que nous. (La Rochefoucauld, Maximes, n°296 ; Pléiade, 1964, p. 443 ; Pochothèque, 2001, p. 183).

. Quelque bien qu'on nous dise de nous, on ne nous apprend rien de nouveau. (La Rochefoucauld, Maximes, n°303 ; Pléiade, 1964, p. 444 ; Pochothèque, 2001, p. 184).

. Nous pardonnons souvent à ceux qui nous ennuient, mais nous ne pouvons pardonner à ceux que nous ennuyons. (La Rochefoucauld, Maximes, n°304 ; Pléiade, 1964, p. 444 ; Pochothèque, 2001, p. 184).

. Il y a dans la jalousie plus d'amour-propre que d'amour. (La Rochefoucauld, Maximes, n°324 ; Pléiade, 1964, p. 447 ; Pochothèque, 2001, p. 188).

. On croit quelquefois haïr la flatterie, mais on ne hait que la manière de flatter. (La Rochefoucauld, Maximes, n°329 ; Pléiade, 1964, p. 447 ; Pochothèque, 2001, p. 189).

. Ce qui nous donne tant d’aigreur contre ceux qui nous font des finesses, c’est qu’ils croient être plus habiles que nous. (La Rochefoucauld, Maximes, n°350 ; Pléiade, 1964, p. 450 ; Pochothèque, 2001, p. 193).

. Ce qui nous rend la vanité des autres insupportable, c’est qu’elle blesse la nôtre. (La Rochefoucauld, Maximes, n°389 ; Pléiade, 1964, p. 454 ; Pochothèque, 2001, p. 202).

. Nous n’avons pas le courage de dire, en général, que nous n’avons point de défauts, et que nos ennemis n’ont point de bonnes qualités ; mais, en détail, nous ne sommes pas trop éloignés de le croire. (La Rochefoucauld, Maximes, n°397 ; Pléiade, 1964, p. 455 ; Pochothèque, 2001, p. 203).

. Ce qui rend les douleurs de la honte et de la jalousie si aigües, c’est que la vanité ne peut servir à les supporter. (La Rochefoucauld, Maximes, n°446 ; Pléiade, 1964, p. 461 ; Pochothèque, 2001, p. 213).

. Le même orgueil qui nous fait blâmer les défauts dont nous nous croyons exempts nous porte à mépriser les bonnes qualités que nous n’avons pas. (La Rochefoucauld, Maximes, n°462 ; Pléiade, 1964, p. 463 ; Pochothèque, 2001, p. 216).

. Il y a souvent plus d’orgueil que de bonté à plaindre les malheurs de nos ennemis : c’est pour leur faire sentir que nous sommes au-dessus d’eux que nous leur donnons des marques de compassion. (La Rochefoucauld, Maximes, n°463 ; Pléiade, 1964, p. 464 ; Pochothèque, 2001, p. 216).

. La vanité nous fait faire plus de choses contre notre goût que la raison. (La Rochefoucauld, Maximes, n°467 ; Pléiade, 1964, p. 464 ; Pochothèque, 2001, p. 217).

. Ce qui fait voir que les hommes connaissent mieux leurs fautes qu’on ne pense, c’est qu’ils n’ont jamais tort quand on les entend parler de leur conduite : le même amour-propre qui les aveugle d’ordinaire les éclaire alors, et leur donne des vues si justes, qu’il leur fait supprimer ou déguiser les moindres choses qui peuvent être condamnées. (La Rochefoucauld, Maximes, n°494 ; Pléiade, 1964, p. 468 ; Pochothèque, 2001, p. 222-223).

. Ce qui fait tant disputer contre les maximes qui découvrent le cœur de l’homme, c’est que l’on craint d’y être découvert. (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes posthumes n°524, Pléiade, 1964, p. 478 ; Maximes écartées n°20, Pochothèque, 2001, p. 271).

. On se console souvent d’être malheureux par un certain plaisir qu’on trouve à le paraître. (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes supprimées n°573, Pléiade, 1964, p. 488 ; Maximes supprimées n°10, Pochothèque, 2001, p. 244).

. La pompe des enterrements regarde plus la vanité des vivants que l’honneur des morts. (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes supprimées n°612, Pléiade, 1964, p. 493 ; Maximes supprimées n°38, Pochothèque, 2001, p. 250).

. On se confie le plus souvent par vanité, par envie de parler, par le désir de s'attirer la confiance des autres et pour faire un échange de secrets. (La Rochefoucauld, Réflexions diverses, chap. V. « De la confiance » ; Pléiade, 1964, p. 511 ; Pochothèque, 2001, p. 713).

 

DE NOTRE FACILITÉ À NOUS DUPER NOUS-MÊMES

. On n’est jamais si heureux ni si malheureux qu’on imagine. (La Rochefoucauld, Maximes, n°49 ; Pléiade, 1964, p. 409 ; Pochothèque, 2001, p. 123).  la rochefoucauld,réflexions ou sentences et maximes morales

. Ceux qui croient avoir du mérite se font un honneur d’être malheureux, pour persuader aux autres et à eux-mêmes qu’ils sont dignes d’être en butte à la fortune. (La Rochefoucauld, Maximes, n°50 ; Pléiade, 1964, p. 409 ; Pochothèque, 2001, p. 123).

. L’amour de la justice n’est, en la plupart des hommes, que la crainte de souffrir l’injustice. (La Rochefoucauld, Maximes, n°78 ; Pléiade, 1964, p. 413 ; Pochothèque, 2001, p. 131).

. L’esprit est toujours la dupe du cœur. (La Rochefoucauld, Maximes, n°102 ; Pléiade, 1964, p. 417 ; Pochothèque, 2001, p. 136).

. Il est aussi facile de se tromper soi-même sans s’en apercevoir, qu’il est difficile de tromper les autres sans qu’ils s’en aperçoivent. (La Rochefoucauld, Maximes, n°115 ; Pléiade, 1964, p. 418 ; Pochothèque, 2001, p. 139).

. Nous sommes si accoutumés à nous déguiser aux autres, qu'enfin nous nous déguisons à nous-mêmes. (La Rochefoucauld, Maximes, n°119 ; Pléiade, 1964, p. 419 ; Pochothèque, 2001, p. 140).

. Quand les vices nous quittent, nous nous flattons de la créance que c'est nous qui les quittons. (La Rochefoucauld, Maximes, n°192 ; Pléiade, 1964, p. 428 ; Pochothèque, 2001, p. 157).

. Nous oublions aisément nos fautes lorsqu’elles ne sont sues que de nous. (La Rochefoucauld, Maximes, n°196 ; Pléiade, 1964, p. 429 ; Pochothèque, 2001, p. 157).

. Il n'y a guère d'homme assez habile pour connaître tout le mal qu'il fait. (La Rochefoucauld, Maximes, n°269 ; Pléiade, 1964, p. 440 ; Pochothèque, 2001, p. 177).

