HUMORISTES : CHOIX DE CITATIONS
20.04.2017
J’ouvre une page d’ « humoristes », afin de rassembler quelques auteurs qui entrent mal dans les catégories de romanciers, de dramaturges ou de penseurs, mais qui sont célèbres pour leurs traits d’esprit. Ce qui ne veut pas dire qu’ils ne peuvent pas tenir aussi des propos sérieux.
Les principaux contributeurs : Alphonse ALLAIS (9) ; Woody ALLEN (17) ; Yvan AUDOUARD (6) ; Tristan BERNARD (5) ; François CAVANNA (29) ; COMMERSON (0) ; Pierre DAC (6) ; Pierre DANINOS (5) ; Frédéric DARD ; Pierre DESPROGES (44) ; Raymond DEVOS (3) ; Henri JEANSON (2) ; Henri MONNIER (4) ; Pierre PERRET (10) ; Érik SATIE (2) ; Aurélien SCHOLL (42) ; Jean YANNE (8).
. Qu'est-ce que la bourgeoisie en ce moment ? Tout. Que doit-elle être ? Je l'ignore. (Henri Monnier, Mémoires de Monsieur Joseph Prudhomme, tome I, chap. I, Librairie nouvelle, 1857, p. 2).
. Prudhomme : « Oui, les hommes sont des hommes. De plus, je l’ai toujours dit : les hommes sont égaux. Il n'y a de véritable distinction que la différence qui peut exister entre eux. » (Gustave Vaez et Henri Monnier, Grandeur et décadence de M. Joseph Prudhomme, II, 10, Michel Lévy frères, 1852, p. 44).
. Prudhomme : « Messieurs ! ce sabre… est le plus beau jour de ma vie. Je rentre dans la capitale, et si vous me rappelez à la tête de votre phalange, messieurs, je jure de soutenir, de défendre nos institutions et au besoin de les combattre. » (Gustave Vaez et Henri Monnier, Grandeur et décadence de M. Joseph Prudhomme, II, 13, Michel Lévy frères, 1852, p. 52).
. « Ah ! l’ambition, que de malheurs elle cause ! Elle a perdu Napoléon Ier, mon cher. S’il était resté lieutenant d’artillerie, il serait encore sur le trône. » (Henri Monnier, propos oral à Gavarni, rapporté dans Eugène de Mirecourt, Les Contemporains, deuxième série, 76. Henry Monnier, Gustave Havard, 1857, p. 90). [1]
JEAN-LOUIS-AUGUSTE COMMERSON (1803-1879)
[citations en attente de vérification]
ALPHONSE KARR (1808-1890) : [page spéciale en préparation]
. Si [le suicide était une lâcheté], l'espèce humaine aurait cessé depuis longtemps de fumer sa planète. On se tue trop peu pour qu'il n'y ait pas courage à se tuer. La lâcheté est de subir le joug, d'attendre les infirmités, d'assister à sa propre putréfaction et de recevoir avec humilité le coup du suprême couteau. (Aurélien Scholl, Lettres à mon domestique, II, Dentu, 1854, p. 8-9).
. La jeunesse s’instruit par intuition. Si l’on ne savait que ce qu’on apprend, on ne saurait rien. (Aurélien Scholl, Lettres à mon domestique, III, Dentu, 1854, p. 11).
. Si les hommes mouraient à quarante ans, et les femmes à seize, la vertu ne serait plus un mot. (Aurélien Scholl, Lettres à mon domestique, III, Dentu, 1854, p. 13).
. En toute chose, ne prenez pas pour le démolisseur celui qui pleure au milieu des ruines. (Aurélien Scholl, La Foire aux artistes. Petites comédies parisiennes, introduction, II, Poulet-Malassis et de Broise, 1858, p. IV).
