18.02.2015
LES MEILLEURS APHORISMES DE BENJAMIN CONSTANT
Benjamin Constant (1767-1830) fait partie de ces hommes dont la diversité étonne et dont notre époque semble avoir perdu le secret. L’auteur d’Adolphe, ce classique du roman d’analyse à la française, fut en outre le traducteur d’une pièce de Schiller (en alexandrins !) et son introducteur en France, un théoricien de la tragédie qui publia aussi quelques essais littéraires, l’auteur d’un important journal intime, un penseur majeur du libéralisme politique, un philosophe de la religion. Et avec ça, il joua un rôle politique non négligeable sous le Directoire, pendant les Cent-Jours et à l’avènement de la monarchie de Juillet. Animateur avec Mme de Staël du groupe de Coppet sous l’Empire, il fut ensuite le principal orateur de l’opposition sous la Restauration, bénéficia de funérailles nationales et faillit être transféré incontinent au Panthéon. Pour s’en faire quelque idée contemporaine, il faudrait imaginer la réunion en un seul homme de Gabriel Matzneff, de John Rawls et de René Girard, un seul homme qui aurait de surcroît dirigé la revue Commentaire, mené la carrière politique d’Alain Madelin ou Henri Guaino, traduit Harold Pinter, écrit les essais littéraires de Roland Barthes… et Bonjour tristesse de Françoise Sagan !
J'ai constitué six rubriques : Œuvres autobiographiques Correspondance Œuvres littéraires Essais littéraires Essais politiques Sur la religion
. Presque tous les vieux gouvernements sont doux parce qu'ils sont vieux et tous les nouveaux gouvernements durs, parce qu'ils sont nouveaux [1]. (Benjamin Constant, Le Cahier rouge (1811) ; Pléiade, 1957, p. 130).
. Je suis assez susceptible d'être effrayé par une chose inattendue qui agit sur mes nerfs. Mais dès que j'ai un quart d'heure de réflexion, je deviens, sur le danger, d'une indifférence complète. (Benjamin Constant, Le Cahier rouge (1811) ; Pléiade, 1957, p. 132).
. Je l’aime beaucoup mieux quand je ne la vois pas que quand je la vois. En absence, mon imagination retranche ce qui la choque, ajoute quelque chose de ce qui manque, suppose ce qui lui convient. Je l’ai pensé souvent : le sentiment de l'amour n'a rien de commun avec l'objet qu'on aime. C’est un besoin du cœur qui revient périodiquement, à des époques plus éloignées que les besoins des sens, mais de la même manière ; et comme l’attrait des sexes fait qu’on cherche une femme dont on puisse jouir, n’importe laquelle, le besoin du cœur cherche à se placer sur un objet qui l’attire ou par de la douceur, ou par de la beauté, ou par telle autre qualité qui devient le prétexte que le cœur allègue à l’imagination pour justifier son choix. (Benjamin Constant, Amélie et Germaine, § 11. 26 janvier 1803 ; Pléiade, 1957, p. 199).
. La plupart des hommes, en politique comme en tout, concluent des résultats de leurs imprudences à la fausseté [2] de leurs principes. (Benjamin Constant, Journal, 7 mars 1804 ; Pléiade, 1957, p. 241-242).
. N’oublions pas que toutes les situations ont leurs peines secrètes, qu’on ne juge que lorsqu’on s’y trouve. (Benjamin Constant, Journal, 6 avril 1804 ; Pléiade p. 253).
. Pour avoir raison contre quelqu’un et être approuvé, il faut ou être dur ou être injuste ou être un sot. Quand on est dur, on profite de tous ses avantages, sans être ému par la douleur de l’autre. Quand on est injuste, on accueille les exagérations des ennemis de son adversaire, qui accourent à notre secours avec beaucoup plus de zèle que nos propres amis. Quand on est un sot, on a tous les sots pour soi. (Benjamin Constant, Journal, 6 avril 1804 ; Pléiade, 1957, p. 254).
. J'ai remarqué en général qu'il fallait remercier les hommes le moins possible, parce que la reconnaissance même qu'on leur témoigne leur persuade aisément qu'ils en font trop. J’ai vu plus d’une fois des gens reculer au milieu d’une bonne action parce que ceux pour qui ils la faisaient, dans leurs transports, leur en exagéraient l’étendue. (Benjamin Constant, Journal, 12 avril 1804 ; Pléiade, 1957, p. 257).
