MARCEL PAGNOL : SES MEILLEURES CITATIONS
05.11.2018
Voici les meilleurs aphorismes que j’ai trouvés dans l’œuvre de Marcel Pagnol (1895-1974) [1]. Celui-ci était initialement placé dans ma page collective des Dramaturges français XIXe-XXe siècles, mais comme le volume de ses citations devenait pléthorique par rapport aux autres, j’ai préféré l’en retirer pour lui consacrer une page spécifique (à l’instar de Dumas fils et de Sacha Guitry).
ROMANS
. Il n’y a que les petits garçons ou les petites filles pour croire l’amour éternel. Une séparation prolongée détruit n'importe quel amour. Mais un rapprochement et la satisfaction du désir amoureux est un remède bien agréable, et beaucoup plus rapide. / Un amour heureux dure six mois ; un amour malheureux peut durer six ans. (Marcel Pagnol, La Petite fille aux yeux sombres (1921), 7 ; Pocket n°2636, 1986, p. 89).
THÉÂTRE
. Berlureau : « La première qualité d'un héros, c'est d'être mort et enterré. Et enterré plutôt deux fois qu’une. » (Marcel Pagnol et Paul Nivoix : Les Marchands de gloire (1925), acte IV, scène 2 ; Pocket n°1297, 1977, p. 166).
. Bachelet : « Il est inutile de monter encore si c'est pour tomber de plus haut. » (Marcel Pagnol et Paul Nivoix : Les Marchands de gloire (1925), acte V, scène 3 ; Pocket n°1297, 1977, p. 199).
. Bachelet : « La guerre ne tue pas que des hommes. Elle supprime aussi des façons de vivre ou de penser… Elle change les règles du jeu. » (Marcel Pagnol et Paul Nivoix : Les Marchands de gloire (1925), acte V, scène 4 ; Pocket n°1297, 1977, p. 208).
. Henri : « J’ai été assez étonné en lisant les journaux. On dirait qu’ils sont écrits par des canailles pour tromper des imbéciles. » (Marcel Pagnol et Paul Nivoix : Les Marchands de gloire (1925), acte V, scène 4 ; Pocket n°1297, 1977, p. 209).
. Bachelet : « Le plus affreux de la médiocrité, c'est qu'on finit par l'accepter. » (Marcel Pagnol et Paul Nivoix : Les Marchands de gloire (1925), acte V, scène 4 ; Pocket n°1297, 1977, p. 210).
. Henri : « Mille francs, ce serait très bien pour une affaire normale. Mais puisque je vends mon âme au diable, j’ai besoin de deux-milles francs pour apaiser mes scrupules. » — Berlureau : « Ils sont un peu chers vos scrupules. » — Henri : « C’est qu’ils sont grands, et assez douloureux… Le scrupule […] est une maladie pénible […]. C’est aussi cruel qu’une sciatique. Par bonheur, il existe un très vieux remède, mais dont l’effet est immédiat : c’est le cataplasme d’oseille. » (Marcel Pagnol et Paul Nivoix : Les Marchands de gloire (1925), acte V, scène 5 ; Pocket n°1297, 1977, p. 213).
. Blaise : « L'amour, ce n'est pas une passion, c'est une maladie. » (Marcel Pagnol, Jazz (1926), acte I, scène 6 ; éd. Pastorelly, 1975, p. 97).
. Le doyen : « Ici-bas, tout ce que font, disent ou pensent les hommes dans la lumière des matins ou sous les pleurnicheries des étoiles, tout n'est que blague et fichaise, de haut en bas, de bas en haut, de long en large et vice-versa. » (Marcel Pagnol, Jazz (1926), acte III, scène 1 ; éd. Pastorelly, 1975, p. 152).
. Panicault : « Les coupables, il vaut mieux les choisir que les chercher. » (Marcel Pagnol, Topaze (1928), acte I, scène 5 ; Livre de poche n°294, 1975, p. 40).
. Topaze : « Je suis professeur. C'est-à-dire que, hors d'une classe, je ne suis bon à rien ». (Marcel Pagnol, Topaze (1928), acte II, scène 6 ; Livre de poche n°294, 1975, p. 168).
. Castel-Bénac : « Vous lui avez révélé les grandes nourritures, et maintenant, parbleu, il a l’intelligence et l’énergie d’un homme bien nourri. C’est exactement l’histoire du chimpanzé de ma mère. Quand elle l’a acheté il était maigre, il puait la misère, mais je n’ai jamais vu un singe aussi affectueux. On lui a donné des noix de coco, on l’a gavé de bananes, il est devenu fort comme un Turc, il a cassé la gueule à la bonne. Il a fallu appeler les pompiers… » (Marcel Pagnol, Topaze (1928), acte IV, scène 1 ; Livre de poche n°294, 1975, p. 281).
