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10.09.2014

CITATIONS CHOISIES DE GEORGES BERNANOS

             Je présente Bernanos sur [cette page connexe à paraître]. Comme d’habitude, mes citations sont scrupuleusement référencées à l’édition qui fait autorité, les trois volumes de la Pléiade [1]. Cette collection ne se croit pas close et sera sans doute enrichie au fil des années.

 

ROMANS, NOUVELLES, THÉÂTRE

. L'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui. (Georges Bernanos, Sous le soleil de Satan (1926), Prologue, 2 ; Pléiade Œuvres romanesques, 1961, p. 70). georges bernanos,patriotisme,argent,monde moderne,christianisme,france,imbéciles,honneur,liberté,les grands cimetières sous la lune,dialogues des carmélites,la france contre les robots,essais et écrits de combat,lettre aux anglais,optimisme,profit,le chemin de la croix-des-âmes,les enfants humiliés,nous autres français,combat pour la vérité,combat pour la liberté,sous le soleil de satan,scandale de la vérité,la grande peur des bien-pensants,l'imposture,journal d'un curé de campagne,monsieur ouine,journal de la guerre d'espagne,français si vous saviez,la liberté pour quoi faire,machines,la pléiade

. L’abbé Menou-Segrais : « Il n’y a pas de terme aux raisonnements et aux hypothèses, mais vivre, d’abord, c’est choisir. » (Georges Bernanos, Sous le soleil de Satan (1926), I, 1 ; Pléiade Œuvres romanesques, 1961, p. 116).

. Le curé de Lumbres : « Le péché entre en nous rarement par force, mais par ruse. Il s’insinue comme l’air. Il n’a ni forme, ni couleur, ni saveur qui lui soient propres, mais il les prend toutes. Il nous use par-dedans. » (Georges Bernanos, Sous le soleil de Satan (1926), II, 6 ; Pléiade Œuvres romanesques, 1961, p. 261).

. De ressentir l’effraction d’une clairvoyance supérieure est déjà une humiliation trop vive, mais la honte atteint son point de perfection quand la lucidité d'autrui nous découvre en plein notre propre avilissement. (Georges Bernanos, L’Imposture (1927), I ; Pléiade Œuvres romanesques, 1961, p. 316).

. L’abbé Cénabre : « Dites-moi toutefois, si vous ne trouvez point, à la réflexion, enfantin de prétendre quitter son passé, comme on quitte le gîte d'une nuit ? Ce n'est pas nous qui disposons du passé, ce n'est pas nous qui le tenons ; c'est le passé plutôt qui nous tient. » (Georges Bernanos, L’Imposture (1927), I ; Pléiade Œuvres romanesques, 1961, p. 354).

. L’hypocrite est avant tout un malheureux qui convient imprudemment de son attitude envers autrui avant d’avoir eu le courage de se définir soi-même exactement, car il répugne à se voir tel qu’il est ; il se cherche une sincérité, sacrifie à cette impossible gageure des avantages certains, et finit par se duper. Pour mentir utilement, avec efficace et sécurité plénière, il faut connaître son mensonge et s’exercer à l’aimer. (Georges Bernanos, L’Imposture (1927), III ; Pléiade Œuvres romanesques, 1961, p. 459). 

. Qui cherche la vérité de l’homme doit s’emparer de sa douleur. (Georges Bernanos, La Joie (1929), I, 2 ; Pléiade Œuvres romanesques, 1961, p. 561).

. La Pérouse : « L'infection légère nous immunise contre de plus graves, en favorisant la multiplication des anticorps, si précieux. La santé n’est qu’une chimère. »  (Georges Bernanos, La Joie (1929), II, 2 ; Pléiade Œuvres romanesques, 1961, p. 635).

. Le curé de Torcy : « Son tort, ça n'a pas été de combattre la saleté, bien sûr, mais d'avoir voulu l'anéantir, comme si c'était possible. » (Georges Bernanos, Journal d’un curé de campagne (1936) ; Pléiade Œuvres romanesques, 1961, p. 1038).

. Que de gens se prétendent attachés à l'ordre, qui ne défendent que des habitudes, parfois même un simple vocabulaire, dont les termes sont si bien polis, rognés par l’usage, qu’ils justifient tout sans jamais rien remettre en question ? (Georges Bernanos, Journal d’un curé de campagne (1936) ; Pléiade Œuvres romanesques, 1961, p. 1061). georges bernanos,patriotisme,argent,monde moderne,christianisme,france,imbéciles,honneur,liberté,les grands cimetières sous la lune,dialogues des carmélites,la france contre les robots,essais et écrits de combat,lettre aux anglais,optimisme,profit,le chemin de la croix-des-âmes,les enfants humiliés,nous autres français,combat pour la vérité,combat pour la liberté,sous le soleil de satan,scandale de la vérité,la grande peur des bien-pensants,l'imposture,journal d'un curé de campagne,monsieur ouine,journal de la guerre d'espagne,français si vous saviez,la liberté pour quoi faire,machines,pléiade

C’est une des plus incompréhensibles disgrâces de l’homme, qu’il doive confier ce qu’il a de plus précieux à quelque chose d’aussi instable, d’aussi plastique, hélas, que le mot. Il faudrait beaucoup de courage pour vérifier à chaque fois l'instrument, l'adapter à sa propre serrure. On aime mieux prendre le premier qui tombe sous la main, forcer un peu, et si le pêne joue, on n'en demande pas plus. (Georges Bernanos, Journal d’un curé de campagne (1936) ; Pléiade Œuvres romanesques, 1961, p. 1061-1062).

. Le curé de Torcy : « Tu es bien de cette race de gens qui, ayant donné deux sous à un vagabond, se scandalisent de ne pas le voir se précipiter du même coup chez le boulanger. […] À sa place, ils iraient aussi chez le marchand de vin, car un ventre de misérable a plus besoin d'illusion que de pain. » (Georges Bernanos, Journal d’un curé de campagne (1936) ; Pléiade Œuvres romanesques, 1961, p. 1079).

. Naturellement, on ne veut pas voir plus loin que la faute. Or la faute n’est, après tout, qu’un symptôme. Et les symptômes les plus impressionnants pour les profanes ne sont pas toujours les plus inquiétants, les plus graves. (Georges Bernanos, Journal d’un curé de campagne (1936) ; Pléiade Œuvres romanesques, 1961, p. 1115).

. Je crois, je suis sûr que beaucoup d’hommes n’engagent jamais leur être, leur sincérité profonde. Ils vivent à la surface d’eux-mêmes, et le sol humain est si riche que cette mince couche superficielle suffit pour une maigre moisson, qui donne l’illusion d’une véritable destinée. (Georges Bernanos, Journal d’un curé de campagne (1936) ; Pléiade Œuvres romanesques, 1961, p. 1115).

. « Bénies soient les fautes qui laissent en nous de la honte ! Plût à Dieu que vous vous méprisiez vous-même ! » (Georges Bernanos, Journal d’un curé de campagne (1936) ; Pléiade Œuvres romanesques, 1961, p. 1154).

.  Le grand malheur est que la justice des hommes intervienne toujours trop tard : elle réprime ou flétrit des actes, sans pouvoir remonter plus haut ni plus loin que celui qui les a commis. (Georges Bernanos, Journal d’un curé de campagne (1936) ; Pléiade Œuvres romanesques, 1961, p. 1159).

. Le curé de Torcy : « Travaille, […] fais des petites choses, en attendant, au jour le jour. Applique-toi bien. […] Les petites choses n'ont l'air de rien, mais elles donnent la paix. »  (Georges Bernanos, Journal d’un curé de campagne (1936) ; Pléiade Œuvres romanesques, 1961, p. 1191-1192).

. « On ne va jamais jusqu'au fond de sa solitude.» (Georges Bernanos, Journal d’un curé de campagne (1936) ; Pléiade Œuvres romanesques, 1961, p. 1202).

. « Il est beau de s'élever au-dessus de la fierté. Encore faut-il l'atteindre. » (Georges Bernanos, Journal d’un curé de campagne (1936) ; Pléiade Œuvres romanesques, 1961, p. 1203).