. Les hommes qui passent pour être durs sont de fait beaucoup plus sensibles que ceux dont on vante la sensibilité expansive. Ils se font durs, parce que leur sensibilité, étant vraie, les fait souffrir. Les autres n’ont pas besoin de se faire durs : ce qu’ils ont de sensibilité est si facile à porter ! (Benjamin Constant, Journal, 23 avril 1804 ; Pléiade, 1957, p. 263-264).
. Il faut se décider, agir et se taire. (Benjamin Constant, Journal, 30 avril 1804 ; Pléiade, 1957, p. 267).
. La vie est une lutte, plus ou moins déguisée, plus ou moins adoucie. Le plus habile est celui qui sait lutter en éprouvant le moins de peine ; le meilleur est celui qui en cause le moins à son adversaire. (Benjamin Constant, Journal, 16 juillet 1804 ; Pléiade, 1957, p. 304).
. Comme la nature est rude aux vieillards, qui se replient en mille sens pour la désarmer ! Énigme du monde, j'ai peur qu'elle n'ait que deux mots : pour les espèces, propagation ; pour les individus, douleur, douleur, il est vrai, mêlée de quelques plaisirs et qui le serait davantage sans les maux factices de la société. Mais comme la vieillesse et la mort sont toujours à la fin de la vie, quelle perspective, et comme elle rejette une teinte sombre sur tout le passé ! (Benjamin Constant, Journal, 21 juillet 1804 ; Pléiade, 1957, p. 306).
. Les jouissances de l'amour-propre d'auteur ont quelque chose d’un plaisir physique. Tous les traits s'épanouissent et il y a visiblement dans toute la personne une titillation voluptueuse. (Benjamin Constant, Journal, 23 août 1804 ; Pléiade, 1957, p. 324).
. C’est un grand avantage dans toutes les affaires de la vie, que de savoir prendre l’offensive. L’homme attaqué transige toujours. (Benjamin Constant, Journal, 5 septembre 1804 ; Pléiade, 1957, p. 332).
. Les autres sont-ils ce que je suis ? Je l'ignore. Certainement, si je me montrais à eux ce que je suis, ils me croiraient fou. Mais s'ils se montraient à moi ce qu'ils sont, peut-être les croirais-je fous aussi ? Il y a entre nous et ce qui n'est pas nous une barrière insurmontable. On met un caractère, comme on met un habit, pour recevoir. (Benjamin Constant, Journal, 18 décembre 1804 ; Pléiade, 1957, p. 394).
. Approbation de mes amis. L'approbation ne me fait aucun plaisir, le blâme me ferait beaucoup de peine [3]. (Benjamin Constant, Journal abrégé, 30 janvier 1806 ; Pléiade, 1957, p. 529).
[à compléter]
. Je lisais de préférence les poètes qui rappelaient la brièveté de la vie humaine. Je trouvais qu’aucun but ne valait la peine d’aucun effort. (Benjamin Constant, Adolphe (1816), chap. I ; Pléiade, 1957, p. 15).
. Je n’avais de haine contre personne, mais peu de gens m’inspiraient de l’intérêt ; or les hommes se blessent de l’indifférence, ils l’attribuent à la malveillance ou à l’affectation ; ils ne veulent pas croire qu’on s’ennuie avec eux naturellement. (Benjamin Constant, Adolphe (1816), ch. I ; Pléiade, 1957, p. 16).
. Les sots font de leur morale une masse compacte et indivisible, pour qu’elle se mêle le moins possible avec leurs actions et les laisse libres dans tous les détails. (Benjamin Constant, Adolphe (1816), ch. I ; Pléiade, 1957, p. 16).
. Il faut du temps pour s'accoutumer à l'espèce humaine. (Benjamin Constant, Adolphe (1816), ch. I ; Pléiade, 1957, p. 17).
. Presque toujours, pour vivre en repos avec nous-mêmes, nous travestissons en calculs et en systèmes nos impuissances ou nos faiblesses : cela satisfait cette portion de nous qui est, pour ainsi dire, spectatrice de l’autre. (Benjamin Constant, Adolphe (1816), ch. II ; Pléiade, 1957, p. 22).
. Il n’y a point d’unité complète dans l’homme, et presque jamais personne n'est tout à fait sincère ni tout à fait de mauvaise foi. (Benjamin Constant, Adolphe (1816), ch. II ; Pléiade, 1957, p. 23).
