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20.06.2017

JEAN GIRAUDOUX : SES MEILLEURS APHORISMES

            Voici une petite collecte d’aphorismes de Jean Giraudoux (1882-1944), sur lequel je développe de rapides considérations politiquement incorrectes dans cette page connexe. Qu’on veuille bien considérer que cette page ne se croit pas complète. Quand la moisson sera plus riche, je la reclasserai sans doute par thèmes.

                   Pour l'instant, elle est classée par genres accessibles d'un clic :       Romans                 Théâtre                  Essais littéraires               Essais politiques et sociaux                           Correspondance

 

 

ROMANS

. Je connais les femmes, elles aiment qu'on soit brutal à condition qu'elles sachent qu'on l'est pour leur faire plaisir. (Jean Giraudoux, Provinciales, I, 2. « Sainte Estelle » (1908), II ; Pléiade Œuvres romanesques complètes, tome I, 1990, p. 53). giraudoux,jacques body,la pléiade,provinciales,l'école des indifférents,suzanne et le pacifique,siegfried,bella,les aventures de jérôme bardini

. Ne prenez jamais de confident à vos chagrins d'amour : il vous écoute deux minutes, puis vous étourdit de ses propres souffrances. (Jean Giraudoux, Provinciales, II, 2. « La pharmacienne » (1907), II ; Pléiade Œuvres romanesques complètes, tome I, 1990, p. 103).

. Mon poète a raison de dire que les belles choses, quand elles se rapprochent, nous enserrent, nous font leurs prisonniers et que le bonheur est exigeant comme une épouse légitime. (Jean Giraudoux, L’École des indifférents, II. « Don Manuel le paresseux » (1910), III ; Pléiade Œuvres romanesques complètes, tome I, 1990, p. 170).

. « Si un homme s'ennuie, […] excitez-le ; si une femme s'ennuie, retenez-la ! » (Jean Giraudoux, Suzanne et le Pacifique (1921), chap. I ; Pléiade Œuvres romanesques complètes, tome I, 1990, p. 478).

 

THÉÂTRE

. Zelten : « Les pays sont comme les fruits, les vers sont toujours à l'intérieur. » (Jean Giraudoux, Siegfried (1928), I, 6 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 15). giraudoux,jacques body,la pléiade,amphitryon 38,intermezzo,la guerre de troie n'aura pas lieu,électre,sodome et gomorrhe,supplément au voyage de cook,pour lucrèce,la folle de chaillot

. Robineau : « Le plagiat est la base de toutes les littératures, excepté de la première, qui dailleurs est inconnue. » (Jean Giraudoux, Siegfried (1928), I, 6 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 16).

. Waldorf : « Servir. […] C'est la devise de tous ceux qui aiment commander. » (Jean Giraudoux, Siegfried (1928), IV, 3 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 64).

. Jupiter : « Le plus beau moment de l’amour d’une femme. […] Le consentement. » (Jean Giraudoux, Amphitryon 38 (1929), I, 1 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 118).

. Sosie : « Ce qu’on appelle la paix, […] l'intervalle entre deux guerres ! » (Jean Giraudoux, Amphitryon 38 (1929), I, 2 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 120).

. Le guerrier : « Le civil s’exagère les dangers de la guerre. » (Jean Giraudoux, Amphitryon 38 (1929), I, 2 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 124).

. Jupiter : « Les femmes fidèles sont celles qui attendent du printemps, des lectures, des parfums, des tremblements de terre, les révélations que les autres demandent aux amants. En somme, elles sont infidèles à leurs époux avec le monde entier, excepté avec les hommes. » (Jean Giraudoux, Amphitryon 38 (1929), I, 5 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 133).

. Alcmène : « L'amant est toujours plus près de l'amour que de l'aimée. » (Jean Giraudoux, Amphitryon 38 (1929), I, 6 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 137). giraudoux,amphitryon 38

. Mercure : « C'est avec les mensonges du matin que les femmes font leurs vérités du soir. » (Jean Giraudoux, Amphitryon 38 (1929), II, 5 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 163).

. Amphitryon : « Il ne faut pas se regarder trop en face, entre époux, si l'on veut s’éviter des découvertes » (Jean Giraudoux, Amphitryon 38 (1929), II, 7 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 171).

. Sosie : « Les femmes fidèles sont toutes les mêmes, elles ne pensent qu’à leur fidélité et jamais à leur mari. » (Jean Giraudoux, Amphitryon 38 (1929), III, 1 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 176).

. Le trompette : « Le propre de la divinité, c’est l’entêtement. Si l’homme savait pousser l’obstination à son point extrême, lui aussi serait déjà dieu. » (Jean Giraudoux, Amphitryon 38 (1929), III, 1 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 176).

. Jupiter : « Ce conflit est donc non pas un conflit de fond, mais, hélas, un conflit de forme, comme toux ceux qui provoquent les schismes ou les nouvelles religions. » (Jean Giraudoux, Amphitryon 38 (1929), III, 4 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 184).

