09.08.2017
ALEXANDRE DUMAS : SES MEILLEURS APHORISMES
Alexandre Dumas (1802-1870) n’est pas un grand aphoriste, mais c’est un écrivain très français : c’est pourquoi il est aussi un moraliste, nécessairement. Ce qui implique que ses écrits contiennent quelques belles maximes ici et là. En voici une petite collection.
Je n’ai pas voulu les répartir par thèmes, j’ai préféré les donner selon les œuvres où elles figurent. J’ai classé ces œuvres dans un ordre un peu complexe : dabord par genre, mais, pour le roman, genre largement dominant, selon l’époque de l’intrigue et néanmoins, à l’intérieur de ces portions historiques, selon l’ordre d’écriture. Voici les treize rubriques constituées, accessibles ici d'un clic :
Théâtre : drames historiques Théâtre : drames modernes Romans historiques : Antiquité et Moyen-Âge Romans historiques : XVIe siècle Romans historiques : Trilogie des mousquetaires Romans historiques : XVIIe siècle et début XVIIIe siècle Romans historiques : XVIIIe siècle, Révolution, Empire Romans contemporains (XIXe siècle) Romans russes Récits fantastiques Récits d’histoire Mémoires et récits de voyages Divers et propos oraux
. Napoléon : « Il faut se servir de ses conquêtes pour conquérir. » (Alexandre Dumas, Napoléon Bonaparte ou trente ans de l’histoire de France (1831), acte III, tableau 5, scène 1 ; Théâtre complet, première série, Michel Lévy frères, 1863, p. 359).
. Marguerite : « Il y a des poisons si violents, qu’ils brisent le vase qui les renferme. » (Alexandre Dumas, La Tour de Nesle (1832), acte III, tableau 6, scène 5 ; Omnibus Drames romantiques, 2002, p. 522).
. Mazarin : « Bernouin, si zamais tou deviens homme d'État, n'oublie pas que le grand secret de la politique est dans ces deux mots : Savoir attendre… […] Bernouin ! si zamais tou es ministre, souviens-toi qu'on se tire de tout avec ces deux mots : Savoir azir. » (Alexandre Dumas, La Jeunesse de Louis XIV (1854), II, 8 ; Théâtre complet, douzième série, Michel Lévy frères, 1865, p. 128-129).
. Combien, pour un beau jour, de tristes lendemains ! (Alexandre Dumas, Antony (1831), poème liminaire ; La table ronde, coll. Petite vermillon n°31, 1994, p. 10).
. Antony : « Douter, voilà le malheur ; mais lorsqu’on n’a plus rien à espérer ou à craindre de la vie, que notre jugement est prononcé ici-bas comme celui d’un damné,… le cœur cesse de saigner : il s’engourdit dans sa douleur ;… et le désespoir a aussi son calme, qui, vu par les gens heureux, ressemble au bonheur… Et puis, malheur, bonheur, désespoir, ne sont-ce pas de vains mots, un assemblage de lettres qui représente une idée dans notre imagination, et pas ailleurs ;… que le temps détruit et recompose pour en former d’autres… Qui donc, en me regardant, en me voyant vous sourire comme je vous souris en ce moment, oserait dire : "Antony n’est pas heureux !…" » (Alexandre Dumas, Antony (1831), I, 6 ; La table ronde, coll. Petite vermillon n°31, 1994, p. 37).
. Antony : « Voilà les hommes… Que j’aille au milieu d’eux, qu’écrasé de douleurs, je tombe sur une place publique, que je découvre à leurs yeux béants et avides la blessure de ma poitrine et les cicatrices de mon bras, ils diront : "Oh ! le malheureux, il souffre ! ", car là, pour leurs yeux vulgaires, tout sera visible, sang et blessures… Et ils s’approcheront ;… et, par pitié pour une souffrance qui demain peut être la leur, ils me secourront… Mais que, trahi dans mes espérances les plus divines… blasphémant Dieu, l’âme déchirée et le cœur saignant, j’aille me rouler au milieu de leur foule, en leur disant : "Oh ! mes amis, pitié pour moi, pitié ! je souffre bien !… je suis bien malheureux !… ", ils diront : "C’est un fou, un insensé ! ", et ils passeront en riant… » (Alexandre Dumas, Antony (1831), I, 6 ; La table ronde, coll. Petite vermillon n°31, 1994, p. 37-38).
. Antony : « Depuis le jour où je me suis connu, tout ce qui eût été pour un autre positif et réalité n’a été pour moi que rêve et déception. N’ayant point un monde à moi, j’ai été obligé de m’en créer un ; il me faut, à moi, d’autres émotions, d’autres douleurs, d’autres plaisirs, et peut-être d’autres crimes ! » (Alexandre Dumas, Antony (1831), II, 3 ; La table ronde, coll. Petite vermillon n°31, 1994, p. 52).
. Antony : « Pourvu que je change de lieu, que je voie de nouveaux visages, que la rapidité de ma course me débarrasse de la fatigue d’aimer ou de haïr, qu’aucun cœur ne se réjouisse quand j’arrive, qu’aucun lien ne se brise quand je pars, il est probable que j’arriverai comme les autres, après un certain nombre de pas, au terme d’un voyage dont j’ignore le but, sans avoir deviné si la vie est une plaisanterie bouffonne ou une création sublime… » (Alexandre Dumas, Antony (1831), II, 4 ; La table ronde, coll. Petite vermillon n°31, 1994, p. 55).
. La vicomtesse : « Allons, allons, n’allez-vous pas retomber dans vos accès de misanthropie !… Oh ! je n’ai pas oublié votre haine pour les hommes… » — Antony : « Eh bien, madame, je me corrige. Je les haïssais, dites-vous ?… Je les ai beaucoup vus depuis, et je ne fais plus que les mépriser ; et, pour me servir d’un terme familier à la profession que vous affectionnez maintenant, c’est une maladie aiguë qui est devenue chronique. » (Alexandre Dumas, Antony (1831), II, 4 ; La table ronde, coll. Petite vermillon n°31, 1994, p. 61).
. Antony : [Je ne crois pas] « À l’amitié, non… C’est un sentiment bâtard dont la nature n’a pas besoin, une convention de la société que le cœur a adoptée par égoïsme, où l’âme est constamment lésée par l’esprit, et que peut détruire du premier coup le regard d’une femme ou le sourire d’un prince. » (Alexandre Dumas, Antony (1831), II, 4 ; La table ronde, coll. Petite vermillon n°31, 1994, p. 62).
. Antony : « Et quand je pense qu’il ne faudrait pour sortir de l’enfer de cette vie que la résolution d’un moment, qu’à l’agitation de la frénésie peut succéder en une seconde le repos du néant, que rien ne peut, même la puissance de Dieu, empêcher que celà soit, si je le veux… Pourquoi donc ne le voudrais-je pas ?… est-ce un mot qui m’arrête ?… Suicide !… Certes, quand Dieu a fait des hommes une loterie au profit de la mort, et qu’il n’a donné à chacun d’eux que la force de supporter une certaine quantité de douleurs, il a dû penser que cet homme succomberait sous le fardeau, alors que le fardeau dépasserait ses forces… Et d’où vient que les malheureux ne pourraient pas rendre malheur pour malheur ?… Celà ne serait pas juste, et Dieu est juste !… » (Alexandre Dumas, Antony (1831), III, 3 ; La table ronde, coll. Petite vermillon n°31, 1994, p. 89-90).
. Antony : « Oh ! si elle pleure, que ce soit ma mort du moins… Antony pleuré par Adèle… Oui, mais aux larmes succéderont la tristesse, la mélancolie, l’indifférence… Son cœur se serrera encore de temps en temps lorsque par hasard on prononcera mon nom devant elle ;… puis on ne le prononcera plus… l’oubli viendra… l’oubli, ce second linceul des morts !… » (Alexandre Dumas, Antony (1831), III, 3 ; La table ronde, coll. Petite vermillon n°31, 1994, p. 90).
