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15.03.2016

MAHOMET ET JÉSUS, DEUX PROPHÈTES TRAHIS PAR LEURS APÔTRES

hela ouardi,mahomet,les derniers jours de muhammad               Une universitaire tunisienne, Mme Hela Ouardi, fait paraître un livre sur la fin de la vie de Mahomet : Les Derniers jours de Muhammad (Albin Michel, 2016). C’est une initiative qu’il faut saluer : la recherche historique sur les origines de l’islam demeure mince. On pourrait même dire que c’est un sujet sensible et risqué, qui expose celui qui s’y livre à des menaces et des actions vindicatives sur sa personne, y compris chez nous. Qui l’eût cru il y a encore trente ans : la liberté d’expression a reculé en France, et certains pans de l’activité intellectuelle ne peuvent être abordés sans une certaine intrépidité, tant les pressions hostiles sont vives, et l’intimidation permanente. C’est que les politiciens immigrationnistes ont installé sur notre sol une communauté étrangère de plusieurs millions de personnes, qui non seulement ne partagent pas nos conceptions, mais sont décidées à faire prévaloir les leurs à terme, afin d’étendre ici la civilisation à laquelle elles appartiennent, l’Oumma. D’où un terrorisme soit direct soit insidieux, qui vise à dissuader quiconque de remettre en question leurs dogmes. Aussi l’islamologie est-elle devenue un terrain miné : aux talents ordinaires de l’historien, il faut y joindre les vertus du casse-cou. Si vous critiquez l’islam, vous risquez la mort. Si vous prétendez démontrer que ses fondements historiques sont fallacieux, vous ne risquez pas moins.
            L’Indo-Pakistanais qui a écrit Pourquoi je ne suis pas musulman (et d’autres livres non traduits en français) a dû prendre le pseudonyme d’Ibn Warraq, quoiqu’il vive aux États-Unis. En Europe même, un philologue allemand qui propose une nouvelle interprétation du Coran [1] a dû lui aussi prendre un pseudonyme, Christoph Luxenberg, afin de continuer à vivre et travailler en sécurité. Le cas du romancier indo-britannique Salman Rushdie, sur qui pèse depuis 1989 un appel au meurtre, est mondialement connu. Mais moins celui du réalisateur néerlandais Theo Van Gogh, auteur d’un court-métrage sur la soumission des femmes dans l’islam, assassiné en pleine rue, à Amsterdam, en novembre 2004, par Mohammed Bouyeri, un immigré marocain qui a expliqué à son procès qu’il recommencerait s’il était libéré, car le devoir de tout bon musulman est de combattre les ennemis de l’islam [2]. Et pas du tout connu en France, le cas de Rashad Khalifa : ce biologiste né en Égypte en 1935, installé aux É.-U.A. depuis 1959, appartenait au courant coraniste (qui s’en tient au Coran et refuse les hadiths) et a prétendu renouveler la lecture du Coran et les dogmes de l’islam. Accusé d’hérésie, il fut assassiné à coups de couteau par un terroriste islamiste, le 31 janvier 1990.
                De façon bien plus anodine, un ami, qui s’était amusé il y a trois mois à déposer, sur un groupe public de Facebook, quelques commentaires rationalistes, critiquant moins l’islam que la croyance en Dieu, a reçu ce message privé de la part d’un jeune immigré habitant près de Saint-Denis :  

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              Respect de son prochain, élégance de l’écriture, dextérité argumentative, profondeur de la pensée : ce jeune homme fait honneur à son dieu ! Bel exemple de l’intégration d’un musulman dans la société française.

 