. Oh ! Je sais bien que la compassion d’autrui soulage un moment, je ne la méprise point. Mais elle ne désaltère pas, elle s’écoule dans l’âme comme à travers un crible. Et quand notre souffrance a passé de pitié en pitié, ainsi que de bouche en bouche, il me semble que nous ne pouvons plus la respecter ni l’aimer… (Georges Bernanos, Journal d’un curé de campagne (1936) ; Pléiade Œuvres romanesques, 1961, p. 1231).

. La mairesse : « Une femme est toujours un peu ce que la fait l’homme, et l’homme… l'homme c'est bien malaisé à définir. Admettons que ça reste un enfant, pas vrai, monsieur ? Gentil et câlin à ses heures, mais plein de vices — les dégoûtées n’ont qu’à rester filles. » (Georges Bernanos, Monsieur Ouine (1943) ; Pléiade Œuvres romanesques, 1961, p. 1503-1504).

. Le curé de Fenouille : « Aucune haine ne saurait s’assouvir en ce monde ni dans l’autre, et la haine qu'on se porte à soi-même est probablement celle entre toutes pour laquelle il n'est pas de pardon ! » (Georges Bernanos, Monsieur Ouine (1943) ; Pléiade Œuvres romanesques, 1961, p. 1521).

. Le berceau est moins profond que la tombe. (Georges Bernanos, Monsieur Ouine (1943) ; Pléiade Œuvres romanesques, 1961, p. 1551).

. Blanche : « Pour valoir quelque chose, il faut d'abord savoir ce que l'on vaut » (Georges Bernanos, Dialogues des carmélites (1948), I, 2 ; Pléiade Œuvres romanesques, 1961, p. 1574). georges bernanos,patriotisme,argent,monde moderne,christianisme,france,imbéciles,honneur,liberté,les grands cimetières sous la lune,dialogues des carmélites,la france contre les robots,essais et écrits de combat,lettre aux anglais,optimisme,profit,le chemin de la croix-des-âmes,les enfants humiliés,nous autres français,combat pour la vérité,combat pour la liberté,sous le soleil de satan,scandale de la vérité,la grande peur des bien-pensants,l'imposture,journal d'un curé de campagne,monsieur ouine,journal de la guerre d'espagne,français si vous saviez,la liberté pour quoi faire,machines,pléiade

.  La Prieure : « En humilité comme en tout la démesure engendre l'orgueil, et cet orgueil-là est mille fois plus subtil et plus dangereux que celui du monde, qui n'est le plus souvent qu'une vaine gloriole » (Georges Bernanos, Dialogues des carmélites (1948), II, 1 ; Pléiade Œuvres romanesques, 1961, p. 1583).

. Sœur Constance : « On peut faire très sérieusement ce qui vous amuse, les enfants nous le prouvent tous les jours Exactement comme on peut faire avec bonne humeur ce qui vous ennuie » (Georges Bernanos, Dialogues des carmélites (1948), II, 6 ; Pléiade Œuvres romanesques, 1961, p. 1593).

. Sœur Constance : « Chacun se fait de Dieu l’image qu’il peut. […] Il me semble parfois qu'il est moins triste de ne pas croire en Dieu du tout que de croire en un Dieu mécanicien, géomètre et physicien. » (Georges Bernanos, Dialogues des carmélites (1948), III, 1 ; Pléiade Œuvres romanesques, 1961, p. 1612).

. Mère Marie : « Le malheur, ma fille, n'est pas d'être méprisée, mais de se mépriser soi-même. » (Georges Bernanos, Dialogues des carmélites (1948), V, 8 ; Pléiade Œuvres romanesques, 1961, p. 1702).

 

ESSAIS ET ÉCRITS DE COMBAT 1909-1939

. Jamais, jamais, jamais, nous ne nous lasserons d'offenser les imbéciles ! (Georges Bernanos, Textes non rassemblés 1909-1939, « Noël à la maison de France », paru dans La Revue fédéraliste, n°106, 1928 ; Pléiade Essais et écrits de combat tome I, 1972, p. 1122). georges bernanos,patriotisme,argent,monde moderne,christianisme,france,imbéciles,honneur,liberté,les grands cimetières sous la lune,dialogues des carmélites,la france contre les robots,essais et écrits de combat,lettre aux anglais,optimisme,profit,le chemin de la croix-des-âmes,les enfants humiliés,nous autres français,combat pour la vérité,combat pour la liberté,sous le soleil de satan,scandale de la vérité,la grande peur des bien-pensants,l'imposture,journal d'un curé de campagne,monsieur ouine,journal de la guerre d'espagne,français si vous saviez,la liberté pour quoi faire,machines,la pléiade

. Je plains ceux qui ne sentent pas jusqu’à l’angoisse, jusqu’à la sensation du désespoir, la solitude croissante de leur race. L’activité bestiale dont l’Amérique nous fournit le modèle, et qui tend déjà si grossièrement à uniformiser les mœurs, aura pour conséquence dernière de tenir chaque génération en haleine au point de rendre impossible toute espèce de tradition. N’importe quel voyou, entre ses dynamos et ses piles, coiffé du casque écouteur, prétendra faussement être lui-même son propre passé, et nos arrière-petits-fils risquent d’y perdre jusqu’à leurs aïeux. (Georges Bernanos, La Grande peur des bien-pensants (1931), chap. I ; Pléiade Essais et écrits de combat tome I, 1972, p. 73-74).

. Qui dit conservateur dit surtout conservateur de soi-même. [2] (Georges Bernanos, La Grande peur des bien-pensants (1931), chap. IV ; Pléiade Essais et écrits de combat tome I, 1972, p. 108).

. Quel Français n’est mécontent, c’est-à-dire ne rêve de détruire ou réformer quelque chose ? (Georges Bernanos, La Grande peur des bien-pensants (1931), chap. IV ; Pléiade Essais et écrits de combat tome I, 1972, p. 108).

. Pourquoi dit-on « avancer dans la vie » ? C’est dans la mort qu’on avance, c’est notre propre mort que nous approfondissons sans cesse, ainsi qu’une œuvre lente à venir. (Georges Bernanos, « Journal de la guerre d'Espagne », I, paru dans Sept, 5 juin 1936 ; Pléiade Essais et écrits de combat tome I, 1972, p. 1423).

. Les plus irréparables sottises sont celles que l'on commet au nom des principes. Les plus dangereuses erreurs, celles où la proportion de vérité reste assez forte pour qu'elles trouvent un chemin jusqu'au cœur de l'homme. (Georges Bernanos, « Journal de la guerre d'Espagne », II, paru dans Sept, 31 juillet 1936 ; Pléiade Essais et écrits de combat tome I, 1972, p. 1428).

. J'ai toujours pensé que le machiavélisme finit par se dévorer lui-même, car pour manquer utilement à sa parole, encore faut-il avoir une parole ! (Georges Bernanos, « Journal de la guerre d'Espagne », III, paru dans Sept, 16 octobre 1936 ; Pléiade Essais et écrits de combat tome I, 1972, p. 1432).

. Déblayer pour reconstruire, sans savoir grand-chose du monument futur sinon qu'il sera le plus beau, cela s'appelle faire une Révolution. (Georges Bernanos, « Journal de la guerre d'Espagne », IV, paru dans Sept, 27 novembre 1936 ; Pléiade Essais et écrits de combat tome I, 1972, p. 1435).

. Œil pour œil, dent pour dent, soit. Le précepte n'a rien de neuf Malheureusement il n'est pas sûr. Car j'admets volontiers que vous preniez un œil à l'adversaire qui vous a fait borgne. S'il vous crève l'autre, gros malin, comment ferez-vous ? Reste donc à lui prendre tout de suite les deux, le premier au nom du droit strict, et le second par précaution. C'est l'histoire du Traité de Versailles. (Georges Bernanos, « Journal de la guerre d'Espagne », VIII. Conclusion, texte daté du 18 janvier 1937 ; Pléiade Essais et écrits de combat tome I, 1972, p. 1447-1448).