. Quelque défiance que nous ayons de la sincérité de ceux qui nous parlent, nous croyons toujours qu’ils nous disent plus vrai qu’aux autres. (La Rochefoucauld, Maximes, n°366 ; Pléiade, 1964, p. 452 ; Pochothèque, 2001, p. 197).

. Nous ne désirerions guère de choses avec ardeur, si nous connaissions parfaitement ce que nous désirons. (La Rochefoucauld, Maximes, n°439 ; Pléiade, 1964, p. 461 ; Pochothèque, 2001, p. 212).

. Ce qui nous fait croire si facilement que les autres ont des défauts, c’est la facilité que l’on a de croire ce qu’on souhaite. (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes posthumes n°513, Pléiade, 1964, p. 476 ; Maximes écartées n°25, Pochothèque, 2001, p. 272).

. Ce qui nous empêche souvent de bien juger des sentences qui prouvent la fausseté des vertus, c’est que nous croyons trop aisément qu’elles sont véritables en nous. (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes posthumes n°517, Pléiade, 1964, p. 477 ; Maximes écartées n°7, Pochothèque, 2001, p. 268).

. L’aveuglement des hommes est le plus dangereux effet de leur orgueil : il sert à le nourrir et à l’augmenter, et nous ôte la connaissance des remèdes qui pourraient soulager nos misères et nous guérir de nos défauts. (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes supprimées n°585, Pléiade, 1964, p. 490 ; Maximes supprimées n°19, Pochothèque, 2001, p. 246).

. Nous sommes si préoccupés en notre faveur, que souvent ce que nous prenons pour des vertus n’est que les vices qui leur ressemblent, et que l’amour-propre nous déguise. (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes supprimées n°607, Pléiade, 1964, p. 493).

 

DE L’HYPOCRISIE QUI EMPREINT TOUTES NOS ACTIONS

. L'intérêt parle toutes sortes de langues, et joue toutes sortes de personnages, même celui de désintéressé. (La Rochefoucauld, Maximes, n°39 ; Pléiade, 1964, p. 408 ; Pochothèque, 2001, p. 121).

. L’aversion du mensonge est souvent une imperceptible ambition de rendre nos témoignages considérables, et d’attirer à nos paroles un respect de religion. (La Rochefoucauld, Maximes, n°63 ; Pléiade, 1964, p. 411 ; Pochothèque, 2001, p. 127).

. La réconciliation avec nos ennemis n’est qu’un désir de rendre notre condition meilleure, une lassitude de la guerre, et une crainte de quelque mauvais événement. (La Rochefoucauld, Maximes, n°82 ; Pléiade, 1964, p. 414 ; Pochothèque, 2001, p. 132).

. On ne loue d'ordinaire que pour être loué. (La Rochefoucauld, Maximes, n°146 ; Pléiade, 1964, p. 422 ; Pochothèque, 2001, p. 146).

. Le refus des louanges est un désir d'être loué deux fois. (La Rochefoucauld, Maximes, n°149 ; Pléiade, 1964, p. 423 ; Pochothèque, 2001, p. 147).

. Notre repentir n’est pas tant un regret du mal que nous avons fait, qu’une crainte de celui qui nous en peut arriver. (La Rochefoucauld, Maximes, n°180 ; Pléiade, 1964, p. 427 ; Pochothèque, 2001, p. 154).

. Nous avouons nos défauts pour réparer par notre sincérité le tort qu'ils nous font dans l'esprit des autres. (La Rochefoucauld, Maximes, n°184 ; Pléiade, 1964, p. 427 ; Pochothèque, 2001, p. 155).

. L’hypocrisie est un hommage que le vice rend à la vertu. (La Rochefoucauld, Maximes, n°218 ; Pléiade, 1964, p. 432 ; Pochothèque, 2001, p. 164).

.  On pleure pour avoir la réputation d’être tendre ; on pleure pour être plaint ; on pleure pour être pleuré ; enfin on pleure pour éviter la honte de ne pleurer pas. (La Rochefoucauld, Maximes, n°233 ; Pléiade, 1964, p. 435 ; Pochothèque, 2001, p. 168).

. Ce qui paraît générosité n’est souvent qu’une ambition déguisée, qui méprise de petits intérêts, pour aller à de plus grands. (La Rochefoucauld, Maximes, n°246 ; Pléiade, 1964, p. 436 ; Pochothèque, 2001, p. 171).

. La magnanimité méprise tout, pour avoir tout. (La Rochefoucauld, Maximes, n°248 ; Pléiade, 1964, p. 437 ; Pochothèque, 2001, p. 172).

. L'humilité n'est souvent qu'une feinte soumission dont on se sert pour soumettre les autres ; c'est un artifice de l'orgueil qui s’abaisse pour s’élever. (La Rochefoucauld, Maximes, n°254 ; Pléiade, 1964, p. 437 ; Pochothèque, 2001, p. 173).

. Dans toutes les professions, chacun affecte une mine et un extérieur, pour paraître ce qu’il veut qu’on le croie : ainsi on peut dire que le monde n’est composé que de mines. (La Rochefoucauld, Maximes, n°256 ; Pléiade, 1964, p. 438 ; Pochothèque, 2001, p. 174).

. Ce qu’on nomme libéralité n’est le plus souvent que la vanité de donner, que nous aimons mieux que ce que nous donnons. (La Rochefoucauld, Maximes, n°263 ; Pléiade, 1964, p. 439 ; Pochothèque, 2001, p. 175).

. Nous n'avouons de petits défauts que pour persuader que nous n'en avons pas de grands. (La Rochefoucauld, Maximes, n°327 ; Pléiade, 1964, p. 447 ; Pochothèque, 2001, p. 189).

. C’est, en quelque sorte se donner part aux belles actions que de les louer de bon cœur. (La Rochefoucauld, Maximes, n°432 ; Pléiade, 1964, p. 460 ; Pochothèque, 2001, p. 210).

. Nous nous tourmentons moins pour devenir heureux que pour faire croire que nous le sommes. (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes posthumes n°539, Pléiade, 1964, p. 479 ; Maximes écartées n°40, Pochothèque, 2001, p. 276).

. La modestie, qui semble refuser les louanges, n’est en effet qu’un désir d’en avoir de plus délicates. (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes supprimées n°596, Pléiade, 1964, p. 491 ; Maximes supprimées n°27, Pochothèque, 2001, p. 247).

 

DE LA TOUTE-PUISSANCE DE NOS VICES

. La constance des sages n'est que l'art de renfermer leur agitation dans leur cœur. (La Rochefoucauld, Maximes, n°20 ; Pléiade, 1964, p. 405 ; Pochothèque, 2001, p. 117). la rochefoucauld,maximes,garnier,jacques truchet

. On fait souvent vanité des passions même les plus criminelles ; mais l'envie est une passion timide et honteuse que l'on n'ose jamais avouer. (La Rochefoucauld, Maximes, n°27 ; Pléiade, 1964, p. 406 ; Pochothèque, 2001, p. 119).