. Alcmène : « Je sais ce qu’est un avenir heureux. Mon mari aimé vivra et mourra. Mon fils chéri naîtra, vivra et mourra. Je vivrai et mourrai. » (Jean Giraudoux, Amphitryon 38 (1929), III, 5 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 192).

. Le contrôleur : « Peut-être que les esprits ne croient pas aux hommes. » (Jean Giraudoux, Intermezzo (1933), I, 4 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 284).

. Le contrôleur : « Il nous faut bien convenir que la spécialité la plus émouvante de la France ce ne sont ni ses cathédrales, ni ses hôtelleries, mais cette jeune femme dont le corsage tendrement moulé de satin ou d’organdi aimante dans chaque petite ville aux diverses heures du jour l’itinéraire du sous-préfet, des lycéens, et de toute la garnison ! » (Jean Giraudoux, Intermezzo (1933), I, 5 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 290). giraudoux,intermezzo

. L’inspecteur : « J’étais sûr qu’il y avait des femmes à la base de ces turpitudes. Dès qu'on laisse un peu de liberté à ces fourmis dans l'édifice social, toutes les poutres en sont rongées en un clin d'œil. » (Jean Giraudoux, Intermezzo (1933), I, 5 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 292).

. L’inspecteur : « Je vais leur apprendre ce qu’est la vie à ces nigaudes : une aventure lamentable, avec, pour les hommes, des traitements de début misérables, des avancements de tortue, des retraites inexistantes, des boutons de faux col en révolte, et pour des niaises comme elles, bavardage et cocuage, casserole et vitriol. » (Jean Giraudoux, Intermezzo (1933), I, 6 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 300).

. L’inspecteur : « Dieu n'a pas prévu le bonheur pour ses créatures ; il n'a prévu que des compensations, la pêche à la ligne, l'amour et le gâtisme. » (Jean Giraudoux, Intermezzo (1933), I, 6 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 301).

. Isabelle : « Nous vivons dans l’hypocrisie, et les milliards de chrétiens qui professent que les morts ont une autre vie le disent sans le croire. » (Jean Giraudoux, Intermezzo (1933), II, 3 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 316).

. L’inspecteur : « Il faut des vivants pour apprécier la gravité des occupations des vivants. » (Jean Giraudoux, Intermezzo (1933), III, 1 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 335).

. L’inspecteur : « L'Humanité est […] une entreprise surhumaine […] qui a pour objet d'isoler l'homme de cette tourbe qu'est le Cosmos […] grâce à deux forces invincibles, qu’on nomme l’Administration et l’Instruction obligatoire. » (Jean Giraudoux, Intermezzo (1933), III, 1 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 336).

. Le contrôleur : « Nous savons tous […] ce que c’est que la mort, c’est un repos définitif. Se torturer à propos d’un repos définitif, c’est plutôt une inconséquence. » (Jean Giraudoux, Intermezzo (1933), III, 4 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 347).

. Le spectre : « [L'homme] se tient debout sur les pattes de derrière, pour recevoir moins de pluie et accrocher des médailles sur sa poitrine. » (Jean Giraudoux, Intermezzo (1933), III, 4 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 349).

. Le spectre : « Ce qu’aiment les hommes, […], ce n’est pas connaître, ce n’est pas savoir, c’est osciller entre deux vérités ou deux mensonges. » (Jean Giraudoux, Intermezzo (1933), III, 4 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 350).

. Andromaque : « Il m’a juré que cette guerre était la dernière. » — Cassandre : « C'était la dernière. La suivante l’attend. » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), I, 1 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 483).

. Cassandre : « Je ne prévois rien. Je tiens seulement compte de deux bêtises, celle des hommes et celle des éléments. » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), I, 1 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 484).

. Andromaque : « Je ne sais pas ce qu’est le destin. » — Cassandre : « Je vais te le dire. C'est simplement la forme accélérée du temps. C’est épouvantable. » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), I, 1 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 484).  giraudoux,la guerre de troie n'aura pas lieu

. Hector : « Tu sais, quand on a découvert qu'un ami est menteur ? De lui tout sonne faux, alors, même ses vérités… » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), I, 3 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 488).

. Andromaque : « On ne tue bien que ce qu'on aime ». (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), I, 3 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 488).

. Pâris : « Voyons, Hector ! Tu connais les femmes aussi bien que moi. Elles ne consentent qu'à la contrainte. Mais alors avec enthousiasme ». (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), I, 4 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 491).

. Pâris : « Un seul être vous manque, et tout est repeuplé… » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), I, 4 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 493). 

. Pâris : « L'amour comporte des moments vraiment exaltants, ce sont les ruptures… » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), I, 4 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 493).

. Hécube : « Ce ne sont pas ceux qui font l’amour ou ceux qui sont la beauté qui ont à les comprendre. » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), I, 6 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 496).

. Hector : « L’avenir des vieillards me laisse indifférent. » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), I, 6 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 498).

. Demokos : « C’est vraiment pénible de constater que les femmes sont les dernières à savoir ce qu’est la femme. » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), I, 6 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 499).