. Je ne crois qu’à ce qui me coûte. Je n'ai rien fait de passable en ce monde qui ne m'ait d'abord paru inutile, inutile jusqu'au ridicule, inutile jusqu'au dégoût. Le démon de mon cœur s'appelle : À quoi bon ? (Georges Bernanos, Les Grands cimetières sous la lune (1938), préface ; Pléiade Essais et écrits de combat tome I, 1972, p. 353).       

. C’est une folle imprudence d’avoir déraciné les imbéciles, vérité qu’entrevoyait M. Maurice Barrès. Telle colonie d’imbéciles solidement fixée à son terroir natal, ainsi qu’un banc de moules au rocher, peut passer pour inoffensive et même fournir à l’État, à l’industrie un matériel précieux. L'imbécile est d'abord un être d'habitude et de parti pris. Arraché à son milieu il garde, entre ses deux valves étroitement closes, l'eau du lagon qui l'a nourri. Mais la vie moderne ne transporte pas seulement les imbéciles d’un lieu à un autre, elle les brasse avec une sorte de fureur. (Georges Bernanos, Les Grands cimetières sous la lune (1938), I, 1 ; Pléiade Essais et écrits de combat tome I, 1972, p. 357-358).

. Il y a dans tout homme une énorme capacité de résignation, l'homme est naturellement résigné. C'est d'ailleurs pourquoi il dure. (Georges Bernanos, Les Grands cimetières sous la lune (1938), I, 1 ; Pléiade Essais et écrits de combat tome I, 1972, p. 363).

. L'idée de grandeur n'a jamais rassuré la conscience des imbéciles. La grandeur est un perpétuel dépassement et les médiocres ne disposent probablement d’aucune image qui leur permette de se représenter son irrésistible élan. (Georges Bernanos, Les Grands cimetières sous la lune (1938), I, 1 ; Pléiade Essais et écrits de combat tome I, 1972, p. 370). 

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. L'optimisme m'est toujours apparu comme l'alibi sournois des égoïstes, soucieux de dissimuler leur chronique satisfaction d'eux-mêmes. Ils sont optimistes pour se dispenser d'avoir pitié des hommes, de leur malheur. (Georges Bernanos, Les Grands cimetières sous la lune (1938), I, 1 ; Pléiade Essais et écrits de combat tome I, 1972, p. 371).

. Certaines contradictions de l’histoire moderne se sont éclairées à mes yeux dès que j’ai bien voulu tenir compte d’un fait qui d’ailleurs crève les yeux : l’homme de ce temps a le cœur dur et la tripe sensible. Comme après le Déluge la terre appartiendra peut-être demain aux monstres mous. (Georges Bernanos, Les Grands cimetières sous la lune (1938), I, 1 ; Pléiade Essais et écrits de combat tome I, 1972, p. 371).

. L'homme est né d'abord orgueilleux et l'amour-propre toujours béant est plus affamé que le ventre. Un militaire ne se trouve-t-il pas assez payé de risques mortels par une médaille de laiton ? (Georges Bernanos, Les Grands cimetières sous la lune (1938), I, 1 ; Pléiade Essais et écrits de combat tome I, 1972, p. 373).

. Il y a une bourgeoisie de gauche et une bourgeoisie de droite. Il n'y a pas de peuple de gauche ou de peuple de droite, il n'y a qu'un peuple. (Georges Bernanos, Les Grands cimetières sous la lune (1938), I, 1 ; Pléiade Essais et écrits de combat tome I, 1972, p. 386).

. Aucune vie nationale n’est possible ni même concevable dès que le peuple a perdu son caractère propre, son originalité raciale et culturelle, n’est plus qu’un immense réservoir de manœuvres abrutis, complété par une minuscule pépinière de futurs bourgeois. (Georges Bernanos, Les Grands cimetières sous la lune (1938), I, 1 ; Pléiade Essais et écrits de combat tome I, 1972, p. 389).

. Comprendre c'est déjà aimer. (Georges Bernanos, Les Grands cimetières sous la lune (1938), I, 2 ; Pléiade Essais et écrits de combat tome I, 1972, p. 403).

. Les souvenirs de guerre ressemblent aux souvenirs de l'enfance. (Georges Bernanos, Les Grands cimetières sous la lune (1938), II, 2 ; Pléiade Essais et écrits de combat tome I, 1972, p. 472).

. Dès que la température [indiquant la fièvre de la jeunesse] baisse, vous poussez un soupir de soulagement, comme si le malade était hors de danger, alors qu’il ne fait le plus souvent que prendre sa place parmi les médiocres, qui se qualifient entre eux d’hommes graves, ou pratiques, ou dignes. Hélas ! c'est la fièvre de la jeunesse qui maintient le reste du monde à la température normale. Quand la jeunesse se refroidit, le reste du monde claque des dents. (Georges Bernanos, Les Grands cimetières sous la lune (1938), II, 2 ; Pléiade Essais et écrits de combat tome I, 1972, p. 495).

. L’esprit de jeunesse est une réalité aussi mystérieuse que la virginité, par exemple. La niaiserie, l'ignorance ou la peur, fût-elle même celle de l'enfer, ne forment pas les vierges. Ou du moins cette sorte de virginité me paraît aussi bête que l'espèce de chasteté obtenue par la castration. (Georges Bernanos, Les Grands cimetières sous la lune (1938), III, 1 ; Pléiade Essais et écrits de combat tome I, 1972, p. 530).

. Les gens du peuple ont un mot très profond lorsqu'ils s'encouragent à la sympathie. « Mettons-nous à sa place », disent-ils. On ne se met aisément qu'à la place de ses égaux. À un certain degré d'infériorité, réelle ou imaginaire, cette substitution n'est plus possible. Les délicats du XVIIe siècle ne se mettaient nullement à la place des nègres dont la traite enrichissait leurs familles. (Georges Bernanos, Les Grands cimetières sous la lune (1938), III, 1 ; Pléiade Essais et écrits de combat tome I, 1972, p. 535).

. Depuis quand les gens de droite s'appellent-ils nationaux ? C'est leur affaire, mais ils me permettront de leur dire qu'ils devancent ainsi le jugement de l'histoire. (Georges Bernanos, Les Grands cimetières sous la lune (1938), III, 2 ; Pléiade Essais et écrits de combat tome I, 1972, p. 541).

. Pour être un héros, il faut avoir au moins une fois en sa vie senti l'inutilité de l'héroïsme et de quel poids infime pèse l'acte héroïque dans l'immense déroulement des effets et des causes, réconcilié son âme avec l'idée de la lâcheté, bravé par avance la faible, l'impuissante, l'oublieuse réprobation des gens de bien, senti monter jusqu'à son front la chaleur du plus sûr et du plus profond repaire, l'universelle complicité des lâches, toujours béante, avec l'odeur des troupeaux d'hommes. Qui n'a pas une fois désespéré de l'honneur ne sera jamais un héros. (Georges Bernanos, Scandale de la vérité (1939) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome I, 1972, p. 580-581).

. Qui n'est pas sur le plan de l'honneur est au-dessous. (Georges Bernanos, Scandale de la vérité (1939) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome I, 1972, p. 582). 

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. Le scandale n'est pas de dire la vérité, c'est de ne pas la dire tout entière, d'y introduire un mensonge par omission qui la laisse intacte au dehors, mais lui ronge, ainsi qu'un cancer, le cœur et les entrailles. (Georges Bernanos, Scandale de la vérité (1939) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome I, 1972, p. 602).

. Je crains que le révolté ne soit jamais capable de porter autant d'amour à ceux qu'il aime que de haine à ceux qu'il hait. Les vrais ennemis de la société ne sont pas ceux qu'elle exploite ou tyrannise, ce sont ceux qu'elle humilie. Voilà pourquoi les partis de révolution comptent un si grand nombre de bacheliers sans emploi. (Georges Bernanos, Nous autres Français (1939), II ; Pléiade Essais et écrits de combat tome I, 1972, p. 630-631).

