PAUL-JEAN TOULET : SES MEILLEURS APHORISMES (17.04.2017)
On lira une brève présentation de Paul-Jean Toulet (1867-1920) sur cette page connexe.
J’ai réparti les aphorismes de Toulet en neuf rubriques thématiques :
La vie Psychologie L’amour et les femmes L’amitié Morale Les sociétés Politique Religion Arts et littérature
. Un insecte devant moi fait plus de cent fois le tour d’une bobèche. Je le gêne, il change de sens et recommence à tourner, et s’imagine avancer beaucoup. (Paul-Jean Toulet, Journal et voyages, juin 1888, dans Œuvres complètes, Bouquins, p. 1028).
. Tandis qu’il bat pour nous un cœur encore, on se peut consoler de tous les autres, et du plus méprisable : le sien. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 278).
. Les prunes et les amis, il les faut goûter jusqu’au noyau, avant de savoir s’ils sont bons. Et alors il est trop tard. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 278).
. C’est à choisir : de connaître l’homme et de ne l’aimer pas ; ou de l’aimer sans le connaître. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 278).
. Il y a, de par le monde, tels vieillards loquaces et creux, dont le grand âge et le discours, orné de pompeuses fariboles, vous remettent irrésistiblement en mémoire ce temps lointain où les bêtes parlaient. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 279).
. L’insuccès nous vaut au moins d’être seuls ; et au pauvre de n’être plus – comme le roc et les genêts de la lande – labouré que par l’orage, ni baisé que par l’aurore. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 279).
. On voit l’homme montrer de l’ingratitude jusques envers les morts. Un explorateur entendit, dans l’île de Sumatra, quelques indigènes, qui, mangeant leur grand-père après l’avoir, selon l’usage, étranglé, disaient entre eux : « C’était un homme dur qui nous a toujours nourris de ses restes. » (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 281).
. La vie est comme une grappe dont on peut extraire encore, quand elle est mûre, les vins puissants du remords et de la nostalgie. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 282).
. De quoi demain sera-t-il fait ? demandait un gros poète. De quoi ? Mais comme hier, de chagrin, d’ennui, de mensonge. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 282).
. Beauté, génie, rang ou richesse, ces plaisantins de moralistes appellent tout celà fort méprisamment le hasard de la naissance. / C’est un beau hasard pour le charbon de naître diamant, et pour un homme – Bonaparte. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 284).
. Le succès fera autour de toi des hommes tes courtisans, et des femmes tes courtisanes. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 284).
. Il vient un âge où le bonheur semble se retirer de la vie, comme ces lacs qu’un été trop long rétrécit entre leurs rives. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 285). [1]
. De vieillir a ceci de bien que, tous les ans, on est quitte un peu plus d’aimer. À cause que, des gens qu’on aime, les uns meurent ; et les autres de moins en moins se soucient de harasser notre tendresse. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 287).
. Le temps passe. Ah, si on pouvait le regarder passer ! Mais, hélas, on passe avec lui. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 287).
. L’année finie, nous nous croyons quittes de douleur envers elle ; et quelque jalousie rétrospective nous y ramènera peut-être souffrir encore. (Paul-Jean Toulet, Monsieur du Paur homme public (1898), VII, 23 ; Bouquins, 1986, p. 266).
. Des sots autour d’un homme d’esprit ressemblent à des paysans qui viennent de déterrer une bombe. (Paul-Jean Toulet, Monsieur du Paur homme public (1898), VII, 42 ; Bouquins, 1986, p. 268).
. La mort n’est pas si cruelle à nous ravir ce qu’on aime ; non, pas si cruelle que l’oubli. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), I, 1 ; Bouquins, 1986, p. 161).
. Ces gens qui prétendent que ce qui les perdit, c’est d’être bons… Sans doute : mais à quoi ? (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), II, 146 ; Bouquins, 1986, p. 179).
. Franklin qui ne passe pas pour avoir inventé grand-chose, ni le paratonnerre, a écrit qu’un vice coûte plus cher que deux enfants. / Et une vertu, donc ! (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), II, 154 ; Bouquins, 1986, p. 180).
. Les circonstances font plus de la moitié du génie. Un maçon de village en figure de têtard, velu et jeté au hasard des batailles : ce qui sort de la fournaise, une espèce de lion au mufle étonnant, c'est Kléber. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), II, 174 ; Bouquins, 1986, p. 182).
. Il y a plus de princes qu’on ne pense ; et beaucoup d’états-civils qui ne sont qu’un incognito. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), II, 176 ; Bouquins, 1986, p. 183).
. Le sage doute s’il descend de l’homme ou du singe, et ses ancêtres à le voir, s’ils n’auraient pas leurs doutes aussi. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), II, 182 ; Bouquins, 1986, p. 183).
. D’être méchant, c’est se venger d’avance. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), II, 205 ; Bouquins, 1986, p. 185).
. D'être sans noyau, c'est un progrès pour la prune, mais du point-de-vue de ceux qui les mangent. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), II, 215 ; Bouquins, 1986, p. 186).
. Où est le risque d'en appeler à la postérité : on n'y est jugé que par contumace. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), III, 223 ; Bouquins, 1986, p. 192).