. Si nous n'avions point de défauts, nous ne prendrions pas tant de plaisir à en remarquer dans les autres. (La Rochefoucauld, Maximes, n°31 ; Pléiade, 1964, p. 407 ; Pochothèque, 2001, p. 120).

. Nous promettons selon nos espérances, et nous tenons selon nos craintes. (La Rochefoucauld, Maximes, n°38 ; Pléiade, 1964, p. 408 ; Pochothèque, 2001, p. 121).

. L’on fait plus souvent des trahisons par faiblesse que par un dessein formé de trahir. (La Rochefoucauld, Maximes, n°120 ; Pléiade, 1964, p. 419 ; Pochothèque, 2001, p. 140).

. Si nous résistons à nos passions, c'est plus par leur faiblesse que par notre force. (La Rochefoucauld, Maximes, n°122 ; Pléiade, 1964, p. 419 ; Pochothèque, 2001, p. 140).

. Pendant que la paresse et la timidité nous retiennent dans notre devoir, notre vertu en a souvent tout l'honneur. (La Rochefoucauld, Maximes, n°169 ; Pléiade, 1964, p. 425 ; Pochothèque, 2001, p. 151).

. Les vices entrent dans la composition des vertus, comme les poisons entrent dans la composition des remèdes : la prudence les assemble et les tempère, et elle s’en sert utilement contre les maux de la vie. (La Rochefoucauld, Maximes, n°182 ; Pléiade, 1964, p. 427 ; Pochothèque, 2001, p. 154).

. Ce qui nous empêche souvent de nous abandonner à un seul vice est que nous en avons plusieurs. (La Rochefoucauld, Maximes, n°195 ; Pléiade, 1964, p. 429 ; Pochothèque, 2001, p. 157).

. Le désir de paraître habile empêche souvent de le devenir. (La Rochefoucauld, Maximes, n°199 ; Pléiade, 1964, p. 429 ; Pochothèque, 2001, p. 158).

. Il est de la reconnaissance comme de la bonne foi des marchands : elle entretient le commerce, et nous ne payons pas parce qu’il est juste de nous acquitter, mais pour trouver plus facilement des gens qui nous prêtent. (La Rochefoucauld, Maximes, n°223 ; Pléiade, 1964, p. 433 ; Pochothèque, 2001, p. 165).

. Nul ne mérite d’être loué de bonté, s’il n’a pas la force d’être méchant : toute autre bonté n’est le plus souvent qu’une paresse ou une impuissance de la volonté. (La Rochefoucauld, Maximes, n°237 ; Pléiade, 1964, p. 435 ; Pochothèque, 2001, p. 169).

. La promptitude à croire le mal, sans l’avoir assez examiné, est un effet de l’orgueil et de la paresse : on veut trouver des coupables, et on ne veut pas se donner la peine d’examiner les crimes. (La Rochefoucauld, Maximes, n°267 ; Pléiade, 1964, p. 439 ; Pochothèque, 2001, p. 177).

. La modération est la langueur et la paresse de l’âme, comme l’ambition en est l’activité et l’ardeur. (La Rochefoucauld, Maximes, n°293 ; Pléiade, 1964, p. 443 ; Pochothèque, 2001, p. 182).

. L’intérêt, que l’on accuse de tous nos crimes, mérite souvent d’être loué de nos bonnes actions. (La Rochefoucauld, Maximes, n°305 ; Pléiade, 1964, p. 444 ; Pochothèque, 2001, p. 185).

. On ne trouve guère d’ingrats tant qu’on est en état de faire du bien. (La Rochefoucauld, Maximes, n°306 ; Pléiade, 1964, p. 444 ; Pochothèque, 2001, p. 185).

. Nous nous consolons souvent, par faiblesse, des maux dont la raison n’a pas la force de nous consoler. (La Rochefoucauld, Maximes, n°325 ; Pléiade, 1964, p. 447 ; Pochothèque, 2001, p. 188).

. Il y a de certains défauts qui, bien mis en œuvre, brillent plus que la vertu même. (La Rochefoucauld, Maximes, n°354 ; Pléiade, 1964, p. 450 ; Pochothèque, 2001, p. 194).

. La plupart des jeunes gens croient être naturels, lorsqu'ils ne sont que mal polis et grossiers. (La Rochefoucauld, Maximes, n°372 ; Pléiade, 1964, p. 452 ; Pochothèque, 2001, p. 198).

. Nous aurions souvent honte de nos plus belles actions, si le monde voyait tous les motifs qui les produisent. (La Rochefoucauld, Maximes, n°409 ; Pléiade, 1964, p. 457 ; Pochothèque, 2001, p. 206).

. Nous croyons souvent avoir de la constance dans les malheurs, lorsque nous n’avons que de l’abattement, et nous les souffrons sans oser les regarder, comme les poltrons se laissent tuer de peur de se défendre. (La Rochefoucauld, Maximes, n°420 ; Pléiade, 1964, p. 458 ; Pochothèque, 2001, p. 208).

. Nous nous faisons honneur des défauts opposés à ceux que nous avons : quand nous sommes faibles, nous nous vantons d’être opiniâtres. (La Rochefoucauld, Maximes, n°424 ; Pléiade, 1964, p. 459 ; Pochothèque, 2001, p. 209).

. Nous essayons de nous faire honneur des défauts que nous ne voulons pas corriger. (La Rochefoucauld, Maximes, n°442 ; Pléiade, 1964, p. 461 ; Pochothèque, 2001, p. 212).

. La faiblesse est plus opposée à la vertu que le vice. (La Rochefoucauld, Maximes, n°445 ; Pléiade, 1964, p. 461 ; Pochothèque, 2001, p. 213).

. Notre envie dure toujours plus longtemps que le bonheur de ceux que nous envions. (La Rochefoucauld, Maximes, n°476 ; Pléiade, 1964, p. 465 ; Pochothèque, 2001, p. 219).

. Il n’y a que les personnes qui ont de la fermeté qui puissent avoir une véritable douceur : celles qui paraissent douces n’ont d’ordinaire que de la faiblesse, qui se convertit aisément en aigreur. (La Rochefoucauld, Maximes, n°479 ; Pléiade, 1964, p. 465-466 ; Pochothèque, 2001, p. 219).

. Rien n’est plus rare que la véritable bonté : ceux mêmes qui croient en avoir n’ont d’ordinaire que de la complaisance ou de la faiblesse. (La Rochefoucauld, Maximes, n°481 ; Pléiade, 1964, p. 466 ; Pochothèque, 2001, p. 220).