. Nous ne sommes pas responsables de la manière dont nous sommes compris, mais de celle dont nous sommes aimés. (Georges Bernanos, Nous autres Français (1939), III ; Pléiade Essais et écrits de combat tome I, 1972, p. 655).

. L'homme d'action mérite d'être jugé sur ses actes, ou plutôt sur leurs conséquences, qui sont le plus souvent bien différentes de celles qu'il avait prévues. (Georges Bernanos, Nous autres Français (1939), IV ; Pléiade Essais et écrits de combat tome I, 1972, p. 668).

. Les démocraties ne peuvent pas plus se passer d'être hypocrites que les dictatures d'être cyniques.  (Georges Bernanos, Nous autres Français (1939), V ; Pléiade Essais et écrits de combat tome I, 1972, p. 717).

. Les raisons de l’honneur ne tiennent pas debout. Mais les peuples ne peuvent pas se passer d'honneur, nous paierons cher d'avoir cru en nous plutôt qu'en lui. (Georges Bernanos, Nous autres Français (1939), VI ; Pléiade Essais et écrits de combat tome I, 1972, p. 740).

. Si vous ne moralisez pas les gouvernements, il faudra se hâter de démoraliser les peuples. Mais quand vous aurez fini de démoraliser les peuples, il n’y aura plus de gouvernement, il n’y aura plus rien. Les dictatures sont un grand effort manqué des peuples pour échapper au dégoût, à ce désœuvrement de l'âme. (Georges Bernanos, Nous autres Français (1939), VI ; Pléiade Essais et écrits de combat tome I, 1972, p. 755).

. Il n'y a rien de plus sot qu'un journal [intime], du moins aussi longtemps que son auteur vit. […] Tout ce qu'on écrit de sincère est niais, toute vraie souffrance a ce fond de niaiserie. (Georges Bernanos, Les Enfants humiliés (1939-40) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome I, 1972, p. 787). 

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. La difficulté n'est pas d'aimer son prochain comme soi-même, c'est de s'aimer soi-même assez pour que la stricte observation du précepte ne fasse pas tort au prochain. Pardonner les offenses ne serait qu’une disposition de l’âme assez naturelle, si nous pouvions nous pardonner aussi facilement d’avoir été un imbécile. (Georges Bernanos, Les Enfants humiliés (1939-40) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome I, 1972, p. 827).

. Qu'une guerre soit réellement une juste guerre, nul, je pense, ne saurait l'affirmer avant la paix. Ce sont les paix justes qui font les guerres justes. (Georges Bernanos, Les Enfants humiliés (1939-40) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome I, 1972, p. 838).

. Il n'est de véritable déception que de ce qu'on aime, et je n'aurais absolument pas la force de supporter d'être déçu par ce que j'aime. (Georges Bernanos, Les Enfants humiliés (1939-40) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome I, 1972, p. 869).

 

ESSAIS ET ÉCRITS DE COMBAT 1939-1948

. Je suis un homme de l’Ancienne France, c’est-à-dire de la France, car mille ans d’histoire ne sauraient être effacés par cent cinquante ans de tâtonnements malheureux ; l’Ancienne France est tout entière dans la France d’aujourd’hui, et qui l’y veut voir l’y voit. Moi, je la vois. (Georges Bernanos, Lettre aux Anglais, 1, décembre 1940 ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 30). georges bernanos,patriotisme,argent,monde moderne,christianisme,france,imbéciles,honneur,liberté,les grands cimetières sous la lune,dialogues des carmélites,la france contre les robots,essais et écrits de combat,lettre aux anglais,optimisme,profit,le chemin de la croix-des-âmes,les enfants humiliés,nous autres français,combat pour la vérité,combat pour la liberté,sous le soleil de satan,scandale de la vérité,la grande peur des bien-pensants,l'imposture,journal d'un curé de campagne,monsieur ouine,journal de la guerre d'espagne,français si vous saviez,la liberté pour quoi faire,machines,la pléiade

. En se conservant, les élites croient conserver tout ce qu’elles représentent, mais elles ne se demandent jamais si elles sont encore des élites, c’est-à-dire si elles en remplissent les devoirs. [] Une société où le prestige ne correspond plus exactement aux services rendus, où les classes dirigeantes reçoivent plus de la communauté qu'elles ne lui donnent, est une société vouée à la ruine. (Georges Bernanos, Lettre aux Anglais, 2, mars 1941 ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 48-49).

. Si les peuples deviennent fous, c’est que les prétendus sages sont trop bêtes ; leur bêtise les a dégoûtés de la sagesse, leur hypocrisie de la vérité. Est-il donc si rare de voir des femmes sensibles, passionnées, jusqu’alors irréprochables, se perdre pour avoir épousé un imbécile ? (Georges Bernanos, Lettre aux Anglais, 3, mai 1941 ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 63).

. Qui pourrait se prétendre chrétien, sans être sûr de l’amitié du Christ ? Et qui peut se prétendre l’ami du Christ ? (Georges Bernanos, Lettre aux Anglais, 5, août 1941 ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 113).

. Ce n'est pas que les chrétiens soient moins nombreux, c'est que le nombre des chrétiens médiocres augmente. (Georges Bernanos, Lettre aux Anglais, 5, août 1941 ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 117). 

. La valeur proprement humaine de ces paroissiens est très inférieure à celle que vous leur attribuez. Laissez-moi vous dire encore une fois qu’un chrétien médiocre est un très pauvre homme, généralement inférieur à n’importe quel incroyant de sa catégorie, car il se trouve en contradiction avec la vérité qu’il professe et il ne peut résoudre une telle contradiction que par la casuistique et l’imposture. (Georges Bernanos, Lettre aux Anglais, 5, août 1941 ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 121-122).

. Contrairement à ce qu’on imagine, c’est la foi chancelante qui fait les fanatiques ; et, que l’occasion s’en présente, les médiocres n'hésitent pas une seconde à faire payer cher aux incrédules leurs propres incertitudes. Ils se donnent ainsi à bon compte l’illusion d’aimer leur Église autant qu’ils haïssent leurs ennemis. (Georges Bernanos, Lettre aux Anglais, 6, septembre 1941 ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 128). 

. Vous me dites que ces masses sont déchristianisées. Le sont-elles autant que vous le dites ? D’un brave ouvrier parisien qui, sans être jamais allé au catéchisme, se révolte contre l’usage du gaz moutarde en Éthiopie, ou du dévot italien qui l’approuve, lequel est le plus chrétien ? (Georges Bernanos, Lettre aux Anglais, 6, septembre 1941 ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 131).

. Une des plus tristes nécessités de notre profession, à nous autres, conducteurs de peuples, c’est de devoir nous servir des médiocres. (Georges Bernanos, Lettre aux Anglais, 6, septembre 1941 ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 133). 

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. Les déroutes ne se rachètent que par des victoires, la paresse et la lâcheté que par un élan de courage et d'audace. (Georges Bernanos, Lettre aux Anglais, 6, septembre 1941 ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 137). 

. Montesquieu a écrit que le ressort des Monarchies est l'honneur et celui des Démocraties la vertu. Je me demande si c'est bien encourager les pauvres diables à la vertu que leur donner le droit de vote et pas de pain, puisque leur vote est dès lors la seule chose qu'ils puissent vendre pour avoir du pain. (Georges Bernanos, Lettre aux Anglais, 6, septembre 1941 ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 154).

. On ne restaurera jamais les valeurs spirituelles aussi longtemps que le Profit sera honoré, alors qu’il ne devrait être que toléré et contrôlé. […] Une société qui fait du premier bistrot venu, enrichi par la vente de ses poisons à des affamés, un personnage, un bourgeois […] et des misérables qu’il empoisonne, des parias, est une société qui marche la tête en bas. (Georges Bernanos, Lettre aux Anglais, 6, septembre 1941 ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 154).