. Demokos : « Les guerriers qui n’ont pas un portrait de femme dans leur sac ne valent rien. » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), I, 6 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 499).

. Andromaque : « [La femme], c’est un pauvre tas d’incertitude, un pauvre amas de crainte, qui déteste ce qui est lourd, qui adore ce qui est vulgaire et facile. […] Elle aime les lâches, les libertins. » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), I, 6 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 499).

. Hécube : « Voilà cinquante ans que je suis femme et je n’ai jamais pu encore savoir au juste ce que j’étais. » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), I, 6 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 499).

. Hécube : « À mesure que nous vieillissons, nous les femmes, nous voyons clairement ce qu’ont été les hommes, des hypocrites, des vantards, des boucs. À mesure que les hommes vieillissent, ils nous parent de toutes les perfections. Il n’est pas un souillon accolé derrière un mur qui ne se transforme dans vos souvenirs en créature d’amour. » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), I, 6 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 500).

. Priam : « La paix […] vous donnera des maris veules, inoccupés, fuyants, quand la guerre fera d’eux des hommes ! » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), I, 6 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 501).

.  Priam : « Savez-vous pourquoi vous êtes là, toutes si belles et si vaillantes ? C’est parce que vos maris et vos pères et vos aïeux furent des guerriers. S’ils avaient été paresseux aux armes, s’ils n’avaient pas su que cette occupation terne et stupide qu’est la vie se justifie soudain et s’illumine par le mépris que les hommes ont d’elle, c’est vous qui seriez lâches et réclameriez la guerre. Il n'y a pas deux façons de se rendre immortel ici-bas, c'est d'oublier qu'on est mortel. » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), I, 6 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 501).

. Demokos : « La lâcheté est de ne pas préférer à toute mort la mort pour son pays. » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), I, 6 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 502).

. Demokos : « Vous nous ennuyez avec votre jeunesse. Elle sera la vieillesse dans trente ans. ». (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), I, 6 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 502).

. Hélène : « C’est curieux comme ceux qui vous attendent se découpent [sur l’horizon] moins bien que ceux que l’on attend ! » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), I, 8 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 506).

. Hélène : « L’homme qui découvre la faiblesse dans une femme, c’est le chasseur à midi qui découvre une source. Il s’en abreuve. » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), I, 9 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 507).

. Hélène : « N’allez pas croire, parce que vous avez convaincu la plus faible des femmes, que vous avez convaincu l’avenir. Ce n’est pas en manœuvrant des enfants qu’on détermine le destin… » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), I, 9 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 507). giraudoux,la guerre de troie n'aura pas lieu

. Hector : « C’est curieux comme les dieux s’abstiennent de parler eux-mêmes dans les cas difficiles. » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), I, 9 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 510).

. Hector : « On croit lutter contre des géants, on va les vaincre, et il se trouve qu’on lutte contre quelque chose d’inflexible qui est un reflet sur la rétine d’une femme. » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), I, 9 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 510).

. Pâris : « Il suffit de chanter un chant de paix avec grimace et gesticulation et pour qu'il devienne un chant de guerre… » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), II, 4 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 516).

. Demokos : « Voyez les officiers : Braves devant l’ennemi lâches devant la guerre, c’est la devise des vrais généraux. » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), II, 4 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 517).

. Le géomètre : « Le corps est plus vulnérable quand l’amour-propre est à vif. Des guerriers connus pour leur sang-froid le perdent illico quand on les traite de verrues ou de corps thyroïdes. » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), II, 4 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 518).

. Hector : « Nous savons tous ici que le droit est la plus puissante des écoles de l’imagination. Jamais poète n’a interprété la nature aussi librement qu’un juriste la réalité. » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), II, 5 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 522).

. Hector : « Trouve une vérité qui nous sauve. Si le droit n’est pas l’armurier des innocents, à quoi sert-il ? Forge-nous une vérité. » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), II, 5 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 523).

. Demokos : « Celà devient impossible de discuter d’honneur avec ces anciens combattants. Ils abusent vraiment du fait qu’on ne peut les traiter de lâches. » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), II, 5 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 524).

. Hector : « Un discours aux morts de la guerre, c’est un plaidoyer hypocrite pour les vivants, une demande d’acquittement. » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), II, 5 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 524).

. Andromaque : « Il est comme tous les hommes. Il suffit d’un lièvre pour les détourner du fourré où est la panthère. » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), II, 8 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 529).

. Andromaque : « Ils ne le croient pas. Mais aucun n’avouera qu’il ne le croit pas. Aux approches de la guerre, tous les êtres sécrètent une nouvelle sueur, tous les évènements revêtent un nouveau vernis, qui est le mensonge. Tous mentent. » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), II, 8 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 530).

. Hélène : « Les gens ont pitié des autres dans la mesure où ils auraient pitié d'eux-mêmes. Le malheur ou la laideur sont des miroirs qu'ils ne supportent pas. » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), II, 8 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 532).

. Ulysse : « L’eau sur le canard marque mieux que la souillure sur la femme. » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), II, 12 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 538).

. Ulysse : « Je la connais, Aphrodite ! Son serment favori c’est le parjure… » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), II, 12 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 539).