. L’esprit s’attache par paresse et par constance à ce qui lui est facile ou agréable : cette habitude met toujours des bornes à nos connaissances, et jamais personne ne s’est donné la peine d’étendre et de conduire son esprit aussi loin qu’il pourrait aller. (La Rochefoucauld, Maximes, n°482 ; Pléiade, 1964, p. 464 ; Pochothèque, 2001, p. 220).

. Nous avons plus de paresse dans l’esprit que dans le corps. (La Rochefoucauld, Maximes, n°487 ; Pléiade, 1964, p. 467 ; Pochothèque, 2001, p. 221).

. On blâme aisément les défauts des autres, mais on s’en sert rarement à corriger les siens. (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes posthumes n°526, Pléiade, 1964, p. 478 ; Maximes écartées n°15, Pochothèque, 2001, p. 270).

. La modération dans la bonne fortune n’est que l’appréhension de la honte qui suit l’emportement, ou la peur de perdre ce que l’on a. (La Rochefoucauld, Maximes, Maximes supprimées n°565, Pléiade, 1964, p. 487 ; Maximes supprimées n°3, Pochothèque, 2001, p. 242).

. La louange qu’on nous donne sert au moins à nous fixer dans la pratique des vertus. (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes supprimées n°598, Pléiade, 1964, p. 491).

. Les vertus sont frontières des vices ; les exemples sont des guides qui nous égarent souvent, et nous sommes si remplis de fausseté, que nous ne nous en servons pas moins pour nous éloigner du chemin de la vertu que pour le suivre. (La Rochefoucauld, Réflexions diverses, chap. VII. « Des exemples » ; Pléiade, 1964, p. 514 ; Pochothèque, 2001, p. 716).

 

DE L’AMOUR, DE SES PIÈGES ET DE SES TOURMENTS

. Il n'y a guère de gens qui ne soient honteux de s'être aimés, quand ils ne s'aiment plus. (La Rochefoucauld, Maximes, n°71 ; Pléiade, 1964, p. 412 ; Pochothèque, 2001, p. 129).

. Si on juge de l’amour par la plupart de ses effets, il ressemble plus à la haine qu’à l’amitié. (La Rochefoucauld, Maximes, n°72 ; Pléiade, 1964, p. 412 ; Pochothèque, 2001, p. 129).

. L’amour, aussi bien que le feu, ne peut subsister sans un mouvement continuel, et il cesse de vivre dès qu’il cesse d’espérer ou de craindre. (La Rochefoucauld, Maximes, n°75 ; Pléiade, 1964, p. 413 ; Pochothèque, 2001, p. 130).

. Il est du véritable amour comme de l'apparition des esprits : tout le monde en parle, mais peu de gens en ont vu. (La Rochefoucauld, Maximes, n°76 ; Pléiade, 1964, p. 413 ; Pochothèque, 2001, p. 130).

. Il y a des gens qui n'auraient jamais été amoureux, s'ils n'avaient jamais entendu parler de l'amour. (La Rochefoucauld, Maximes, n°136 ; Pléiade, 1964, p. 421 ; Pochothèque, 2001, p. 143).

. L'absence diminue les médiocres passions, et augmentent les grandes, comme le vent éteint les bougies, et allume le feu. (La Rochefoucauld, Maximes, n°276 ; Pléiade, 1964, p. 440-441 ; Pochothèque, 2001, p. 179).

. Il est plus difficile d’être fidèle à sa maîtresse quand on est heureux que quand on en est maltraité. (La Rochefoucauld, Maximes, n°331 ; Pléiade, 1964, p. 447 ; Pochothèque, 2001, p. 189).

. Les infidélités devraient éteindre l’amour, et il ne faudrait point être jaloux, quand on a sujet de l’être : il n’y a que les personnes qui évitent de donner de la jalousie qui soient dignes qu’on en ait pour elles. (La Rochefoucauld, Maximes, n°359 ; Pléiade, 1964, p. 451 ; Pochothèque, 2001, p. 195).

. La jalousie naît toujours avec l’amour, mais elle ne meurt pas toujours avec lui. (La Rochefoucauld, Maximes, n°361 ; Pléiade, 1964, p. 451 ; Pochothèque, 2001, p. 195).

. On est presque également difficile à contenter quand on a beaucoup d’amour, et quand on n’en a plus guère. (La Rochefoucauld, Maximes, n°385 ; Pléiade, 1964, p. 454 ; Pochothèque, 2001, p. 201).

. On est quelquefois moins malheureux d’être trompé de ce qu’on aime, que d’en être détrompé. (La Rochefoucauld, Maximes, n°395 ; Pléiade, 1964, p. 455 ; Pochothèque, 2001, p. 203).

. En amour, celui qui est guéri le premier est toujours le mieux guéri. (La Rochefoucauld, Maximes, n°417 ; Pléiade, 1964, p. 458 ; Pochothèque, 2001, p. 207).

. Toutes les passions nous font faire des fautes, mais l’amour nous en fait faire de plus ridicules. (La Rochefoucauld, Maximes, n°422 ; Pléiade, 1964, p. 459 ; Pochothèque, 2001, p. 208).

. La même fermeté qui sert à résister à l’amour sert aussi à le rendre violent et durable, et les personnes faibles, qui sont toujours agitées des passions, n’en sont presque jamais véritablement remplies. (La Rochefoucauld, Maximes, n°477 ; Pléiade, 1964, p. 465 ; Pochothèque, 2001, p. 219).

. Ceux qui ont eu de grandes passions se trouvent, toute leur vie, heureux et malheureux d’en être guéris. (La Rochefoucauld, Maximes, n°485 ; Pléiade, 1964, p. 466 ; Pochothèque, 2001, p. 220).

. Le remède de la jalousie est la certitude de ce qu’on craint, parce qu’elle cause la fin de la vie ou la fin de l’amour ; c’est un cruel remède, mais il est plus doux que les doutes et les soupçons. (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes posthumes n°514, Pléiade, 1964, p. 476 ; Maximes écartées n°18, Pochothèque, 2001, p. 271).

. Quand nous aimons trop, il est malaisé de reconnaître si l’on cesse de nous aimer. (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes posthumes n°553, Pléiade, 1964, p. 481 ; maxime n°28 du supplément de 1693 (variante de la n°371), Pochothèque, 2001, p. 406).

. Il est plus facile de prendre de l’amour quand on n’en a pas, que de s’en défaire quand on en a. (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes supprimées n°634, Pléiade, 1964, p. 497 ; Maximes supprimées n°55, Pochothèque, 2001, p. 254).

. La plus juste comparaison qu'on puisse faire de l'amour, c'est celle de la fièvre : nous n'avons non plus de pouvoir sur l'un que sur l'autre, soit pour sa violence ou par sa durée. (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes supprimées n°638, Pléiade, 1964, p. 497 ; Maximes supprimées n°59, Pochothèque, 2001, p. 255).