. Eugène : « Si vous avez à vous plaindre d’une chose, c’est de ce que la vie est si courte et de ce que les jours sont si longs. » (Alexandre Dumas, Antony (1831), IV, 1 ; La table ronde, coll. Petite vermillon n°31, 1994, p. 107).
. Kean : « Il n'y a d'amitié qu'entre égaux, monseigneur, et il y a autant de vanité à vous de m’avoir dans votre voiture, que de sottise à moi d’y monter… ». (Alexandre Dumas, Kean ou désordre et génie (1836), acte IV, tableau 4, scène 7 ; Omnibus Drames romantiques, 2002, p. 843).
. Kean : « En amour, qui doute accuse. » (Alexandre Dumas, Kean ou désordre et génie (1836), acte V, tableau 6, scène 6 ; Omnibus Drames romantiques, 2002, p. 859).
. Antoine : « La maman crie d'abord… puis elle pleure, puis elle sanglote… puis elle pardonne… Les mamans, ça pardonne toujours… c'est venu au monde pour ça. » (Alexandre Dumas, Louise Bernard (1843), II, 5 ; Théâtre complet, sixième série, Michel Lévy frères, 1864, p. 32).
ROMANS HISTORIQUES : ANTIQUITÉ et MOYEN-ÂGE
[à compléter]
ROMANS HISTORIQUES : XVIe siècle
[à compléter]
ROMANS HISTORIQUES : TRILOGIE DES MOUSQUETAIRES
. Ce qui frappe l’esprit capricieux du poète n’est pas toujours ce qui impressionne la masse des lecteurs. (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), préface ; Pléiade, 1962, p. 3).
. [Il] était donc admiré, craint et aimé, ce qui constitue l’apogée des fortunes humaines. (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. II ; Pléiade, 1962, p. 26).
. L’espérance est la dernière chose qui s’éteint dans le cœur de l’homme. (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. IV ; Pléiade, 1962, p. 49).
. Les trois mouquetaires : « Il en est des valets commes des femmes, il faut les mettre tout-de-suite sur le pied où l’on désire qu’ils restent. » (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. VI ; Pléiade, 1962, p. 93).
. Aramis : « La femme a été créée pour notre perte, et c’est d’elle que nous viennent toutes nos misères. » (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. IX ; Pléiade, 1962, p. 106).
. L’amour est la plus égoïste de toutes les passions. (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. XI ; Pléiade, 1962, p. 125).
. Ce n’est pas à propos d’un premier amour qu’il faut demander de la discrétion. Ce premier amour est accompagné d’une si grande joie qu’il faut que cette joie déborde, sans celà elle vous étoufferait. (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. XI ; Pléiade, 1962, p. 126).
. Anne d’Autriche : « Quelle folie de nourrir une passion inutile avec de pareils souvenirs ! » — Buckingham : « Et avec quoi voulez-vous donc que je vive ? Je n’ai que des souvenirs, moi. C’est mon bonheur, mon trésor, mon espérance. » (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. XI ; Pléiade, 1962, p. 145).
. Le diable ne se laisse pas déposséder facilement d’une place où il a mis garnison. (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. XVI ; Pléiade, 1962, p. 183).
. Bonacieux : « Les intérêts particuliers ne sont rien devant les intérêts de tous. Je suis pour ceux qui sauvent l’État. » (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. XVII ; Pléiade, 1962, p. 199).
. D’Artagnan : « Le roi a-t-il l’habitude de vous rendre des comptes ? Non, il vous dit tout bonnement : Messieurs, on se bat en Gascogne ou dans les Flandres, allez vous battre ; et vous y allez. Pourquoi ? Vous ne vous en inquiétez même pas. » — Athos : « D’Artagnan a raison. […] Allons nous faire tuer où l’on nous dit d’aller. La vie vaut-elle la peine de faire autant de questions ? » (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. XIX ; Pléiade, 1962, p. 218).
. Athos : « Mon avis est qu’il ne convient pas de mettre en rien des laquais dans une pareille affaire ; un secret peut par hasard être trahi par des gentilshommes, mais il est presque toujours vendu par des laquais. » (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. XIX ; Pléiade, 1962, p. 219).
. M. de Tréville : « Ah ! jeune homme ! jeune homme ! quelque amourette ? Prenez garde, je vous le répète : c’est la femme qui nous a perdus, tous tant que nous sommes, et qui nous perdra encore, tous tant que nous sommes. » (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. XXIII ; Pléiade, 1962, p. 258).
. Un fripon ne rit pas de la même façon qu’un honnête homme, un hypocrite ne pleure pas les mêmes larmes qu’un homme de bonne foi. Toute fausseté est un masque, et si bien fait que soit le masque, on arrive toujours, avec un peu d’attention, à le distinguer du visage. (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. XXV ; Pléiade, 1962, p. 273).
. Il n’y a pas d’amitié qui tienne à un secret surpris, surtout quand ce secret intéresse l’orgueil ; puis on a toujours une certaine supériorité morale sur ceux dont on sait la vie. (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. XXVI ; Pléiade, 1962, p. 292).
. Rien ne fait marcher le temps et n’abrège la route comme une pensée qui absorbe en elle-même toutes les facultés de l’organisation de celui qui pense. L’existence extérieure ressemble alors à un sommeil dont cette pensée est le rêve. Par son influence, le temps n’a plus de mesure, l’espace n’a plus de distance. On part d’un lieu, et l’on arrive à un autre, voilà tout. De l’intervalle parcouru, rien n’est resté présent à votre souvenir, qu’un brouillard vague dans lequel s’effacent mille images confuses d’arbres, de montagnes et de paysages. (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. XXVI ; Pléiade, 1962, p. 292-293).
. Aramis : « Poussière, je rentre dans la poussière. La vie est pleine d’humiliations et de douleurs, […] ; tous les fils qui la rattachent au bonheur se rompent tour à tour dans la main de l’homme, surtout les fils d’or. […] Croyez-moi, cachez bien vos plaies quand vous en aurez. Le silence est la dernière joie des malheureux ; gardez-vous de mettre qui que ce soit sur la trace de vos douleurs ; les curieux pompent nos larmes comme les mouches font du sang d’un daim blessé. […] Vous êtes mon ami aujourd’hui, demain vous ne serez plus pour moi qu’une ombre ; ou plutôt même, vous n’existerez plus. Quant au monde, c’est un sépulcre et pas autre chose. » (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. XXVI ; Pléiade, 1962, p. 305-306).
. Athos : « Cœurs tendres, cœurs percés. […] L’amour est une loterie où celui qui gagne, gagne la mort ! » (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. XXVII ; Pléiade, 1962, p. 324).
. Pour un amour réel, pour une jalousie véritable, y a-t-il d’autre réalité que les illusions et les chimères ? (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. XXIX ; Pléiade, 1962, p. 344).
. Athos : « Je ne connais pas une femme qui vaille la peine qu’on la cherche quand elle est perdue. » (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. XXX ; Pléiade, 1962, p. 351).
. Qui chasse l’aigle ne s’occupe pas du passereau. (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. XXXIII ; Pléiade, 1962, p. 379).
. Athos : « En général, on ne demande de conseils […] que pour ne pas les suivre ; ou, si on les a suivis, que pour avoir quelqu'un à qui l'on puisse faire le reproche de les avoir donnés. » (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. XXXIV ; Pléiade, 1962, p. 386).
. Athos : « Pour retrouver une femme, vous faites la cour à une autre : c’est le chemin le plus long, mais le plus amusant. » (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. XXXIV ; Pléiade, 1962, p. 388).