. Iris : « Pallas [Athéna] me charge de vous dire que la raison est la loi du monde. Tout être amoureux, vous fait-elle dire, déraisonne. Elle vous demande de lui avouer franchement s’il y a plus bête que le coq sur la poule ou la mouche sur la mouche. » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), II, 12 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 542).

.  Iris : « Zeus, le maître des Dieux, vous fait dire que ceux qui ne voient que l'amour dans le monde sont aussi bêtes que ceux qui ne le voient pas. La sagesse […], c’est tantôt de faire l’amour et tantôt de ne pas le faire. » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), II, 12 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 543).

. Ulysse : « Le privilège des grands, c’est de voir les catastrophes d’une terrasse. » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), II, 13 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 545).

. Hector : « L'univers peut se tromper. C'est à celà que l'on reconnaît l'erreur, elle est universelle. » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), II, 13 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 545).

. Ulysse : « Ce n’est pas par des crimes qu’un peuple se met en situation fausse avec son destin, mais par des fautes. […] Les nations, comme les hommes, meurent d’imperceptibles impolitesses. » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), II, 13 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 547).

. Ulysse : « C’est là la difficulté de la vie, de distinguer, entre les êtres et les objets, celui qui est l’otage du destin. » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), II, 13 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 547).

. Ulysse : « Si nous nous savions vraiment responsables de la guerre, il suffirait à notre génération actuelle de nier et de mentir pour assurer la bonne foi et la bonne conscience de toutes nos générations futures. Nous mentirons. Nous nous sacrifierons. » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), II, 13 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 548).

. Ulysse : « Il est des pays idiots qui vivent florissants sur une base imbécile. Il faut bien le dire. Il y a dans la brutalité et l’inconscience quelque chose qui rassure les dieux. » (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), version primitive de II, 13 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 1523 (variante a de la p. 543)).

. Mr. Banks : « La grandeur de l'homme est justement qu'il peut trouver à peiner là où une fourmi se reposerait. » (Jean Giraudoux, Supplément au voyage de Cook (1935), scène 4 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 568).  giraudoux,électre

. Le président : « [La vie] peut être très agréable. Tout a plutôt tendance à s’arranger dans la vie. La peine morale s’y cicatrise autrement vite que l’ulcère, et le deuil que l’orgelet. » (Jean Giraudoux, Électre (1937), I, 2 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 604).

. Le président : « C’est avec la justice, la générosité, le devoir, et non avec l’égoïsme et la facilité, que l’on ruine l’État, l’individu et les meilleures familles. […] Parce que ces trois vertus comportent le seul élément vraiment fatal à l’humanité, l’acharnement. Le bonheur n'a jamais été le lot de ceux qui s'acharnent. Une famille heureuse, c’est une reddition locale. Une époque heureuse, c’est l’unanime capitulation. » (Jean Giraudoux, Électre (1937), I, 2 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 604-605).

. Électre : « On a beaucoup de droits dans la confrérie des femmes. Si vous payez le droit d’entrée, qui est lourd, qui est d’admettre que les femmes sont faibles, menteuses, basses, vous avez le droit général de faiblesse, de mensonge, de bassesse. » (Jean Giraudoux, Électre (1937), II, 5 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 654).

. Électre : « Le seul bonheur que j'ai connu en ce monde est l'attente. » — Clytemnestre : « C’est un bonheur pour vierges. C’est un bonheur solitaire. » (Jean Giraudoux, Électre (1937), II, 5 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 655).

. Égisthe : « Et cette justice qui te fait brûler ta ville, condamner ta race, tu oses dire qu’elle est la justice des dieux ? » (Jean Giraudoux, Électre (1937), II, 8 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 673). 

. Égisthe : « Il est des vérités qui peuvent tuer un peuple. » (Jean Giraudoux, Électre (1937), II, 8 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 674).  

. Électre : « J’ai déjà trop vu de vérités se flétrir parce qu’elles ont tardé une seconde. Je les connais, les jeunes filles qui ont tardé une seconde à dire non à ce qui était laid, non à ce qui était vil, et qui n’ont plus su leur répondre ensuite que par oui et par oui. C’est là ce qui est si beau et si dur dans la vérité, elle est éternelle mais ce n’est qu’un éclair. » (Jean Giraudoux, Électre (1937), II, 8 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 674).

. La femme Narsès : « Comment celà s’appelle-t-il, quand le jour se lève, comme aujourdhui, et que tout est gâché, que tout est saccagé, et que l’air pourtant se respire, et qu’on a tout perdu, que la ville brûle, que les innocents s’entre-tuent, mais que les coupables agonisent, dans un coin du jour qui se lève ? » […] — Le mendiant : « Celà a un très beau nom, femme Narsès. Celà s’appelle l’aurore. » (Jean Giraudoux, Électre (1937), II, 10, excipit ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 685).

