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29.10.2012

LA PLACE DE LA CHOA PENDANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE : UN ÉLÉMENT DE SECOND ORDRE ?

            Ce soir, la télévision publique nous offre un documentaire de Virginie Linhart, intitulé Ce qu’ils savaient. Les Alliés face à la Choa. Une dépêche de l’AFP, ainsi qu’une interviou de la réalisatrice dans Le Point, nous permettent de nous faire une idée du contenu. Il en ressort que les chefs alliés (Churchill, Roosevelt, Staline et de Gaulle) en savaient beaucoup sur l'élimination des juifs et les camps d'extermination. Dès 1941, ils ont été avertis de ce qui se passait en Europe de l’Est, et ont reçu ensuite plusieurs documents qui ne laissaient aucun doute sur la mise en œuvre d’un processus d’extermination des Juifs. Or ils n’ont rien fait, ni rien dit (sauf une fois). Les États-Uniens ont même cherché à limiter l’immigration de Juifs réfugiés. Pourquoi ? Parce que les considérations militaires primaient sur toutes les autres. « La préoccupation principale est de gagner la guerre », dit V. Linhart au Point. Il n’était pas question de se laisser distraire de cette priorité absolue. En outre, les élites dirigeantes des alliés n’étaient pas vraiment philosémites, ni empreintes de sympathie à l’égard des Juifs d’Europe de l’Est (même quand elles étaient elles-mêmes juives, comme Henry Morgenthau, le ministre états-unien du Trésor). « N'oublions pas que le monde d'avant-guerre est un monde antisémite. On aurait démobilisé les populations si on avait clamé qu'on faisait la guerre pour stopper le génocide juif. Cela aurait donné d'ailleurs du grain à moudre à la propagande allemande qui martelait que les Alliés faisaient la guerre pour sauver les Juifs. Il faut aussi rappeler que les Juifs d'Europe de l'Est étaient considérés comme des moins que rien. », explique V. Linhart.

            Je présume que l’arrière-pensée de Mme Linhart, c’est, en gros, plus jamais ça. Son documentaire vise à montrer que l’indifférence est l’antichambre de l’horreur, qu’une politique non humanitaire favorise les massacres, que la non-ingérence fait de nous les complices des dictateurs sanguinaires, etc. Soit.

            Mais une autre idée terrible nous traverse et nous glace d’horreur. Les alliés ne se sont pas sentis concernés par la Choa. Ils ont refusé de modifier leurs plans militaires (et politiques) pour en tenir compte. En somme, le génocide des Juifs par les nazis n’a eu qu’une influence infime sur le déroulement de la Seconde Guerre Mondiale, si on définit celle-ci au sens strict comme une suite d’évènements militaires et géopolitiques. Est-ce à dire que ce génocide, et plus encore les moyens techniques par lesquels il fut réalisé, ont été, finalement, dans l’histoire de la Seconde Guerre Mondiale, un élément de second ordre, une circonstance marginale, un… point de détail ? Ciel ! Quelle pensée abominable !... Vite, précipitons-nous sur un livre de Primo Levi ou de Robert Antelme, pour nous repénétrer immédiatement de l’idée vitale que c’est l’humanité elle-même qui a été mise en question par la Choa. Oui : nous sommes humains, et à ce titre rien ne nous concerne plus essentiellement que la Choa. Auschwitz est LE centre névralgique de la conscience humaine. Que cette conviction reste à jamais implantée en nous.