. Topaze : « Ah ! l’argent… Tu n’en connais pas la valeur… Mais ouvre les yeux, regarde la vie, regarde tes contemporains… L’argent peut tout, il permet tout, il donne tout… Si je veux une maison moderne, une fausse dent invisible, la permission de faire gras le vendredi, mon éloge dans les journaux ou une femme dans mon lit, l’obtiendrai-je par des prières, le dévouement, ou la vertu ? Il ne faut qu’entrouvrir ce coffre et dire un petit mot : "Combien ?" Regarde ces billets de banque, ils peuvent tenir dans ma poche, mais ils prendront la forme et la couleur de mon désir. Confort, beauté, santé, amour, honneurs, puissance, je tiens tout celà dans ma main… Tu t'effares, mon pauvre Tamise, mais je vais te dire un secret : malgré les rêveurs, malgré les poètes et peut-être malgré mon cœur, j'ai appris la grande leçon : Tamise, les hommes ne sont pas bons. C'est la force qui gouverne le monde, et ces petits rectangles de papier bruissant, voilà la forme moderne de la force. » (Marcel Pagnol, Topaze (1928), acte IV, scène 4 ; Livre de poche n°294, 1975, p. 309-310).
. Tamise : « Je n’ai pas les moyens de me payer beaucoup de plaisirs matériels mais ce sont les plus bas. » — Topaze : « Encore une blague bien consolante ! Les riches sont bien généreux avec les intellectuels : ils nous laissent les joies de l’étude, l’honneur du travail, la sainte volupté du devoir accompli ; ils ne gardent pour eux que les plaisirs de second ordre, tels que caviar, salmis de perdrix, Rolls-Royce, champagne et chauffage central au sein de la dangereuse oisiveté ! » (Marcel Pagnol, Topaze (1928), acte IV, scène 4 ; Livre de poche n°294, 1975, p. 311).
. Topaze : « Pour gagner de l’argent, il faut bien le prendre à quelqu’un. » (Marcel Pagnol, Topaze (1928), acte IV, scène 4 ; Livre de poche n°294, 1975, p. 314).
. Pilate : « Une goutte de philosophie est un poison pour un ignorant. » (Marcel Pagnol, Judas (1955), acte III, scène 9 ; éd. Pastorelly, 1975, p. 162).
TRILOGIE MARSEILLAISE [2]
. César : « Si on ne peut plus tricher avec ses amis, ce n'est plus la peine de jouer aux cartes. » (Marcel Pagnol, Marius (1929), acte III, scène 2 ; éd. Pastorelly, 1973, p. 198).
. Fanny : « Quand on aime quelqu'un, c'est effrayant comme on pense peu aux autres… » (Marcel Pagnol, Marius (1929), acte III, tableau 2, scène 1 ; Livre de poche n°22, 1972, p. 217). [3]
. Panisse : « Quand on est si jeune, le sang marche vite. On peut venir se promener sur les blocs et puis, sans y penser, faire une bêtise et passer le reste de sa vie à le regretter. » (Marcel Pagnol, Marius (1929), acte III, tableau 2, scène 4 ; Livre de poche n°22, 1972, p. 227).
. César : « L’honneur, c’est comme les allumettes : ça ne sert qu’une fois. » (Marcel Pagnol, Marius (1929), acte IV, scène 4 ; éd. Pastorelly, 1973, p. 237).
. Panisse : « Tout ce qu’on fait de bon cœur, c’est toujours une fausse manœuvre. » (Marcel Pagnol, Marius (1929), acte IV, scène 10 ; Livre de poche n°22, 1972, p. 296).
. Fanny : « L’amour n’est pas tout dans la vie. Il y a des choses plus fortes que lui… […] L’argent, la mer… » — Marius : « Chacun s’en va vers ce qu’il aime. » (Marcel Pagnol, Marius (1929), acte IV, scène 6 ; éd. Pastorelly, 1973, p. 253).
. M. Brun : « Allez, on ne meurt pas d'amour, Norine. Quelquefois, on meurt de l'amour de l'autre, quand il achète un révolver – mais quand on ne voit pas les gens, on les oublie… » — Honorine : « On ne les oublie pas toujours, Monsieur Brun. J’en ai connu au moins deux qui sont mortes d’amour. Par pudeur, pardi, elles ont fait semblant de mourir de maladie, mais c’était d’amour ! » (Marcel Pagnol, Fanny (1931), acte I, tableau 1, scène 3 ; éd. Pastorelly, 1970, p. 49).