. Vous pouvez parfaitement répondre que la faillite morale peut attendre, qu’il convient de donner d’abord ses soins à la faillite économique, et par conséquent ménager les hommes d’affaires. Soit ! Je prévois malheureusement que les hommes d’affaires entretiendront sournoisement la faillite afin d’en tirer plus de profit et que vous n’aurez aucun moyen de les contraindre. Lorsque l’Argent est devenu la Légalité, tout ce qui parle contre l’Argent prend aussitôt un caractère illégal. (Georges Bernanos, Lettre aux Anglais, 6, septembre 1941 ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 164).

. C'est lorsqu'il y a trop à dire qu'il faut s'efforcer d'être le plus court possible. Le légendaire Cambronne l'avait compris bien avant moi. Il en avait gros sur le cœur, mais ce n'est pas ce qu'il avait sur le cœur qu'il a jeté au visage du militaire insolent qui lui demandait de se rendre. (Georges Bernanos, Le Chemin de la Croix-des-Âmes, lettre dédicatoire à G. Gallimard (1947) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 201).

. Lorsqu'un séducteur a fait le projet de jeter une honnête femme dans le vice, il commence par la faire rire de la vertu. Puis, alors que la victime croit pouvoir s’amuser longtemps, sans risque, à des paradoxes plus ou moins cyniques, il la prend brusquement au mot, la force à passer tout à coup de la théorie à l’acte. (Georges Bernanos, Le Chemin de la Croix-des-Âmes, I, « Les causes de la déroute » (août 1940) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 243). 

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. J’ai dit, redit, répété depuis vingt ans que la crise universelle dont nous sommes menacés de périr était une crise des élites : le niveau de la révolution monte parce que le niveau des élites descend. (Georges Bernanos, Le Chemin de la Croix-des-Âmes, II, « Une conscience » (janvier 1941) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 283-284).

. Les ratés ne vous rateront pas. (Georges Bernanos, Le Chemin de la Croix-des-Âmes, II, « Appel aux Français », V (février 1941) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 295-296).

. Le jour où les personnes pieuses feront autant d'efforts pour édifier les impies qu'elles perdent du temps à les sermonner, la force déchaînée du mal sera bien près d'être vaincue. (Georges Bernanos, Le Chemin de la Croix-des-Âmes, II, « Examen de conscience » (mars 1941) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 304).

. Les fils tombent rarement dans les erreurs des pères, ils ne s’en perdent que mieux, hélas ! en tombant dans les erreurs opposées. (Georges Bernanos, Le Chemin de la Croix-des-Âmes, II, « Examen de conscience » (mars 1941) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 305).

. Je ne suis nullement partisan du divorce. Je voudrais seulement qu’il disparût des mœurs avant de disparaître des lois, car les victoires de la législation sur les mœurs m’ont toujours paru bien précaires. Il est possible que les institutions corrompent les hommes, encore qu’elles ne soient généralement elles-mêmes qu’une conséquence de cette corruption. Mais, une fois ceux-ci corrompus, elle est impuissante à faire autre chose que dissimuler des maux qui, faute de s’étaler au grand jour, se développent en profondeur. Mieux vaut mille fois un peuple dissolu qu’un peuple hypocrite. (Georges Bernanos, Le Chemin de la Croix-des-Âmes, II, « La loi et les mœurs » (mars 1941) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 306).

. Il n’est avantageux de mentir et de se parjurer que dans un monde d’honnêtes gens. Mais, lorsque l’usage du mensonge et du parjure est devenu général, ou même universel, les Machiavel et les Tartuffe, tous les deux privés de la matière première, c’est-à-dire de la bonne foi d’autrui, sont réduits au triste état de chômeurs. (Georges Bernanos, Le Chemin de la Croix-des-Âmes, II, « Le défaitisme des ventres » (juin 1941) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 332).

. Ce qu'exige tôt ou tard le plus fort, ce n'est pas qu'on soit à ses côtés mais dessous. Il accepte la soumission aussi longtemps qu’il le faut pour déshonorer et ridiculiser sa future victime, puis il la mange. (Georges Bernanos, Le Chemin de la Croix-des-Âmes, II, « Le défaitisme des ventres » (juin 1941) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II p. 332).

. L’amour comme la gloire n’apporte aux vieillards, avec la tourmente de la jalousie, que l’illusion cuisante mais vaine de la véritable possession. À partir d'un certain âge, la gloire s'appelle la revanche.[3] (Georges Bernanos, Le Chemin de la Croix-des-Âmes, II, « Trop tard » (août 1941) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 342).

. Ce qui rend la corruption, ou même la simple médiocrité des élites, si funeste, c'est la solidarité qui lie entre eux tous leurs membres, corrompus ou non corrompus, dans la défense du prestige commun. (Georges Bernanos, Le Chemin de la Croix-des-Âmes, III, « Infection sans fièvre » (mars 1942) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 408).

. L’Europe réactionnaire des XVIIIe et XIXe siècles, l’Europe des Pitt, des Alexandre et des Metternich, ne s’y est pas trompée. À l’idée révolutionnaire française, elle n’a même pas cherché à opposer une idée contre-révolutionnaire valable, parce qu’elle comprenait fort bien que notre idée révolutionnaire était trop profondément et trop intimement liée à toute la tradition occidentale, qu’elle plongeait ses racines dans le Christianisme, alors que la contre-révolution ne tenait guère qu’à des intérêts ou à des prestiges. (Georges Bernanos, Le Chemin de la Croix-des-Âmes, V, « L’escroquerie de la culture » (février 1944) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 600).

. On disait jadis, on dit encore, hélas ! que la vérité se trouve dans le juste milieu. Autant proclamer ouvertement que sa place naturelle est entre deux mensonges, comme le morceau de jambon entre les tranches de pain du sandouiche. Pour moi, le meilleur moyen d’atteindre la vérité, c’est d’aller jusqu’au bout du vrai, quels qu’en soient les risques. (Georges Bernanos, Le Chemin de la Croix-des-Âmes, V, « Le chantage fasciste dans l’Église » (mars 1944) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 601).

. La masse des catholiques que nous voyons à la messe chaque dimanche ne désirent, au fond, savoir de la religion que ce qui peut les confirmer dans la bonne opinion qu'ils ont d'eux-mêmes. (Georges Bernanos, Le Chemin de la Croix-des-Âmes, V, « Disputes de vieilles filles » (avril 1944) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 607-608).

. Il en est peu d'entre nous qui n'aient été tentés aussi, à un moment donné, de prendre pour la paix de leurs consciences le confort et la sécurité de leurs derrières (Georges Bernanos, Textes non rassemblés 1938-1945, « Réflexions sur le cas de conscience français », conférence faite à Rio de Janeiro en octobre 1943 ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 890).

. Une idée juste dans laquelle on s'installe, à l'abri des contradictions, comme à l'abri du vent et de la pluie, pour regarder les autres hommes piétiner dans la crotte, ce n'est plus une idée juste, c'est un préjugé, rien davantage. (Georges Bernanos, Textes non rassemblés 1938-1945, « Réflexions sur le cas de conscience français », conférence faite à Rio de Janeiro en octobre 1943 ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 890).

. Un Américain éminent déplorait l’autre jour devant moi l’attitude de l’immense majorité de ses concitoyens, qui ne se posent en ce moment qu’une seule question : lequel des deux candidats, Dewey ou Roosevelt, est le plus capable de maintenir les hauts salaires. Aucune politique ne saurait maintenir définitivement les hauts salaires, mais les électeurs ne veulent pas se l’avouer. Ils se révoltent contre la perspective d’une crise douloureuse qui sauverait l’avenir aux dépens du présent, c’est-à-dire à leurs dépens. (Georges Bernanos, Textes non rassemblés 1938-1945, « La France dans le monde de demain » (novembre 1944) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 946).

. Jeunes gens et jeunes filles, c'est d'abord en vous, c'est dans vos esprits, que vous sauverez la liberté. « Mais nous sommes des esprits libres ! » répondrez-vous. En êtes-vous sûrs ? Vous vous vantez d'être libres. C'est déjà la preuve que vous ne l'êtes pas encore tout à fait. Car la liberté de notre pensée se conquiert chaque jour contre nous-même, contre nos habitudes, nos préjugés, l'effort de la propagande, et cette lutte ne va pas sans d'amères déceptions, des défaites humiliantes, qui vous enlèveraient – si vous en faisiez la cruelle expérience – toute certitude d'être encore vraiment libres, ou du moins de vous proclamer tels. (Georges Bernanos, Textes non rassemblés 1938-1945, « Conférence aux étudiants brésiliens » (22 décembre 1944) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 953).