. On aurait tort de juger les actions d’une époque au point-de-vue d’une autre époque. Ce qui aujourdhui serait regardé comme une honte pour un galant homme était dans ce temps une chose toute simple et toute naturelle, et les cadets des meilleures familles se faisaient en général entretenir par leurs maîtresses. (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. XXXV ; Pléiade, 1962, p. 401).
. Le cœur de la meilleure femme est impitoyable pour les douleurs d'une rivale. (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. XXXV ; Pléiade, 1962, p. 402).
. D’Artagnan : « Oh ! les difficultés ne m’effrayent pas […] ; il n’y a que les impossibilités qui m’épouvantent. » (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. XXXVI ; Pléiade, 1962, p. 405).
. Derrière tout bonheur présent est cachée une crainte à venir. (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. XXXIX ; Pléiade, 1962, p. 428).
. On ne peut combattre l’extrême préoccupation que par l’extrême insouciance. (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. XL ; Pléiade, 1962, p. 443).
. Athos : « Le temps amène l’occasion, l’occasion c’est la martingale de l’homme : plus on a engagé, plus l’on gagne quand on sait attendre. » (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. XLII ; Pléiade, 1962, p. 464).
. Il ne faut croire ni à ce que disent les ministres, ni à ce que disent leurs ennemis. (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. XLIII ; Pléiade, 1962, p. 468).
. Richelieu : « Il y aura en tout temps et dans tous les pays, surtout si ces pays sont divisés de religion, des fanatiques qui ne demanderont pas mieux que de se faire martyrs. » (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. XLIV ; Pléiade, 1962, p. 478-479).
. Athos : « … cinq-cents personnes là-bas […] qui nous prennent pour des fous ou pour des héros, deux classes d’imbéciles qui se ressemblent assez. » (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. XLVII ; Pléiade, 1962, p. 498).
. Aramis : « Le principal n’est pas de savoir lequel de nos quatre laquais est le plus discret, le plus fort, le plus adroit ou le plus brave ; le principal est de savoir lequel aime le plus l’argent. » — Athos : « Ce que dit Aramis est plein de sens […] ; il faut spéculer sur les défauts des gens et non sur leurs vertus. » (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. XLVIII ; Pléiade, 1962, p. 516).
. Athos : « La vie est un chapelet de petites misères que le philosophe égrène en riant. Soyez philosophes comme moi, Messieurs, mettez-vous à table et buvons ; rien ne fait paraître l’avenir couleur de rose comme de le regarder à travers un verre de chambertin. » (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. XLVIII ; Pléiade, 1962, p. 526).
. Milady : « Fixez mes irrésolutions. J’ai du courage pour tout danger que je prévois, pour tout malheur que je comprends. » (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. XLIX ; Pléiade, 1962, p. 536).
. Buckingham : « Je ne connais pas d’homme qui mérite d’être regretté pendant toute la vie d’un autre homme. » (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. LIX ; Pléiade, 1962, p. 628).
. Un bon général […] prévoit tout ensemble la victoire et la défaite, et […] est tout prêt, selon les chances de la bataille, à marcher en avant ou à battre en retraite. (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. LXIII ; Pléiade, 1962, p. 662).
. Athos : « Ami, sois homme : les femmes pleurent les morts, les hommes les vengent ! » (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. LXIII ; Pléiade, 1962, p. 670).
. L’homme au manteau rouge : « Le bourreau peut tuer, sans être pour celà un assassin […] ; c’est le dernier juge, voilà tout. » (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. LXVI ; Pléiade, 1962, p. 687).
. D’Artagnan : « Je n’aurai donc plus d’amis […] ; hélas ! plus rien, que d’amers souvenirs. » — Athos : « Vous êtes jeune, vous, […] et vos souvenirs amers ont le temps de se changer en doux souvenirs ! » (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires (1844), chap. LVII ; Pléiade, 1962, p. 699).
. Mazarin : « Je connais vos Français […] : ils chantent, ils payeront. Pendant la Ligue, […] on ne chantait que la messe, aussi tout allait fort mal. » (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. II ; Pléiade, 1962, p. 717).
. D’Artagnan : « Croyez-moi, ne marchandons pas, on fait mal les grandes choses avec de petits moyens. » (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. V ; Pléiade, 1962, p. 755).
. On croit facilement ce qu’on désire ; or, à l’armée, depuis les généraux de division qui désirent la mort du général en chef jusqu’aux soldats qui désirent la mort des caporaux, tout-le-monde désire la mort de quelqu’un. (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. VI ; Pléiade, 1962, p. 760).
. Dans les grandes circonstances rien n’est plus naturel que le monologue. (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. VI ; Pléiade, 1962, p. 761).
. D’Artagnan : « La jeunesse est un grand défaut… quand on n’est plus jeune. » (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. VII ; Pléiade, 1962, p. 767).
. D’Artagnan : « Les grands ne sont reconnaissants que lorsque l’on fait pour eux l’impossible. "Si c’eût été possible, nous disent-ils, je l’eusse fait moi-même." Et les grands ont raison. » (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. VII ; Pléiade, 1962, p. 768).
. Il se demandait pourquoi il y a dans le monde des gens qui arrivent à tout ce qu’ils désirent, ceux-ci comme ambition, ceux-là comme amour, tandis qu’il y en a d’autres qui restent, soit hasard, soit mauvaise fortune, soit empêchement naturel que la nature a mis en eux, à moitié chemin de toutes leurs espérances. (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. IX ; Pléiade, 1962, p. 785).
. Aramis : « Je suis un composé de contrastes : ce que je hais aujourdhui, je l’adorerai demain, et vice-versa. Vous voyez bien que je ne puis m’engager comme vous, par exemple, qui avez des idées arrêtées. » (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. XI ; Pléiade, 1962, p. 809).
. D’Artagnan réfléchissait à la misère de cette pauvre nature humaine, toujours mécontente de ce qu’elle a, toujours désireuse de ce qu’elle n’a pas. (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. XIV ; Pléiade, 1962, p. 828).
. Mousqueton : « J’ai pris ce […] nom, qui est plus digne et sert à me faire respecter de mes inférieurs. Vous savez, Monsieur, combien la subordination est nécessaire à la valetaille. » (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. XIV ; Pléiade, 1962, p. 829).
. Se sentant une certaine valeur personnelle, [il] souffrait de se voir démonétiser par le contact perpétuel des gens à idées plates. (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. XV ; Pléiade, 1962, p. 835).
. Il n’y a rien de plus convaincant qu’une grande conviction, elle influe même sur les incrédules. (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. XVIII ; Pléiade, 1962, p. 866).
. Athos : « Sachez toujours distinguer le roi de la royauté ; le roi n’est qu’un homme, la royauté, c’est l’esprit de Dieu ; quand vous serez dans le doute de savoir qui vous devez servir, abandonnez l’apparence matérielle pour le principe invisible, car le principe invisible est tout. » (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. XXIV ; Pléiade, 1962, p. 944).
. D’Artagnan : « Ce ne sont pas les guerres civiles qui nous désunissent ; c’est que nous n’avons plus vingt ans chacun, c’est que les loyaux élans de la jeunesse ont disparu pour faire place au murmure des intérêts, au souffle des ambitions, aux conseils de l’égoïsme. » (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. XXIX ; Pléiade, 1962, p. 988).
. De Guiche : « Ces moines sont assujettis à des pratiques si dégradantes : les jeûnes les font pâlir, les coups de discipline les font hypocrites, et c’est à force de pleurer les biens de la vie, qu’ils ont perdus et dont nous jouissons, que leurs yeux deviennent ternes. » (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. XXXIII ; Pléiade, 1962, p. 1021).
. Avec les supérieurs, et surtout quand ces supérieurs sont princes, la politesse suprême est d’obéir sans retard et sans raisonnement. (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. XXXVI ; Pléiade, 1962, p. 1049).