. Il est plus facile de crier contre le monde que d'y tenir sa place ; il est plus facile de se proclamer méconnu que de se faire connaître, et beaucoup plus expéditif de mépriser l’opinion que de se la concilier. La grande ressource des enfants paresseux, c’est de bouder. (Aurélien Scholl, La Foire aux artistes. Petites comédies parisiennes, introduction, III, Poulet-Malassis et de Broise, 1858, p. V).
. Le neveu de Cambronne : « Que peut-on faire en France ? L’homme politique est désigné dans tous les cas à l’exécration publique. S’il sert un gouvernement, on dit qu’il est vendu ; s’il l’attaque, on dit qu’il est à vendre. » (Aurélien Scholl, Les Cris de paon, I, Achille Faure, 1866, p. 5).
. Jamais […] les femmes ne se sont tant inquiétées des étoffes que depuis qu'elles ne s'habillent plus. / Elles se couvrent de transparences – et tout juste au degré qu'il faut pour ne pas être mises à la porte d'un salon ou arrêtées dans la rue. / Elles ne connaissent que la musique qui fait danser, que la poésie qui accompagne les bonbons et que la peinture qui embellit les visages. (Aurélien Scholl, Les Cris de paon, I, Achille Faure, 1866, p. 16).
. Mèneraide : « Renan aurait dû choisir un autre sujet. Je ne comprends pas qu’on s’occupe tant de ce Jésus-Christ, qui, après tout, n’était qu’un juif ! » (Aurélien Scholl, Fruits défendus, III, 7, Victor-Havard, 1885, p. 208).
. Un vieux renard : « Les mauvaises affaires sont les bonnes. Plus l’eau est trouble, meilleure est la pêche. » (Aurélien Scholl, Fruits défendus, III, 8, Victor-Havard, 1885, p. 211).
. Depuis que les portiers s’intitulent concierges, les agents d’affaires se désignent sous le nom de jurisconsultes. Toute la vie est là, savoir se donner un nom convenable. Si vous êtes domestique, appelez-vous intendant. Si vous êtes coiffeur, coiffez-vous du nom d'artiste. (Aurélien Scholl, Fruits défendus, III, 8, Victor-Havard, 1885, p. 213).
. Lassé de tout ce qu’on achète dans les prix de cinq-cents à dix-milles francs, […] le comte B… résolut de faire une fin. Au suicide par le pistolet il préféra la corde ; à la corde il préféra l'asphyxie, à l’asphyxie il préféra l'opium, à l'opium il préféra le mariage. (Aurélien Scholl, L’Esprit du boulevard. Les Coulisses, Victor-Havard, 1887, p. 147).
. Un livre prêté ne se rend jamais, et celà se conçoit. Il est plus facile de retenir le livre que ce qu’il y a dedans. (Aurélien Scholl, L’Esprit du boulevard. Les Coulisses, Victor-Havard, 1887, p. 233).
. Le mystère plaît mieux à la foule que la vérité. L’histoire n’a pas fait oublier la fable. (Aurélien Scholl, L’Esprit du boulevard. Les Coulisses, Victor-Havard, 1887, p. 234).
. Pour réussir – tôt ou tard – avec les femmes, il faut avoir moins d’argent à dépenser que de temps à perdre. (Aurélien Scholl, L’Esprit du boulevard. Les Coulisses, Victor-Havard, 1887, p. 234).
. Apparence : un rideau derrière lequel on peut faire tout ce que l’on veut, mais qu’il est essentiel de tirer. (Aurélien Scholl, L’Esprit du boulevard. Les Coulisses, Victor-Havard, 1887, p. 307).
. Espérance : marchande de vent. (Aurélien Scholl, L’Esprit du boulevard. Les Coulisses, Victor-Havard, 1887, p. 307).
. Homme : un titre qu’on usurpe souvent – comme tant d’autres. (Aurélien Scholl, L’Esprit du boulevard. Les Coulisses, Victor-Havard, 1887, p. 307).