. Je me garderai bien de contredire les moralistes, on ne doit jamais discuter avec les moralistes, non plus d’ailleurs qu’avec les femmes. (Georges Bernanos, Textes non rassemblés 1938-1945, « Conférence aux étudiants brésiliens » (22 décembre 1944) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 953).

. Tous les dictateurs, à toutes les époques de l'Histoire, ont invoqué la justice sociale, et même on peut dire qu'à de rares exceptions près ils l'ont servie. C'est toujours au nom de l'égalité qu'on a étranglé la liberté ; il ne peut y avoir d'égalité absolue que sous un maître absolu. Car la liberté se contrôle seulement, elle est à surveiller, à contrôler, tandis que l'égalité doit être rétablie à chaque instant par une discipline inexorable. (Georges Bernanos, Textes non rassemblés 1938-1945, « Conférence aux étudiants brésiliens » (22 décembre 1944) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 956).

. Qui ne défend la liberté de penser que pour soi-même [] est déjà disposé à la trahir. (Georges Bernanos, Textes non rassemblés 1938-1945, « Conférence aux étudiants brésiliens » (22 décembre 1944) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 964).

. Un monde gagné pour la Technique est perdu pour la Liberté. (Georges Bernanos, La France contre les robots (1944), I ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 981).

. Lorsqu'un homme crie : « Vive la Liberté ! », il pense évidemment à la sienne. (Georges Bernanos, La France contre les robots (1944), II ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 987). 

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. Les curieux sont toujours dupes de leur curiosité. Ils expliquent tout et ne comprennent rien. (Georges Bernanos, La France contre les robots (1944), VI ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 1023).

. On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l'on n'admet pas d'abord qu'elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure. Hélas ! la liberté n’est pourtant qu’en vous, imbéciles ! (Georges Bernanos, La France contre les robots (1944), VI ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 1025).

. La seule machine qui n’intéresse pas la Machine, c’est la machine à dégoûter l’homme des machines, c’est-à-dire d’une vie tout entière orientée par la notion de rendement, d’efficience et finalement de profit. (Georges Bernanos, La France contre les robots (1944), VI ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 1026). 

. Une collectivité n'a pas de conscience. Lorsqu'elle paraît en avoir une, c'est qu'il y subsiste le nombre indispensable de consciences réfractaires. (Georges Bernanos, La France contre les robots (1944), VI ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 1035).

.  La Bêtise, en effet, m’apparaît de plus en plus comme la cause première et principale de la corruption des Nations. La seconde, c’est l’avarice. L’ambition des dictateurs ne vient qu’au troisième rang. (Georges Bernanos, La France contre les robots (1944), VI ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 1039).

. Vainqueurs ou vaincus, la Civilisation des machines n’a nullement besoin de notre langue, notre langue est précisément la fleur et le fruit d’une civilisation absolument différente de la Civilisation des machines. Il est inutile de déranger Rabelais, Montaigne, Pascal, pour exprimer une certaine conception sommaire de la vie, dont le caractère sommaire fait précisément toute l’efficience. La langue française est une œuvre d’art, et la Civilisation des machines n’a besoin pour ses hommes d’affaires, comme pour ses diplomates, que d’un outil, rien davantage. Je dis des hommes d’affaires et des diplomates, faute, évidemment, de pouvoir toujours nettement distinguer entre eux. […] Notre langue [est] bien la dernière qui pût convenir à ce monde hagard et à ces liquidateurs. (Georges Bernanos, La France contre les robots (1944), VI ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 1040-1041).

. L'intellectuel est si souvent un imbécile que nous devrions toujours le tenir pour tel, jusqu'à ce qu'il nous ait prouvé le contraire. (Georges Bernanos, La France contre les robots (1944), VI ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 1042).

. La Civilisation des machines est la civilisation de la quantité opposée à celles de la qualité. Les imbéciles y dominent donc par le nombre, ils y sont le nombre. […] Un monde dominé par la Force est un monde abominable, mais le monde dominé par le Nombre est ignoble. La Force fait tôt ou tard surgir des révoltés, elle engendre l’esprit de Révolte, elle fait des héros et des martyrs. La tyrannie abjecte du Nombre est une infection lente qui n’a jamais provoqué de fièvre. Le Nombre crée une société à son image, une société d’êtres non pas égaux, mais pareils, seulement reconnaissables à leurs empreintes digitales. (Georges Bernanos, La France contre les robots (1944), VI ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 1042).

. L’État technique n’aura demain qu’un seul ennemi : « l’homme qui ne fait pas comme tout le monde » - ou encore : « l’homme qui a du temps à perdre » – ou plus simplement si vous voulez : « l’homme qui croit à autre chose qu’à la Technique ». (Georges Bernanos, La France contre les robots (1944), VII ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 1049).

. Dans la Civilisation des machines tout contemplatif est un embusqué. La seule espèce de vie intérieure que le Technicien pourrait permettre serait tout juste celle nécessaire à une modeste introspection, contrôlée par le Médecin, afin de développer l’optimisme, grâce à l’élimination, jusqu’aux racines, de tous les désirs irréalisables en ce monde. (Georges Bernanos, La France contre les robots (1944), VIII ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 1053).

. Ce n’est pas la science qui est menacée de faillite, c’est le genre humain, c’est l’homme. La science ne saurait être rendue responsable de l'illusion des imbéciles qui prétendent, on ne sait pourquoi, qu'elle doit assurer leur bonheur. (Georges Bernanos, Français, si vous saviez…, « L’homme menacé de faillite » (15 novembre 1945) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 1104). 

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. Hélas ! il en est des illusions comme des femmes. Un homme ordinaire ne saurait se passer d’elles au temps de la jeunesse ou même dans son âge mûr. Mais nous ne sommes nullement tenus de l’admirer, ou seulement de le plaindre, s’il achève ses jours dans les jupes d’une vieille maîtresse qui l’a trompé toute sa vie et le fera cocu jusque sur son lit de mort. La pire disgrâce qui puisse arriver à un homme, c’est de mourir bafoué. (Georges Bernanos, Français, si vous saviez…, « De démocratie en démocratie » (20 décembre 1945) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 1110). 

. Je ne crois plus guère à la dictature du peuple parce qu’il n’y a plus de peuple, ou du moins il n’y aura bientôt plus en France assez de peuple pour une dictature du peuple. Le jour n’est sans doute pas éloigné où un ouvrier français ressemblera, trait pour trait, à un ouvrier américain de M. Ford. […] La démocratie bourgeoise n’a pas libéré le pauvre, elle l’a corrompu, elle ne l’a enrichi qu’en le corrompant, elle l’a enrichi de sa propre corruption. (Georges Bernanos, Français, si vous saviez…, « De démocratie en démocratie » (20 décembre 1945) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 1111).

. Le monde a perdu un certain nombre d’illusions, mais il en réclame d’autres, et ses fournisseurs habituels vont s’empresser de les lui donner. Rien ne sera d’ailleurs plus facile. Nous savons, en effet, que depuis longtemps l’opinion n’est plus la somme des opinions individuelles, il n’y a plus d’opinions individuelles, les citoyens ne peuvent plus aujourd’hui penser que par masses. Il s’ensuit qu’il est désormais possible de renverser l'opinion comme un mécanicien de locomotive renverse la vapeur. (Georges Bernanos, Français, si vous saviez…, « L’illusion n’est pas l’espérance » (27 décembre 1945) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 1112).

. Nul ne croit plus maintenant que la France puisse être sauvée par les méthodes d’une bonne administration. On n’administre pas un pays qui dévore sa propre substance, qui fait curée de sa propre substance. À quoi bon les lois, les décrets, les règlements, à quoi bon les règles du jeu quand tout le monde triche ? (Georges Bernanos, Français, si vous saviez…, « L’honneur français » (24 janvier 1946) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 1114).