. La veille d’une bataille, on pense à mille choses qu’on avait oubliées jusque-là et qui vous reviennent alors à l’esprit. La veille d’une bataille, les indifférents deviennent des amis, les amis deviennent des frères. / Il va sans dire que si on a au fond du cœur quelque sentiment plus tendre, ce sentiment atteint tout naturellement le plus haut degré d’exaltation auquel il puisse atteindre. (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. XXXVI ; Pléiade, 1962, p. 1052-1053).
. Athos : « Les rois ne peuvent être forts que par la noblesse, mais la noblesse ne peut être grande que par les rois. Soutenons donc les monarchies, c’est nous soutenir nous-mêmes. » (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. XLIV ; Pléiade, 1962, p. 1115).
. Maillard : « Ce sont de tristes évènements […] et qui, comme toujours, retombent sur le pauvre peuple. Quant à ce qu’on en dit, tout-le-monde est mécontent, tout-le-monde se plaint, mais qui dit tout-le-monde ne dit personne. […] Je dis que tous ces cris, toutes ces plaintes, toutes ces malédictions ne produiront qu’une tempête et des éclairs, voilà tout ; mais que le tonnerre ne tombera que lorsqu’il y aura un chef pour le diriger. » (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. XLVII ; Pléiade, 1962, p. 1157).
. D’Artagnan : « Oh ! les femmes ! fussent-elles reines, elles sont toujours femmes. » (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. LIII ; Pléiade, 1962, p. 1202).
. Rien ne se communique plus rapidement que la confiance. (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. LIV ; Pléiade, 1962, p. 1218).
. Athos : « Dans une position aussi précaire que la nôtre, c’est la terre qu’il faut examiner, et non le ciel. » (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. LVII ; Pléiade, 1962, p. 1251).
. Athos : « Mieux vaut décapiter que souffleter un roi. » (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. LX ; Pléiade, 1962, p. 1276).
. D’Artagnan : « Et que me fait au bout du compte que M. Cromwell, qui est Anglais, se révolte contre son roi, qui est Écossais ? Je suis Français, moi, toutes ces choses ne me regardent pas. Pourquoi donc voudriez-vous m’en rendre responsable ? » […] — Athos : « Parce que tous les gentilshommes sont frères, parce que vous êtes gentilhomme, parce que les rois de tous les pays sont les premiers entre les gentilshommes, parce que la plèbe aveugle, ingrate et bête prend toujours plaisir à abaisser ce qui lui est supérieur ; et c’est vous, vous, d’Artagnan, l’homme de la vieille seigneurie, l’homme au beau nom, l’homme à la bonne épée, qui avez contribué à livrer un roi à des marchands de bière, à des tailleurs, à des charretiers ! » (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. LX ; Pléiade, 1962, p. 1277).
. Dans les positions les plus difficiles, les grands cœurs ne perdent jamais le courage, ni les bons estomacs l’appétit. (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. LXII ; Pléiade, 1962, p. 1289).
. Porthos : « C’est un vilain pays que cette Angleterre. » (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. LXII ; Pléiade, 1962, p. 1290).
. Athos : « Tout est pauvre et mesquin en France en ce moment. Nous avons un roi de dix ans qui ne sait pas encore ce qu’il veut ; nous avons une reine qu’une passion tardive rend aveugle ; nous avons un ministre qui régit la France comme il ferait d’une vaste ferme, c’est-à-dire ne se préoccupant que de ce qu’il peut y pousser d’or en la labourant avec l’intrigue et l’astuce italiennes ; nous avons des princes qui font de l’opposition personnelle et égoïste, qui n’arriveront à rien qu’à tirer des mains de Mazarin quelques lingots d’or, quelques bribes de puissance. Je les ai servis, non par enthousiasme, Dieu sait que je les estime ce qu’ils valent, et qu’ils ne sont pas bien haut dans mon estime, mais par principe. Aujourdhui, c’est autre chose ; aujourdhui, je rencontre sur ma route une haute infortune, une infortune royale, une infortune européenne, je m’y attache. Si nous parvenons à sauver le roi, ce sera beau ; si nous mourons pour lui, ce sera grand ! » (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. LXII ; Pléiade, 1962, p. 1291-92).
. D’Artagnan : « Au fait, mourir là ou mourir ailleurs, puisqu’il faut mourir, peu nous importe. […] Bah ! un peu plus tôt, un peu plus tard, celà ne vaut pas la peine de chicaner. » (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. LXII ; Pléiade, 1962, p. 1293).
. D’Artagnan : « Je reste [en Angleterre], mais à une condition. […] C’est qu’on ne me forcera pas d’apprendre l’anglais. » (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. LXII ; Pléiade, 1962, p. 1294).
. Athos : « Vous êtes bien heureux, car vous voyez toute chose en riant. » (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. LXII ; Pléiade, 1962, p. 1296).
. D’Artagnan : « L’anglais n’est que du français mal prononcé. » (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. LXVI ; Pléiade, 1962, p. 1331).
. D’Artagnan : « Je ne me soucie aucunement qu’on m’impose un genre de mort, et désire fort mourir à mon choix. » (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. LXVII ; Pléiade, 1962, p. 1336).
. Les jugements politiques sont toujours de vaines formalités, car les mêmes passions qui font accuser font condamner aussi. Telle est la terrible logique des révolutions. (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. LXVIII ; Pléiade, 1962, p. 1345).
. Aramis : « Bravo ! […] Mais comment avez-vous décidé cet homme à disparaître ? » — D’Artagnan : « Comme on décide tout en ce monde, avec de l’argent ; celà m’a coûté cher, mais il y a consenti. » (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. LXVIII ; Pléiade, 1962, p. 1353).
. Ce plan était large, simple et facile, comme toutes les choses qui naissent d’une résolution hardie. (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. LXIX ; Pléiade, 1962, p. 1357).
. D’Artagnan : « Mordioux ! que j’aime la France en ce moment, et qu’il est bon d’avoir une patrie à soi, quand on est si mal dans celle des autres. » (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. LXIX ; Pléiade, 1962, p. 1360).
. Aramis [se rendant compte que Charles Ier va être exécuté malgré le plan mis au point pour le libérer] : « Oh ! […] où est Dieu ? où est Dieu ? » (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. LXIX ; Pléiade, 1962, p. 1362).
. Athos : « Oh ! […] est-il bien possible que j’entende ce que j’entends et que je voie ce que je vois ? Est-il bien possible que Dieu ait abandonné son représentant sur la terre à ce point qu’il le laisse mourir si misérablement !… » (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. LXX ; Pléiade, 1962, p. 1368).
. Athos : « Il y a au fond de nous quelque chose de méchant qui doute sans cesse. » (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. LXXI ; Pléiade, 1962, p. 1378).
. Athos : « Les braves gens sont moins rares qu’on ne le croit ; celà encourage. » (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. LXXI ; Pléiade, 1962, p. 1379).
. Mordaunt : « Votre idée de la felouque minée est sublime. » — Cromwell : « Absurde […] puisqu’elle est devenue inutile. Il n’y a d’idée sublime en politique que celle qui porte ses fruits ; toute idée qui avorte est folle et aride. » (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. LXXII ; Pléiade, 1962, p. 1385).
. Si ce n’était pas du courage, c’était du moins de l’orgueil, ce qui y ressemble beaucoup. (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. LXXIII ; Pléiade, 1962, p. 1396).
. Mousqueton : « Où avez-vous vu dans les Écritures, je vous le demande, que les Anglais fussent votre prochain ? […] Si vous aviez fait dix ans la guerre comme Grimaud et moi, […] vous sauriez faire la différence qu’il y a entre le bien d’autrui et le bien de l’ennemi. Or, un Anglais est un ennemi, je pense, et ce vin de Porto appartient aux Anglais. Donc il nous appartient, puisque nous sommes Français. Ne connaissez-vous pas le proverbe : Autant de pris sur l’ennemi ? » (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. LXXV ; Pléiade, 1962, p. 1416).