. Il est des folies plus désirables que Pénélope, des infortunes plus glorieuses que le succès. Il est des maux exquis qui font honte à la santé. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), III, 240 ; Bouquins, 1986, p. 193).
. C’est la pire lassitude, quand on ne veut plus vouloir. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), III, 246 ; Bouquins, 1986, p. 194).
. On fait crédit aux silencieux, comme jadis aux bâtards de naissance. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), III, 249 ; Bouquins, 1986, p. 194).
. Bienheureux les sots. Ils ne s'aperçoivent pas de leur solitude. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), III, 252 ; Bouquins, 1986, p. 195).
. Un malheur qui dure trop finit par lasser jusqu’à l’espérance, et rendre le courage inégal à l’occasion. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), III, 284 ; Bouquins, 1986, p. 200). [2]
. Tout ainsi que les Mikados d’autrefois, le bonheur est un prince irrésistible et caché à qui l’on fait sa cour sans le voir jamais face à face. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), III, 288 ; Bouquins, 1986, p. 200). [3]
. Peut-être qu’il est doux d’être mort. Il ne l’est pas assurément de mourir. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), III, 298 ; Bouquins, 1986, p. 201).
. Ô poète, tout passe, tout s’évanouit. Il n’y a que les morts qui durent. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), III, 302 ; Bouquins, 1986, p. 202). [4]
. Heureusement que M. X… a ses appointements pour se consoler de ses désappointements. (Paul-Jean Toulet, Journal et voyages, 20 octobre 1888, dans Œuvres complètes, Bouquins, p. 1032).
. Ce qu'il y a de meilleur à l'étranger ce sont les compatriotes qu'on y rencontre. (Paul-Jean Toulet, Journal et voyages, 20 octobre 1888, dans Œuvres complètes, Bouquins, p. 1032).
. On n’aperçoit jamais si bien la vanité des choses que perdues. (Paul-Jean Toulet, Journal et voyages, 23 mars 1889, dans Œuvres complètes, Bouquins, p. 1041).
. Ceux-là sont mal venus qui veulent guérir nos chagrins en les montrant disproportionnés à leur cause. Mais, souvent, si nous souffrons c’est que nous voulons souffrir, et si ce n’était pas ceci, nous inventerions autre chose. (Paul-Jean Toulet, Journal et voyages, 20 avril 1889, dans Œuvres complètes, Bouquins, p. 1043).
. Le moindre souffle d’ambition agite l’homme comme un marais, jusqu’à sa vase. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 279).
. Le temps qui endort le venin de l’amour rend celui de l’amour-propre plus âcre et plus corrosif. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 282).
. Le pardon n’est peut-être que la forme la plus raffinée de la vengeance. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 285).[5]
. Ne me parle pas de sagesse, ô Fô [6]. Elle n’est que dégoût de ce que nous ne pouvons avoir. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 285).
. Les diseurs de maximes, non plus que les marchands de « spécialités », ne se soignent à leurs propres remèdes. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 286).
. Quand tourne le vent on accuse les girouettes. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 286).
. Les meilleures plaisanteries sont les plus courtes, comme disait ce renard qui avait la queue coupée. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 287).
. Les hirondelles, a dit quelqu’un, pensent que l’Arc de Triomphe est là pour y suspendre leurs nids. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 287).
. Quand on a connu que la vie n’est que fumée, celle de son propre toit garde encore quelque douceur. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 288).
. Où donc mieux que sur les portes du ciel devrait-on écrire : Plus d’espérance ? Infortunés élus qui la laissent toute au purgatoire. (Paul-Jean Toulet, Monsieur du Paur homme public (1898), VII, i ; Bouquins, 1986, p. 263).[7]
. Certaines gens ne sont heureux qu’à faire du tapage et même comme des tambours, aux dépens de leur peau. (Paul-Jean Toulet, Monsieur du Paur homme public (1898), VII, 44 ; Bouquins, 1986, p. 268).
. Il y a des gens qui croient arrêter le temps en arrêtant les pendules. (Paul-Jean Toulet, Monsieur du Paur homme public (1898), VII, 50 ; Bouquins, 1986, p. 269).
. Un drame nous représente les malheurs des faibles : nous pleurons, que veut-on de plus ? et nous voilà quittes envers la souffrance humaine – « purgés », dit Aristote. (Paul-Jean Toulet, Monsieur du Paur homme public (1898), VII, 56 ; Bouquins, 1986, p. 269).
. Il y eut un pays charmant, naguère. C’est celui où l’on n’allait pas. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), I, 42 ; Bouquins, 1986, p. 167).
. On dirait que la douleur donne à certaines âmes une espèce de conscience. C'est comme aux huîtres le citron. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), I, 75 ; Bouquins, 1986, p. 170). [8]
. Il est moins doux d’assouvir son amour que de satisfaire sa vengeance. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), I, 92 ; Bouquins, 1986, p. 172).
. Ce pessimiste, en disant qu’il n’est pas de mariages délicieux [9], avait-il oublié celui des autres ? (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), I, 101 ; Bouquins, 1986, p. 173). [10]
. Les hommes nous pardonnent aussi malaisément d’avoir raison que si celà les mettait à chaque fois dans leur tort. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), II, 142 ; Bouquins, 1986, p. 179).
