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10.02.2017

LA GERMAINE ET LA PLÉIADE FONT LE TROTTOIR

            Il y a un mois, j’ai découvert avec consternation, mais sans étonnement, que la Pléiade annonçait la parution d’un volume d’œuvres de Mme de Staël. Avec consternation, car je tiens Germaine de Staël pour un écrivain de deuxième ordre, certes pas complètement inintéressant, mais dont l’entrée dans la Pléiade ne s’imposait pas. Sans étonnement, car, en observateur hyper-attentif et avisé de ce Panthéon littéraire, je me suis aperçu depuis un moment que, sous la direction d’Hugues Pradier, la Pléiade part à la chasse aux lecteurs et mise donc à fond sur les secteurs vendeurs du moment, c’est-à-dire les femmes (Nathalie Sarraute, Jane Austen, les sœurs Brontë, Marguerite Duras, Virginia Woolf,  Thérèse d'Avila, Mme de La Fayette, bientôt les romans de George Sand et les mémoires de Simone de Beauvoir), les Anglo-saxons (Wilde, Melville, Nabokov, Jane Austen, Stevenson, le nouveau Shakespeare, les sœurs Brontë, Walter Scott, Henry James, De Quincey, Virginia Woolf, Fitzgerald, Frankenstein et autres romans gothiques, Mark Twain, Jack London, très bientôt Philip Roth) [1] et le XXe siècle (le nouveau Saint-Exupéry, le nouveau Gide, le nouveau Malraux, le nouveau Camus, le nouveau Claudel, le nouveau Bernanos, les lettres de Céline, et peut-être les deux tiers des nouveaux entrants depuis vingt ans : Prévert, Sarraute, Boulgakov, Aragon, Michaux, Ponge, Nabokov, Cocteau, de Gaulle, Brecht,  Pessoa, Queneau, Genet, Simenon, Leiris, Georges Bataille, Sartre, Morand, Ramuz, Gorki, Claude Simon, Anouilh, Jünger, Lévi-Strauss, Octavio Paz, Boris Vian, Kundera, Cioran, Virginia Woolf, Drieu la Rochelle, Fitzgerald, Stefan Zweig, Cendrars, Jaccottet, d’Ormesson, Foucault, Vargas Llosa, London, demain Tournier, en mai Georges Perec, bientôt Philip Roth et Romain Gary). À quoi on pourrait aussi ajouter la littérature populaire (Prévert, Simenon, Scott, Jules Verne, Zweig, London, et d’une certaine façon Vian, d’Ormesson et Tournier qui n’ont pas fait de la littérature populaire comme les précédents mais qui sont une garantie de fort tirage) [2].
        Après un volume consacré à Mme de La Fayette en 2014 – volume pourtant absurde puisque La Princesse de Clèves était déjà incluse dans les Romanciers du XVIIe siècle (1958), et La Princesse de Montpensier et La Comtesse de Tende dans les Nouvelles du XVIIe siècle (1997) – il était prévisible, voire inéluctable, que Mme de Staël entrât à son tour dans la Pléiade. Les femmes ont pris le pouvoir, et la redéfinition du patrimoine littéraire ne fait que commencer. On peut parier sur la pléiadisation, d'ici à quelques décennies, de Karen Blixen, George Eliot, Doris Lessing, Toni Morrison (attention négresse : valeur ajoutée !), Irène Némirovsky (juive : valeur ajoutée !), Anaïs Nin (bisexuelle : valeur ajoutée !), Françoise Sagan (bisexuelle !), Joyce Carol Oates, pourquoi pas Marceline Desbordes-Valmore, Selma Lagerlöf, Sigrid Undset, Violette Leduc, Louise de Vilmorin, Elsa Morante, Agatha Christie (femme, anglaise, du XXe siècle et populaire : quarté gagnant !), Patricia Highsmith, Iris Murdoch et Muriel Spark. Et même si Bouquins l'a déjà fait, je m'attends à un volume de romancières du XVIIIe (Mme de Tencin, Mme de Graffigny, Mme de Charrière, Mme de Duras, etc) et à un volume d'épistolières du XVIIIe (la Palatine, Mme Guyon, Mme Du Deffand, Mlle de Lespinasse, Sophie Arnould, etc). On songera aussi à rassembler les poétesses d'avant la Révolution (Christine de Pisan, Marguerite de Navarre, Louise Labbé, Pernette du Guillet). Il faudra bien aussi caser quelque part Hélisenne de Crenne, Olympe de Gouges, Delphine de Girardin, Marie d'Agoult, Rachilde et Albertine Sarrazin. Tout est possible : les lecteurs étant de plus en plus des lectrices, il y a une grosse demande à satisfaire. 