. La société m’importune, la solitude m’accable. (Benjamin Constant, Adolphe (1816), ch. III ; Pléiade, 1957, p. 30).
. Malheur à l'homme qui, dans les premiers moments d'une liaison d'amour, ne croit pas que cette liaison doit être éternelle ! Malheur à qui, dans les bras de la maîtresse qu'il vient d'obtenir, conserve une funeste prescience, et prévoit qu'il pourra s'en détacher ! (Benjamin Constant, Adolphe (1816), ch. III ; Pléiade, 1957, p. 32).
. Il y a des choses qu'on est longtemps sans se dire, mais quand une fois elles sont dites, on ne cesse jamais de les répéter. (Benjamin Constant, Adolphe (1816), ch. IV ; Pléiade, 1957, p. 37).
. Dès qu'il existe un secret entre deux cœurs qui s'aiment, dès que l'un d'eux a pu se résoudre à cacher à l'autre une seule idée, le charme est rompu, le bonheur est détruit. L'emportement, l'injustice, la distraction même, se réparent ; mais la dissimulation jette dans l'amour un élément étranger qui le dénature et le flétrit à ses propres yeux. (Benjamin Constant, Adolphe (1816), ch. V ; Pléiade, 1957, p. 41).
. Le père : « Songez que l'on ne gagne rien à prolonger une situation dont on rougit. Vous consumez inutilement les plus belles années de votre jeunesse, et cette perte est irréparable. » (Benjamin Constant, Adolphe (1816), ch. VI ; Pléiade, 1957, p. 48).
. Nous sommes des créatures tellement mobiles, que les sentiments que nous feignons, nous finissons par les éprouver. (Benjamin Constant, Adolphe (1816), ch. VI ; Pléiade, 1957, p. 48).
. Je voulus réveiller sa générosité, comme si l’amour n’était pas de tous les sentiments le plus égoïste, et, par conséquent, lorsqu’il est blessé, le moins généreux. (Benjamin Constant, Adolphe (1816), ch. VI ; Pléiade, 1957, p. 52).
. [La mort :] mystère inexplicable dont une expérience journalière paraît n'avoir pas encore convaincu les hommes ; terme assuré qui ne nous console ni nous apaise, objet d’une insouciance habituelle et d’un effroi passager ! (Benjamin Constant, Adolphe (1816), ch. VII ; Pléiade, 1957, p. 60).
. On est si juste lorsqu'on est désintéressé ! Qui que vous soyez, ne remettez jamais à un autre les intérêts de votre cœur ; le cœur seul peut plaider sa cause : il sonde seul ses blessures ; tout intermédiaire devient un juge ; il analyse, il transige, il conçoit l'indifférence ; il l'admet comme possible, il la reconnaît pour inévitable ; par là même il l'excuse, et l'indifférence se trouve ainsi, à sa grande surprise, légitimée à ses propres yeux. (Benjamin Constant, Adolphe (1816), ch. VIII ; Pléiade, 1957, p. 62).
. Ellénore : « Rien n'est plus bizarre que le zèle de certaines amitiés ; il y a des gens qui s'empressent de se charger de vos intérêts pour mieux abandonner votre cause ; ils appellent cela de l'attachement : j’aimerais mieux de la haine. » (Benjamin Constant, Adolphe (1816), ch. VIII ; Pléiade, 1957, p. 62-63).
. Ma surprise n’est pas que l’homme ait besoin d’une religion ; ce qui m’étonne, c’est qu’il se croie jamais assez fort, assez à l’abri du malheur pour oser en rejeter une : il devrait, ce me semble, être porté, dans sa faiblesse, à les invoquer toutes ; dans la nuit épaisse qui nous entoure, est-il une lueur que nous puissions repousser ? Au milieu du torrent qui nous entraîne, est-il une branche à laquelle nous osions refuser de nous retenir ? (Benjamin Constant, Adolphe (1816), ch. X ; Pléiade, 1957, p. 77-78).
. « Chacun ne s’instruit qu’à ses dépens dans le monde. » (Benjamin Constant, Adolphe (1816), réponse de l’éditeur ; Pléiade, 1957, p. 82).