. On pardonne l’égoïste de s’aimer le mieux : mais le sot non pas, qui n’aime que soi. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), II, 164 ; Bouquins, 1986, p. 181).
. Les arrivistes sont des gens qui arrivent. Ils ne sont jamais arrivés. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), II, 165 ; Bouquins, 1986, p. 181).
. S’en prendre à sa mémoire, c’est façon de dire. Car elle n’induit les hommes qu’à l’erreur d’effacer leurs dettes ou de grossir leurs prétentions. En sauraient-ils inventer une meilleure ? (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), II, 187 ; Bouquins, 1986, p. 184). [11]
. Le mieux, c'est le bien d'autrui. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), II, 198 ; Bouquins, 1986, p. 185).
. Il faut à la douleur bien de la sincérité pour qu’elle ne soit pas flattée secrètement d’être en spectacle. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), III, 232 ; Bouquins, 1986, p. 193).
. Quelquefois on parle, on parle : c’est pour ne pas s’entendre penser. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), III, 261 ; Bouquins, 1986, p. 195).
. Cela aide moins qu’on ne croit au comédien de ne savoir pas son rôle pour le bien jouer. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), III, 267 ; Bouquins, 1986, p. 196).
. Les femmes m’amusent et ne m’intéressent pas, les hommes réciproquement. (Paul-Jean Toulet, Journal et voyages, 20 octobre 1888, dans Œuvres complètes, Bouquins, p. 1032).
. En amour comme en maladie les rechutes sont graves. (Paul-Jean Toulet, Journal et voyages, 8 janvier 1889, dans Œuvres complètes, Bouquins, p. 1038).
. Autant vaut montrer à un amoureux la vilenie de la femme aimée. Elle n’est qu’une occasion d’aimer, un mannequin que l’homme habille avec son âme, un portemanteau où il accroche son rêve. (Paul-Jean Toulet, Journal et voyages, 20 avril 1889, dans Œuvres complètes, Bouquins, p. 1043).
. Ah ! si les femmes au moins devenaient bonnes, quand elles cessent d’être belles. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 272).
. « Les femmes, […] il ne faut pas leur demander grand-chose. — Non. Il faut leur prendre. » (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 272).
. L’amour aussi s’en vient comme un voleur. Et, comme un voleur il s’échappe avec mes dépouilles. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 274).
. Aimer, celà s’enseigne ; et même celà s’apprend. Mais savoir comment l’une veut qu’on l’aime, – et l’autre ! (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 274).
. Quand on assiège une place, – brune ou blonde, – les portes n’en semblent jamais assez grandes ; mais, prise, on n’y voudrait que des chatières. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 274).
. Ce n’est pas naturellement que les femmes ont de la pudeur ; et l’on sent bien que cette vertu a été inventée par les hommes à l’usage de leurs vices. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 275). [12]
. L’amour et la scarlatine sont plus dangereux à proportion qu’on a vieilli. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 275).
. L’amour des femmes console parfois de leur amitié ; mais hélas, c’est par avance. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 275).
. Les femmes du Grand Siècle, rien que pour un seul homme, faisaient vingt enfants. Aujourdhui, pour un seul enfant, c’est vingt hommes qu’il faut qu’elles fassent. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 276).
. Les femmes habillent l’amour moderne au langage de l’ancien amour. Celà n’est point sans créer des malentendus. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 276).
. Les femmes vous ruent dans les jambes. Et puis elles disent : « Vous boitez ? » (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 276).
. Si ta montre ne te trompe que d’une minute, et ton amie que d’un amant – va, n’en marchande pas de meilleures. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 277).
. On souffre mieux, de ce qu’on chérit, la cruauté que l’indifférence. Et on lui pardonne même de nous rendre heureux. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 277).
. Il n’est si belle et si libre tendresse qui ne fasse parfois sonner un secret bruit de chaîne. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 277). [13]
. Le mal qui vient de ce qu’on chérit a plus de douceur que toutes les douceurs d’une main étrangère. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 277).
. C’est grande infortune, ici-bas, d’être enclin aux larmes, aux larmes des autres, et dans quelle affreuse nécessité on se trouve de faire souffrir son amie afin qu’elle pleure, pour voir briller un instant sur ses joues et s’évanouir cette rosée non pareille. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 288).
. La femme nous pardonne rarement d’être jaloux, jamais de ne l’être pas. (Paul-Jean Toulet, Monsieur du Paur homme public (1898), VII, 8 ; Bouquins, 1986, p. 265).[14]
. La preuve extrême d’amour envers une femme est de la tuer : elle préfère en général l’avant-dernière qui est de se tuer. (Paul-Jean Toulet, Monsieur du Paur homme public (1898), VII, 9 ; Bouquins, 1986, p. 265). [15]
. L’amour est comme ces hôtels meublés dont tout le luxe est au vestibule. (Paul-Jean Toulet, Monsieur du Paur homme public (1898), VII, 11 ; Bouquins, 1986, p. 265).