. D’Artagnan : « Avec le doute on mène les hommes très loin. » (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. LXXVIII ; Pléiade, 1962, p. 1444).
. Athos : « Allons, allons, […] ne faites pas l’esprit fort, vous avez les larmes aux yeux. Soyons toujours francs entre nous, cette franchise dût-elle laisser voir nos bonnes qualités. » (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. LXXVIII ; Pléiade, 1962, p. 1445).
. C’était un grand cœur qu’Athos, et par conséquent un bien pauvre courtisan. (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. LXXXIV ; Pléiade, 1962, p. 1503).
. D’Artagnan : « On obt[ient] tout des femmes et des portes en les prenant par la douceur. » (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. XCI ; Pléiade, 1962, p. 1540).
. Porthos : « Les chevaux d’aujourdhui ne valent pas ceux d’autrefois, […] tout dégénère. » (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. XCIII ; Pléiade, 1962, p. 1554).
. D’Artagnan : « Je menace parce qu’on m’y force. Je me grandis parce qu’il faut que je me place à la hauteur des évènements et des personnes. » (Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), chap. XCIV ; Pléiade, 1962, p. 1567).
. Mais qu'est-ce que l'attente, sinon une sorte de folie, et qu'est-ce que la folie, sinon un excès d'espoir ? (Alexandre Dumas, Le Vicomte de Bragelonne (1847), chap. V ; Folio n°3023, 1997, p. 86).
. D’Artagnan : « Plus d’amis, plus d’avenir, plus rien ! Mes forces sont brisées, comme le faisceau de notre amitié passée ! Oh ! la vieillesse arrive, froide, inexorable ; elle enveloppe dans son crêpe funèbre tout ce qui reluisait, tout ce qui embaumait dans ma jeunesse, puis elle jette ce doux fardeau sur son épaule et le porte avec le reste dans ce gouffre sans fond de la mort. » (Alexandre Dumas, Le Vicomte de Bragelonne (1847), chap. XVIII ; Folio n°3023, 1997, p. 218).
. D’Artagnan : « L'avenir ! hou ! les jolis mots que les mots qui promettent, et comme ils remplissent bien la bouche à défaut d'autre chose ! Mordioux ! après en avoir tant trouvé qui promettent, quand donc en trouverai-je un qui donne ? » (Alexandre Dumas, Le Vicomte de Bragelonne (1847), chap. XXXII ; Folio n°3023, 1997, p. 348).
. Anne d’Autriche : « Croyez-moi, rien ne vaut le séjour du pays natal. » (Alexandre Dumas, Le Vicomte de Bragelonne (1848), chap. XCII ; Folio n°3024, 1997, p. 21).
. Anne d’Autriche : « On a beau dire, […] la femme est toujours jeune ; on a toujours vingt ans dans quelque coin du cœur ! » (Alexandre Dumas, Le Vicomte de Bragelonne (1848), chap. XCII ; Folio n°3024, 1997, p. 26).
. Dans cette maladie qu’on appelle l’amour, les accès se suivent à des intervalles toujours plus rapprochés dès que le mal débute. / Plus tard, les accès s’éloignent les uns des autres, au fur et à mesure que la guérison arrive. (Alexandre Dumas, Le Vicomte de Bragelonne (1848), chap. CLXXV ; Folio n°3024, 1997, p. 833).
. …cette horreur du vide et de la solitude qui toujours occupe l’imagination des gens qui aiment. (Alexandre Dumas, Le Vicomte de Bragelonne (1849), chap. CCIV ; Folio n°3025, 1997, p. 226).
. Fouquet : « Pour être assez riche, […] il faut être trop riche. » (Alexandre Dumas, Le Vicomte de Bragelonne (1849), chap. CCXXV ; Folio n°3025, 1997, p. 444).
. Aramis : « Dieu !… Démon !… Sombre et railleuse puissance qu’on appelle le génie de l’homme, tu n’es qu’un souffle plus incertain, plus inutile que le vent dans la montagne ; tu t’appelles hasard, tu n’es rien ; tu embrasses tout de ton haleine, tu soulèves les quartiers de roc, la montagne elle-même, et tout-à-coup tu te brises devant la croix de bois mort, derrière laquelle vit une autre puissance invisible… que tu niais peut-être, et qui se venge de toi, et qui t’écrase sans te faire même l’honneur de dire son nom !… » (Alexandre Dumas, Le Vicomte de Bragelonne (1849), chap. CCXXVII ; Folio n°3025, 1997, p. 475-476).
. D’Artagnan (cité par Planchet) : « Quand on vieillit, on pense plus souvent aux choses de la jeunesse. » (Alexandre Dumas, Le Vicomte de Bragelonne (1849), chap. CCXXXV ; Folio n°3025, 1997, p. 542).
. D’Artagnan : « C’est fini, […] les mousquetaires d’aujourdhui ne sont pas ceux de Sa Majesté Louis XIII. C’est fini ! » (Alexandre Dumas, Le Vicomte de Bragelonne (1848), chap. CCLVIII ; Folio n°3025, 1997, p. 754).
ROMANS HISTORIQUES : XVIIe siècle et DÉBUT XVIIIe siècle
. Le capitaine Roquefinette : « Écoutez un vieux renard : pour être bon conspirateur, il faut surtout ce que vous avez, du courage, mais il faut encore ce que vous n’avez pas, de la patience. » (Alexandre Dumas, Le Chevalier d'Harmental (1842), chap. XV ; Éditions du Carrousel, 1999, p. 221).
. Le capitaine Roquefinette : « Qui ne sait pas mentir ne sait pas agir. » (Alexandre Dumas, Le Chevalier d'Harmental (1842), chap. XV ; Éditions du Carrousel, 1999, p. 222).
. Entre la figure du conquérant et celle du pirate, disaient les anciens, quelle différence trouvera-t-on ? Celle que l’on trouve entre l’aigle et le vautour. / La sérénité ou l’inquiétude. (Alexandre Dumas, La Tulipe noire (1850), chap. III ; éd. de la Bohème, 2000, p. 26).
. Cornélius : « Un homme a toujours reçu du Ciel trop pour être heureux, assez pour ne l’être pas. » (Alexandre Dumas, La Tulipe noire (1850), chap. V ; éd. de la Bohème, 2000, p. 49).
. Les grandes âmes trouvent dans la philosophie d’étonnantes ressources au milieu des grandes catastrophes. (Alexandre Dumas, La Tulipe noire (1850), chap. V ; éd. de la Bohème, 2000, p. 52).
. Mais le terrible des mauvaises idées, c'est que peu à peu les mauvais esprits se familiarisent avec elles. (Alexandre Dumas, La Tulipe noire (1850), chap. VIII ; éd. de la Bohème, 2000, p. 74).
. Cornélius : « Celui qui n’a plus à vivre qu’une heure est un grand sybarite s’il a besoin de quelque chose. » (Alexandre Dumas, La Tulipe noire (1850), chap. XI ; éd. de la Bohème, 2000, p. 97).
. Il était de ces natures choisies qui ont horreur du commun et qui manquent souvent toutes les bonnes occasions de la vie, faute d’avoir pris la route du vulgaire, ce grand chemin des gens médiocres et qui les mène à tout. (Alexandre Dumas, La Tulipe noire (1850), chap. XXVIII ; éd. de la Bohème, 2000, p. 220).
. Richelieu : « La mission de la femme, indiquée à la fois par la nature et par la société, est d’aimer et d’être aimée. » (Alexandre Dumas, Le Sphinx rouge [=Le Comte de Moret] (1865), partie III chapitre 5, éditions Baudelaire, Livre Club des Champs-Élysées, 1967, p. 355).