. Quelles personnes auraient commencé de s’aimer, si elles s’étaient vues d’abord comme on se voit dans la suite des années ? Mais quelles personnes aussi se pourraient séparer, si elles se revoyaient comme on s’est vu la première fois ? (La Rochefoucauld, Réflexions diverses, chap. XVIII ou XVII. « De l’inconstance » ; Pléiade, 1964, p. 539 ; Pochothèque, 2001, p. 742).

 

DES FEMMES ET DE LEUR FRIVOLITÉ

. Les femmes croient souvent aimer, encore qu’elles n’aiment pas : l’occupation d’une intrigue, l’émotion d’esprit que donne la galanterie, la pente naturelle au plaisir d’être aimées, et la peine de refuser, leur persuadent qu’elles ont de la passion, lorsqu’elles n’ont que de la coquetterie. (La Rochefoucauld, Maximes, n°277 ; Pléiade, 1964, p. 441 ; Pochothèque, 2001, p. 179).  la rochefoucauld,maximes,réflexions diverses,jean lafond,folio

. Les femmes peuvent moins surmonter leur coquetterie que leur passion. (La Rochefoucauld, Maximes, n°334 ; Pléiade, 1964, p. 448 ; Pochothèque, 2001, p. 190).

. L'esprit de la plupart des femmes sert plus à fortifier leur folie que leur raison. (La Rochefoucauld, Maximes, n°340 ; Pléiade, 1964, p. 448 ; Pochothèque, 2001, p. 191).

. La plupart des femmes ne pleurent pas tant la mort de leurs amants pour les avoir aimés, que pour paraître plus dignes d’être aimées. (La Rochefoucauld, Maximes, n°362 ; Pléiade, 1964, p. 451 ; Pochothèque, 2001, p. 196).

. La plupart des femmes se rendent plutôt par faiblesse que par passion ; de là vient que, pour l’ordinaire, les hommes entreprenants réussissent mieux que les autres, quoiqu’ils ne soient pas plus aimables. (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes supprimées n°635, Pléiade, 1964, p. 497 ; Maximes supprimées n°56, Pochothèque, 2001, p. 254).

 

DE L’AMITIÉ ET DE SES TROMPERIES

. Nous ne pouvons rien aimer que par rapport à nous, et nous ne faisons que suivre notre goût et notre plaisir quand nous préférons nos amis à nous-mêmes ; c’est néanmoins par cette préférence seule que l’amitié peut être vraie et parfaite. (La Rochefoucauld, Maximes, n°81 ; Pléiade, 1964, p. 414 ; Pochothèque, 2001, p. 131).

. Ce que les hommes ont nommé amitié n’est qu’une société, qu’un ménagement réciproque d’intérêts, et qu’un échange de bons offices ; ce n’est enfin qu’un commerce où l’amour-propre se propose toujours quelque chose à gagner. (La Rochefoucauld, Maximes, n°83 ; Pléiade, 1964, p. 414 ; Pochothèque, 2001, p. 132).

. Nous nous consolons aisément des disgrâces de nos amis, lorsqu’elles servent à signaler notre tendresse pour eux. (La Rochefoucauld, Maximes, n°235 ; Pléiade, 1964, p. 435 ; Pochothèque, 2001, p. 169).

. Quand nous exagérons la tendresse que nos amis ont pour nous, c’est souvent moins par reconnaissance que par le désir de faire juger de notre mérite. (La Rochefoucauld, Maximes, n°279 ; Pléiade, 1964, p. 441 ; Pochothèque, 2001, p. 179).

. La grâce de la nouveauté et la longue habitude, quelque opposées qu’elles soient, nous empêchent également de sentir les défauts de nos amis. (La Rochefoucauld, Maximes, n°426 ; Pléiade, 1964, p. 459 ; Pochothèque, 2001, p. 209).

. Nous pardonnons aisément à nos amis les défauts qui ne nous regardent pas. (La Rochefoucauld, Maximes, n°428 ; Pléiade, 1964, p. 459 ; Pochothèque, 2001, p. 209).

. Dans l’amitié, comme dans l’amour, on est souvent plus heureux par les choses qu’on ignore que par celles que l’on sait. (La Rochefoucauld, Maximes, n°441 ; Pléiade, 1964, p. 461 ; Pochothèque, 2001, p. 212).

. Un véritable ami est le plus grand de tous les biens et celui de tous qu’on songe le moins à acquérir. (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes posthumes n°544, Pléiade, 1964, p. 480 ; Maximes écartées n°45, Pochothèque, 2001, p. 277).

. Dans l’adversité de nos meilleurs amis, nous trouvons toujours quelque chose qui ne nous déplaît pas. (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes supprimées n°583, Pléiade, 1964, p. 490 ; Maximes supprimées n°18, Pochothèque, 2001, p. 245).

. Nous ne regrettons pas toujours la perte de nos amis par la considération de leur mérite, mais par celle de nos besoins et de la bonne opinion qu’ils avaient de nous. (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes supprimées n°619, Pléiade, 1964, p. 494-495 ; Maximes supprimées n°70, Pochothèque, 2001, p. 258).

 

DES AMERTUMES DE LA VIEILLESSE

. Les vieillards aiment à donner de bons préceptes, pour se consoler de n’être plus en état de donner de mauvais exemples. (La Rochefoucauld, Maximes, n°93 ; Pléiade, 1964, p. 415 ; Pochothèque, 2001, p. 134).

. Peu de gens savent être vieux. (La Rochefoucauld, Maximes, n°423 ; Pléiade, 1964, p. 459 ; Pochothèque, 2001, p. 208).

.  Quel vieillard ne se rassure pas par des raisons si convaincantes, qui l’ont souvent trompé quand il était jeune et aimable ? Mais, pour son malheur, il oublie trop aisément qu’il n’est plus ni l’un ni l’autre, et cette faiblesse est, de toutes, la plus ordinaire aux vieilles gens qui ont été aimés. Je ne sais même si cette tromperie ne leur vaut pas mieux encore que de connaître la vérité : on les souffre du moins, on les amuse, ils sont détournés de la vue de leurs propres misères, et le ridicule où ils tombent est souvent un moindre mal pour eux que les ennuis et l’anéantissement d’une vie pénible et languissante. (La Rochefoucauld, Réflexions diverses, chap. XV. « Des coquettes et des vieillards » ; Pléiade, 1964, p. 527 ; Pochothèque, 2001, p. 737).