 
mme de staël,la pléiade,catriona seth,corinne ou l'italie,delphine,de la littérature,oeuvres            Mais à partir du moment où Mme de Staël est dans la Pléiade, autant qu’elle y soit publiée le mieux possible. À l’époque de Pierre Buge, le directeur qui, des années 60 aux années 80, a porté la Pléiade au pinacle en en faisant la collection de référence absolue par de grandes séries dotées d’un appareil critique imposant  (car il faut bien avouer que, des années 30 aux années 60, la Pléiade créée par Jacques Schiffrin se contentait d’un travail éditorial très sommaire, et offrait surtout, grâce au papier-bible, l’avantage de rassembler beaucoup de textes en peu de volumes, une fonction qu’a ensuite reprise la collection Bouquins chez Robert Laffont), à l’époque de Pierre Buge, donc, on aurait eu les œuvres complètes de Mme de Staël en trois ou quatre tomes. Mais les temps sont durs, la culture lettrée s’affaiblit, les ventes diminuent, et Hugues Pradier, le directeur depuis 1997, a complètement changé de philosophie : d’une collection d’œuvres complètes, la Pléiade est devenue une collection d’œuvres choisies. Les grands chantiers de plus de trois tomes sont très rares [3] : on privilégie les tomes uniques (quitte à en rajouter un second derrière, si le premier a bien marché, comme pour Claude Simon, désormais présent avec un faux diptyque mal organisé), ou alors la paire de volumes qu’on sort d’un coup pour les vendre en coffret, et on évite les volumes trop épais. Donc Mme de Staël sera représentée par un seul tome. Depuis un mois, je l’imaginais constitué par ses deux titres les plus célèbres, Corinne ou l’Italie et De l’Allemagne, accompagnés dans l’idéal par De la littérature, Delphine et Dix années d’exil (en me doutant bien qu’ils n’y seraient pas tous les trois, car le volume deviendrait obèse).
            Le site de la Pléiade a maintenant publié la fiche de ce tome qui paraîtra le 20 avril. Nouvelle consternation ! Le titre le plus connu de Mme de Staël, celui qui a fait d’elle, comme le dit la notice de présentation, « la femme la plus célèbre d’Europe », celui qui l’a posée en opposante à Napoléon, celui qui a changé la face du naissant romantisme français en l’orientant vers le monde germanique, De l’Allemagne bien sûr, ne sera pas inclus !! La vedette en sera tenue par ses deux assommants romans, Delphine et Corinne ou l’Italie, précédés par De la littérature. C’est tout ! On aura donc une édition féministe, à destination des femmes plus que des historiens, eh oui, logique commerciale avant tout ! « La destinée des femmes – en particulier la question de leur liberté – est au cœur de son œuvre » nous dit déjà la notice : ben voyons… Connocratie, vous dis-je, connocratie !
               Je note aussi que ce volume a été réalisé par Catriona Seth, une spécialiste de la littérature de la fin du XVIIIe, qui ne s’est pas fait connaître par des travaux sur Mme de Staël, mais – notamment – par des travaux sur les productions féminines des Lumières [4], et à qui on doit le pire volume de l’histoire de la Pléiade, le seul volume de la collection qui accuse une régression écrasante par rapport à celui qu’il remplace : le nouveau Laclos de 2011, 1040 pages qui ne contiennent plus que Les Liaisons dangereuses (accompagnées d’un dossier iconographique et critique certes intéressant en soi, mais qui n’a pas sa place dans la Pléiade), alors que le Laclos de Laurent Versini, en 1979, offrait dans ses 1760 pages, non seulement un appareil critique très supérieur, mais aussi les autres œuvres de Laclos : l’essai Des femmes et de leur éducation, les divers opuscules et articles, la correspondance, – ensemble précieux et irremplaçable qui n’existe désormais plus en librairie [5].