. Ondine : « Nous sommes chez les humains. Que je sois malheureuse ne prouve pas que je ne sois pas heureuse. » (Jean Giraudoux, Ondine (1939), III, 5 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 845). giraudoux,ondine

. Hans : « Un jour, elles partent. Le jour où tout vous devient clair, le jour où vous voyez que vous n'avez jamais aimé qu'elles, que vous mourrez si une minute elles partaient, ce jour-là, elles partent. » (Jean Giraudoux, Ondine (1939), III, 6 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 847).

. L’archange : « Dieu ne parvient que par sa pitié à distinguer le sacrifice du suicide. » (Jean Giraudoux, Sodome et Gomorrhe (1943), I, prélude ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 859).

. Lia : « Dieu est comme vous. Lui aussi se dérobe. Que les êtres qu’il a créés soient de pièces et d’arondes que rien n’ajuste, peu lui importe. Il a son tapis volant, qui est le ciel, et l’alibi qu’est pour vous votre corps, pour lui c’est l’ange. C'est de là que vient tout le mal : Dieu est un homme. » (Jean Giraudoux, Sodome et Gomorrhe (1943), I, 2 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 870).

. Jean : « Je pars ! Adieu ! […] Parce que Dieu est injuste… Parce qu’elles ont toujours raison. Tout en elles est ignorance, et elles comprennent tout. Tout vanité, et elles sont simples devant le cœur et ses luttes. Tout en elles est tapage, distraction, et elles contiennent la cage de silence où le moindre grincement et la moindre palpitation du monde sont perçus. Tout en elles est égoïsme, chair, et elles sont le sextant de l’innocence, la boussole de pureté. Tout en elles est crainte, et elles sont le courage. Leurs yeux sont aveuglés de khôl, piqués de faux cils, et elles voient ce que voit l’ange. » (Jean Giraudoux, Sodome et Gomorrhe (1943), I, 2 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 873).

. Lia : « C'est horrible de vivre avec un être qui cache un cœur dans chaque objet de sa maison. » (Jean Giraudoux, Sodome et Gomorrhe (1943), I, 3 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 878).

. Jean : « On appelle fin du monde le jour où le monde se montre juste ce qu'il est : explosif, submersible, combustible, comme on appelle guerre le jour où l'âme humaine se donne à sa nature. » (Jean Giraudoux, Sodome et Gomorrhe (1943), II, 2 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 888).

. Lia : « Les hommes n'éprouvent pas leurs sentiments : ils les miment, et celà leur suffit. » (Jean Giraudoux, Sodome et Gomorrhe (1943), II, 6 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 900).

. Lia : « Ô Dieu, si tu veux que jamais plus femme n'élève la voix, crée enfin un homme adulte ! Que veux-tu que nous fassions de ce fils maniaque que nous n’avons ni porté ni nourri ? » (Jean Giraudoux, Sodome et Gomorrhe (1943), II, 6 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 900-901).

. Lia : « Les hommes ont inventé la guerre pour y être sans nous [=les femmes] et entre hommes. » (Jean Giraudoux, Sodome et Gomorrhe (1943), II, 7 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 902).

. Lia : « Le malheur trempe les êtres dignes de ce nom, mais il les trempe surtout contre eux-mêmes, et il tue en eux ce qui est la vie même. Le malheur est le meilleur moyen que Dieu ait trouvé pour reprendre la générosité aux âmes bonnes, l'éclat aux belles, la pitié aux sensibles. » (Jean Giraudoux, Sodome et Gomorrhe (1943), II, 7 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 905).

. Lia : « Dieu a laissé discuter un ange. Il a eu Satan. L’homme a laissé discuter sa femme. Il a eu la femme. » (Jean Giraudoux, Sodome et Gomorrhe (1943), II, 8 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 914). giraudoux,jacques body,la pléiade,gide,claudel,sartre,claude-edmonde magny,rené marill albérès,racisme,antisémitisme,hygiénisme,provinciales,l'école des indifférents,suzanne et le pacifique,siegfried,amphitryon 38,intermezzo,la guerre de troie n'aura pas lieu,électre,sodome et gomorrhe,supplément au voyage de cook,pour lucrèce,la folle de chaillot,pleins pouvoirs,sans pouvoirs,littérature,le sport,chris marker,paul guimard,france,biodiversité,animaux,attila,ondine,bella,les aventures de jérôme bardini,femmes,guerre,pacifisme

. Le sergent de ville : « C'est un crime contre l'État, […] le suicide. Un suicidé, c'est un soldat de moins, un contribuable de moins… » (Jean Giraudoux, La Folle de Chaillot (1943), acte I ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 975).

. La folle : « Que cherchent-ils ? Ils ont perdu quelque chose ? » — Pierre : « Ils cherchent du pétrole. » […] — La folle : « Curieux ! Qu'est-ce qu'ils veulent en faire ? » — Pierre : « Ce qu'on fait avec du pétrole. De la misère. De la guerre. De la laideur. Un monde misérable. » (Jean Giraudoux, La Folle de Chaillot (1943), acte I ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 982).

. La folle : « Avides ! Alors ils sont perdus ! S’ils sont avides, ils sont naïfs. Où fait-on de mauvaises affaires ? Exclusivement dans les affaires. » (Jean Giraudoux, La Folle de Chaillot (1943), acte I ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 986).