. Chaque jour ôte [aux vieilles gens] une portion d’eux-mêmes ; ils n’ont plus assez de vie pour jouir de ce qu’ils ont, et bien moins encore pour arriver à ce qu’ils désirent ; il ne voient plus devant eux que des chagrins, des maladies et de l’abaissement ; tout est vu, et rien ne peut avoir pour eux la grâce de la nouveauté ; le temps les éloigne imperceptiblement du point de vue d’où il leur convient de voir les objets, et d’où ils doivent être vus. Les plus heureux sont encore soufferts, les autres sont méprisés ; le seul bon parti qu’il leur reste, c’est de cacher au monde ce qu’ils ne lui ont peut-être que trop montré. (La Rochefoucauld, Réflexions diverses, chap. XIX ou XVIII. « De la retraite » ; Pléiade, 1964, p. 541 ; Pochothèque, 2001, p. 743).

 

DES SOTS ET DES PETITS ESPRITS

. Ceux qui s’appliquent trop aux petites choses deviennent ordinairement incapables des grandes. (La Rochefoucauld, Maximes, n°41 ; Pléiade, 1964, p. 408 ; Pochothèque, 2001, p. 122).  la rochefoucauld,maximes,mémoires,rivages

. Un homme d'esprit serait souvent bien embarrassé sans la compagnie des sots. (La Rochefoucauld, Maximes, n°140 ; Pléiade, 1964, p. 421 ; Pochothèque, 2001, p. 145).

. Il y a des gens dont tout le mérite consiste à dire et à faire des sottises utilement, et qui gâteraient tout s’ils changeaient de conduite. (La Rochefoucauld, Maximes, n°156 ; Pléiade, 1964, p. 423 ; Pochothèque, 2001, p. 148).

. Il y a des gens niais qui se connaissent, et qui emploient habilement leur niaiserie. (La Rochefoucauld, Maximes, n°208 ; Pléiade, 1964, p. 430 ; Pochothèque, 2001, p. 161).

. La petitesse de l’esprit fait l’opiniâtreté, et nous ne croyons pas aisément ce qui est au-delà de ce que nous voyons. (La Rochefoucauld, Maximes, n°265 ; Pléiade, 1964, p. 439 ; Pochothèque, 2001, p. 176).

. Les petits esprits sont trop blessés de petites choses ; les grands esprits les voient toutes, et n’en sont point blessés. (La Rochefoucauld, Maximes, n°357 ; Pléiade, 1964, p. 450 ; Pochothèque, 2001, p. 194).

. Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée. (La Rochefoucauld, Maximes, n°375 ; Pléiade, 1964, p. 453 ; Pochothèque, 2001, p. 198).

. Un sot n’a pas assez d’étoffe pour être bon. (La Rochefoucauld, Maximes, n°387 ; Pléiade, 1964, p. 454 ; Pochothèque, 2001, p. 201).

. Il n’y a point de sots si incommodes que ceux qui ont de l’esprit. (La Rochefoucauld, Maximes, n°451 ; Pléiade, 1964, p. 462 ; Pochothèque, 2001, p. 214).

. On est quelquefois un sot avec de l’esprit, mais on ne l’est jamais avec du jugement. (La Rochefoucauld, Maximes, n°456 ; Pléiade, 1964, p. 463 ; Pochothèque, 2001, p. 215).

. Il y a des personnes si légères et si frivoles, qu’elles sont aussi éloignées d’avoir de véritables défauts que des qualités solides. (La Rochefoucauld, Maximes, n°498 ; Pléiade, 1964, p. 468 ; Pochothèque, 2001, p. 223).

 

DES GRANDES ÂMES ET DES HABILES

. Il faut de plus grandes vertus pour soutenir la bonne fortune que la mauvaise. (La Rochefoucauld, Maximes, n°25 ; Pléiade, 1964, p. 406 ; Pochothèque, 2001, p. 118).

. Il n’y a point d’accidents si malheureux dont les habiles gens ne tirent quelque avantage, ni de si heureux que les imprudents ne puissent tourner à leur préjudice. (La Rochefoucauld, Maximes, n°59 ; Pléiade, 1964, p. 411 ; Pochothèque, 2001, p. 126).

. Ce n’est pas assez d’avoir de grandes qualités ; il en faut avoir l’économie. (La Rochefoucauld, Maximes, n°159 ; Pléiade, 1964, p. 424 ; Pochothèque, 2001, p. 149).

. Quelque éclatante que soit une action, elle ne doit pas passer pour grande, lorsqu’elle n’est pas l’effet d’un grand dessein. (La Rochefoucauld, Maximes, n°160 ; Pléiade, 1964, p. 424 ; Pochothèque, 2001, p. 149).

. Il y a des héros en mal comme en bien. (La Rochefoucauld, Maximes, n°185 ; Pléiade, 1964, p. 427 ; Pochothèque, 2001, p. 155).

. La souveraine habileté consiste à bien connaître le prix des choses. (La Rochefoucauld, Maximes, n°244 ; Pléiade, 1964, p. 436 ; Pochothèque, 2001, p. 171).

. C’est une grande habileté que de savoir cacher son habileté. (La Rochefoucauld, Maximes, n°246 ; Pléiade, 1964, p. 436 ; Pochothèque, 2001, p. 171).

. Pour être un grand homme, il faut savoir profiter de toute sa fortune. (La Rochefoucauld, Maximes, n°343 ; Pléiade, 1964, p. 449 ; Pochothèque, 2001, p. 192).

. On ne doit pas juger du mérite d’un homme par ses grandes qualités, mais par l’usage qu’il en sait faire. (La Rochefoucauld, Maximes, n°437 ; Pléiade, 1964, p. 460 ; Pochothèque, 2001, p. 211).

. La complexion qui fait le talent pour les petites choses est contraire à celle qu’il faut pour le talent des grandes. (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes supprimées n°569, Pléiade, 1964, p. 488 ; Maximes supprimées n°7, Pochothèque, 2001, p. 243).

. Les grandes âmes ne sont pas celles qui ont moins de passions et plus de vertu que les âmes communes, mais celles seulement qui ont de plus grands desseins. (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes supprimées n°602, Pléiade, 1964, p. 492 ; Maximes supprimées n°31, Pochothèque, 2001, p. 248).

 

DU TRAIN DU MONDE

. La vérité ne fait pas tant de bien dans le monde que ses apparences y font du mal. (La Rochefoucauld, Maximes, n°64 ; Pléiade, 1964, p. 411 ; Pochothèque, 2001, p. 127).  la rochefoucauld,maximes,livre de poche

. Les hommes ne vivraient pas longtemps en société, s’ils n’étaient les dupes les uns des autres. (La Rochefoucauld, Maximes, n°87 ; Pléiade, 1964, p. 414 ; Pochothèque, 2001, p. 133).

. Il y a des gens dégoûtants avec du mérite, et d’autres qui plaisent avec des défauts. (La Rochefoucauld, Maximes, n°155 ; Pléiade, 1964, p. 423 ; Pochothèque, 2001, p. 148).