            À lire ce sommaire ô combien décevant, on se dit toutefois que tout espoir n’est pas définitivement perdu. Hugues Pradier et son patron Antoine Gallimard ont peut-être le dessein d’offrir à Mme de Staël non pas un mais deux tomes : celui-ci centré sur la littérature romanesque et la destinée des femmes, et – s’il se vend bien – un second qui sera centré sur la réflexion politique et historique, contenant De l’Allemagne, Dix années d’exil et Considérations sur les principaux événements de la Révolution française (et aussi, dans l’idéal, l’ouvrage de 1798, Des circonstances actuelles qui peuvent terminer la Révolution et des principes qui doivent fonder la République en France, que Droz vend au prix exorbitant de 62,46 €). Voilà qui tiendrait debout et ferait honneur à la collection. Sauf que, dans ce diptyque qui est sans doute un pur fantasme de ma part, le premier tome est très lacunaire ! L’essai sur la littérature et les deux romans, non, non, ça ne suffit pas ! Pour avoir un vrai volume rassemblant la réflexion morale et littéraire de Mme de Staël sur l’amour et les femmes, une véritable Pléiade digne de cette collection extraordinaire, il fallait ajouter sa pièce de jeunesse en trois actes, Sophie ou les sentiments secrets, le très court Essai sur les fictions, l’opuscule intitulé Réflexions sur le suicide, et surtout l’essai De l'influence des passions sur le bonheur des individus et des nations, qui est assez mince. Comment cet essai important, publié en Rivages-poche, a-t-il pu être omis dans cette Pléiade ? C'est incompréhensible. Je veux croire à un oubli sur la fiche du site internet Ces quatre titres n'auraient guère totalisé que quelque deux-cents pages en incluant l’appareil critique : les rajouter n’aurait pas donné au volume une épaisseur rédhibitoire entraînant un prix prohibitif. Et si possible, il fallait y mettre aussi l’essai de jeunesse qui a lancé sa réputation, les Lettres sur les ouvrages et le caractère de Jean-Jacques Rousseau ! Voilà ce qu'il fallait faire, voilà la vraie Pléiade staëlienne qui eût comblé tous les admirateurs de Germaine (s'il y en a parmi les gens qui lisent) et offert à l'honnête homme la somme nécessaire pour explorer ce chapitre de l'histoire des mentalités. Mais non : une fois de plus on va avoir une sous-Pléiade lacunaire et indigne [6], une fois de plus on n’a qu’une anthologie frustrante, une fois de plus on y est allé à l’économie, comme pour Gorki, Nietzsche, Cioran, Fitzgerald, Drieu, Vargas Llosa, London… Une fois de plus on ne fait que racoler les lecteurs, on prostitue la Pléiade au lieu de l’élever vers l’empyrée. Je m’en tiens là, ça me fait trop mal au cœur, et je réserve à une autre fois un examen critique, minutieux et intégral, du catalogue de ce trésor patrimonial français qui, comme les autres, part en capilotade. [7]