. Les femmes et les montres ne sont jamais à l’heure qu’on voudrait. (Paul-Jean Toulet, Monsieur du Paur homme public (1898), VII, 13 ; Bouquins, 1986, p. 265). [16]
. Deux amants qui ne se mentiraient en rien se fuiraient avant l’aurore. (Paul-Jean Toulet, Monsieur du Paur homme public (1898), VII, 15 ; Bouquins, 1986, p. 265).
. La jalousie est une preuve de cœur comme la goutte de jambes. (Paul-Jean Toulet, Monsieur du Paur homme public (1898), VII, 20 ; Bouquins, 1986, p. 266).
. L’exactitude de la femme désirée n’est pas un plaisir proportionné aux souffrances que cause son retard. (Paul-Jean Toulet, Monsieur du Paur homme public (1898), VII, 21 ; Bouquins, 1986, p. 266).
. Il y a des gens portent, montée en bague, une dent qui leur a été douloureuse : je voudrais pouvoir contempler du même œil telle femme dont j’ai souffert. (Paul-Jean Toulet, Monsieur du Paur homme public (1898), VII, 22 ; Bouquins, 1986, p. 266).
. Le mépris, dit-on, peut tuer l’amour. Mais ce n’est qu’à force, et comme les Troyens Ajax, à force de boue. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), I, 13 ; Bouquins, 1986, p. 162).
. Pour les femmes et les enfants, la liberté c’est de contredire. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), I, 28 ; Bouquins, 1986, p. 165).
. Les femmes le savent bien que les hommes ne sont pas si bêtes qu’on croit – qu’ils le sont davantage. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), I, 31 ; Bouquins, 1986, p. 165).
. Battre les femmes avec une fleur, eh, pourquoi faire ? Ça ne leur ferait pas du tout de mal. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), I, 45 ; Bouquins, 1986, p. 167).
. Une femme peut fort bien aimer deux hommes à la fois ; son amant par exemple, et son mari. On dirait que, toutes petites, elles ont appris à loucher du cœur. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), I, 46 ; Bouquins, 1986, p. 167).
. Amante ou ami, donne-leur un chien : tu ne seras trahi qu’à moitié. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), I, 64 ; Bouquins, 1986, p. 169).[17]
. Bien des femmes qui pensent aimer, peut-être n’est-ce point l’amour qu’elles aiment, autant que l’esclavage, et cette douceur de plier… (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), I, 66 ; Bouquins, 1986, p. 169).
. On a dit de la beauté que c’était une promesse de bonheur [18]. On n’a pas dit qu’elle fut tenue. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), I, 73 ; Bouquins, 1986, p. 170). [19]
. Quand les femmes seront enfin aussi savantes que des hommes – que des hommes savants – ô amour, vous ne serez plus le sel de la vie : vous en serez le chlorure de sodium. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), I, 90 ; Bouquins, 1986, p. 172).
. Prétendre que les personnes du sexe n’ont pas de génie, quelle injustice. Et Mme Lætitia [Bonaparte], pour ne citer qu’elle, en a eu – pendant neuf mois. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), I, 103 ; Bouquins, 1986, p. 173).
. « Oui, disait un vieux monsieur, elles méprisent qu’on les manque ; elles haïssent qu’on les ait. — Peuh, fit un adolescent. » (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), I, 108 ; Bouquins, 1986, p. 174).[20]
. La dignité vient aux femmes avec les enfants ; pour ne rien dire de celles qui les vendent. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), I, 109 ; Bouquins, 1986, p. 174).
. Peut-être vaut-il mieux, comme on prétend, ne point battre les femmes. C’est risquer qu’elles y contractent ensemble un goût et un dégoût qu’il est malaisé que l’on concilie, à la fois, et satisfasse. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), I, 117 ; Bouquins, 1986, p. 176).
. On souffre un peu, puis on se console, fût-ce d’une bonne action. La femme d’un ami, un jour aussi viendra qu’elle sera laide. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), I, 132 ; Bouquins, 1986, p. 177).
. Comme un adolescent sa sœur, l’amour après lui qui traîne l’amitié, c’est plus de rides que de sagesse. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), I, 135 ; Bouquins, 1986, p. 178). [21]
. […] ces yeux qui ont l’air de penser quelque chose et qui ne pensent même pas à rien. (Paul-Jean Toulet, Mon amie Nane (1905), XIII ; Bouquins, 1986, p. 506).
. Aux services qu’il croit nous rendre, le moins juif des amis exige 50 pour 100 de gratitude. (Paul-Jean Toulet, Monsieur du Paur homme public (1898), VII, 33 ; Bouquins, 1986, p. 267).
. Un ami qui fait une sottise, te reproche dabord de n’y être pas enthousiaste ; plus tard de ne l’avoir pas empêchée. (Paul-Jean Toulet, Monsieur du Paur homme public (1898), VII, 34 ; Bouquins, 1986, p. 267). [22]
. Une amitié acquise, c’est une servitude ; perdue, c’est un deuil. (Paul-Jean Toulet, Monsieur du Paur homme public (1898), VII, 37 ; Bouquins, 1986, p. 267). [23]
. Parmi beaucoup de bêtes dangereuses, la Providence a placé les amis autour de nous. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), II, 141 ; Bouquins, 1986, p. 179). [24]
. Quelquefois, à travers les yeux de ton ami, tu vois un inconnu qui te regarde. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), II, 144 ; Bouquins, 1986, p. 179).