. Ah ! les temps sont durs. Le Septennat a vécu quatre ans et dans ces quatre années nous aurons vu l’âge de fer, l’âge de plomb, l’âge de zinc, l’âge de fer-blanc… Nous voici arrivés à l’âge de caoutchouc, celui où les consciences sont élastiques. (Aurélien Scholl, L’Esprit du boulevard, La Farce politique, I, xx, Victor-Havard, 1887, p. 133).
. Il faut remercier Dieu de nous avoir donné le soleil sans prendre l’avis de personne ; car, s’il eût consulté une assemblée de notables, il y aurait eu cent voix contre quinze pour ne pas avoir de soleil. (Aurélien Scholl, L’Esprit du boulevard, La Farce politique, II, xviii, Victor-Havard, 1887, p. 288).
. D’où vient-il que les hommes ont appris plutôt à calculer le cours des astres qu’à connaître la meilleure organisation politique ? C’est que les enfants portent toujours le nez au vent et ne voient pas ce qui est à leurs pieds. (Aurélien Scholl, L’Esprit du boulevard, La Farce politique, III, xiii, Victor-Havard, 1887, p. 386-387).
. Sous l’empire de la folie, la raison devient un crime d’État. (Aurélien Scholl, L’Esprit du boulevard, La Farce politique, III, xiii, Victor-Havard, 1887, p. 387).
. Si tu es né valet, tu resteras valet, même sur un trône. (Aurélien Scholl, L’Esprit du boulevard, La Farce politique, III, xiii, Victor-Havard, 1887, p. 387).
. Voulez-vous juger un homme ? Donnez-lui un commandement. (Aurélien Scholl, L’Esprit du boulevard, La Farce politique, III, xiii, Victor-Havard, 1887, p. 387). [2]
. Il y a certaines têtes que la nature semble avoir prédestinées à recevoir des soufflets. Il faut regretter seulement qu’elles ne reçoivent pas tous les jours leur pitance. (Aurélien Scholl, L’Esprit du boulevard, La Farce politique, III, xiii, Victor-Havard, 1887, p. 388).
. Ce qu'il y a de plus heureux pour les historiens, c'est que les morts ne puissent protester. (Aurélien Scholl, L’Esprit du boulevard, La Farce politique, III, xiii, Victor-Havard, 1887, p. 388).
. Le courtier : « Le bon Dieu lui-même sent bien qu'il ne peut se passer de publicité… il a les cloches. » (Aurélien Scholl, Paris aux cent coups, XXXIII, Librairie illustrée, 1888, p. 255).
. Pendant le siège de Paris, toutes les femmes ont mangé du chien. On pensait que cette nourriture leur inculquerait les principes de fidélité ; pas du tout. Le chien a produit sur elles un tout autre effet : elles ont exigé des colliers. (Aurélien Scholl, Poivre et sel, I, Flammarion, 1901, p. 51-52).
. Si le foie, la rate et la vessie étaient, chez la femme, des parties extérieures et palpables, comme la main, le visage et la gorge, on verrait des hommes amoureux d'un joli foie ou d'une gracieuse vessie. Un amant abandonné s'écrierait avec désespoir : « Sa rate ne viendra plus illuminer ma solitude ! » (Aurélien Scholl, Poivre et sel, II, Flammarion, 1901, p. 285).
. Une époque viendra où la plupart des hommes seront indifférents en matière de politique, comme ils le sont déjà en matière de religion. (Aurélien Scholl, Poivre et sel, II, Flammarion, 1901, p. 285).
. L'éternité ? – Qu'en ferions-nous ? (Aurélien Scholl, Poivre et sel, II, Flammarion, 1901, p. 285).
. Depuis quelque temps, toutes les jeunes filles que les hommes ont abusées veulent absolument se marier avec leurs séducteurs. Ce serait une manière de se venger qui en vaudrait bien une autre. (Aurélien Scholl, Poivre et sel, II, Flammarion, 1901, p. 287).