ROMANS HISTORIQUES : XVIIIe siècle, RÉVOLUTION, EMPIRE
. Paul : « Le français est aussi la langue que je préfère ; j’ai vu le jour sur la terre de France, car le soleil de France est le premier qui ait réjoui mes yeux ; et quoique bien souvent j'aie vu des terres plus fertiles et un soleil plus brillant, il n'y a jamais eu pour moi qu'une terre et qu'un soleil : c'est le soleil et la terre de France ! » (Alexandre Dumas, Le Capitaine Paul (1838), chap. V ; Œuvres complètes. Le Capitaine Paul, Michel Lévy frères, 1858, p. 67). [1]
. Le vieillard : « Orgueilleux et insensé qu'il est, l'homme se croit quelque chose ! » (Alexandre Dumas, Le Capitaine Paul (1838), chap. IX ; Œuvres complètes. Le Capitaine Paul, Michel Lévy frères, 1858, p. 113).
. Oh ! les belles et fraîches années ! comme elles passent vite, et cependant comme elles emplissent de souvenirs tout le reste de la vie ! (Alexandre Dumas, Aventures de John Davys (1840), chap. VII ; Œuvres complètes. Aventures de John Davys, Michel Lévy frères, 1872, tome I, p. 91). [2]
. John Davys : « La première loi de la discipline est qu'un supérieur ne doit jamais avoir tort. » (Alexandre Dumas, Aventures de John Davys (1840), chap. X ; Œuvres complètes. Aventures de John Davys, Michel Lévy frères, 1872, tome I, p. 141).
. Il y a celà de particulier, dans l’organisation des femmes, que le présent peut presque toujours effacer chez elles les traces du passé et les menaces de l’avenir. (Alexandre Dumas, Le Chevalier de Maison-Rouge (1845), chap. XVI ; Bouquins Mémoires d’un médecin, volume 3, 1990, p. 1362).
. La vie de l'homme se sépare en deux phases bien distinctes : les trente-cinq premières années sont pour l'espérance ; les autres sont pour le souvenir. (Alexandre Dumas, Conscience l'innocent (1852), chap. I ; Œuvres complètes. Conscience l’innocent, tome premier, Michel Lévy frères, 1861, p. 2).
. Pour qu’un jugement soit juste, pour que le tribunal d’appel, qui n’est autre chose que la postérité, confirme l’arrêt des contemporains, il ne faut point éclairer un seul côté de la figure que l’on a à peindre : il faut en faire le tour et, là où ne peut arriver le soleil, porter le flambeau et même la bougie. (Alexandre Dumas, Les Compagnons de Jéhu (1857), partie II, chap. IX [=XXXVI] ; Phébus, 2006, p. 423).
. Une femme qui n’a pas été belle n’a pas été jeune, mais une femme qui n’a pas été aimée n’a pas vécu. (Alexandre Dumas, Le Chevalier de Sainte-Hermine (1870), chap. LXXVI ; éd. Phébus, 2005, p. 719).
ROMANS CONTEMPORAINS (XIXe siècle)
. Le ridicule en France tache un nom plus cruellement que ne le fait la boue ou le sang. (Alexandre Dumas, Pauline (1838), chap. VIII ; Œuvres complètes. Pauline et Pascal Bruno, Michel Lévy frères, 1861, p. 66).
. Personne n'ignore par expérience que le danger inconnu est mille fois plus saisissant et plus terrible que le péril visible et matérialisé. (Alexandre Dumas, Pauline (1838), chap. XI ; Œuvres complètes. Pauline et Pascal Bruno, Michel Lévy frères, 1861, p. 101).
. En amour, nous défions le théologien le plus subtil d'établir la différence qu'il y a entre être amoureux et croire qu'on l'est. (Alexandre Dumas, Fernande (1844), chap. II ; Œuvres complètes. Fernande, Michel Lévy frères, 1865, p. 19-20).
. Pour le travail profond et assidu, il faut les chambres étroites, les murailles rapprochées, et le jour éteint par des rideaux de couleur sombre. Les vastes horizons, la mer infinie, les montagnes gigantesques, surtout lorsque tout cela est baigné de l'air pur et doré du Midi, tout cela vous mène droit à la contemplation, et rien mieux que la contemplation ne vous éloigne du travail. (Alexandre Dumas, Gabriel Lambert ou le bagnard de l’Opéra (1844), chap. I ; édition des autres, 1979, p. 7).
. M. Noirtier : « En politique, mon cher, vous le savez comme moi, il n'y a pas d'hommes, mais des idées ; pas de sentiments, mais des intérêts ; en politique, on ne tue pas un homme : on supprime un obstacle, voilà tout. » (Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo (1844), chap. XII ; Folio n°3142, 1998, p. 114). [3]
. Dieu est le dernier recours. Le malheureux, qui devrait commencer par le Seigneur, n'en arrive à espérer en lui qu'après avoir épuisé toutes les autres espérances. (Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo (1844), chap. XV ; Folio n°3142, 1998, p. 141).
. L’abbé Faria : « En descendant dans le passé, j’oublie le présent ; en marchant libre et indépendant dans l’histoire, je ne me souviens plus que je suis prisonnier. » (Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo (1844), chap. XVI ; Folio n°3142, 1998, p. 169).
. Edmond Dantès : « Le monde est-il donc peuplé de tigres et de crocodiles ? » — L’abbé Faria : « Oui ; seulement les tigres et les crocodiles à deux pieds sont plus dangereux que les autres. » (Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo (1844), chap. XVII ; Folio n°3142, 1998, p. 180).
. L’abbé Faria : « Apprendre n’est point savoir ; il y a les sachants et les savants : c'est la mémoire qui fait les uns, c'est la philosophie qui fait les autres. » (Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo (1844), chap. XVII ; Folio n°3142, 1998, p. 183).
. L’abbé Busoni (cité par Dantès) : « À tous maux il est deux remèdes : le temps et le silence. » (Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo (1845), chap. XLV ; Folio n°3142, 1998, p. 581).
. Fais semblant de t'estimer, et on t'estimera, axiome plus utile cent fois dans notre société que celui des Grecs : Connais-toi toi-même, remplacé de nos jours par l'art moins difficile et plus avantageux de connaitre les autres. (Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo (1845), chap. XLVIII ; Folio n°3142, 1998, p. 610).
. Edmond Dantès : « L’homme est une laide chenille pour celui qui l’étudie au microscope solaire. » (Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo (1845), chap. XLVIII ; Folio n°3142, 1998, p. 612).
. Edmond Dantès : « L’homme ne sera parfait que lorsqu’il saura créer et détruire comme Dieu ; il sait déjà détruire, c’est la moitié du chemin de fait. » (Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo (1845), chap. LII ; Folio n°3142, 1998, p. 658).
. Edmond Dantès : « Les amis d'aujourdhui sont les ennemis de demain. » (Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo (1845), chap. LXXVIII ; Folio n°3143, 1998, p. 977).
. Valentine : « Hélas ! dit-on, les cœurs enflammés par les obstacles se refroidissent dans la sécurité ! » (Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo (1845), chap. LXXIX ; Folio n°3143, 1998, p. 985).
. Eugénie Danglars : « Dans le naufrage de la vie, car la vie est un naufrage éternel de nos espérances, je jette à la mer mon bagage inutile, voilà tout, et je reste avec ma volonté, disposée à vivre parfaitement seule et par conséquent parfaitement libre. » (Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo (1845), chap. XCV ; Folio n°3143, 1998, p. 1159).
. Edmond Dantès : « C'est un des orgueils de notre pauvre humanité, que chaque homme se croie plus malheureux qu'un autre malheureux qui pleure et qui gémit à côté de lui. » (Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo (1845), chap. CXIII ; Folio n°3143, 1998, p. 1354).