. Irma : « L'amour est le désir d'être aimé. » (Jean Giraudoux, La Folle de Chaillot (1943), acte II ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 1029).

. Eugénie : « On appelle amour le désir, la poursuite, le don, la jalousie, la béatitude et le désespoir. » — Lucile : « Moi pas. J'appelle amour ce qui n'a pas d'autre nom ». (Jean Giraudoux, Pour Lucrèce (1942), I, 2 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 1040).

. Armand : « La vertu [est] la faiblesse des militaires forts et la cuirasse des magistrats faibles. » (Jean Giraudoux, Pour Lucrèce (1942), I, 7 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 1056).

. Lucile : « Il vivra dans la légende, celà le rehaussera à ses propres yeux. Ce sera une légende fausse, mais où sont les légendes vraies ! Le pauvre agneau Vérité est égorgé au pied de tous les vitraux. Dailleurs puis-je faire autre chose ! […] Les héros sont ceux qui magnifient une vie qu'ils ne peuvent plus supporter. » (Jean Giraudoux, Pour Lucrèce (1942), III, 6 ; Pléiade Théâtre complet, 1982, p. 1113).

 

ESSAIS LITTÉRAIRES

. J’appelle bourgeois ce qui est, par opposition à tout ce qui tend à être… (Jean Giraudoux, Littérature, III, 7. « De siècle à siècle » (1930) ; Gallimard, coll. Idées n°136, 1967, p. 160).  giraudoux,la folle de chaillot

. La plupart des pièces que nous considérons comme les chefs-d'œuvre tragiques ne sont que des débats et des querelles de famille. (Jean Giraudoux, Littérature (1941), IV, 5. « Bellac et la tragédie » ; Gallimard, coll. Idées n°136, 1967, p. 229).

. Ce n’est pas le démesuré, l’excessif, ni la raison, ni la mesure, qui maintiennent les peuples grands ou sensés, c’est la constance de leur relation avec le personnage que l’histoire ou la fiction ont rendu leur symbole. (Jean Giraudoux, Littérature (1941), « Épilogue » ; Gallimard, coll. Idées n°136, 1967, p. 243).

 

ESSAIS POLITIQUES ET SOCIAUX

. Le sport consiste à déléguer au corps quelques-unes des vertus les plus fortes de l’âme : l’énergie, l’audace, la patience. (Jean Giraudoux, Le Sport, Hachette, 1928, p. 8).

. Une vie sportive est une vie héroïque à vide. (Jean Giraudoux, Le Sport, Hachette, 1928, p. 22).

. Dans une espèce d’inertie que lui donnent à égale dose l’optimisme et le stoïcisme, dans ce bel instinct démocratique qui lui fait croire que les jaunes sont blancs, les riches pauvres et les illettrés savants, le dirigeant français croit la race des Français immortelle. Il croit que chaque individu bénéficie sans autre effort de cette immortalité, l’individu animal compris. Il croit que le petit Français de la banlieue aussi bien que la marmotte se tireront d’affaire tout seuls au milieu des typhoïdes et des blaireaux, des avalanches et des embarras de voitures, des braconniers et des voyous. (Jean Giraudoux, « Les animaux rappellent à l'homme d'aujourdhui la vie naturelle », dans Le Figaro, 26 juin 1937, p. 7). [1]

. Le jour où la France devient une nation de second ordre, elle est perdue. (Jean Giraudoux, Pleins pouvoirs (1939), I ; dans De Pleins pouvoirs à Sans pouvoirs, Gallimard, 1950, p. 21).  

. Il est différentes sortes d’exil. […] Il y a aussi l’exil dans sa propre patrie. (Jean Giraudoux, Pleins pouvoirs (1939), I ; dans De Pleins pouvoirs à Sans pouvoirs, Gallimard, 1950, p. 22). giraudoux,littérature

. Cette invasion pacifique [=la vague d’immigrants de l’entre-deux-guerres], il était évident que la première tâche de notre État, après avoir repoussé l’invasion armée, était de l’utiliser. Il s’agissait, en la distribuant sur les points de la France où les appelait sa déficience même, de remédier à notre manque d’hommes. Il s’agissait, tout immigrant, dans les conditions présentes de notre pays et de l’Europe, étant un Français potentiel, de définir les règles d’une immigration rationnelle. Mais il s’agissait aussi, par un choix méthodique, par une surveillance impitoyable, de refouler tout élément qui pouvait corrompre une race qui doit sa valeur à la sélection et à l’affinement de vingt siècles. (Jean Giraudoux, Pleins pouvoirs (1939), II ; dans De Pleins pouvoirs à Sans pouvoirs, Gallimard, 1950, p. 43).