. Il y a six-milles ans qu'on console le genre humain de ses misères présentes par la félicité sans borne que lui réserve l'avenir. Mais l'avenir ne vient point, puisqu'on est toujours au présent. Les faiseurs d'utopies et les exploiteurs de religions sont comme le cabaretier qui ne changeait jamais son enseigne : « Ici, on boira gratis demain. » (Aurélien Scholl, Poivre et sel, II, Flammarion, 1901, p. 287).
. Chateaubriand a cru réagir contre Voltaire [3] ; il n'a fait que le compléter. Voltaire a détruit les vieilles doctrines ; Chateaubriand leur a rendu les honneurs funèbres. (Aurélien Scholl, Poivre et sel, II, Flammarion, 1901, p. 287).
. Les prêtres ont toujours recommandé l'assiduité à la confession. Les plus grands criminels, dès qu'ils se confessent, leur paraissent moins coupables que les libres-penseurs d'une vie austère, mais dédaigneux des vieilles pratiques. Le péché offense Dieu, mais non le clergé – puisqu'il en vit. (Aurélien Scholl, Poivre et sel, II, Flammarion, 1901, p. 288).
. Le plus grand mystère de toute religion, c'est qu'il y ait des gens qui y croient. (Aurélien Scholl, Poivre et sel, II, Flammarion, 1901, p. 288).
. L'homme s'habitue à tout ; il se fait à toute espèce de peine ; son imagination règle sa vie. Chacun prend son plaisir où il le trouve, et l'on peut dire avec autant de vérité : chacun trouve son plaisir où il le cherche. (Aurélien Scholl, Poivre et sel, II, Flammarion, 1901, p. 288).
. Il faudrait avoir deux vies, l’une pour apprendre à gouverner l'autre. (Aurélien Scholl, Poivre et sel, II, Flammarion, 1901, p. 289).
. Qu'il faut être futile pour se prendre au sérieux ! (Aurélien Scholl, Poivre et sel, II, Flammarion, 1901, p. 289).
. Guibollard [4]: « Je ne crains pas la mort… seulement je trouve que la Providence a mal arrangé les choses. Ainsi, je préférerais de beaucoup qu'on enterrât mon âme et que mon corps fût immortel. » (Aurélien Scholl, Poivre et sel, III, Flammarion, 1901, p. 326).
. « Il y a des gens qui descendent de leurs aïeux, d’autres qui en dégringolent. » (Aurélien Scholl ?, mot attribué dans un article nécrologique de L’Illustration, vol. CXIX, 19 avril 1902, p. 270). [5]
. « Dans ce conflit des religions, une chose attriste particulièrement le penseur : c’est qu’il est impossible d’être sérieusement d’une religion sans être damné dans toutes les autres. » (Aurélien Scholl ?, mot attribué dans un article nécrologique de L’Illustration, vol. CXIX, 19 avril 1902, p. 270).
. « Quel besoin de se venger d'une femme ? La nature s'en charge ; il n'y a qu'à attendre. » (Aurélien Scholl ?, mot attribué dans un article nécrologique de L’Illustration, vol. CXIX, 19 avril 1902, p. 271).
. J’ai rencontré, dans la vie, une quantité considérable d’hommes, dont quelques femmes, bêtes comme des oies, et plusieurs animaux pas beaucoup plus idiots que bien des électeurs. (Alphonse Allais, À se tordre (1891), 2. « Ferdinand » ; Bouquins Œuvres anthumes, 1989, p. 5).
. Contrairement à l’esthétique des gens délicats, je préfère les femmes d’amis aux autres : comme ça, on sait à qui on affaire. (Alphonse Allais, À se tordre (1891), 14. « Le palmier » ; Bouquins Œuvres anthumes, 1989, p. 33).
. J’adore embêter les gens, parce que les gens sont tous des sales types qui me dégoûtent. / En voilà des sales types, les gens ! / Et puis, j’aime beaucoup entendre dire des bêtises autour de moi, et Dieu sait si les gens sont bêtes ! (Alphonse Allais, À se tordre (1891), 39. « En voyage » ; Bouquins Œuvres anthumes, 1989, p. 87-88).