. Escartefigue : « Au fond, voyez-vous, le chagrin, c’est comme le ver solitaire : le tout, c’est de le faire sortir. » (Marcel Pagnol, Fanny (1931), acte I, tableau 1, scène 8 ; éd. Pastorelly, 1970, p. 56).
. M. Brun : « Ce qui était vrai pour vous, n’est pas vrai pour lui ? » — César : « Non. » — M. Brun : « Et pourquoi ? » — César : « Pour moi, j’ai toujours raisonné différemment, parce que moi, je n’étais pas mon fils. » (Marcel Pagnol, Fanny (1931), acte I, tableau 1, scène 9 ; éd. Pastorelly, 1970, p. 70).
. César : « Qu’il navigue où il voudra, mais pas sur l’eau ! […] Est-ce qu’on a besoin de naviguer pour vivre ? Est-ce que M. Panisse navigue ? Non, pas si bête ! Il fait les voiles, lui ! Il fait les voiles, pour que le vent emporte les enfants des autres ! » (Marcel Pagnol, Fanny (1931), acte I, tableau 1, scène 9 ; éd. Pastorelly, 1970, p. 70-71).
. Panisse : « Et puis, il faut un peu risquer dans la vie, quand on veut avoir quelque chose… » (Marcel Pagnol, Fanny (1931), acte I, tableau 2, scène 4 ; éd. Pastorelly, 1970, p. 112).
. Claudine : « Tant que personne ne le sait, il n’y a pas de déshonneur ! Si on criait sur la place publique les fautes de tout-le-monde, on ne pourrait plus fréquenter personne ! » (Marcel Pagnol, Fanny (1931), acte I, tableau 2, scène 6 ; éd. Pastorelly, 1970, p. 126).
. Honorine : « Quand on n'a pas d'enfants, on est jaloux de ceux qui en ont, et quand on en a, ils vous font devenir chèvre ! » (Marcel Pagnol, Fanny (1931), acte I, tableau 2, scène 7 ; éd. Pastorelly, 1970, p. 133).
. Marius : « Les folies, tu sais, c'est toujours pareil, dès qu'on a ce qu'on voulait, on se demande un peu pourquoi on l'a voulu ! » [4] (Marcel Pagnol, Fanny (1931), acte III, scène 2 ; éd. Pastorelly, 1970, p. 202).
. Panisse : « Quand une bonne action vous rapporte le gros lot, elle n’est peut-être pas si bonne que ça. » (Marcel Pagnol, Fanny (1931), acte III, scène 6 ; éd. Pastorelly, 1970, p. 221). [5]
. Panisse : « La mort, c'est tellement obligatoire que c'est presque une formalité. » (Marcel Pagnol, César (1936), Livre de Poche n°161, 1971, p. 21). [6]
. Panisse : « S’il faut toujours dire la vérité à la clientèle, il n’y a plus de commerce possible. » (Marcel Pagnol, César (1936) ; éd. Pastorelly, 1970, p. 40).
. César : « Si les péchés faisaient souffrir quand on les fait, nous serions tous des saints. » (Marcel Pagnol, César (1936) ; éd. Pastorelly, 1970, p. 42).
. César : « Moi, j’aime mieux une laide vie qu’une belle mort… Parce que la mort, on ne sait pas où ça va. » (Marcel Pagnol, César (1936) ; éd. Pastorelly, 1970, p. 50).
. César : « Moi, il y a une idée qui me tracasse : le Bon Dieu d’Elzéar [=leur curé], – le nôtre, enfin – si ça n’était pas le vrai ? […] Je connais des musulmans, des hindous, des Chinois, des nègres. Leur Bon Dieu, ce n’est pas le même, et ils ne font pas comme nous !… Nous, nous avons des péchés que chez eux c’est une bonne action, et vice-versa… Peut-être qu’ils ont tort, remarquez bien… Seulement, ils sont des millions de milliasses… S’ils avaient raison […] ? » — M. Brun : « Il est certain que la question peut se poser. » — César : « Le pauvre Honoré est tout préparé, bien au goût du Bon Dieu d’Elzéar. Et si, en arrivant au coin d’un nuage, il se trouve en face d’un Bon Dieu à qui on ne l’a jamais présenté ? Un Bon Dieu noir, ou jaune, ou rouge ? Ou un de ces Bons Dieux habillés en guignol, comme on en voit chez l’antiquaire, ou celui qui a le gros ventre ? Ou bien celui qui a autant de bras qu’une esquinade ? Le pauvre Panisse, qu’est-ce qu’il va lui dire ? En quelle langue ? Avec quels gestes ? Tu te vois, toi, déjà fatigué par ta mort, et tout vertigineux de ton voyage, en train de t’expliquer avec un Dieu qui ne te comprend pas ? […] Oui, évidemment, le bon, c’est le nôtre… Mais alors, sur toute la terre, il y a beaucoup de gens qui sont couillonnés. » (Marcel Pagnol, César (1936) ; éd. Pastorelly, 1970, p. 51).