. La Civilisation mécanique finira par promener autour de la Terre, dans un fauteuil roulant, une Humanité gâteuse et baveuse, retombée en enfance et torchée par les Robots. (Georges Bernanos, Français, si vous saviez…, « Préface à un journal de ce temps » (août 1946) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 1159).

. J'admire que chacun puisse parler couramment de la France comme d'une espèce de créature vivante et ne pas comprendre néanmoins que la grandeur d'une vieille nation est tout de même autre chose qu'une figure de rhétorique à orner les discours, car nous en portons l'image au plus profond de nous-même, et les cuistres de laboratoire ne sont pas encore assez malins pour m'empêcher de penser que cette image est sans doute héréditaire, transmise avec la chair et le sang, pourquoi pas ? (Georges Bernanos, Français, si vous saviez…, « Préface à un journal de ce temps » (août 1946) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 1159).

. L’erreur de beaucoup de Français, et notamment des fidèles de la démocratie chrétienne, a toujours été de croire qu’une grande nation comme la nôtre peut être pacifiée sans risques, alors que le sort probable des premiers pionniers de cette terrible aventure sera d’être lapidés ou pendus. M. Mauriac souhaite apparemment de n’avoir d’ennemis nulle part. Nous espérons, au contraire, en compter un peu partout. (Georges Bernanos, Français, si vous saviez…, « Croire en ce monde ou croire en nous » (25 décembre 1946) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 1178).

. Il est faux qu’il y ait, en dépit des apparences, deux espèces de Français dressés les uns contre les autres, ce qui donnerait à la vie nationale le degré de tension qui lui manque, car la France actuelle est hypotendue. Les Français ne s’opposent pas ; ils se craignent et ils se méprisent. Plût à Dieu que nous soyons encore capables d’une guerre civile ! Les guerres civiles sont des accidents caractéristiques de l’état d’hypertension. Pour se faire la guerre, les Français devraient au moins se regarder en face, et ils ont plutôt l’air de se tourner le dos comme des rats tombés dans une trappe et qui cherchent une issue chacun de son côté, aux dépens du voisin. (Georges Bernanos, Français, si vous saviez…, « Croire en ce monde ou croire en nous » (25 décembre 1946) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 1179).

. La trahison la plus dangereuse et la plus efficace est celle d’une tradition volontairement pervertie et faussée. C’est précisément pourquoi l’Église redoute infiniment moins les impies que les hérétiques. (Georges Bernanos, Français, si vous saviez…, « L’espérance française » (16 janvier 1947) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 1181).

. L'avenir est quelque chose qui se surmonte. On ne subit pas l'avenir, on le fait. (Georges Bernanos, La Liberté pour quoi faire ?, « La France devant le monde de demain » (fin 1946) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 1261). georges bernanos,patriotisme,argent,monde moderne,christianisme,france,imbéciles,honneur,liberté,les grands cimetières sous la lune,dialogues des carmélites,la france contre les robots,essais et écrits de combat,lettre aux anglais,optimisme,profit,le chemin de la croix-des-âmes,les enfants humiliés,nous autres français,combat pour la vérité,combat pour la liberté,sous le soleil de satan,scandale de la vérité,la grande peur des bien-pensants,l'imposture,journal d'un curé de campagne,monsieur ouine,journal de la guerre d'espagne,français si vous saviez,la liberté pour quoi faire,machines,la pléiade

. Le pessimiste et l’optimiste s’accordent à ne pas voir les choses telles qu’elles sont. L'optimiste est un imbécile heureux, le pessimiste, un imbécile malheureux. Vous pouvez très bien vous les représenter sous les traits de Laurel et Hardy. (Georges Bernanos, La Liberté pour quoi faire ?, « La France devant le monde de demain » (fin 1946) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 1262).

. [L’optimisme] approuve tout, il subit tout, il croit tout, c’est par excellence la vertu du contribuable. Lorsque le fisc l'a dépouillé même de sa chemise, le contribuable optimiste s'abonne à une revue nudiste et déclare qu'il se promène ainsi par hygiène, qu'il ne s'est jamais mieux porté. / Neuf fois sur dix, l’optimisme est une forme sournoise de l’égoïsme, une manière de se désolidariser du malheur d’autrui. (Georges Bernanos, La Liberté pour quoi faire ?, « La France devant le monde de demain » (fin 1946) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 1262).

. L'optimisme est une fausse espérance à l'usage des lâches et des imbéciles. L’espérance est une vertu, virtus, une détermination héroïque de l’âme. La plus haute forme de l’espérance, c’est le désespoir surmonté. (Georges Bernanos, La Liberté pour quoi faire ?, « La France devant le monde de demain » (fin 1946) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 1263).

. Il arrive qu’un roi médiocre, par hasard ou par chance, ait un bon ministre, mais les démocraties médiocres ne sauraient avoir que des ministres médiocres, puisqu’il n’est pas assez de dire qu’elles les choisissent, ils sortent d’elles, elles les engendrent. (Georges Bernanos, La Liberté pour quoi faire ?, « La France devant le monde de demain » (fin 1946) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 1285). 

. On ne saurait comparer un civilisé qu’à un autre civilisé. Je me demande si un civilisé d’aujourd’hui provoquerait l’admiration d’un civilisé de Rome, d’Athènes ou de Florence. Oh ! sans doute, l’homme moderne utilise des mécaniques. Mais une preuve que l’habitude des mécaniques ne fait pas l’homme civilisé, c’est qu’il est extrêmement facile de transformer un brave nègre en chauffeur, et bien avant d’être chauffeur, vous lui apprendrez à se raser avec un rasoir mécanique, ou à monter à bicyclette, ce qui après tout est beaucoup plus facile que de monter sur un cocotier. Mais il faudra certainement plus d’une vie d’homme, il faudra plusieurs générations pour faire de ses descendants un type humain comparable à n’importe quel citoyen d’une ville de la Renaissance italienne. (Georges Bernanos, La Liberté pour quoi faire ?, « La liberté, pour quoi faire ? » (janvier 1947) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 1307).

L'espérance est une vertu héroïque. On croit qu'il est facile d'espérer. Mais n'espèrent que ceux qui ont eu le courage de désespérer des illusions et des mensonges où ils trouvaient une sécurité qu'ils prenaient faussement pour de l'espérance. [] L'espérance n'est pas une complaisance envers soi-même. Elle est la plus grande et la plus difficile victoire qu'un homme puisse remporter sur son âme. (Georges Bernanos, La Liberté pour quoi faire ?, « La liberté, pour quoi faire ? » (janvier 1947) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 1315).

. C’est vrai qu’il y a un scandale de l’Évangile. La vérité de l’Évangile est scandaleuse. Elle a mis le Christ lui-même en croix. Nous ne pouvons raisonnablement espérer qu’elle nous vaille la croix de la Légion d’honneur… (Georges Bernanos, La Liberté pour quoi faire ?, « La liberté, pour quoi faire ? » (janvier 1947) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 1317).

. Le moins qu’on puisse dire de la civilisation actuelle, c’est qu’elle ne s’accorde nullement avec les traditions et le génie de notre grand peuple. Il a essayé de s’y conformer pour y vivre ; il y a beaucoup, il y a immensément perdu. Il risque de tout perdre dans cet effort contre lui-même, contre son histoire. (Georges Bernanos, La Liberté pour quoi faire ?, « Révolution et liberté » (7 février 1947) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 1326).

. Ce qui m’épouvante – Dieu veuille que je puisse vous faire partager mon épouvante ! – ce n’est pas que le monde moderne détruise tout, c’est qu’il ne s’enrichisse nullement de ce qu’il détruit. En détruisant, il se consomme. Cette civilisation est une civilisation de consommation, qui durera aussi longtemps qu’il y aura quelque chose à consommer. (Georges Bernanos, La Liberté pour quoi faire ?, « L’esprit européen et le monde des machines » (septembre 1946) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 1366).