. Je préfère le compartiment plein au compartiment vide, parce que ce manque de [confort] macère ma chair, blinde mon cœur, armure mon âme, en vue des rudes combats pour la vie. (Alphonse Allais, À se tordre (1891), 39. « En voyage » ; Bouquins Œuvres anthumes, 1989, p. 88).
. Dieu a sagement agi en plaçant la naissance avant la mort ; sans celà, que saurait-on de la vie ? (Alphonse Allais, « Maximes. Premier dix-septain », 1 (paru dans Le Chat noir, 11 janvier 1890) ; Bouquins Œuvres posthumes, 1990, p. 218).
. La misère a [ceci] de bon, qu’elle supprime la crainte des voleurs. (Alphonse Allais, « Maximes. Premier dix-septain », 4 (paru dans Le Chat noir, 11 janvier 1890) ; Bouquins Œuvres posthumes, 1990, p. 218).
. Faire la charité, c’est bien. La faire faire par les autres, c’est mieux. / On oblige ainsi son prochain, sans se gêner soi-même. (Alphonse Allais, « Maximes. Premier dix-septain », 12 (paru dans Le Chat noir, 11 janvier 1890) ; Bouquins Œuvres posthumes, 1990, p. 219).
. Les gendarmes ont grand tort de malmener les criminels. Sans eux, ils n’existeraient pas. (Alphonse Allais, « Maximes. Premier dix-septain », 16 (paru dans Le Chat noir, 11 janvier 1890) ; Bouquins Œuvres posthumes, 1990, p. 219).
. Nous parlons de tuer le temps, comme si, hélas ! ce n’était pas lui qui nous tuait ! (Alphonse Allais, « Maximes. Deuxième dix-septain », 25 (paru dans Le Chat noir, 25 janvier 1890) ; Bouquins Œuvres posthumes, 1990, p. 220).
GEORGES COURTELINE (1858-1929) : Voir page spéciale
JULES RENARD (1864-1910) : Voir page spéciale
. « Le tout n'est pas de refuser la Légion d'honneur. Encore faut-il ne pas l'avoir méritée. » (Érik Satie, propos oral rapporté par Jean Cocteau, Journal 1942-1945, 4 avril 1942, Gallimard, 1989, p. 71).
. « On [me] répétait dans [m]a jeunesse : "Vous verrez plus tard". J'ai cinquante ans. Je n'ai rien vu. » (Érik Satie, propos oral rapporté par Jean Cocteau, Journal d'un inconnu (1953), 15. « De l’amitié », Grasset, coll. Les Cahiers rouges n°9, 1990, p. 208).
TRISTAN BERNARD (1866-1947) [6]
. Julien : « Il vaut mieux se quitter de temps en temps ; si on était toujours ensemble sans se quitter, on finirait par s'embêter. Il vaut mieux se quitter quelques instants, et se retrouver ensuite. » (Tristan Bernard, L'Anglais tel qu'on le parle (1899), scène 1 ; Omnibus Un jeune homme rangé, 1994, p. 859).
. La douleur de Berthe diminuera peu à peu, sans que la décroissance en soit hâtée par un de ces évènements heureux ou tragiques que, faute de temps, les dramaturges font intervenir au dernier acte. Dans la pratique, la Vie, plus lente, se charge de « classer » les affaires de cœur. Tout s'arrange, le plus souvent, en ne s'arrangeant pas. (Tristan Bernard, Un mari pacifique (1901), 21 ; Omnibus Un jeune homme rangé, 1994, p. 226).
. Le véritable ami est celui à qui on n’a rien à dire. Il contente à la fois notre sauvagerie et notre besoin de sociabilité. (Tristan Bernard, La Faune des plateaux, Flammarion, 1923, p. 79).
. « Je suis un contemplateur fervent de l’effort d’autrui. » (Tristan Bernard, propos oral rapporté par Roland Dorgelès, Portraits sans retouche, Albin Michel, 1952, p. 173).