. Césariot : « Qu'est-ce que je vais penser des femmes, maintenant que je sais que ma mère peut mentir !… » (Marcel Pagnol, César (1936) ; éd. Pastorelly, 1970, p. 85).
. César : « L’instruction t’a peut-être embelli le cerveau, mais elle t’a gâté le cœur. » (Marcel Pagnol, César (1936) ; éd. Pastorelly, 1970, p. 94). [7]
. César : « Je ne peux pas vous le dire à tous à la fois, et si vite que ça. Parce qu’un secret, ce n’est pas quelque chose qui ne se raconte pas. Mais c’est une chose qu’on se raconte à voix basse, et séparément. » (Marcel Pagnol, César (1936) ; éd. Pastorelly, 1970, p. 101).
. M. Brun : « Parce que ça vous plait, vous exigez que ce soit vrai. » (Marcel Pagnol, César (1936) ; éd. Pastorelly, 1970, p. 102).
. La bonne : « Vous êtes menteur ? » — Le chauffeur : « Oh là là ! comme un journal ! » (Marcel Pagnol, César (1936), Livre de Poche n°161, 1971, p. 187).
. Marius : « On ne peut pas aimer quelque chose qu’on ne connaît pas. » (Marcel Pagnol, César (1936) ; éd. Pastorelly, 1970, p. 132).
. Marius : « Aujourdhui, aimer et payer, c’est la même chose… » (Marcel Pagnol, César (1936) ; éd. Pastorelly, 1970, p. 132).
. Henri : « Mais pourquoi on ferait tout ça ? » — Fernand : « Pour la plus grande, pour la plus forte raison du monde ! pour s’amuser. Si tu en connais une meilleure, tu peux la dire… » (Marcel Pagnol, César (1936), Livre de Poche n°161, 1971, p. 218).
. Fanny : « Il n’y a rien de plus égoïste qu’un enfant. » (Marcel Pagnol, César (1936), Livre de Poche n°161, 1971, p. 247).
. Césariot : « Il ne suffit pas de dire : "Ce n’est pas vrai" pour supprimer les vérités gênantes. » (Marcel Pagnol, César (1936), Livre de Poche n°161, 1971, p. 249-250).
. Césariot : « Aujourdhui, je comprends […] que tu es une femme. Un être faible. Capable de perdre la tête… Et que malgré tes airs de créature forte et raisonnable, tu as une sentimentalité violente et naïve, – une sentimentalité refoulée qui t’expose à commettre les pires bêtises et qu’il faut qu’aujourdhui, dans cette maison, je remplace… » (Marcel Pagnol, César (1936), Livre de Poche n°161, 1971, p. 251).
. M. Brun : « Le seul fait d’assister à ce jeu grotesque nous rend complices de ce vaurien. » (Marcel Pagnol, César (1936) ; éd. Pastorelly, 1970, p. 160).
. Marius : « Quand on a peur de quelqu'un, on croit facilement le mal qu'on dit de lui. » (Marcel Pagnol, César (1936) ; éd. Pastorelly, 1970, p. 174).
. M. Brun : « En somme, rien n’a changé. Et les petits enfants qui nous considèrent comme des vieux, c’est parce qu’ils n’y connaissent rien du tout. » (Marcel Pagnol, César (1936) ; éd. Pastorelly, 1970, p. 179).
. Escartefigue : « Depuis soixante-cinq ans que tu es au monde, tu dois bien savoir ce que tu es… » — M. Brun : « Ça, ce n’est pas prouvé. » — César : « On ne sait pas toujours ce qu’on est. » (Marcel Pagnol, César (1936) ; éd. Pastorelly, 1970, p. 180-181).
. Fanny : « Il commence par être soldat pendant un an. » — Marius : « Ça ne lui fera pas de mal. La caserne, c’est bon pour les enfants. » (Marcel Pagnol, César (1936), Livre de Poche n°161, 1971, p. 306).
CINÉMA
. Irénée : « Les difficultés commencent : c’est le signe de la réussite. » (Marcel Pagnol, Le Schpountz (1938), I ; Pocket n°1292, 1976, p. 73).