 


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[1] Au lieu de vouloir sans arrêt ajouter de nouveaux auteurs, est-ce que la Pléiade ne devrait pas entretenir soigneusement son catalogue déjà existant ? Sur les neuf volumes de Dickens, quatre sont indisponibles depuis un bon moment ! Du reste, les six premiers, établis par Pierre Leyris entre 1954 et 1970, ont de bonnes traductions mais un appareil critique indigent ; et les trois derniers, établis par Sylvère Monod entre 1979 et 1991, un appareil critique nettement plus satisfaisant, mais des traductions contestées.

[2] J’ai aussi dans l’idée que la Pléiade cherche à « conquérir de nouveaux marchés » internationaux : les deux volumes de Simenon – rejoints ensuite par un troisième –, choix audacieux, n’était-ce pas pour s’imposer en Belgique ? Et les deux volumes de Charles-Ferdinand Ramuz, choix pour le moins inattendu, ainsi que celui de Philippe Jaccottet, n’était-ce pas pour affirmer sa présence en Suisse ? Et les deux volumes de Michel Foucault, autre choix discutable, n’était-ce pas pour mieux faire connaître la collection dans les milieux universitaires états-uniens ? Et les deux volumes d'Ibn Khaldoun, encore un choix inattendu, n'était-ce pas pour gagner un lectorat chez les intellectuels d'Afrique du nord ? On peut parier que Senghor et Césaire rejoindront un jour ou l’autre la collection, aussitôt que le marché de l’Afrique et le marché des Antilles seront considérés comme suffisamment achalandés. Et nos amis les Québécois auraient bien tort de ne pas exercer des pressions discrètes pour faire une place à Anne Hébert ou Michel Tremblay ou Réjean Ducharme ou Marie-Claire Blais.

[3] Seules exceptions : le nouveau Shakespeare bilingue en huit tomes, le nouveau Flaubert en cinq, le nouveau Camus en quatre, Duras en quatre. Les deux premiers sont des chantiers assez anciens me semble-t-il, qui ont été signés dès le début des années 90 (quoique le premier tome du nouveau Flaubert soit sorti en 2001, et les deux premiers tomes du nouveau Shakespeare en 2002). Il y a aussi les Œuvres romanesques d’Aragon en cinq volumes, mais le premier tome est sorti en 1997, c’est donc un projet antérieur à Pradier. Camus et Marguerite Duras sont par conséquent les seules séries de plus de trois tomes de l’ère Pradier ! Deux choix ô combien démagogiques, et calamiteux pour l’illisible et détestablement prétentieuse Duras, dont on ne répétera jamais assez avec Angelo Rinaldi qu’elle a « réussi le tour de force d'être emphatique dans le laconisme, sentimentale dans la sécheresse et précieuse dans le rien, inventant le bavardage dans le télégramme et le falbala dans la nudité, manquant de sincérité jusque dans ses défauts. » (L’Express du 31 août 1984). S’il y en a bien un à qui il ne fallait pas accorder plus qu’un seul volume anthologique, c’est elle, – mais non, elle est l’un des très rares depuis vingt ans à avoir eu droit à une série d’œuvres complètes. On nage décidément en pleine « connocratie », comme disait Charles Pinot Duclos. (Ah pardon, j'oubliais les quatre volumes de nouvelles de Henry James, troisième série un peu longue de l'ère Pradier.)

[4] Un recueil d’études sur les écrits personnels (dirigé avec Anne Coudreuse) : Le Temps des femmes. Textes mémoriels des Lumières, Classiques Garnier, 2014, et une anthologie de ces mêmes écrits personnels : La Fabrique de l'intime. Journaux et mémoires de femmes du XVIIIe siècle, Laffont, coll. Bouquins, 2013.

[5] Dans le même esprit désastreux, on a eu auparavant le Lautréamont de Jean-Luc Steinmetz en 2009 (840 pages), qui déjà gonflait le volume par une anthologie critique, comme si c’était la finalité de la Pléiade de rassembler un vaste matériau documentaire sur la réception d’une œuvre ! Le précédent Lautréamont, celui de Pierre-Olivier Walzer en 1970 (1480 pages), avait un appareil critique satisfaisant, et faisait coup double, puisqu’il rassemblait les œuvres complètes de Lautréamont et celles de Germain Nouveau (comme il y a eu aussi un volume Tristan Corbière–Charles Cros en 1970, lui aussi épuisé, ainsi qu’un Hérodote–Thucydide en 1964, un Eschyle–Sophocle en 1967, un Leskov–Saltykov-Chtchédrine (indisponible) en 1967, un Salluste–Tite-Live (à refaire) en 1968, un Griboïedov–Lermontov–Pouchkine en 1973). Germain Nouveau se trouve donc exclu de la Pléiade, même pas « indisponible » ou « épuisé » dans l’attente d’une miraculeuse réimpression comme Malherbe ou Boileau, non, exclu, cas unique pour ce poète maudit qui est peut-être bien le co-auteur des Illuminations de Rimbaud.