                Honneur, donc, à Mme Hela Ouardi, qui a eu le courage de se pencher sur l’ultime phase de la biographie de Mahomet avec les outils de la méthode historico-critique, ainsi qu’on le fait depuis plus de deux siècles pour Jésus. Comme par hasard, ses conclusions diffèrent nettement de la légende dorée qu'adoptent aveuglément les agenouillistes au croissant, qui sont encore bien plus bornés que les agenouillistes à la croix. Mahomet ne serait pas mort à Médine, mais à Gaza, et probablement assassiné. Sa biographie, et notamment la fin de celle-ci, a été entièrement réécrite par ses successeurs, afin d’asseoir leur légitimité. Tout-à-fait comme procéda Staline, faisant réécrire l’histoire de la révolution de 1917 et de Lénine (qu’il a peut-être bien assassiné lui aussi !), – selon le parallèle que je faisais il y a quelques jours. On se doute que la plupart des hadiths, ces faits et dits attribués à Mahomet par la tradition orale (il y en aurait plus de 700 000, dont  100 000 considérés comme authentiques !), valent peau de zébi. Au mieux ils ont été déformés, au pire ils ont été complètement inventés. De la même façon, les quatre évangiles canoniques sont farcis d’épisodes légendaires (à commencer par tout ce qui concerne l’enfance de Jésus) ou contradictoires (les apparitions du ressuscité ne coïncident pas du tout), et l’Église y a encore ajouté une mythologie complètement ignorée du Nouveau testament (la virginité de Marie, l’Assomption, la Trinité…). Pour Mahomet comme pour Jésus, il y a loin entre le personnage historique et l’idole adorée par les croyants.
                En lisant l’interviou que Mme Ouardi a accordée au Point, publiée hier, je suis justement frappé par deux petits passages, qui permettent de dresser un parallèle saisissant entre Mahomet et Jésus.

                Comme on lui fait remarquer que les sources sur Mahomet sont des sources religieuses, charles guignebert,jésusdont la visée apologétique est flagrante, elle répond : « Ces sources, malgré leur manque de fiabilité historique, demeurent incontournables. Si on les ignore, l'histoire de la naissance de l'islam se résumerait à deux phrases. Donc, il faut [les] lire, mais comme des documents et non comme des monuments ». C’est exactement ce qu’on peut dire de Jésus ! Les sources qu’on a sur lui sont presque exclusivement des sources chrétiennes ! Leur fiabilité historique est des plus faibles, car les rédacteurs du Nouveau Testament et les Pères de l’Église ne sont pas des témoins honnêtes et intelligents, comme Thucydide face à la guerre du Péloponnèse ou Ammien Marcellin à l’égard de Julien ; et ce sont encore moins des esprits lucides et critiques, comme Polybe analysant l’ascension de Rome ou Arrien de Nicomédie racontant la vie d’Alexandre. Et si l’on écarte ces sources chrétiennes, tout entières vouées à diviniser leur idole, il ne reste à peu près rien, si bien qu’on ne sait pas grand-chose de Yéchoua bar-Yossef, comme l’a établi Charles Guignebert dans son magistral Jésus qui, pour dater de 1933, reste bien préférable à tant de pseudo-biographies bigotes parues depuis.               

               Le second passage de l’interviou de Mme Ouardi est encore plus saisissant. C’en est la toute fin. Un peu plus haut, elle avait dit qu’on n’avait pas voulu admettre la mort de Mahomet et qu’on pensait qu’il allait ressusciter, car il promettait la fin du monde. Aussi son intervioutrice, Catherine Golliau, lui dit-elle : « Si Mahomet attendait la fin des temps, il ne voulait pas créer de religion. Le vrai fondateur de l'islam n'est-il pas plutôt Abu Bakr ? ». Et Hela Ouardi répond : « Effectivement, ses successeurs, et au premier chef Abu Bakr, ont donné un avenir à la religion de la fin des temps. Mieux, en conquérant le Proche-Orient, ils ont donné à la religion de l'arabité, une carrière universelle ».
           Par-delà leurs multiples et profondes différences, c’est saisir la similitude confondante de l’élan initial du christianisme et de l’islam. Dans les deux cas :

          a) On a un illuminé du désert, un type à la fois simple et malin, très ancré dans son milieu d’origine, qui a reçu un coup de bambou mystique, qui s’est persuadé que la fin du monde était imminente, et qui s’est mis à prêcher un message un peu original pour exhorter ses compatriotes à faire urgemment leur salut avant que le Jugement de Dieu ne mette fin à l’histoire humaine.