. Ses yeux prirent dans les ténèbres ce degré de finesse que communiquent dans le premier moment les émotions fortes, et qui s’émousse plus tard pour avoir été trop exercé. Avant d'avoir peur, on voit juste ; pendant qu'on a peur, on voit double, et après qu'on a eu peur, on voit trouble. (Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo (1845), chap. CXIV ; Folio n°3143, 1998, p. 1364).
. Edmond Dantès : « Il n’y a ni bonheur ni malheur en ce monde, il y a la comparaison d’un état à un autre, voilà tout. Celui-là seul qui a éprouvé l’extrême infortune est apte à ressentir l’extrême félicité. Il faut avoir voulu mourir, […] pour savoir combien il est bon de vivre. » (Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo (1846), chap. CXVII ; Folio n°3143, 1998, p. 1397-1398).
. Le père d’Iskander-Beg : « La plus belle rose dure un jour, la plus petite épine dure toute la vie… Caresse les femmes, mais ne les aime pas, si tu ne veux point devenir leur esclave… L'amour est doux seulement dans les chansons ; mais, en réalité, son commencement est la crainte, son milieu, le péché, et sa fin le repentir. […] Ne regarde pas les femmes des autres, et n’écoute pas la tienne. » (Alexandre Dumas, La Boule de neige (1862), chap. IV ; Romans caucasiens, éditions des Syrtes, 2001, p. 42).
. Élie Pravdine : « Les sentiments ne sont pas une mode, […] et les plus beaux pays, les plus délicieux climats ne remplacent pas la patrie. […] Je suis devenu homme en respirant l’air où flottaient les atomes de mes aïeux. […] La patrie, ce n’est pas seulement l’habitude prise de demeurer à la même place. Ce n’est pas un mot vague, ce n’est point une pensée frivole. La patrie, c’est la vivante portion de nous-mêmes ; nous sommes son inaliénable propriété, nous lui appartenons moralement et matériellement ! Comment voulez-vous donc que nous ne soyons pas tristes, que nous ne soyons pas affligés en quittant notre patrie ? » (Alexandre Dumas, La Princesse Flora (1863), chap. III ; Œuvres complètes. La Princesse Flora, Michel Lévy frères, 1862, p. 68-69).
. Nil-Paulovitch : « Nous sommes si riches d'arguments lorsqu'il s'agit de satisfaire une fantaisie ! » (Alexandre Dumas, La Princesse Flora (1863), chap. VI ; Œuvres complètes. La Princesse Flora, Michel Lévy frères, 1862, p. 127).
. L'habitude gâte le jeune fou ; la concession d'hier est un droit pour demain ! Selon moi, le cœur ressemble fort au cabinet de Westminster, qui sait tout obtenir par ses importunités et ses trafics, puis met dehors ceux qui l'ont servi. (Alexandre Dumas, La Princesse Flora (1863), chap. VII ; Œuvres complètes. La Princesse Flora, Michel Lévy frères, 1862, p. 147).
. Chaque jour, [l’amant] devient plus hardi ; chaque jour, il brise une des épines qui protégent la rose, et la rose se flétrit sous le souffle brûlant de la passion ! Voulez-vous savoir de quel mot je définis toutes les passions, et principalement l'amour ? Par le mot curiosité ! / Nous n'avons pas plutôt connu, éprouvé, subjugué, que notre savoir, notre épreuve, notre conquête, nous ennuient, et que nous éprouvons le besoin de chercher autre chose, de trouver mieux, de conquérir davantage. / Encore, encore, plus loin et davantage, telles sont les limites de la pensée humaine ; limites situées au-delà de la voie lactée, à l'ombre du tombeau. (Alexandre Dumas, La Princesse Flora (1863), chap. VII ; Œuvres complètes. La Princesse Flora, Michel Lévy frères, 1862, p. 148).
. Hélas ! mon ami, l’époque est triste, et mes contes, je vous en préviens, ne seront pas gais. Seulement, vous permettrez que, lassé de ce que je vois se passer tous les jours dans le monde réel, j’aille chercher mes récits dans le monde imaginaire. Hélas ! j’ai bien peur que tous les esprits un peu élevés, un peu poétiques, un peu rêveurs, n’en soient à cette heure où en est le mien, c’est-à-dire à la recherche de l’idéal, le seul refuge que Dieu nous laisse contre la réalité. (Alexandre Dumas, Les Mille-et-un fantômes (1849), préface à M.*** ; Œuvres complètes. Les Mille-et-un fantômes, Michel Lévy frères, 1861, p. 2).
. Nous avons connu des vieillards qui étaient, hélas ! ce que nous ne sommes plus, c’est-à-dire des hommes de bonne compagnie. / Nous les avons vus, mais nos fils ne les verront pas. Voilà ce qui fait, quoique nous ne valions pas grand-chose, que nous vaudrons mieux que ne vaudront nos fils. (Alexandre Dumas, Les Mille-et-un fantômes (1849), préface à M.*** ; Œuvres complètes. Les Mille-et-un fantômes, Michel Lévy frères, 1861, p. 3).
. Il est vrai que tous les jours nous faisons un pas vers la liberté, l’égalité, la fraternité, trois grands mots que la Révolution de 93, vous savez, l’autre, la douairière, a lancés au milieu de la société moderne, comme elle eût fait d’un tigre, d’un lion et d’un ours habillés avec des toisons d’agneaux ; mots vides, malheureusement, et qu’on lisait à travers la fumée de juin [1848] sur nos monuments publics criblés de balles. (Alexandre Dumas, Les Mille-et-un fantômes (1849), préface à M.*** ; Œuvres complètes. Les Mille-et-un fantômes, Michel Lévy frères, 1861, p. 3).
. Et ce que je cherche surtout, ce que je regrette avant tout, ce que mon regard rétrospectif cherche dans le passé, c’est la société qui s’en va, qui s’évapore, qui disparaît comme un de ces fantômes dont je vais vous raconter l’histoire. / Cette société, qui faisait la vie élégante, la vie courtoise, cette vie qui valait la peine d’être vécue, enfin […], cette société est-elle morte ou l’avons-nous tuée ? (Alexandre Dumas, Les Mille-et-un fantômes (1849), préface à M.*** ; Œuvres complètes. Les Mille-et-un fantômes, Michel Lévy frères, 1861, p. 3-4).
. Je vis avec les morts beaucoup, avec les exilés un peu. J’essaye de faire revivre les sociétés éteintes, les hommes disparus, ceux-là qui sentaient l’ambre au lieu de sentir le cigare ; qui se donnaient des coups d’épée, au lieu de se donner des coups de poing. / Et voilà pourquoi, mon ami, vous vous étonnez, quand je cause, d’entendre parler une langue qu’on ne parle plus. Voilà pourquoi vous me dites que je suis un amusant conteur. Voilà pourquoi ma voix, écho du passé, est encore écoutée dans le présent, qui écoute si peu et si mal. / C’est qu’au bout du compte, comme ces Vénitiens du XVIIIe siècle auxquels les lois somptuaires défendaient de porter autre chose que du drap et de la bure, nous aimons toujours à voir se dérouler la soie et le velours, et les beaux brocarts d’or dans lesquels la royauté taillait les habits de nos pères. (Alexandre Dumas, Les Mille-et-un fantômes (1849), préface à M.*** ; Œuvres complètes. Les Mille-et-un fantômes, Michel Lévy frères, 1861, p. 6).