. L’amitié d’un grand homme, c’est une montgolfière. Sublime, il t’étouffe ; – Ou bien tombe, et te casse les reins. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), II, 148 ; Bouquins, 1986, p. 180). [25]
. « Ah ! qu’un beau jour, songeait le roi, quelqu’un m’aimât pour moi-même, sans trahison, ni calcul, ni mensonge. » L’aumônier dit : « Prenez un chien. » (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), II, 149 ; Bouquins, 1986, p. 180).
. Les sages jettent leur vie au plaisir comme Tiepolo son argenterie à l’Adriatique : après avoir tendu des filets sous les fenêtres. (Paul-Jean Toulet, Journal et voyages, 20 avril 1889, dans Œuvres complètes, Bouquins, p. 1043).
. Quand on n’a pas le sou, ni équivalence, épouser une femme riche, c’est bassesse ; et pauvre, c’est folie. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 281).
. On pardonne à l’égoïste qui se préfère, mais non pas qui n’aime que soi. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 282).
. Grande pitié de se confier dans les femmes. Et dans les hommes, plus grande, peut-être, encore. Mais ce n’est que soi, après tout, qu’on y confie. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 282).
. Dans ta vie, il faut apprendre à compter ; mais non pas sur les autres. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 282).
. En volupté comme en morale nous pouvons nous contraindre à ne voir au bien et au mal que des objets de notre curiosité. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 285).
. Il faudrait considérer ses opinions comme des costumes, et en changer selon la saison, l’heure et le milieu. (Paul-Jean Toulet, Monsieur du Paur homme public (1898), VII, e ; Bouquins, 1986, p. 263).
. Apprends à te connaître : tu t’aimeras moins ; et à connaître les autres : tu ne les aimeras plus. (Paul-Jean Toulet, Monsieur du Paur homme public (1898), VII, 1 ; Bouquins, 1986, p. 264).
. Mieux vaut, – si tu hurles – avec les loups qu’avec les chiens. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), II, 180 ; Bouquins, 1986, p. 183).
. Il faut pousser sa volupté jusqu’à la douleur, pour être sûr de l’avoir goûtée tout entière. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), I, 79 ; Bouquins, 1986, p. 171).
. Pour pardonner les gens, il n’est que sage d’attendre à leur lit de mort, ou au sien. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), II, 193 ; Bouquins, 1986, p. 184).
. Quand on a raison, il faut raisonner comme un homme ; et comme une femme, quand on a tort. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), III, 230 ; Bouquins, 1986, p. 192).
. Ce n’est qu’en soi, et de soi-même déchiré, qu’on puise la sagesse : si tu as soif du savoir, bois ton sang. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), III, 273 ; Bouquins, 1986, p. 199).
. Les dictionnaires parlent d’un arbre qui s’appelle le muflier. Ce doit être une espèce très fructueuse. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 278).
. Avec un cheval, on faisait un chevalier. Mais avec un cheval-vapeur ? N’est-ce pas tomber dans l’industrie ? (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 279).
. Il y a bien des choses « à l’américaine », et le mariage, et le vol, et le homard. Mais le homard du moins qui est la moins dangereuse, on en est quitte après avoir vomi. [26] (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 284).
. Cette équivoque – de ne pas distinguer, dans l’hôte, l’hospitalité donnée de celle qu’on reçoit – c’est un des exemples les plus délicats de la courtoisie française. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 284).
. La France, « par le temps qui court », abonde en professeurs d’énergie. [27] Ce sont les élèves qui manquent un peu. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 284).
. On doute s’il faut trouver plus risible la rêverie de ceux qui nient le pouvoir de l’or – ou plus grossière l’assurance qu’il peut tout faire ; que rien ne se fait que pour lui. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 285).
. Ah ! si les antisémites nous délivraient de nos Juifs, quel débarras. Ou bien les Juifs de nos antisémites. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), II, 179 ; Bouquins, 1986, p. 183).
. Les Occidentaux de race fine goûtent profondément le rythme héréditaire. Ce n’est pas à un homme de la Californie d’écouter battre avec son sang les heures de Vendôme. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), II, 190 ; Bouquins, 1986, p. 184).
. Plus d’un grand homme, à peine mort, il n’en reste rien, ou qui pis est – leur veuve. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), II, 196 ; Bouquins, 1986, p. 185).
. Un jour à Sainte-Hélène, un triste jour dont nul soleil ne dévorait plus les brumes, quelqu’un fit cette remarque ingénieuse, qu’il n’y a pas de fumée sans feu. « Il y a, dit l’Empereur, la gloire. » (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), III, 244 ; Bouquins, 1986, p. 194).
. Les Français parlent de la France comme ce galant homme qui prétendait, par une espèce de pudeur, que ses perles étaient fausses. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), III, 248 ; Bouquins, 1986, p. 194).