[6] Avis à la collection Bouquins et son directeur Jean-Luc Barré : puisque la Pléiade a failli à sa mission en ne proposant qu’une sous-Staël, il y a une place éditoriale à prendre pour un volume rassemblant toutes les œuvres de fiction de Mme de Staël : ses deux romans Delphine et Corinne ou l’Italie, mais aussi ses nouvelles : Zulma (1794), Mirza ou lettre d'un voyageur (1795)Adélaïde et Théodore (1795),  Histoire de Pauline (1795) ; son poème Épître au malheur ou Adèle et Édouard (1795) ; et son théâtre : Sophie ou les sentiments secrets, pièce en trois actes et en vers (1786),  Jane Gray, tragédie en cinq actes et en vers (1787),  Agar dans le désert, scène lyrique (1806), Geneviève de Brabant, drame (1808), La Sunamite, drame (1808), Le Capitaine Kernadec, comédie (1810), La Signora Fantastici, proverbe dramatique (1810), Le Mannequin, proverbe dramatique (1811), Sapho, drame (1811). Puisqu’on doit se faire envahir par la littérature féminine, aussi médiocre soit-elle, autant qu’on le soit par des publications ambitieuses, intégrales et documentées.

[7] Une bonne nouvelle quand même : ce volume consacré à Mme de Staël va sortir en même temps que le second tome des Œuvres de Martin Luther, dix-huit ans après le premier. C'est un évènement car, dans le milieu de ceux qui suivent attentivement les parutions de la Pléiade, la rumeur courait que, le premier tome ayant fait un bide commercial, Gallimard avait décidé d'arrêter les frais et de ne jamais publier le second tome, qui lui aurait été remis depuis déjà une quinzaine d'années et dormait dans un tiroir. Or c'eût été une première car, jusqu'à présent, il n'est jamais arrivé que la Pléiade renonce officiellement à achever une série commencée (ce que Bouquins a fait plusieurs fois, toute honte bue, notamment pour Huysmans). La plus longue interruption est celle des Œuvres poétiques de Hugo : Pierre Albouy en a établi les tomes I, II et III en 1964, 1967 et 1974, mais il est mort en 1975, et les deux derniers tomes attendent toujours. Mais leur parution est toujours annoncée comme « en préparation » dans le catalogue. L'achèvement du Luther est donc une très heureuse nouvelle pour ceux qui se demandaient avec inquiétude si la Pléiade d'aujourdhui est dotée du même esprit de continuité que celle d'hier. Toutefois, on peut se faire du souci pour Marx (il manque au minimum un Politique II après le Politique I en 1994, et dans l'idéal un tome de correspondance) depuis la mort de Maximilien Rubel en 1996 ; pour le tome des essais de Giraudoux (aucun contrat signé, alors que le tome de théâtre en 1982 et les deux tomes de romans en 1990 et 1994 appellent celui-ci et l'avaient formellement annoncé, mais il est vrai qu'il n'est pas officiellement question d’ « œuvres complètes ») ; pour les Orateurs de la Révolution française, au  point mort depuis la disparition de François Furet en 1997 (après le volume consacré aux Constituants en 1989, il devait y en avoir deux autres pour la période 1791-1799) ; et pour Julien Green, dont Pierre Buge avait imprudemment commencé une série bel et bien appelée Œuvres complètes. Or les cinq volumes initiaux, parus entre 1972 et 1977, ont été complétés par trois autres en 1990, 1994 et 1998 ; mais Green est mort en 1998 en laissant encore bien des titres non repris dans la Pléiade, notamment six tomes de journal intime entre 1981 et 1998, et presque vingt ans après, la série reste en suspens, sans contrat signé.