. L’avoué : « Tous les mots d’amour ont été dits, tous les poèmes ont été chantés, toutes les escroqueries ont été faites ! » (Marcel Pagnol, Le Schpountz (1938), II ; Pocket n°1292, 1976, p. 91).
. Françoise : « Moi, non, je trouve cruel de se moquer d’un imbécile ! » — Dromart : « Et de qui veux-tu qu’on se moque ? de Pasteur ou de Branly ? Non, moi je n’ai pas mauvais cœur, mais je n’ai pas de pitié pour les imbéciles. Dabord, ils sont trop. » — Charlet : « Et puis, parce qu’ils sont bêtes, on croit toujours qu’ils sont gentils. Eh bien, c’est pas vrai du tout. Il y a des couillons qui sont méchants. » (Marcel Pagnol, Le Schpountz (1938), II ; Pocket n°1292, 1976, p. 139).
. Meyerboom : « Et vous savez quand est-ce qu'on devient vieux ? C'est quand les jeunes vous laissent tomber. C'est quand on tutoie tout le monde, et que plus personne ne vous dit " tu" ». (Marcel Pagnol, Le Schpountz (1938), II ; Pocket n°1292, 1976, p. 159).
. Irénée : « On vous a foutu à la porte de partout, et tout-de-suite vous en avez conclu que vous étiez spécialement doué pour le cinéma. » (Marcel Pagnol, Le Schpountz (1938), III ; Pocket n°1292, 1976, p. 165).
. Irénée : « Si j’étais mauvais [dans le filme], je serais le seul à ne pas le voir. Alors, je m’obstinerais, je m’accrocherais, je ferais comme tous ces pauvres minables que l’on voit rôder aux portes des studios… » (Marcel Pagnol, Le Schpountz (1938), III ; Pocket n°1292, 1976, p. 176).
. Irénée : « Il m’arrive le malheur le plus ridicule. Ne pas atteindre son but, c’est grave, c’est une grande déception. Mais atteindre un but tout-à-fait opposé, et réussir, pour ainsi dire, à l’envers, c’est la preuve la plus éclatante que l’on est un véritable idiot. » (Marcel Pagnol, Le Schpountz (1938), III ; Pocket n°1292, 1976, p. 200).
. Françoise : « Le rire, c’est une chose humaine, une vertu qui n’appartient qu’aux hommes et que Dieu peut-être leur a donnée pour les consoler d’être intelligents. » (Marcel Pagnol, Le Schpountz (1938), III ; Pocket n°1292, 1976, p. 204).
. Meyerboom : « Il faut tout-de-même un certain courage pour risquer l’argent des autres. » — Irénée : « Oui, évidemment. Mais il en faut surtout aux autres. » — Meyerboom : « Non, non. Les commanditaires ne se rendent jamais compte… » (Marcel Pagnol, Le Schpountz (1938), III ; Pocket n°1292, 1976, p. 209).
. L’oncle : « Je vais vous dire une chose qui peut paraître ridicule, mais qui est vraie : si l'on veut que les gens méritent notre confiance, il faut commencer par la leur donner. » (Marcel Pagnol, Le Schpountz (1938), IV ; Pocket n°1292, 1976, p. 253). [8]
. Le boulanger : « Vous n’avez pas compris qu’avec les femmes, il faut s'attendre à tout. » (Marcel Pagnol, La Femme du boulanger (1938) ; Livre de poche n°436, 1964, p. 105).
. Le puisatier : « Ceux qui ont inventé la charité, ils ont eu tort, parce que la charité, c’est le contraire de la justice. » (Marcel Pagnol, La Fille du puisatier (1940), éd. Pastorelly, 1974, p. 230).
SOUVENIRS D’ENFANCE
. Les cours d’histoire étaient élégamment truqués dans le sens de la vérité républicaine. / Je n’en fais pas grief à la République : tous les manuels d’histoire du monde n’ont jamais été que des livrets de propagande au service des gouvernements. (Marcel Pagnol, La Gloire de mon père (1957), éd. Pastorelly, 1973, p. 23).
. Telle est la faiblesse de notre raison : elle ne sert le plus souvent qu'à justifier nos croyances. (Marcel Pagnol, La Gloire de mon père (1957), éd. Pastorelly, 1973, p. 23).
. Joseph Pagnol : « Je ne crois pas […] que le Créateur de l’Univers daigne s’occuper des microbes que nous sommes. » (Marcel Pagnol, Le Château de ma mère (1957), éd. Pastorelly, 1973, p. 148).