. [Après son arrestation le 10 octobre 1943 :] [7] « Je vivais dans l’angoisse, je vais vivre dans l’espoir. » (Tristan Bernard, propos oral rapporté par Jean Cocteau, Journal 1942-1945, 18 octobre 1943, Gallimard, 1989, p. 387).
SACHA GUITRY (1885-1957) : [Voir page spéciale en préparation dévolue aux dramaturges français contemporains]
. N’importe quoi vaut souvent mieux que rien du tout, et réciproquement, de même que quiconque n’est pas souvent quelqu’un, et inversement. (Pierre Dac, Les Pensées, 1, Presses-Pocket n°2073, 1982, p. 22).
. Si, en vérité pure on a toujours raison de ne pas avoir tort, en réalité altérée on a souvent tort d'avoir raison. (Pierre Dac, Les Pensées, 2, Presses-Pocket n°2073, 1982, p. 27).
. Une fausse erreur n’est pas forcément une vérité vraie. (Pierre Dac, Les Pensées, 2, Presses-Pocket n°2073, 1982, p. 29).
. Il vaut mieux prendre ses désirs pour des réalités que de prendre son slip pour une tasse à café. (Pierre Dac, Les Pensées, 2, Presses-Pocket n°2073, 1982, p. 29).
. L’amour est parfois une aventure dont certains n’en reviennent pas d’être revenus. (Pierre Dac, Les Pensées, 7, Presses-Pocket n°2073, 1982, p. 99).
. Si la fortune vient en dormant, ça n’empêche pas les emmerdements de venir au réveil. (Pierre Dac, Les Pensées, 11, Presses-Pocket n°2073, 1982, p. 144).
. On est jeune tant qu’on sait dire « non ! ». Premier oui, première ride. (Henri Jeanson, Jeanson par Jeanson, éd. René Château, 2000, p. 76).
. « "Il faut bien que jeunesse se passe !" — Pourquoi ? En voilà des idées ! Mourir jeune, à un âge très avancé, tel est mon but. » (Henri Jeanson, Jeanson par Jeanson, éd. René Château, 2000, p. 76).
ALEXANDRE VIALATTE (1901-1971) : [page spéciale en préparation]
. La France est le seul pays du monde où, si vous ajoutez dix citoyens à dix autres, vous ne faites pas une addition, mais vingt divisions. (Pierre Daninos, Les Carnets du major W. Marmaduke Thompson (1954), chap. III ; éd. Rencontre, [1969], Lausanne, p. 43).
. L'une des choses que j'apprécie le plus quand je voyage à l'étranger, c'est de penser que je vais retourner en France. (Pierre Daninos, Les Carnets du major W. Marmaduke Thompson (1954), chap. V, sixième note ; éd. Rencontre, [1969], Lausanne, p. 68).
. Autruche : Seul animal officiellement doué de sens politique. (Pierre Daninos, Le Jacassin (1962), IV ; Livre de poche n°1455, 1966, p. 77).
. Utopie : Dessein politique des autres. (Pierre Daninos, Le Jacassin (1962), IV ; Livre de poche n°1455, 1966, p. 100).
. Service militaire : Période pendant laquelle on mange mal mais qui nourrit la conversation pour la vie. (Pierre Daninos, Le Jacassin (1962), V ; Livre de poche n°1455, 1966, p. 168).
. La connerie c’est comme la vérole : on vit avec. Il n’y a pas de guérison. Il n’y a que des rémissions. (Yvan Audouard, Lettre ouverte aux cons, 1, Albin Michel, 1974, p. 16).
. Je ne renoncerai jamais au commerce des imbéciles. Non seulement il est reposant et rafraîchissant, mais fort enrichissant pour l’esprit. Ils sont spontanément beaucoup plus drôles que tous ceux qui se donnent beaucoup de mal pour essayer de l’être… (Yvan Audouard, Lettre ouverte aux cons, 2, Albin Michel, 1974, p. 31).