. [Le] bureau de naturalisation […] [aurait dû devenir un] ministère de physiologie et de psychologie […] [qui] choisit. Il a, en premier lieu, le droit d’exiger des étrangers qu’ils soient sains, vigoureux, sans tare mentale ou physique ; à l’entrée dans la Légion, le conseil de révision est impitoyable pour les étrangers qui doivent se faire tuer pour nous ; il ne doit pas l’être moins pour ceux qui doivent vivre avec nous et en nous. Il a, en second lieu, le devoir de veiller strictement aux règles générales qui ont donné ce type humain assez remarquable, le Français constitué. Ces règles sont formelles. La France les a indiquées clairement par les réactions de son Histoire. Par l’invasion, l’infiltration, l’appel, elle a admis chez elle, outre nos frères suisses et belges, la race anglo-saxonne, la scandinave, la germanique, la latine. Des races qui ne peuvent rien pour sa race, elle a su fort bien se débarrasser dès leur première insistance. Poitiers l’a débarrassée des Arabes et des Noirs ; Châlons, des Asiatiques [2]. (Jean Giraudoux, Pleins pouvoirs (1939), II ; dans De Pleins pouvoirs à Sans pouvoirs, Gallimard, 1950, p. 44-45).

. Entre chez nous qui veut. […] Entrent chez nous tous ceux qui ont choisi notre pays, non parce qu'il est la France, mais parce qu'il reste le seul chantier ouvert de spéculation ou d'agitation facile, et que les baguettes du sourcier y indiquent à haute teneur ces deux trésors qui si souvent voisinent : l'or et la naïveté. Je ne parle pas de ce qu'ils prennent à notre pays, mais, en tout cas, ils ne lui ajoutent rien. Ils le dénaturent par leur présence et leur action. Ils l'embellissent rarement par leur apparence personnelle. Nous les trouvons grouillants sur chacun de nos arts ou de nos industries nouvelles et anciennes, dans une génération spontanée qui rappelle celle des puces sur un chien à peine né. Entrent chez nous, sous le couvert […] de toutes les persécutions, […] tous les expulsés, les inadaptés, les avides, les infirmes. […] Tous ces émigrés, habitués à vivre en marge de l'État et à en éluder les lois, habitués à esquiver toutes les charges de la tyrannie, n'ont aucune peine à esquiver celles de la liberté ; ils apportent là où ils passent l'à-peu-près, l'action clandestine, la concussion, la corruption, et sont des menaces constantes à l'esprit de précision, de bonne foi, de perfection qui était celui de l'artisanat français. Horde qui s'arrange pour être déchue de ses droits nationaux et braver ainsi toutes les expulsions, et que sa constitution physique, précaire et anormale, amène par milliers dans nos hôpitaux qu'elle encombre. (Jean Giraudoux, Pleins pouvoirs (1939), II ; dans De Pleins pouvoirs à Sans pouvoirs, Gallimard, 1950, p. 45-46).

. En ce qui concerne les migrations provoquées par lui-même, notre État n'a pas eu plus de prévoyance. Il n'a jamais été guidé que par des considérations matérielles. Dabord, alors qu'il pouvait choisir parmi les races les plus voisines de la nôtre, il a favorisé l'irruption et l'installation en France de races primitives ou imperméables, dont les civilisations, par leur médiocrité ou leur caractère exclusif, ne peuvent donner que des amalgames lamentables et rabaisser le standard de vie et la valeur technique de la classe ouvrière française. L'Arabe pullule à Grenelle et à Pantin. (Jean Giraudoux, Pleins pouvoirs (1939), II ; dans De Pleins pouvoirs à Sans pouvoirs, Gallimard, 1950, p. 46-47).

. Dans l'équipe toujours remarquable des hommes d’État qui prétendent à la conduite de la France, le seul qui aura compris, celui auquel il conviendra de tresser plus tard des couronnes aussi belles qu'au ministre de la Paix, sera le ministre de la Race […]. Qu'importe que les frontières du pays soient intactes, si les frontières de la race se rétrécissent et si la peau de chagrin française est le Français ! […] Le pays ne sera sauvé que provisoirement par les seules frontières armées ; il ne peut l’être définitivement que par la race française, et nous sommes pleinement d'accord avec Hitler pour proclamer qu'une politique n'atteint sa forme supérieure que si elle est raciale, car c'était aussi la pensée de Colbert ou de Richelieu. (Jean Giraudoux, Pleins pouvoirs (1939), II ; dans De Pleins pouvoirs à Sans pouvoirs, Gallimard, 1950, p. 52).

. Notre mission est de maintenir la France à son rang de nation de premier ordre. Il est hors de doute qu’on ne peut y arriver, même si une politique de peuplement nous assure la quantité, que par la qualité, que si le citoyen français est individuellement un citoyen de premier ordre. (Jean Giraudoux, Pleins pouvoirs (1939), III ; dans De Pleins pouvoirs à Sans pouvoirs, Gallimard, 1950, p. 56). giraudoux,pleins pouvoirs,sans pouvoirs,france

. En général, le Français estime en soi-même que la défaite n’est qu’une triste religion, et qu’il n’est pas de défaite en ce monde pour celui qui n’y croit pas. Il n’y a même pas cru pour l’Allemagne en 1918. Quand une nation succombe sur un champ de bataille, c’est justement, si elle le veut, que vient son tour de prendre sur le vainqueur cette suprématie en souffrance et en conscience qui lui redonne, comme au jeu de cartes, le mot et l’initiative dans leur confrontation. (Jean Giraudoux, Sans pouvoirs (1943), I ; dans De Pleins pouvoirs à Sans pouvoirs, Gallimard, 1950, p. 166).