        b) Doté d’un certain charisme, sachant communiquer sa fièvre mystique et son attente eschatologique, le gus suscite autour de lui des attachements passionnés à sa personne. Sa prédication originale rencontre à la fois des hostilités farouches et des adhésions inconditionnelles. Mais l’idée de fonder une religion nouvelle (ou de composer un Texte saint) ne l’a pas effleuré, non seulement parce qu’il se voyait le restaurateur de la vraie religion corrompue autour de lui, mais surtout parce que c’eût été absurde, la fin des temps devant survenir du vivant de ceux qu’il essayait de sauver.

             c) Sa mort a été dabord un choc incompréhensible pour ses disciples. Cependant plusieurs d’entre eux étaient tellement fadas qu’ils ont trouvé le moyen d’accomplir une pirouette théologique pour retomber sur leurs pieds. Et certains avaient l’esprit pratique et la détermination de faire un maximum de nouveaux adeptes, par la parole (Paul de Tarse) ou par la guerre (Abou Bakr et Omar).

               d) Les tout premiers disciples ont été recrutés dans la famille et le clan du prophète. Ensuite, pour les premières générations, la succession du prophète est un "califat", c'est-à-dire que la transmission dynastique de la légitimité, spontanément perçue comme la plus naturelle, ne le cède que difficilement à la transmission apostolique. Ainsi que le reconnaissent les historiens, le successeur de Jésus est son frère Jacques le Juste, et non pas Pierre ; ensuite, c'est son cousin Siméon qui devient le chef de la communauté de Jérusalem, et les héritiers du sang de Jésus gardent un grand prestige pendant un siècle. Dans l'islam, le gendre de Mahomet, Ali, a des partisans si déterminés que le conflit tourne à la guerre interne et entraîne la fracture entre sunnites et chiites. Aujourdhui encore, la dynastie des Alaouites et celle des Hachémites se prétendent de la descendance de Mahomet.

            e) Au bout de quelques générations qui ont vu une croissance formidable du nouveau culte, offerte par le hasard, la conjoncture et l’habileté des prosélytes, l’attente imminente de la fin du monde a été relativisée et plus ou moins effacée (quoique périodiquement réactivée par des surgissements sectaires faisant revivre la fiévreuse attente initiale, mais vite rejetés dans l’hérésie, pourchassés et si possible éradiqués). Alors que le prophète fondateur gardait un horizon limité, ne s’adressant qu’à Israël ou qu’au Hedjaz, la nouvelle religion a désormais une portée universelle. Elle s’organise et se pérennise, ce qui implique une subversion fondamentale du message du prophète : l’accent est mis sur la morale pratique, la vie quotidienne, la famille, l’ordre social, la perpétuation de l’État, alors qu’au départ il s’agissait de renoncer à tout pour se donner à Dieu.

             Ce processus n’est pas propre au christianisme ni à l’islam. Plusieurs autres religions ont connu la même évolution : un départ fortement eschatologique, une expansion, puis une institutionnalisation imprévue, indispensable pour faire durer la secte qui, à son plus grand étonnement, se trouve confrontée à la nécessité de s’implanter dans le siècle, alors que ses premiers apôtres étaient convaincus de voir de leur vivant la fin du monde. Par exemple les mormons, les adventistes du septième jour, les témoins de Jéhovah… ou, d’une certaine manière, les marxistes, puisque le vieux Karl, prophète lui aussi, avait annoncé l’auto-destruction du capitalisme sous le poids de ses contradictions.
 