. Les enfants ne connaissent guère la vraie amitié. Ils n'ont que des « copains » ou des complices, et changent d'amis en changeant d'école, ou de classe, ou même de banc. (Marcel Pagnol, Le Château de ma mère (1957), éd. Pastorelly, 1973, p. 148).
. Les malheurs n’inspirent jamais confiance, et l’horreur des grands massacres enlaidit jusqu’aux victimes. (Marcel Pagnol, Le Château de ma mère (1957), éd. Pastorelly, 1973, p. 166).
. C'est parfois en jouant les héros qu'un cabotin devient un héros véritable. (Marcel Pagnol, Le Château de ma mère (1957), éd. Pastorelly, 1973, p. 198).
. Telle est la vie des hommes. Quelques joies, très vite effacées par d'inoubliables chagrins. / Il n'est pas nécessaire de le dire aux enfants. (Marcel Pagnol, Le Château de ma mère (1957), éd. Pastorelly, 1973, p. 249).
. La grand-mère : « Que voulez-vous, […] un homme de quarante ans, s’il est en bonne santé, il ne peut pas vivre trois mois comme un prêtre ! C’est la nature qui le veut, et il faudrait être bien bête pour ne pas le comprendre ! […] Qu’un homme trompe sa femme, ce n’est pas bien, mais enfin, ça n’a pas tant d’importance que ça ! C’est une chose qu’on voit tous les jours, et il n’y a pas de quoi se tuer ! » (Marcel Pagnol, Le Temps des secrets (1960), éd. Pastorelly, 1973, p. 45).
. L’oncle Jules : « [J’ai] été [moi]-même enfermé une fois dans cette prison [=le cachot du lycée de Marseille] ; [j’ai] gardé de cette épreuve le terrible souvenir d’une longue bataille, dans la pénombre, contre un rat féroce qui [m’]avait volé [m]on pain sec, et [je dois m]a réussite dans la vie à la crainte d’une seconde confrontation avec ce frénétique rongeur. […] Il est toutefois possible que cette punition ne soit plus en usage : ce fait expliquerait la médiocrité des bacheliers d’aujourdhui, comme la destruction de la Bastille explique l’anarchie dans laquelle nous vivons. » (Marcel Pagnol, Le Temps des secrets (1960), éd. Pastorelly, 1973, p. 208).
. Je résolus de mépriser la fortune des autres, de considérer les avantages matériels comme tout-à-fait secondaires, et je décidai que les objets de luxe faisaient plus d’honneur à leurs fabricants qu’à leurs possesseurs. Ainsi, je pus admirer, sans la moindre souffrance, la montre d’Auphan, retenue à son poignet par un bracelet d’or. Elle me disait l’heure aussi bien qu’à lui, mais c’est lui qui en était responsable, et qui ne pouvait pas prendre part à la moindre bataille, dans la crainte d’un choc qui eût pu la briser. (Marcel Pagnol, Le Temps des secrets (1960), éd. Pastorelly, 1973, p. 262).
. Quand je revois la longue série de personnages que j’ai joués dans ma vie, je me demande qui je suis. (Marcel Pagnol, Le Temps des amours, 1 ; Pocket n°1793, 1979, p. 10).
. Quel eût été l’intérêt d’une société secrète dont personne n’eût connu la secrète existence ? (Marcel Pagnol, Le Temps des amours, 1 ; France-Loisirs, 1990, p. 15).
. Il fit un geste, comme pour dire que les serments, comme les personnes, perdaient leur force en vieillissant. (Marcel Pagnol, Le Temps des amours, 2 ; France-Loisirs, 1990, p. 32).
. J’ai compris, ce jour-là, qu’il est toujours profitable d’être mêlé, de quelque façon que ce soit, à un évènement important, et que la gloire, c’est quand on parle de vous. (Marcel Pagnol, Le Temps des amours, 3 ; France-Loisirs, 1990, p. 40).
. L'héroïsme, c'est comme le soufflé au fromage, ça ne supporte pas très bien l'attente. (Marcel Pagnol, Le Temps des amours, 3 ; France-Loisirs, 1990, p. 60).
. Quand on ne sait pas grand-chose, on est toujours cruel pour ceux qui savent encore moins… (Marcel Pagnol, Le Temps des amours, 6 ; France-Loisirs, 1990, p. 110).
. Nous voulions nous étonner l’un l’autre : le grand moteur de la jeunesse, c’est la vanité. (Marcel Pagnol, Le Temps des amours, 8 ; France-Loisirs, 1990, p. 126).
. Le capitaine : « La peste noire, c’est la mort assurée pour le malade, et la mort possible pour ses voisins. Moi, je trouve qu’un mort possible a le droit de tuer un mort certain. » (Marcel Pagnol, Le Temps des amours, 9 ; France-Loisirs, 1990, p. 169).