. [À un politicien candidat à la députation :] Faites-nous grâce des imbéciles ; et, puisque le sort de la France est entre vos mains, rappelez-vous qu’elle a été rarement gouvernée par des hommes encombrés de conscience, et que ça l’a sauvée. Rappelez-vous qu’on se gare d’un domestique voleur, tandis qu’un sot enflamme les lampes à pétrole, laisse tomber des sous dans le potage et jette vos papiers d’affaires au feu. (Paul-Jean Toulet, Journal et voyages, 20 septembre 1889, dans Œuvres complètes, Bouquins, p. 1046).
. On a peine à trouver des raisons solides pour choisir entre deux régimes ; mais on pourrait peut-être trouver qu’ils sont chacun réciproquement le pire. (Paul-Jean Toulet, Journal et voyages, 23 septembre 1889, dans Œuvres complètes, Bouquins, p. 1047).
. On justifie une erreur par la majorité qui l’a établie : cent mille coups de bâtons valent donc mieux à recevoir qu’un seul. (Paul-Jean Toulet, Journal et voyages, 23 septembre 1889, dans Œuvres complètes, Bouquins, p. 1047).
. La démocratie ne régnera que le jour où mille culs-de-jatte persuaderont le reste des hommes de se couper les jambes. Car c'est au profit d'un petit nombre qu'elle tend, – d'un vilain petit nombre. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 284).
. Le sourire d’une jeune vérité ne mérite point tant d’égards que ces erreurs qu’ont respectées les siècles. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 287).
. Toute société se fonde sur l’inégalité et s’ébranle au moindre effort vers la justice. Mais la Providence a heureusement ordonné qu’une iniquité détruite est toujours remplacée par une autre – ou deux. (Paul-Jean Toulet, Monsieur du Paur homme public (1898), VII, 51 ; Bouquins, 1986, p. 269).
. Un organisme social a des raisons et des préjugés pour se défendre : ceux-ci augmentent à mesure que celles-là diminuent. (Paul-Jean Toulet, Monsieur du Paur homme public (1898), VII, 52 ; Bouquins, 1986, p. 269).
. Certains politiques vieillis se fixent enfin à une opinion, girouettes que l’hiver, en les rouillant, fait immobiles. (Paul-Jean Toulet, Monsieur du Paur homme public (1898), VII, 54 ; Bouquins, 1986, p. 269). [28]
. Ce qui anoblit le sang, c’est d’en répandre. Chevaliers ou robins : épée de soldat, glaive du bourreau. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), II, 211 ; Bouquins, 1986, p. 186).
. La bassesse du socialisme, c'est de poursuivre, non pas le plus grand bien, mais le moindre mal. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), III, 227 ; Bouquins, 1986, p. 192).
. On ne se lasse point à parler de ce Franklin, dont l’image se voit sur les pendules. Il admirait le soin que prenait la Providence pour envoyer aux baleines arctiques, par le Gulf-Stream, une certaine espèce de méduses, appelées orties-de-mer, dont elles sont friandes. Gageons que les orties-de-mer, si elles savaient, ne donneraient les marques, à la Providence, que d’une médiocre approbation. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 284).
. La peine de l’athée, disait un bon diable, c’est que Dieu ne le fait plus rire. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 286).
. C’est encore adorer ses Dieux que de leur jeter des pierres. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 288).
. On raconte que Dieu a créé l'homme à son image. Il nous a donné là une faible idée de ses charmes. Toutes fois que je rencontre N… qui est bas de ventre, court-jambé, avec une tête piriforme et des aubergines pour mains, j'ai envie de lui dire : Est-ce que vous n'avez pas honte de représenter la divinité de cette façon-là ? (Paul-Jean Toulet, Monsieur du Paur homme public (1898), VII, a ; Bouquins, 1986, p. 262).
. Dieu ne nous ôte jamais tout ; et, comme au Prophète, à défaut d’amis, il nous laisse le fumier. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), II, 158 ; Bouquins, 1986, p. 181).
. Peut-être que Dieu n’eût pas souffert le péché, s’Il ne faisait Ses délices de notre repentir. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), III, 296 ; Bouquins, 1986, p. 201).
. S’il est vrai que Dieu créa l’homme à Sa ressemblance, celà donne de Lui une image désobligeante. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), III, 294 ; Bouquins, 1986, p. 201).
. Flaubert avait-il raison de prêter à toutes les phrases, à tous les mots une égale importance ? Il les faut toutes du même métal, non de la même ciselure. (Paul-Jean Toulet, Notes de littérature, « Notes » ; Bouquins, 1986, p. 956).
. Aux nouveaux riches : Quand on vous reproche une faute de français, répondez que c’est un latinisme. (Paul-Jean Toulet, Notes de littérature, « Notes » ; Bouquins, 1986, p. 957).
. Si, plus souvent qu’au pays des Barbares, les poètes en France se font un jeu d’accoupler dans leurs vers l’amour à la mort, n’y cherchez pas quelque miracle de race ou de sensibilité, et tout celà n’est qu’affaire d’allitération. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 283).
. Se frapper le cœur, sans doute, c’est le secret du génie. [29] Mais s’il suffisait de faire souffrir les autres ? Ne leur pourrait-on pas arracher des cris aussi beaux que ceux que l’on jette soi-même dans la douleur, et que l’on noterait bien plus à son aise ? (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 283).