[à compléter]
. Il n'est pas vrai que la guerre soit toujours un mal. À de certaines époques de l'espèce humaine, elle est dans la nature de l'homme. Elle favorise alors le développement de ses plus belles et de ses plus grandes facultés. Elle lui ouvre un trésor de précieuses jouissances. Elle le forme à la grandeur d'âme, à l'adresse, au sang-froid, au courage, au mépris de la mort, sans lequel il ne peut jamais se répondre qu'il ne commettra pas toutes les lâchetés et bientôt tous les crimes. La guerre lui enseigne des dévouements héroïques et lui fait contracter des amitiés sublimes. Elle l'unit de liens plus étroits, d'une part, à sa patrie, et de l'autre, à ses compagnons d'armes. Elle fait succéder à de nobles entreprises de nobles loisirs. (Benjamin Constant, De l'esprit de conquête et de l'usurpation (1814), I, 1 ; Pléiade, 1957, p. 957).
. La guerre et le commerce ne sont que deux moyens différents d'arriver au même but, celui de posséder ce que l'on désire. […] Un homme qui serait toujours le plus fort n’aurait jamais l’idée du commerce. (Benjamin Constant, De l'esprit de conquête et de l'usurpation (1814), I, 2 ; Pléiade, 1957, p. 959).
. Le but unique des nations modernes, c'est le repos, avec le repos l'aisance, et comme source de l'aisance, l'industrie. (Benjamin Constant, De l'esprit de conquête et de l'usurpation (1814), I, 2 ; Pléiade, 1957, p. 960).
. Rien de plus absurde que de violenter les habitudes, sous prétexte de servir les intérêts. Le premier des intérêts, c'est d'être heureux, et les habitudes forment une partie essentielle du bonheur. (Benjamin Constant, De l'esprit de conquête et de l'usurpation (1814), I, 13 ; Pléiade, 1957, p. 983).
. Le ridicule attaque tout, et ne détruit rien. (Benjamin Constant, De l'esprit de conquête et de l'usurpation (1814), II, 3 ; Pléiade, 1957, p. 1004).
. On dit tous les jours que l'intérêt bien entendu de chacun l'invite à respecter les règles de la justice ; on fait néanmoins des lois contre ceux qui les violent ; tant il est constaté que les hommes s'écartent fréquemment de leur intérêt bien entendu ! (Benjamin Constant, De l'esprit de conquête et de l'usurpation (1814), II, 10 ; Pléiade, 1957, p. 1025).
. Combien il vaut mieux souffrir de l'oppression de ses ennemis que rougir des excès de ses alliés ! (Benjamin Constant, De l'esprit de conquête et de l'usurpation (1814), II, 19 ; Pléiade, 1957, p. 1059).
. Obéissez au temps ; faites chaque jour ce que chaque jour appelle ; ne soyez ni obstinés dans le maintien de ce qui s'écroule, ni trop pressés dans l'établissement de ce qui semble s'annoncer. (Benjamin Constant, De l'esprit de conquête et de l'usurpation (1814), chapitre I ajouté à la 4ème édition ; Pléiade, 1957, p. 1580).
. Aussitôt qu'un homme a le nécessaire, il ne lui faut que de l'élévation dans l'âme pour se passer du superflu. (Benjamin Constant, Principes de politique (1815), V ; Pléiade, 1957, p. 1110).
. Je le sais, la reconnaissance a la mémoire courte. À l’instant du péril, on implore la protection, on reçoit le bienfait : le péril passe, on rappelle les torts, on en fait des crimes. J’entendais quelqu’un dire un jour : « Je ne sais lequel de ces misérables m’a sauvé la vie. » (Benjamin Constant, De la doctrine politique qui peut réunir les partis en France (1816) ; dans Cours de politique constitutionnelle, Guillaumin et Cie, 1861, tome II p. 297).
. Les dépositaires du pouvoir ont une disposition fâcheuse à considérer tout ce qui n'est pas eux comme une faction. Ils rangent quelquefois la nation même dans cette catégorie, et pensent que l’habileté suprême est de se glisser entre ce qu’ils nomment les factions opposées, sans s’appuyer d’aucune. (Benjamin Constant, De la doctrine politique qui peut réunir les partis en France (1816) ; dans Cours de politique constitutionnelle, Guillaumin et Cie, 1861, tome II p. 301).