ESSAIS
. Les femmes, grâce à leur intuition, ont rarement besoin de réfléchir. (Marcel Pagnol, Discours de réception à l’Académie française (1947) ; Fallois, coll. Fortunio n°19 Notes sur le rire, 1990, p. 176).
. N’importe quel évènement, de quelque nature qu’il soit, peut faire rire quelqu’un. (Marcel Pagnol, Notes sur le rire (1947), 2 ; Fallois, coll. Fortunio n°19, 1990, p. 11).
. Il est possible qu’un impuissant écrive un très beau livre sur la sexualité féminine, ou qu’un cul-de-jatte soit un grand expert de course à pied. / Il est même vraisemblable que ces anormaux, l’esprit sans cesse occupé par ce qui leur manque, et tout chauds d’un désir éternellement inassouvi, aient une intelligence merveilleuse d’un sujet qu’ils voient à travers leur malheur, comme à travers un verre grossissant. (Marcel Pagnol, Critique des critiques (1949), 2 ; Fallois, coll. Fortunio n°19 Notes sur le rire, 1990, p. 80).
. Je refuse de poser au critique la question ad hominem. Je ne veux pas lui demander : « Pouvez-vous en faire autant ? » Il n’est pas nécessaire de savoir « en faire autant » pour avoir le droit de dire que l’auteur aurait pu faire mieux. (Marcel Pagnol, Critique des critiques (1949), 2 ; Fallois, coll. Fortunio n°19 Notes sur le rire, 1990, p. 81).
. Même si la critique se trompe, ses observations, quoique impertinentes, ne seront jamais inutiles. Il est nécessaire que le poète soit aiguillonné […]. / Il faut que les frelons de la critique le réveillent, et que leurs irritantes piqûres le forcent à examiner son œuvre ; presque toujours, en recherchant une erreur qu’il n’a pas commise et que les censeurs lui reprochent, il verra soudain luire des fautes dont nul n’a parlé, et fera son profit de ses propres découvertes. / Ainsi, la critique, même si elle est exercée par des impuissants ou des sots, est non seulement utile, mais indispensable aux artistes créateurs. (Marcel Pagnol, Critique des critiques (1949), 2 ; Fallois, coll. Fortunio n°19 Notes sur le rire, 1990, p. 81).
. Il faut se méfier des ingénieurs : ça commence par la machine à coudre, ça finit par la bombe atomique. (Marcel Pagnol, Critique des critiques (1949), 3 ; Fallois, coll. Fortunio n°19 Notes sur le rire, 1990, p. 95).
. Les illusions que l’on se fait sur soi-même sont invincibles. (Marcel Pagnol, Critique des critiques (1949), 3 ; Fallois, coll. Fortunio n°19 Notes sur le rire, 1990, p. 101).
. Marcel Achard : « Quand on appelle au secours, tout-le-monde accourt ! » — Marcel Pagnol : « Tu te fais de grandes illusions. Quand on appelle au secours, bon nombre de gens pressent le pas, en feignant de n’avoir pas entendu ; d’autres s’élancent à toute vitesse, comme par erreur, dans une autre direction. Seuls accourent quelques curieux, précédés dailleurs par la police. » (Marcel Pagnol, Réponse au discours de réception de Marcel Achard à l’Académie française (1959) ; Fallois, coll. Fortunio n°19 Notes sur le rire, 1990, p. 220).
Autres pages de citations en rapport avec celle-ci sur ce blogue : Artistes et esthéticiens [en préparation] ; Auteurs latins [en préparation] ; Auteurs britanniques [en préparation] ; Humoristes ; William Shakespeare [en préparation] ; Dramaturges classiques : Corneille, Molière, Racine et les autres ; Alexandre Dumas ; Alfred de Musset ; Romanciers français 1848-1914 ; Romanciers français de la première moitié du XXe siècle ; Romanciers français de la seconde moitié du XXe siècle [en préparation] ; Dramaturges français XIXe-XXe siècles ; Alexandre Dumas fils [en préparation] ; Paul Léautaud ; Georges Courteline ; Jean Giraudoux ; Sacha Guitry [en préparation] ; Alexandre Vialatte [en préparation] ; André Maurois [en préparation] ; Gilbert Cesbron ; Jean Anouilh [en préparation] ; Robert Sabatier [en préparation] ; Jean Dutourd [en préparation] ; Philippe Bouvard [en préparation] , – et la page générale : citations choisies et dûment vérifiées.