. Il ne faut pas croire que les cons soient faciles à manipuler. Craignez l’homme d’une seule idée, et encore plus celui qui n’en a pas du tout. Il n’est pas sans défense. Il est même particulièrement protégé. Vous aurez beau lui tendre les embûches les plus subtiles : ne les ayant pas vues, il n’y tombera pas. (Yvan Audouard, Lettre ouverte aux cons, 2, Albin Michel, 1974, p. 40).
. La pratique d’une constante connerie quotidienne facilite grandement les rapports sociaux et contribue à l’équilibre physique et moral de ses adeptes. (Yvan Audouard, Lettre ouverte aux cons, 3, Albin Michel, 1974, p. 53).
. Une croisière consiste essentiellement à aller d’un lieu où on s’ennuie en un autre lieu où on n’a rien à faire. (Yvan Audouard, Lettre ouverte aux cons, 5, Albin Michel, 1974, p. 83).
. L’extinction de la connerie par le tourisme, j’ai cessé d’y croire. Le dépaysement n’est qu’une occasion d’affermir ses préjugés, et non de les faire éclater au contact des réalités nouvelles. Parcourir le monde ou collectionner les cartes postales, c’est tout un. En couleurs, mais à deux dimensions seulement. Une collection de « clichés ». Le monde peut désormais être considéré dans son ensemble comme une émission de télévision. On reste devant sa vitre. Tout au plus, quand on emporte sa caméra, a-t-on la haute satisfaction de s’apercevoir en train de donner à manger aux pigeons de la place Saint-Marc. (Yvan Audouard, Lettre ouverte aux cons, 5, Albin Michel, 1974, p. 87-88).
[citations en attente de vérification]
. Souvent, on se prend pour quelqu’un, alors qu’au fond on est plusieurs ! (Raymond Devos, Ça n’a pas de sens (1968), 26. « L’auteur critique ou un cas de dédoublement » ; dans Matière à rire, Olivier Orban, 1991, p. 463).
. Parlons de la situation, tenez ! / Sans préciser laquelle ! / Si vous le permettez, je vais faire brièvement l’historique de la situation, quelle qu’elle soit ! / Il y a quelques mois, souvenez-vous, la situation, pour n’être pas pire que celle d’aujourdhui, n’en était pas meilleure non plus ! (Raymond Devos, Sens dessus dessous (1976), 24. « Parler pour ne rien dire » ; dans Matière à rire, Olivier Orban, 1991, p. 273).
. J’entends une voix intérieure qui me dit : « Tu ne vas tout-de-même pas manger ce mille-feuilles à toi tout seul ? » Et puis, une autre voix intérieure, encore plus profonde, qui me dit : « Chiche ! » (Raymond Devos, À plus d’un titre (1989), 25. « Le mille-feuilles » ; dans Matière à rire, Olivier Orban, 1991, p. 90).
. Qui rit vendredi, c'est toujours ça de pris. / Qui pleure vendredi, dimanche ne saura quoi faire. (Cavanna, Cavanna, « Qui ? », coll. 10/18 n°612, 1971, p. 96).
. Quand les hirondelles volent bas, les pavés se prennent pour des nuages. (Cavanna, Cavanna, « Quand », coll. 10/18 n°612, 1971, p. 168).
. Ne fais pas à autrui l’honneur de croire à son existence. (Cavanna, Cavanna, « À méditer », coll. 10/18 n°612, 1971, p. 213).
. Quand on commence à penser, on ne peut jamais savoir où ça va vous mener. (Cavanna, Les Écritures (1982), I, 1, 6, 33 ; Livre de poche n°5903, 1984, p. 17). [8]
. Si Dieu devait cesser d’exister à chaque fois que Son existence devient logiquement absurde, il n’y aurait plus de religion possible. (Cavanna, Les Écritures (1982), I, 1, 6, 36 ; Livre de poche n°5903, 1984, p. 17).
. Les miracles, ça ne fonctionne que quand on n’en a pas vraiment besoin. (Cavanna, Les Écritures (1982), II, 2, 5, 16 ; Livre de poche n°5903, 1984, p. 228).