                La religion est une maladie de l’esprit, et le récit mythique sur lequel elle s’appuie est toujours une imposture. Voltaire l’a répété à longueur de pages… hela ouardi,mahomet,les derniers jours de muhammad,ibn warraq,christoph luxenberg,rémi brague,theo van gogh,ian buruma,mohammed bouyeri,rashad khalifa,coranisme,coran,hadiths,charles guignebert,jésus,catherine golliau,voltaire,examen important de milord bolingbroke,le dîner du comte de boulainvilliers,frédéric ii,comte d'argental,intolérance,terrorisme,évangiles,bible,karl marx,eschatologie,fin du monde,apôtres,omar,abu bakr,paul de tarse,mormons,témoins de jéhovah,adventistes du 7ème jour,intimidation,sectarisme,liberté de pensée,méthode historico-critique,mythologie,islamologie, recherche historique,apocalypsePlutôt que des auteurs spiritualistes qui nous enfument avec leurs rêveries métaphysiques et leurs délires sur la dimension divine de l'homme, on gagne beaucoup à relire cet esprit clair qui avait compris l’essentiel, et que seuls des gros cons peuvent tenir pour un gros con [3]. Lire ou relire Voltaire est toujours un réjouissant préservatif contre les égarements de l’esprit, par exemple le Dictionnaire philosophique, bien sûr, mais aussi des petits écrits moins connus comme l’Examen important de Milord Bolingbroke ou Le Dîner du comte de Boulainvilliers. Et bien sûr tout ce qu’il a semé un peu partout, notamment dans sa correspondance. Ainsi : « On pourrait faire des volumes sur ce sujet [=la facilité avec laquelle les hommes divinisent les héros] ; mais tous ces volumes se réduisent à deux mots : c’est que le gros du genre humain a été et sera très longtemps insensé et imbécile ; et que peut-être les plus insensés de tous ont été ceux qui ont voulu trouver un sens à ces fables absurdes, et mettre de la raison dans la folie. » [4] Ou bien : « Tant qu’il y aura des fripons et des imbéciles, il y aura des religions. » [5]  Ou encore : « Un enthousiaste fanatique et fripon fait seul plus de mal que tous les sages ne peuvent faire de bien : voilà le grand malheur. Les fous courent les rues et crient, les sages ferment leurs portes, soupent tranquillement avec leurs amis, et laissent crier les fous. » [6]

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[1] Elle est ici résumée par Rémi Brague : http://www.revue-texto.net/Parutions/CR/Brague_CR.html. Ce compte-rendu important et éclairant nous montre que les travaux de Luxenberg ruinent totalement la mythologie de Mahomet et du Coran (Luxenberg n'est pas un commencement absolu : avant lui, les travaux de John Wansbrough, Patricia Crone et quelques autres allaient déjà dans la même direction) : - le Coran n'est pas (évidemment) un livre composé tel quel par Mahomet, c'est un travail collectif qui s'est étalé sur près d'un siècle ; - les textes du Coran et beaucoup de hadiths ont la même source, et la distinction entre les deux (donc l'attribution des premiers à Dieu) s'est faite au petit bonheur ; - beaucoup d'épisodes de la vie de Mahomet ont été inventés après coup, afin d'expliquer les obscurités du Coran ; - la langue du Coran est un mélange d'arabe et de syriaque ; - les houris, ces fameuses vierges du paradis, sont en fait des raisins blancs ; - le Coran ne se présente pas comme une révélation, ce n'est pas une nouvelle Écriture devant se substituer à la Bible : c'est un lectionnaire, c'est-à-dire une anthologie de passages tirés des livres saints préexistants, un livre liturgique, un missel pour les arabes ; - certaines sourates sont antérieures à Mahomet ; - Mahomet (qui ne s'appellerait pas ainsi : cet adjectif aurait fait disparaître son vrai nom) ne serait pas originaire du Hedjaz, mais plutôt du nord de l'Arabie ; -  le milieu d'origine du Coran serait une communauté judéo-chrétienne, les ébionites, appelés aussi maintenant les judéo-nazaréens. L'islam de Mahomet ne serait donc non pas une religion nouvelle, mais une lointaine dissidence judéo-chrétienne. BADABOUM !!!

[2] Lire à ce sujet : Ian Buruma, On a tué Theo Van Gogh. Enquête sur la fin de l’Europe des Lumières, Flammarion, 2006.

[3] Je n’invente rien, hélas. J’ai récemment recueilli ce jugement, sous cette forme grossière, de la part d’un thésard en philosophie, qui s’incline devant l’argument d’autorité (tenant pour une raison en faveur de la religion « la liste des grands esprits » qui y ont cru) et balaye avec mépris les arguments rationalistes (se désolant qu’on puisse « répéter les mêmes niaiseries que ce gros con de Voltaire qui n'avait que son style pour se sauver du ridicule »).

[4] Voltaire, Essai sur les mœurs, introduction, fin de la section V ; classiques Garnier, tome I, 1990, p. 18.