. Jamais ne restaurer aucune œuvre, soit ! Mais n’est-ce pas mettre Genséric à bien haut prix que de n’aimer pas mieux Girardon ? [30] (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 283).
. Il importe en peinture, que le portrait ressemble au modèle, mais non pas le modèle au portrait. (Paul-Jean Toulet, Le Carnet de Monsieur du Paur (1898) ; Bouquins, 1986, p. 283).
. Une théorie d’art aide à la critique, non à la création. (Paul-Jean Toulet, Monsieur du Paur homme public (1898), VII, 57 ; Bouquins, 1986, p. 269).
. Des compréhensions contradictoires s’interdisent mutuellement l’enthousiasme. (Paul-Jean Toulet, Monsieur du Paur homme public (1898), VII, 58 ; Bouquins, 1986, p. 269).
. On n’est pas tombé d’accord encore si le génie est la perfection de ce qui va mourir, ou la singularité de ce qui va naître. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), III, 243 ; Bouquins, 1986, p. 194).
. Le génie est moins rare aujourdhui qu’au temps de M. Ingres. Il y a mille peintres, et plus, qui jouent du violon. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), III, 259 ; Bouquins, 1986, p. 195).
. C’est le temps qui donne aux chefs-d'œuvre, comme aux grands vins, la lumière, la saveur, la gloire. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), III, 271 ; Bouquins, 1986, p. 199).
. Le génie seul est la mesure du génie. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), III, 272 ; Bouquins, 1986, p. 199). [31]
. Il n’est pas vrai que des poètes la valeur soit à proportion de leur sensibilité. La grimace y passe le sentiment, et le bonheur de la forme, tous les cris de la passion. (Paul-Jean Toulet, Les Trois impostures (1914), III, 277 ; Bouquins, 1986, p. 199).[32]
Lire aussi : Paul-Jean Toulet, moraliste méconnu
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[1] Maxime reprise dans Les Trois impostures (III, 285, p. 200) et gâchée par excès de raffinement : « Il vient un âge où la vie semble se retirer du bonheur, comme ces lacs que la longueur de l’été dévore entre leurs rives. » Drôle d’idée que d’avoir inversé « vie » et « bonheur ».
[2] Première version dans Le Carnet de Monsieur Du Paur (p. 280) : « La guigne, cette espèce de malheur trop continu, finit par lasser le courage, et l’espérance même, et par rendre enfin le cœur inégal à l’occasion. »
[3] Maxime déjà présente dans Le Carnet de Monsieur Du Paur (p. 288).
[4] Première version dans Le Carnet de Monsieur Du Paur (p. 283) : « Ô poète, tout passe ; tout s’évanouit. Il n’y a que les cadavres qui ne meurent point. »
[5] Maxime reprise et affaiblie dans Les Trois impostures, II, 216, p. 187 : « Le pardon n’est parfois qu’une figure de la vengeance. »
[6] Personnage récurrent de l’univers de Toulet. Il apparaît dans Ombres chinoises (1907), cycle de nouvelles intégré dans le recueil Comme une fantaisie (1920), et dans Les Contrerimes. Fô est un poète et l’amant de Doliah, l’épouse du mandarin Jan-Chicaille.
[7] Maxime reprise et modifiée dans Les Trois impostures (III, 289, p. 200) : « Une immobile félicité ne serait-ce pas la pire infortune ; et sur la porte du Ciel, sans doute, qu’il est écrit : Laissez toute espérance, ô bienheureux. »
[8] Première version dans Journaux et voyages, en juin 1888 (p. 1028) : « Il est des gens qui ont la susceptibilité de l’huître ; on ne les peut toucher sans qu’ils se contractent ». Deuxième version dans Monsieur du Paur homme public (VII, 43, p. 268) : « Il y a des gens qui ont la susceptibilité de l’huître : on ne peut y toucher sans qu’ils se contractent ».
[9] Il s’agit évidemment de La Rochefoucauld : « Il y a de bons mariages, mais il n’y en a point de délicieux » (maxime n° 113, Pochothèque, 2001, p. 138). Reboux et Muller ne se sont pas fait faute d’inverser la sentence : « Il y a de délicieux mariages, mais il n’y en a point de bons » (À la manière de…, tome I, Grasset, 1912, p. 256).
[10] Première version dans Le Carnet de Monsieur Du Paur (p. 275) : « Qui donc a écrit qu’il n’y a point de mariage délicieux ? Sûrement il ne songeait pas à celui des autres. »
[11] Première version dans Le Carnet de Monsieur Du Paur (p. 285) : « On parle beaucoup de mauvaise mémoire, mais c’est façon de dire. Car elle ne trompe les gens qu’à trahir leurs obligations, et enfler ce qu’ils prétendent. / Où en inventeraient-ils une meilleure ? »
[12] Maxime reprise dans Les Trois impostures, avec une variante qui met une touche de préciosité : « Ce n’est pas naturellement que les femmes ont de la pudeur, et l’on voit bien que cette vertu fut imaginée des hommes à l’usage de leurs vices. » (I, 63, p. 169).