. Il y a tout un âge de la vie, le premier âge, cette portion de l'existence dorée par l'aube, qui s'écoule sans que rien de pareil vienne l'attrister. Le bruit des cloches qui sonnent la mort semble ne pouvoir parvenir à notre oreille. Toutes les voix qui nous parlent nous adressent de douces paroles, tous les murmures sont des gazouillements, c'est que l'on monte encore cette belle montagne de la vie, si riante du côté où on la monte, si aride du côté où on la descend. / Salut donc à toi, heure mélancolique, où, arrivé au sommet de la montagne, on s'arrête pour faire halte dans sa vie, où l'œil se porte à la fois sur la pente fleurie qu'on vient de gravir et sur le versant désolé qu'on va descendre, et où vous arrive avec la bise de l'hiver ce premier écho de la tombe qui vient vous dire : « Une mère, un parent, un ami vous est mort. » / Alors, dites adieu aux franches joies de ce monde, car cet écho ne vous quittera plus, cet écho vibrera peut-être, dabord une fois par an, puis deux, puis trois ; vous serez comme cet arbre auquel un premier orage d'été enlève une feuille, et qui dit : « Que m'importe ? j'ai tant de feuilles » ; puis les orages se succèdent, puis vient la bise d'automne, puis vient la première gelée d'hiver, l'arbre est chauve, ses rameaux sont nus, et, squelette décharné, il n'attend plus lui-même, pour disparaître de la surface du sol, que la bruyante cognée du bûcheron. / Au reste, n'est-ce point un bienfait du ciel que cet abandon successif dans lequel nous laisse tout ce qui nous aimait et tout ce que nous aimions ? Ne vaut-il pas mieux, lorsqu'on penche soi-même vers la terre, que ce soit de la terre que viennent les voix les mieux connues et les plus chéries ? N'est-il pas consolant que lorsqu'on marche inévitablement vers un monde ignoré, on soit sûr d'y trouver au moins tous ces souvenirs qui, au lieu de nous suivre, nous ont précédés ? (Alexandre Dumas, Les Mariages du père Olifus (1849), chap. XIII ; Omnibus Le Meneur de loups et autres récits fantastiques, 2002, p. 363-364).
. Le compagnon inséparable du génie et de la gloire, c'est le malheur. (Alexandre Dumas, La Femme au collier de velours (1851), chap. II ; Omnibus Le Meneur de loups et autres récits fantastiques, 2002, p. 171).
. La nature humaine est ainsi faite, toujours indulgente pour soi, attendu que son indulgence c'est de l'égoïsme. (Alexandre Dumas, La Femme au collier de velours (1851), chap. XI ; Omnibus Le Meneur de loups et autres récits fantastiques, 2002, p. 228).
. Il faut toujours que la foule, lorsqu'elle est sous l'empire d'une passion, crie vive quelqu'un ou meure quelqu'un. (Alexandre Dumas, La Femme au collier de velours (1851), chap. XVII ; Omnibus Le Meneur de loups et autres récits fantastiques, 2002, p. 274).
. Pendant les vingt premières années de la vie, on a pour guide l’espérance, et, pendant les vingt dernières, la réalité. (Alexandre Dumas, Le Meneur de loups (1857), chap. I ; Omnibus Le Meneur de loups et autres récits fantastiques, 2002, p. 661).
[à compléter]
. Rien ne réussit comme le succès. Le succès est l’aimant moral qui attire tout à lui. (Alexandre Dumas, Le Corricolo (1843), chap. XIV ; Œuvres complètes. Impressions de voyage. Le Corricolo, Michel Lévy frères, 1865, tome I, p. 165). [4]
. Quelle est la vue qui fait le plus plaisir aux femmes ? Celle d’un bel homme ou d’une femme laide. (Alexandre Dumas, « Maximes, pensées, questions », dans Le Mousquetaire, 21 novembre 1866).
. Les femmes font avec le premier homme qu’elles aiment le rêve qu’elles réalisent avec le second. (Alexandre Dumas, « Maximes, pensées, questions », dans Le Mousquetaire, 21 novembre 1866).
. Les trois quarts des hommes meurent sans avoir créé, pas un ne meurt sans avoir détruit. (Alexandre Dumas, « Maximes, pensées, questions », dans Le Mousquetaire, 21 novembre 1866).
. « Exiger qu’une nation ne soit pas ingrate, c'est demander aux loups d'être herbivores. » (Alexandre Dumas, propos oral rapporté par Maxime Du Camp dans ses Souvenirs littéraires (1883), XXII, Aubier, 1994, p. 476).
. « Les souverains sont aussi ingrats que les peuples ; il faut faire le bien d’une façon abstraite et ne jamais penser à la récompense ; c’est le seul moyen de n’être pas déçu dans son espoir et de garder son âme en paix. » (Alexandre Dumas, propos oral rapporté par Maxime Du Camp dans ses Souvenirs littéraires (1883), XXII, Aubier, 1994, p. 477).
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[1] Dumas a tiré de la même histoire un drame, Paul Jones, légèrement antérieur au roman. Ce petit couplet patriotique s’y trouve aussi, à l’acte I, scène 4 (Théâtre complet, tome IV, Michel Lévy frères, 1864, p. 313).
[2] J’avais dabord indiqué la référence à la réédition chez Claire Vigne (1995), que je possède. Mais je me suis aperçu que cette édition est, sans que rien ne l’indique, une édition abrégée, où de nombreux paragraphes ont été supprimés en entier. (En outre, plusieurs chapitres ont été regroupés, de telle sorte que leur numérotation ne correspond plus à celle des éditions du XIXe.) Je déconseille donc formellement cette édition.
[3] L’édition Folio en deux volumes, parue en 1998, est une simple réimpression du volume de la Pléiade édité en 1981 : c’est pourquoi la pagination, identique à celui-ci, en est continue. Seule la préface de Jean-Yves Tadié est originale, mais elle est paginée en chiffres romains.
[4] Dumas devait tenir à cette formule, fausse tautologie à prendre au troisième degré, « Rien ne réussit comme le succès », car il l’a reprise au moins deux fois : dans Mémoires d’un médecin, tome III. Ange Pitou (1851), chap. VII (Bouquins Mémoires d’un médecin, volume 2, 1990, p. 704) ; ainsi que dans son récit historique César (1855), chap. VII, mais cette fois en avouant l’emprunt : « Nous disons, nous autres modernes, que rien ne réussit comme le succès » (Les Belles-Lettres, 1997, p. 34). En effet, il s’agit d’une citation masquée, car le mot est de Jules Janin, dans sa chronique « Les succès », qui date de 1835 : « Rien n'est beau comme le succès, rien ne réussit comme le succès, surtout en France » (Petits souvenirs, tome V. Œuvres de jeunesse, Librairie des bibliophiles, 1883, p. 317). Mais déjà Chamfort avait écrit : « Les succès produisent les succès, comme l’argent produit l’argent. » (Produits de la civilisation perfectionnée, éd. G.-F. n°188, 1968, maxime n°450, p. 151).
04:20 Écrit par Le déclinologue dans Aphorismes, France, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : alexandre dumas, dumas père, napoléon, la tour de nesles, la jeunesse de louis xiv, kean, antony, louise bernard, les trois mousquetaires, vingt ans après, le vicomte de bragelonne, la tulipe noire, le chevalier d'harmental, le sphinx rouge, le capitaine paul, aventures de john davys, le chevalier de maison-rouge, les compagnons de jéhu, le chevalier de sainte-hermine, pauline, gabriel lambert, le comte de monte-cristo, la boule de neige, la princesse flora, les mille et un fantômes, la femme au collier de velours, le meneur de loups, mes mémoires, le corricolo, la reine margot, joseph balsamo, ange pitou, conscience l'innocent, la comtesse de charny, le collier de la reine, les mohicans de paris, la san-felice, d'artagnan, richelieu, mazarin, athos, citations, le bagnard de l'opéra, impressions de voyages, les blancs et les bleus, la dame de monsoreau, les quarante-cinq, jules janin, chamfort | | | Facebook | | Imprimer | | Digg |
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