[5] « Un prince courageux et sage, avec de l’argent, des troupes, des lois, peut très bien gouverner les hommes sans le secours de la religion, qui n’est faite que pour les tromper ; mais le sot peuple s’en fera bientôt une, et tant qu’il y aura des fripons et des imbéciles, il y aura des religions. La nôtre est sans contredit la plus ridicule, la plus absurde, et la plus sanguinaire qui ait jamais infecté le monde. / Votre Majesté rendra un service éternel au genre humain en détruisant cette infâme superstition, je ne dis pas chez la canaille, qui n’est pas digne d’être éclairée et à laquelle tous les jougs sont propres ; je dis chez les honnêtes gens, chez les hommes qui pensent, chez ceux qui veulent penser. […] C’est à vous de donner du pain blanc aux enfants de la maison, et de laisser le pain noir aux chiens. »  (Voltaire, Lettre n°9822 à Frédéric II, 5 janvier 1767 ; Pléiade Correspondance tome VIII, 1983, p. 819).

[6] Réflexion qui conclut une page remarquable : « C’est une belle chose que l’immortalité de l’âme. J’aime assez le capitaine suisse qui, avant une bataille, faisait ses prières derrière un buisson, et qui disait : "Mon Dieu, s’il y en a un, ayez pitié de mon âme, si j’en ai une." / Les hommes prononcent toujours des mots sans les entendre. Tout ce que nous savons, c’est que nous voyons avec nos yeux, que nous digérons avec notre estomac, que nous pensons par notre tête, et que nous sentons par tout notre corps. Mais il n’y a point d’être particulier qui s’appelle la vue, point d’être qui s’appelle la digestion, point d’être qui s’appelle la sensation, point d’être qui s’appelle âme. […] / Toutefois il est fort bon de faire accroire aux hommes qu’ils ont une âme immortelle, et qu’il y a un Dieu vengeur qui punira mes paysans s’ils me volent mon blé et mon vin, qui fera rouer là-bas ou là-haut les juges des Calas, et brûler ceux d’Abbeville. Le grand point est d’empêcher les prêtres d’abuser de cette doctrine pour nous tyranniser en s’engraissant de notre substance. Tous les honnêtes gens doivent s’entendre et se liguer ensemble pour que la religion fasse le moins de mal qu’il est possible. Il est bien honteux pour un état policé qu’on ait contenu les officiers sans pouvoir jamais contenir les prêtres. Le temps approche où on les mettra dans l’impossibilité de nuire ; alors la vie sera un peu tolérable. / […] Les livres philosophiques sont actuellement sans nombre ; tout cela fait du bien sans doute ; mais un cordelier véhément qui prêche, qui confesse, et qui fait des enfants à ses dévotes, a plus de crédit sur le peuple que cent mille volumes bien écrits n’en ont sur les sots qui osent croire n’être pas peuple. / Un enthousiaste fanatique et fripon fait seul plus de mal que tous les sages ne peuvent faire de bien : voilà le grand malheur. Les fous courent les rues et crient, les sages ferment leurs portes, soupent tranquillement avec leurs amis, et laissent crier les fous. Je souhaiterais aux sages un peu plus de chaleur. » (Voltaire, Lettre n°11187 au comte d’Argental, 20 avril 1769 ; Pléiade Correspondance tome IX, 1985, p. 872-873).

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Commentaires

Je me demande quelles sont les justifications des barbarismes "interviou" et intervioutrice"

Écrit par : Courouve | 23.03.2016

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Curieuse question ! Je me demande quelles sont les justifications des anglicismes "interview" et "interviewer". Ainsi que, me semble-t-il, Marcel Aymé l'a fait avant moi, je francise "interview" en "interviou", comme on a fait "partenaire" de "partner", "paquebot" de "packet-boat", "redingote" de "riding-coat", "cachemire" de "cashmere", "fioul" de "fuel", etc.
Pour dériver des mots d' "interviou", j'insère une consonne d'appui. Cette consonne d'appui est forcément un "t", comme pour "clouter", "filouter", "flouter". Il n'y a aucune raison que ce soit un "v", lequel ne sert jamais de consonne d'appui en français.
Le verbe est "interviouter". Le nom d'agent masculin est naturellement "interviouteur". Reste le féminin. "Intervioutrice" m'a paru plus élégant qu' "interviouteuse".

Écrit par : Le déclinologue | 24.03.2016

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