[13] Maxime reprise dans Les Trois impostures (I, 62, p. 169) : « Il n’est si bel amour qui ne laisse parfois sonner une secrète chaîne. »
[14] Maxime reprise dans Les Trois impostures (I, 77, p. 171), mais gauchie par une minauderie de style : « La femme pardonne rarement qu’on soit jaloux ; ni jamais ne pardonne qu’on ne le soit pas. »
[15] Maxime reprise et affaiblie dans Les Trois impostures (I, 14, p. 163) : « Tuer une femme, c’est qu’on l’adore. Elle aime mieux d’être aimée, tout simplement ; et qu’on se tue. »
[16] Première version dans Journaux et voyages, à la date du 3 mars 1889 (p. 1041) : « Les femmes sont comme les montres, jamais à l’heure qu’on voudrait. »
[17] Première version dans Le Carnet de Monsieur Du Paur (p. 282) : « Heureux en ami comme en amante, si tu es aimé de ton chien : tu ne seras jamais trahi qu’à moitié. » Deuxième version dans Monsieur du Paur homme public (VII, g, p. 263) : « Heureux en amis et en maîtresses, si tu es aimé de leur chien : tu ne seras trahi qu’à moitié. »
[18] « La beauté n’est que la promesse du bonheur. Le bonheur d’un Grec était différent du bonheur d’un Français de 1822. » (Stendhal, De l’amour, chap. XVII, note 1 ; Folio n°1189, 1980, p. 59). Cette formule a été citée et commentée par Baudelaire, à la fin du chapitre I du Peintre de la vie moderne (Pléiade tome II, 1976, p. 686). Baudelaire avait déjà cité cette formule dans une « Pensée d’album » datée du 26 août 1851 et incluse dans sa Critique littéraire (ibid., p. 37).
[19] Première version dans Monsieur du Paur homme public (VII, 10, p. 265) : « On a dit que la beauté était une promesse de bonheur : en est-il de plus mal tenue s’il s’agit de beauté féminine ? »
[20] Première version dans Le Carnet de Monsieur Du Paur (p. 276) : « Combien n’y en a-t-il point qui détestent qu’on les ait, et méprisent qu’on les manque. »
[21] Première version dans Le Carnet de Monsieur Du Paur (p. 277) : « L’amour traîne après lui l’amitié, comme un bel adolescent qui tire par la main une sœur vieille et morose. »
[22] Première version dans Le Carnet de Monsieur Du Paur (p. 278) : « Un ami qui fait une folie te reproche dabord de n’en pas être aux anges ; et, plus tard, que tu l’aies permise. »
[23] Maxime déjà présente dans Le Carnet de Monsieur Du Paur (p. 278).
[24] Première version dans Monsieur du Paur homme public (VII, 32, p. 267) : « Parmi d’autres bêtes dangereuses la Providence a placé les amis autour de nous. »
[25] Première version dans Monsieur du Paur homme public (VII, 35, p. 267) : «Un ami est comme un ballon : s’il monte, il t’étouffe ; s’il tombe, il te meurtrit. »
[26] Que dirait Toulet, un siècle après, devant toutes les ordures, notamment alimentaires, dont l’Amérique nous inonde ! Le « vol à l’américaine » est un type d’escroquerie mobilisant deux compères dont l’un se fait passer pour un Américain revenu en Europe après s’être enrichi au Nouveau monde.
[27] En 1897, Maurice Barrès avait popularisé la formule « Napoléon, professeur d’énergie », dans le chapitre VIII des Déracinés.
[28] Première version dans Journaux et voyages, à la date du 23 septembre 1889 (p. 1047) : «Certains, en vieillissant, se fixent enfin à une opinion, girouettes que l’hiver a rouillées. »
[29] Musset : « Ah ! frappe-toi le cœur, c’est là qu’est le génie. » (Premières poésies, « À mon ami Édouard B. » ; Pléiade Poésies complètes, 1957, p. 128).
[30] Genséric (399-477), roi des Vandales, conquit Carthage en 439 et pilla Rome en 455. Le sculpteur François Girardon (1628-1715) est l’auteur d’une statue équestre de Louis XIV, érigée place Vendôme mais détruite à la Révolution. Il en subsiste un modèle réduit au Louvre.
[31] Première version dans Le Carnet de Monsieur Du Paur (p. 285) : « Le génie seul est la mesure du génie, et l’art pareil à ce creuset des alchimistes où l’on ne retrouve d’or que celui qu’on y a soi-même mis d’avance. »
[32] Première version dans Le Carnet de Monsieur Du Paur (p. 283) : « Il n’est pas vrai que les artistes soient inégaux, pour être plus ou moins sensibles. La grimace y importe plus que le sentiment ; et le bonheur de l’expression, que les infortunes du cœur. »
08:15 Écrit par Le déclinologue | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : paul-jean toulet, journal et voyages, monsieur du paur homme public, le carnet de monsieur du paur, les trois impostures, amour, femmes, amitié, stendhal, baudelaire, ombres chinoises, les contrerimes, comme une fantaisie, mon amie nane, la jeune fille verte, la rochefoucauld, professeur d'énergie, alfred de musset, citations, paradoxe, préciosité, cynisme, école fantaisiste | | | Facebook | | Imprimer | | Digg |
Commentaires
un philosophe....un vrai
Écrit par : Odot Gerard Jacques | 01.05.2018