. Bien des gens veulent la conséquence sans songer au principe, et prétendent cueillir les fruits sans prendre soin de l'arbre. (Benjamin Constant, Des élections prochaines (1817), III ; dans Cours de politique constitutionnelle, Guillaumin et Cie, 1861, tome II p. 315).
. L'on aura beau faire, la pensée seule peut combattre la pensée. Le raisonnement seul peut rectifier le raisonnement. Lorsque la puissance le repousse, ce n’est pas uniquement contre la vérité qu’elle échoue ; elle échoue aussi contre l’erreur. On ne désarme l’erreur qu’en la réfutant. Tout le reste n'est qu'un charlatanisme grossier, renouvelé de siècle en siècle, au profit de quelques-uns, au malheur et à la honte des autres. (Benjamin Constant, Réflexions sur les constitutions et les garanties (1818), Additions et notes A : « De la souveraineté du peuple et de ses limites » ; dans Cours de politique constitutionnelle, Guillaumin et Cie, 1861, tome I p. 283-284 ; ou De la liberté chez les modernes, Pluriel n°8346, 1980, p. 652).
. Si le sentiment religieux est une folie, parce que la preuve n'est pas à côté, l'amour est une folie, l'enthousiasme un délire, la sympathie une faiblesse, le dévouement un acte insensé. (Benjamin Constant, De la religion (1824), Préface ; Actes Sud, 1999, p. 31).
. Lorsqu'il arrive aux puissants de la terre quelque grande calamité, ce n'est plus à la jalousie des dieux qu'on l'attribue, c'est à leur justice. (Benjamin Constant, De la religion (1831), XII, 1 ; Actes Sud, 1999, p. 467).
[1] On trouve déjà la moitié de cette idée dans Eschyle : « Dur est un chef dont la puissance est neuve » (Prométhée enchaîné, vers 35 ; Pléiade, 1967, p. 192).
[2] Dans la première et très défectueuse édition du Journal, publiée avec une incroyable désinvolture par Adrien de Constant en 1876, on lisait ici « fermeté » à la place de « fausseté », ce qui inverse le sens de la phrase. Bien que le texte correct ait été rétabli par l’édition complète d’Alfred Roulin en 1952, c’est cette version erronée, reprise pendant trois quarts de siècle, qui traîne encore dans certaines anthologies de citations. Mais il faut avouer que cette idée opposée, quoique paradoxale, est aussi soutenable, si bien qu’on a ici affaire, dirait Niels Bohr, à deux vérités profondes !
[3] On trouve, dans des collections de citations traînant sur le net : «… ne me ferait aucune peine », inversion qui donne une tout autre image de l’auteur ! – D’autre part, cette brève notation, dans le Journal abrégé, suit cette phrase : « Décidé mon voyage à Dole ». On peut se demander si cette susceptibilité a une valeur générale pour toute la personnalité de Constant, ou si elle ne s’applique pas plutôt qu’à une circonstance très précise…
19:10 Écrit par Le déclinologue dans Aphorismes | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : benjamin constant, adolphe, journal intime, de l'esprit de conquête et de l'usurpation, le cahier rouge, principes de politique, cours de politique constitutionnelle, de la religion, libéralisme, alfred roulin, adrien de constant, eschyle, religion, mme de staël, coppet, citations, amour, passion, égotisme, pouvoir, démocratie, tyrannie, despotisme, liberté | | | Facebook | | Imprimer | | Digg |
Commentaires
« Il y a deux dogmes également dangereux, l’un le droit divin, l’autre la souveraineté illimitée
du peuple. L’un et l’autre ont fait beaucoup de mal. Il n’y a de divin que la divinité, il n’y a de
souverain que la justice. » Benjamin Constant, Discours à la Chambre, 10 mars 1820.
Écrit par : Courouve | 03.04.2016
Répondre à ce commentaireHaha, c'est bien une idée de libéral cosmopolite ! ;-)
Écrit par : Le déclinologue | 04.04.2016
« La pensée seule peut combattre la pensée. Le raisonnement seul peut rectifier le raisonnement. Lorsque la puissance [politique] le repousse, ce n’est pas uniquement contre la vérité qu’elle échoue ; elle échoue aussi contre l’erreur. On ne désarme l’erreur qu’en la réfutant. »
Benjamin Constant, Écrits politiques, [1818].
Écrit par : Courouve | 03.04.2016
Répondre à ce commentaireMerci, je l'ai ajoutée.
Écrit par : Le déclinologue | 04.02.2017
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