. Ce que les autres pays appellent leur mystique n’a jamais été que la recherche d’un mythe d’égoïsme qui leur permît d’agir impitoyablement dans le monde et sur le monde au même titre, avec les mêmes armes, et les mêmes justifications qu’avec l’altruisme et la foi. L’absence totale chez nos chefs de mystique, la répugnance marquée de notre peuple à se nourrir de ce succédané hypocrite, l’incapacité pour la nation des Croisades d’entreprendre des croisades en faveur de soi-même, ont permis que nos plus différents Présidents du Conseil soient à l’aise dans l’humanité et en deviennent de bons fonctionnaires. (Jean Giraudoux, Sans pouvoirs (1943), IV ; dans De Pleins pouvoirs à Sans pouvoirs, Gallimard, 1950, p. 217).

. L’homme était chez lui sur la terre. Il n’y est plus. La tyrannie mécanique coupe chaque jour davantage sa fraternité et sa communauté, qu’elles soient d’intérêts ou de goûts, avec la nature. La mécanique est le scalpel qui tranche les adhérences entre ces jumeaux que sont l’arbre et l’homme, l’animal et l’homme, la pierre et l’homme. (Jean Giraudoux, Sans pouvoirs, VIII (1940); dans De Pleins pouvoirs à Sans pouvoirs, Gallimard, 1950, p. 252-253).

. Tout donne à penser que la paix ne sera qu’un pénible ajustement entre une race blanche mutilée et une civilisation mécanique triomphante. (Jean Giraudoux, Sans pouvoirs, VIII (1940) ; dans De Pleins pouvoirs à Sans pouvoirs, Gallimard, 1950, p. 254).

. Car il ne faut plus nier l’évidence ; chaque uniformité donnée à un acte, chaque succédané trouvé à un produit, chaque habileté retirée à une main et confiée à un moteur, chaque voix retirée à des cordes vocales et passée à un résonateur est une atteinte à notre vie physique, à cet état d’alerte et de clairvoyance merveilleux auquel toutes les beautés et les noblesses du monde, de ses êtres et de ses matériaux nous ont hissés. Ce n’est ni plus ni moins que la barbarie qui descend sur l’humanité, une barbarie prétentieuse mais inéluctable, si nous voyons chaque jour, définition de la barbarie, baisser dans l’univers le niveau de l’ouïe, du goût, du toucher et du regard. / Ces sens qui s’aiguisaient autrefois, […] se vulgarisent et s’émoussent pour une masse humaine qui n’a plus ce recours à mesure que le progrès écarte d’elle les vrais métaux, les vrais sons, les vrais objets pour ne lui en fournir que des ectoplasmes. / Ce sera moins la laideur qui s’emparera du monde, qu’une espèce de paralysie qui lui retirera ses saveurs et ses clartés et nous amènera à l’état le plus désespérant, la barbarie sans la simplicité et sans la naïveté. (Jean Giraudoux, Sans pouvoirs, VIII (1940) ; dans De Pleins pouvoirs à Sans pouvoirs, Gallimard, 1950, p. 263).

 

CORRESPONDANCE

. Les grands hommes infatués d’eux-mêmes aiment beaucoup dire qu’ils ont pour camarade journalier le destin. (Jean Giraudoux, lettre à Mme Prévost, 28 janvier 1937 ; publiée dans Cahiers Jean Giraudoux, n°10, Grasset, 1981, p. 7).

 

 

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[1] Cette allocution prononcée devant la Société Nationale d’Acclimatation (devenue Société Nationale de Protection de la Nature en 1960) est un véritable petit manifeste écologiste. Soucieux de biodiversité, d’un monde vivant riche, beau et varié, Giraudoux y déplore la disparition de certaines espèces animales et s’inquiète de la survie des espèces actuelles. On y perçoit comment s’articulent écologisme, anti-machinisme, hygiénisme, racisme : c’est le même souci qui pousse à préserver la diversité et la qualité des races animales, et la diversité et la qualité des races humaines. Ce texte a été repris dans les Œuvres littéraires diverses, Grasset, 1958, p. 643, ainsi que dans les Cahiers Jean Giraudoux, n°11, Grasset, 1982, p. 147-154. Giraudoux, dont le vocabulaire est saturé de termes animaliers, est aussi l’auteur de Bêtes (Firmin-Didot, 1931), un album photographique. Le texte en a été repris sous le titre « La bête et l’écrivain » dans le recueil Littérature (1941) : 3ème partie, chapitre 6.

[2] Giraudoux fait allusion à la bataille des Champs catalauniques qui, le 20 juin 451, vit les troupes germaniques fédérées par le patrice Aetius repousser les Huns d’Attila (et les nombreux peuples germaniques qui leur étaient soumis).