. Notre mérite nous attire l’estime des honnêtes gens, et notre étoile celle du public. (La Rochefoucauld, Maximes, n°165 ; Pléiade, 1964, p. 424 ; Pochothèque, 2001, p. 150).

. Le monde récompense plus souvent les apparences du mérite que le mérite même. (La Rochefoucauld, Maximes, n°166 ; Pléiade, 1964, p. 425 ; Pochothèque, 2001, p. 150).

. La plupart des gens ne jugent des hommes que par la vogue qu’ils ont, ou par leur fortune. (La Rochefoucauld, Maximes, n°212 ; Pléiade, 1964, p. 431 ; Pochothèque, 2001, p. 162).

. Il y a des gens, qu’on approuve dans le monde, qui n’ont pour tout mérite que les vices qui servent au commerce de la vie. (La Rochefoucauld, Maximes, n°273 ; Pléiade, 1964, p. 440 ; Pochothèque, 2001, p. 178).

. Il y a des méchants qui seraient moins dangereux s’ils n’avaient aucune bonté. (La Rochefoucauld, Maximes, n°284 ; Pléiade, 1964, p. 442 ; Pochothèque, 2001, p. 180).

. On a fait une vertu de la modération, pour borner l’ambition des grands hommes, et pour consoler les gens médiocres de leur peu de fortune, et de leur peu de mérite. (La Rochefoucauld, Maximes, n°308 ; Pléiade, 1964, p. 445 ; Pochothèque, 2001, p. 185).

. On ne devrait s’étonner que de pouvoir encore s’étonner. (La Rochefoucauld, Maximes, n°384 ; Pléiade, 1964, p. 454 ; Pochothèque, 2001, p. 201).

. Il y a du mérite sans élévation, mais il n’y a point d’élévation sans quelque mérite. (La Rochefoucauld, Maximes, n°400 ; Pléiade, 1964, p. 456 ; Pochothèque, 2001, p. 204).

. Le travail du corps délivre des peines de l’esprit, et c’est ce qui rend les pauvres heureux. (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes posthumes n°535, Pléiade, 1964, p. 479 ; Maximes écartées n°36, Pochothèque, 2001, p. 276).

. Le luxe et la trop grande politesse dans les États sont le présage assuré de leur décadence, parce que, tous les particuliers s’attachant à leurs intérêts propres, ils se détournent du bien public. (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes supprimées n°629, Pléiade, 1964, p. 496 ; Maximes supprimées n°52, Pochothèque, 2001, p. 253).

. À parler généralement, il y a peu de gens qui aient le goût fixe et indépendant de celui des autres : ils suivent l’exemple et la coutume, et ils en empruntent presque tout ce qu’ils ont de goût. (La Rochefoucauld, Réflexions diverses, chap. X. « Du goût » ; Pléiade, 1964, p. 516-517 ; Pochothèque, 2001, p. 720).

 

QUELQUES OBSERVATIONS NEUTRES

. Les seules bonnes copies sont celles qui nous font voir le ridicule des méchants originaux. (La Rochefoucauld, Maximes, n°133 ; Pléiade, 1964, p. 420 ; Pochothèque, 2001, p. 143).

. La parfaite valeur et la poltronnerie complète sont deux extrémités où l’on arrive rarement. L’espace qui est entre-deux est vaste, et contient toutes les autres espèces de courage. (La Rochefoucauld, Maximes, n°215 ; Pléiade, 1964, p. 431 ; Pochothèque, 2001, p. 162).

. L’accent du pays où l’on est né demeure dans l’esprit et dans le cœur, comme dans le langage. (La Rochefoucauld, Maximes, n°342 ; Pléiade, 1964, p. 4449 ; Pochothèque, 2001, p. 191).

. Un homme à qui personne ne plaît est bien plus malheureux que celui qui ne plaît à personne. (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes posthumes n°561, Pléiade, 1964, p. 482 ; Maximes écartées n°58, Pochothèque, 2001, p. 280).

. La confiance que l’on a de soi fait naître la plus grande partie de celle que l’on a aux autres. (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes supprimées n°624, Pléiade, 1964, p. 495 ; Maximes supprimées n°47, Pochothèque, 2001, p. 252).

. On ne parle pas de toutes choses sur un même ton et avec les mêmes manières ; on  ne marche pas à la tête d'un régiment comme on marche en se promenant. (La Rochefoucauld, Réflexions diverses, chap. III. « De l’air et des manières » ; Pléiade, 1964, p. 508 ; Pochothèque, 2001, p. 708).

. La confiance plaît toujours à celui qui la reçoit : c’est un tribut que nous payons à son mérite ; c’est un dépôt que l’on commet à sa foi ; ce sont des gages qui lui donnent un droit sur nous, et une sorte de dépendance où nous nous assujettissons volontairement. (La Rochefoucauld, Réflexions diverses, chap. V. « De la confiance » ; Pléiade, 1964, p. 511 ; Pochothèque, 2001, p. 713).

. On peut aimer la comédie sans avoir le goût assez fin et assez délicat pour en bien juger, et on peut avoir le goût assez bon pour bien juger de la comédie sans l’aimer. (La Rochefoucauld, Réflexions diverses, chap. X. « Du goût » ; Pléiade, 1964, p. 516 ; Pochothèque, 2001, p. 719).

 

QUELQUES CONSEILS DE SAGESSE

. J'ai […] une si forte envie d'être tout à fait honnête homme que mes amis ne me sauraient faire un plus grand plaisir que de m'avertir sincèrement de mes défauts. (La Rochefoucauld, Portrait de lui-même ; Pléiade, 1964, p. 4 ; Pochothèque, 2001, p. 777-778). la rochefoucauld,maximes,réflexions ou sentences et maximes morales,honoré champion

. Le silence est le parti le plus sûr de celui qui se défie de soi-même. (La Rochefoucauld, Maximes, n°79 ; Pléiade, 1964, p. 413 ; Pochothèque, 2001, p. 131).

. Il suffit quelquefois d’être grossier pour n’être pas trompé par un habile homme. (La Rochefoucauld, Maximes, n°129 ; Pléiade, 1964, p. 420 ; Pochothèque, 2001, p. 142).

. Peu de gens sont assez sages pour préférer le blâme qui leur est utile à la louange qui les trahit. (La Rochefoucauld, Maximes, n°147 ; Pléiade, 1964, p. 422 ; Pochothèque, 2001, p. 146).

. Il y a une infinité de conduites qui paraissent ridicules, et dont les raisons cachées sont très sages et très solides. (La Rochefoucauld, Maximes, n°163 ; Pléiade, 1964, p. 424 ; Pochothèque, 2001, p. 149).      

. Le vrai honnête homme est celui qui ne se pique de rien. (La Rochefoucauld, Maximes, n°203 ; Pléiade, 1964, p. 430 ; Pochothèque, 2001, p. 159).

. Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit. (La Rochefoucauld, Maximes, n°209 ; Pléiade, 1964, p. 430 ; Pochothèque, 2001, p. 161).

. C’est une grande folie de vouloir être sage tout seul. (La Rochefoucauld, Maximes, n°231 ; Pléiade, 1964, p. 434 ; Pochothèque, 2001, p. 167).

. Dans les grandes affaires, on doit moins s’appliquer à faire naître des occasions, qu’à profiter de celles qui se présentent. (La Rochefoucauld, Maximes, n°453 ; Pléiade, 1964, p. 462 ; Pochothèque, 2001, p. 214).

. Nous gagnerions plus de nous laisser voir tels que nous sommes, que d’essayer de paraître ce que nous ne sommes pas. (La Rochefoucauld, Maximes, n°457 ; Pléiade, 1964, p. 463 ; Pochothèque, 2001, p. 215).

. Avant que de désirer fortement une chose, il faut examiner quel est le bonheur de celui qui la possède. (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes posthumes n°543, Pléiade, 1964, p. 480 ; Maximes écartées n°44, Pochothèque, 2001, p. 277).

. Le sage trouve mieux son compte à ne point s’engager qu’à vaincre. (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes posthumes n°549, Pléiade, 1964, p. 481 ; Maximes écartées n°50, Pochothèque, 2001, p. 278).

. Quand on ne trouve pas son repos en soi-même, il est inutile de le chercher ailleurs. [8] (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes supprimées n°571, Pléiade, 1964, p. 488 ; Maximes supprimées n°61, Pochothèque, 2001, p. 256).

. C’est une ennuyeuse maladie que de conserver sa santé par un trop grand régime. (La Rochefoucauld, Maximes ; Maximes supprimées n°633, Pléiade, 1964, p. 497 ; Maximes supprimées n°72, Pochothèque, 2001, p. 258).

. Rien n’est plus malaisé à soutenir que le dessein d’être toujours plaisant, et les applaudissements qu’on reçoit quelquefois en divertissant les autres ne valent pas que l’on s’expose à la honte de les ennuyer souvent, quand ils sont de méchante humeur. (La Rochefoucauld, Réflexions diverses, chap. XVI. « De la différence des esprits » ; Pléiade, 1964, p. 528 ; Pochothèque, 2001, p. 738).

 

 

Autres pages de citations en rapport avec celle-ci sur ce blogue : Philosophes [en préparation] ;   Auteurs grecs [en préparation] ;   Auteurs latins [en préparation] ;   Sénèque [en préparation] ;   Montaigne ;   Balthasar Gracian [en préparation] ;   Penseurs religieux du Grand Siècle : Pascal, Bossuet et les autres [en préparation] ;   Dramaturges classiques : Corneille, Molière, Racine et les autres ;   Écrivains divers du XVIIe siècle [en préparation] ;    Cardinal de Richelieu et Cardinal de Retz [en préparation] ;   La Bruyère ;   Vauvenargues [en préparation] ;   Montesquieu [en préparation] ;   Libertins du XVIIIe [en préparation] ;   Chamfort ;   Joseph Joubert [en préparation] ;   Alexandre Dumas ;   Oscar Wilde ;   Jules Renard ;   Georges Courteline ;   Paul Léautaud ;   Raymond Radiguet ;   Cioran [en préparation] ;   Hubert Monteilhet ;   Gabriel Matzneff, – et la page générale : citations choisies et dûment vérifiées.

Lire aussi Tartuffe et les metteurs en scène, une triple imposture.

 

 

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[1] Il ne m’a bien sûr pas échappé que le véritable titre du recueil de La Rochefoucauld est Réflexions ou sentences et maximes morales. J’ai préféré le désigner sous la forme abrégée qui est passée à la postérité, ne serait-ce que pour éviter la confusion avec les Réflexions diverses

[2] Je ne saurais trop inviter le public à manifester la plus grande défiance à l’égard des collections de citations traînant sur le net, à l’exception des rares qui, comme les miennes, manifestent un grand scrupule dans leur référencement. Dans les tas de citations de La Rochefoucauld jetés à la diable ici ou là, foisonnent les citations approximatives, estropiées, trahies, voire carrément apocryphes (par exemple : « Le bonheur est toujours à la portée de celui qui sait le goûter »). Si on attache quelque prix à l’authenticité d’une sentence, on fera bien de ne jamais déroger à ce principe : une citation non sourcée n’a aucune valeur. 

[3] Inutile de me faire remarquer qu’il y a une grande subjectivité non seulement dans mon choix, mais aussi dans les rubriques que j’ai constituées ; et que beaucoup de maximes pourraient passer d’une rubrique à l’autre. Libre à chacun de faire son propre classement thématique…

[4] Parmi les éditions disponibles, je recommande l'édition Pochothèque (2001), qui est la plus sûre et la plus précise. Il s'agit en fait de l'édition procurée par Jacques Truchet pour les classiques Garnier en 1967, révisée par Marc Escola et augmentée des Mémoires par Alain Brunn. Elle contient non seulement  la dernière édition des Maximes (1678), la version du manuscrit Liancourt et la version de l'édition hollandaise de 1664 (comme la Pléiade), mais aussi la copie de 1663, le manuscrit Barthélemy et le manuscrit Gilbert : soit six versions différentes des Maximes ! La présentation est claire et élégante, et l'appareil critique suffisamment copieux (introductions, riches notes et variantes en bas de page). En revanche, la correspondance est réduite aux lettres relatives aux Maximes, et donc beaucoup moins complète que celle donnée par la Pléiade, qui ajoute également quelques autres documents, mais qui accuse son âge (quoique la version initiale faite par Louis Martin-Chauffier en 1935 ait été revue et augmentée par Jean Marchand en 1964).

[5] Idée reprise par Chamfort : « L’homme arrive novice à chaque âge de la vie. » (Chamfort, Produits de la civilisation perfectionnée, éd. G.-F. n°188, 1968, maxime n°1185, p. 309).

[6] Comme l’indique le titre du chapitre qui la contient, cette observation concerne le sentiment amoureux. Mais on peut la généraliser à toutes choses.

[7] Ce qui bien sûr rappelle le cruel bilan que Tacite tire de Galba : « Paraissant au-dessus de la condition privée aussi longtemps que ce fut la sienne et, de l’aveu général, capable d’être empereur, s’il n’avait exercé l’empire. » (Major privato viro, dum privatus fuit, et, omnium consensu, capax imperii, nisi imperasset) : Histoires, I, 49, 8 (Pléiade, 1990, p. 138-139).

[8] Idée reprise par Chamfort : « Le bonheur n’est pas chose aisée. Il est très difficile de le trouver en nous, et impossible de le trouver ailleurs. » (Chamfort, Produits de la civilisation perfectionnée, éd. G.-F. n°188, 1968, maxime n°1095, p. 288).