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[1] On attribue aussi à Pagnol ces deux aphorismes : « La vraie gloire ne peut être donnée par le public qui n'accorde que le succès. » ; « Les bavards sont ceux qui vous parlent des autres. Les raseurs sont ceux qui vous parlent d’eux-mêmes. Ceux qui vous parlent de vous sont de brillants causeurs. » Je ne les ai trouvés nulle part, et tiens donc cette attribution pour suspecte.
[2] Pagnol a profondément remanié (et raccourci) le texte de sa « trilogie marseillaise » à la fin de sa vie. Quand les citations ont été conservées dans le texte définitif, je renvoie à l’édition Pastorelly (je pourrais donner aussi les scènes et les pages de l’édition antérieure publiée par Le Livre de poche si on me le demandait). Pour ma part, je préfère la première version, plus riche et un peu plus complexe. Je dirais que la première version convient mieux à la lecture et la seconde version, plus ramassée, à la scène. Malheureusement, j’ai bien l’impression que depuis le milieu des années 70, toutes les éditions impriment le texte de la version définitive… (Je dis celà surtout pour Marius et Fanny. Le texte de César est aussi profondément remanié, mais plutôt en mieux. Quoiqu’on puisse regretter la perte de certains passages, Pagnol a atténué, dans la seconde moitié, ce qui paraissait bien, de la part de Fanny, Marius et Césariot, comme une véritable trahison posthume de l’admirable Panisse. Il a supprimé des passages assez pénibles, de telle sorte que la réunion de Marius et Fanny devient plus acceptable.)
[3] Cette phrase, comme deux autres ensuite, n’apparaît plus dans les éditions de Marius imprimées à partir de 1970, par exemple l’édition illustrée Pastorelly (mon exemplaire a été imprimé le 25 mai 1973), ou l’édition Presses-Pocket n°1284 qui porte un droit-de-copie de 1976 (j’ai un exemplaire imprimé le 30 octobre 1980). Cependant l’édition Livre de poche, qui date de 1953, a renouvelé le droit-de-copie en 1959, et continué à être imprimée telle quelle au moins jusqu’au 26 septembre 1972 (date de mon exemplaire).
[4] Ici la version définitive améliore le texte : « … pourquoi on l’a voulu si fort ! » disait la version première (Livre de poche n°74, 1972, p. 257). Ces deux adverbes finaux, paradoxalement, affaiblissaient la phrase. Il est beaucoup plus fort de ne pas comprendre pourquoi on a tout simplement voulu telle chose, que de ne pas comprendre pourquoi c’est avec une grande intensité qu’on a voulu telle chose.
[5] Passage propre à la version définitive, absent de l’édition Le Livre de poche.
[6] Cette phrase, comme d’autres ensuite, n’apparaît plus dans les éditions de César imprimées à partir de 1970, par exemple l’édition illustrée Pastorelly (mon exemplaire a été imprimé le 1er juillet 1970), ou l’édition Presses-Pocket n°1286 qui porte un droit-de-copie de 1976 (j’ai un exemplaire imprimé le 13 septembre 1979). Cependant l’édition Livre de poche, qui date de 1956, a renouvelé le droit-de-copie en 1969, et continué à être imprimée telle quelle au moins jusqu’au 3 septembre 1971 (date de mon exemplaire).
[7] Le « peut-être » est une adjonction de l’édition définitive, et ne figure pas dans le texte antérieur (Livre de poche n°161, 1971, p. 148). Pagnol a-t-il voulu renforcer l’anti-intellectualisme du cafetier, ou bien est-ce lui qui, sur le tard, est devenu sceptique sur les vertus, même strictement intellectuelles, du savoir ?
[8] La phrase est reprise littéralement dans Le Temps des amours, chapitre 3 (éd. France-Loisirs, 1990, p. 68).
3 commentaires
J’aime bien aussi dans Marius :
César : La Pudeur !
Panisse : Qué pudeur ?
César : La pudeur paternelle !
Panisse : Tu as des sentiments bien distingués !
Le passage sur quel est le vrai Dieu dans la trilogie marseillaise est un de mes préférés. Dans une des versions, un des personnages dit que ce serait Couillon que Panisse se retrouve face à un Dieu chinois. C'est pourquoi je pense que la couillonnade de Pagnol est une vraie question posée au pari de Pascal.
Le passage sur quel est le vrai Dieu dans la trilogie marseillaise est un de mes préférés. Dans une des versions, un des personnages dit que ce serait Couillon que Panisse se retrouve face à un Dieu chinois. C'est pourquoi je pense que la couillonnade de Pagnol est une vraie question posée au pari de Pascal.
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