. Je me suis toujours efforcé d’éveiller ceux qui dorment, et d’empêcher les autres de s’endormir. C’est là une besogne qui ne rapporte pas de grands profits ni de grands honneurs, mais qui vous ferme beaucoup de carrières. N’importe ! (Georges Bernanos, La Liberté pour quoi faire ?, « Confidences aux auditeurs de Porrentruy » (1947) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 1388).

. Le meilleur moyen d’apprendre à être prudent, c’est de se rendre compte jusqu’à quel point il est possible de pousser l’imprudence… La prudence, c’est la vertu des jours heureux, des périodes prospères. Quand on se trouve bien à l’abri, pourquoi diable aller dehors chercher le risque ? Mais lorsque le risque vient à nous, il s’agit premièrement de lui faire face, puisqu’il serait encore plus dangereux de lui tourner le dos. La prudence n’est alors que l’alibi des lâches. (Georges Bernanos, La Liberté pour quoi faire ?, « Confidences aux auditeurs d’Afrique du Nord » (1947) ; Pléiade Essais et écrits de combat tome II, 1995, p. 1393).

 

CORRESPONDANCE

. Grattez un démocrate, vous trouverez un théologien. (Georges Bernanos, lettre à l’abbé Lagrange, n°9, 2 avril 1906 ; Correspondance, tome I : Combat pour la vérité, 1904-1934, Plon, 1971, p. 89). georges bernanos,patriotisme,argent,monde moderne,christianisme,france,imbéciles,honneur,liberté,les grands cimetières sous la lune,dialogues des carmélites,la france contre les robots,essais et écrits de combat,lettre aux anglais,optimisme,profit,le chemin de la croix-des-âmes,les enfants humiliés,nous autres français,combat pour la vérité,combat pour la liberté,sous le soleil de satan,scandale de la vérité,la grande peur des bien-pensants,l'imposture,journal d'un curé de campagne,monsieur ouine,journal de la guerre d'espagne,français si vous saviez,la liberté pour quoi faire,machines,la pléiade

. Les autres, hélas ! C’est nous. [4] (Georges Bernanos, lettre à Robert Vallery-Radot, n°363, 10 janvier 1935 ; Correspondance, tome II : Combat pour la liberté, 1934-1948, Plon, 1971, p. 48). 

. Je comprends qu’on soit dégoûté des grands mots, des mots à majuscule. Mais c’est vrai qu’il y a de grands mots, et les grands mots s’écrivent avec une majuscule. Le ridicule n’est que de les employer à tort, d’en décorer des choses de rien. (Georges Bernanos, lettre-dédicace aux officiers du Duquesne, 27 octobre 1936, reproduite en note à la lettre n°442 ; Correspondance, tome II : Combat pour la liberté, 1934-1948, Plon, 1971, p. 160).

 
 
 
 
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[1] Il paraît qu’une nouvelle Pléiade des œuvres romanesques est en préparation. Comprendra-t-elle deux volumes ? Le volume de 1961 aura rendu bien des services pendant plus d’un demi-siècle. L’édition des Essais et écrits de combat en deux volumes est précieuse par la somme des textes qu’elle rassemble et son appareil critique, même si à vrai dire les notes se bornent en général à donner quelques informations élémentaires sur les noms propres (les notices sont plus intéressantes, surtout celles du premier tome, plus développées). Cette édition ne risque pas d’être refaite à moyen terme, et pourtant elle souffre d’un vice constitutif : son calibrage a été mal pensé. Gallimard a voulu que 1939 fût la ligne de partage entre les deux volumes, puisque c’est à cette année que s’arrêtent les « textes non rassemblés » du premier volume. Assurément cela a du sens sur le plan historique : avant la guerre / depuis la guerre. Mais cette date est un leurre, puisque Les Enfants humiliés, sorte de journal rédigé de septembre 1939 à avril 1940, figure dans le premier volume et non dans le second ; en outre les textes « non rassemblés » du second s’ouvrent par un article et une interviou publiés fin 1938 (oubliés ou non repérés au moment de la mise au point du premier volume ?), chevauchant donc un texte de 1939 clôturant le premier. Sur le plan biographique, la bonne césure serait plutôt l’été 1938, quand Bernanos s’installe au Brésil, mais le premier tome eût été encore plus mince et le second encore plus épais (330 pages de texte et 130 de notes à transférer). Le vrai problème est la disproportion des volumes : le premier fait 1768 pages, et aurait donc pu être un peu plus copieux, alors que le second en fait 1968, s’approchant de la limite physique (le record appartient aux romans de Sartre avec 2300 pages, mais c’est un cas limite. Rares sont les volumes qui dépassent 2000 pages. Gallimard privilégie de plus en plus les volumes minces, sans doute parce que ceux qui sont épais sont trop chers et se vendent mal). On voit que la Pléiade a eu du mal à tout faire tenir dans ce second volume. Elle n’y est parvenue qu’en imprimant tous les textes posthumes, c’est-à-dire non seulement les articles non recueillis, mais aussi Français, si vous saviez… et La liberté pour quoi faire ? en petits caractères, les mêmes que ceux de l’appareil critique. Ce n’était évidemment pas le cas dans le premier volume. En outre, ce deuxième volume ne contient pas l’indispensable index des noms qu’il avait vocation à fournir et qui manque cruellement. La bonne solution eût été d’inclure la Lettre aux Anglais (200 pages de texte et 46 de notes) dans le premier volume : ainsi le second eût eu la place d’imprimer tous les textes de Bernanos en caractères normaux, et d’offrir l’index nécessaire pour circuler dans cette matière abondante et touffue. Se trouvera-t-il un jour une bonne âme pour le réaliser lui-même et le mettre en ligne sur la Toile ? Signalons, pour être complet, qu’une durée inhabituelle de vingt-quatre ans (!) sépare la parution de ces deux volumes (1971 et 1995). En 1971, les manuscrits étaient inaccessibles, et le premier tome est donc dépourvu de toute variante. Le second, en revanche, a pu comparer les différents états successifs des textes publiés et propose un véritable travail philologique, quoique limité à l’essentiel comme il se doit.

[2] Dans l’esprit de Bernanos, cette phrase implique une condamnation de l’esprit conservateur, comme le montre le passage dans lequel elle prend place, qui inclut même un éloge de l’action réformatrice de la Monarchie. Mais il n’est pas interdit de penser que tout être sain cherche à persévérer dans son être, donc à se conserver tel qu’il est, et à conserver pareillement le monde dans lequel il vit.

[3] Ces phrases terminent un article de trois pages entièrement consacré au Maréchal Pétain, et extrêmement sévère à son égard : celui-ci y est vu comme un pessimiste stérile, manquant de foi en l’Homme, à jamais marqué par sa longue vie de raté, voyant partout l’injustice qu’il a subie lui-même. « Il n’est rien de pire que de connaître trop tard l’amour, si ce n’est de connaître trop tard la gloire » (p. 341).

[4] Encore une formule magnifique telle quelle, mais à qui son extraction a donné une portée générale qu’elle n’a pas dans son contexte. Les autres, ce n’est pas ici toute l’humanité comme dans la formule de Sartre, qu’elle semble compléter par anticipation. Voici le paragraphe qui précède : « Je crois que je puis écrire maintenant proprement, parce que je suis réellement sans colère. Du moins sans haine. Tous misérables, Dieu choisit parmi les médiocres des amis, pour les élever jusqu'à lui. Ils n'en étaient pas moins médiocres avant. Il leur donne tout, richesses, apanage, titres, charges de cour, et jusqu'à leur nom même. On les aime parce qu'Il les aime. On les vénère et on les prie pour la même raison. Alors je trouve inutile d'étourdir d'invectives les autres. » J’avoue que celà n’est pas très clair pour moi. Je comprends que Bernanos désigne les puissants de la terre, des médiocres néanmoins dignes d’amour en tant que créatures de Dieu : ceux qui n’ont pas toute leur fortune temporelle appellent donc à plus forte raison notre philanthropie.