. Il faut toujours faire confiance à la bêtise des hommes. (Cavanna, Les Écritures (1982), II, 5, 5, 33 ; Livre de poche n°5903, 1984, p. 286).
. Et toutes ces choses s’appellent les Béatitudes, ce qui est un mot hébreu qui signifie : Ça a l’air complètement idiot à première vue, mais si l’on y réfléchit bien, c’est encore beaucoup plus idiot que ça. (Cavanna, Les Écritures (1982), II, 6, 1, 48 ; Livre de poche n°5903, 1984, p. 297).
. Jésus : « Méfiez-vous des faux prophètes ; vous les reconnaîtrez facilement : tous ceux qui ne sont pas moi sont faux. » (Cavanna, Les Écritures (1982), II, 6, 2, 22 ; Livre de poche n°5903, 1984, p. 300).
. D’autres : « Une croix c’est plus joli quand il y a un crucifié dessus, moi je trouve. » (Cavanna, Les Écritures (1982), II, 10, 7, 27 ; Livre de poche n°5903, 1984, p. 371).
. Aussi grand que soit un trou, il y a toujours quelque chose autour. (Cavanna, Le saviez-vous ? le petit Cavanna illustré (1987), ch. 1 ; Folio n°2146, 1990, p. 42).
. La science est un jeu dont la règle du jeu consiste à trouver quelle est la règle du jeu. (Cavanna, Le saviez-vous ? le petit Cavanna illustré (1987), ch. 2 ; Folio n°2146, 1990, p. 101).
. Il est faux que les femmes frigides vivent plus longtemps que les autres. Simplement, le temps leur semble plus long. (Cavanna, Le saviez-vous ? le petit Cavanna illustré (1987), ch. 5 ; Folio n°2146, 1990, p. 176).
. Il vaut mieux gifler un homme intelligent qui n’a rien fait de mal qu’un imbécile coupable, car l’imbécile, de toute façon, ne comprendra pas pourquoi on le gifle, alors que l’homme intelligent finira bien par trouver une raison. (Cavanna, Le saviez-vous ? le petit Cavanna illustré (1987), ch. 7 ; Folio n°2146, 1990, p. 206).
. La mort est le commencement de la vie. Proverbe asticot. (Cavanna, Le saviez-vous ? le petit Cavanna illustré (1987), ch. 7 ; Folio n°2146, 1990, p. 209).
. À toujours attendre demain pour commencer à vivre on finit par se retrouver à après-demain. (Cavanna, Le saviez-vous ? le petit Cavanna illustré (1987), ch. 7 ; Folio n°2146, 1990, p. 209).
. Si, ayant frappé ton prochain sur une joue, il te tend l’autre, frappe-le sur la même, ça lui apprendra à faire le malin. (Cavanna, Le saviez-vous ? le petit Cavanna illustré(1987), ch. 7 ; Folio n°2146, 1990, p. 209).
. Depuis que je sais que je suis un obsédé sexuel, je regrette amèrement toutes ces années où je l’étais sans le savoir. (Cavanna, Le saviez-vous ? le petit Cavanna illustré (1987), ch. 7 ; Folio n°2146, 1990, p. 211).
. Si ta main droite a commis une mauvaise action, efface les empreintes. (Cavanna, Le saviez-vous ? le petit Cavanna illustré (1987), ch. 7 ; Folio n°2146, 1990, p. 213).
. Que celui qui n’a jamais péché demande à son voisin de lui raconter. (Cavanna, Cavanna, « À méditer », 10/18 n°612, 1971, p. 213).
. Un intellectuel, c’est un type qui prend le Pirée pour un port. (Cavanna, Le saviez-vous ? le petit Cavanna illustré (1987), ch. 10 ; Folio n°2146, 1990, p. 274).
. Constatation découragée. Quand on dit à quelqu’un qu’il est un con, il ne vous croit généralement pas. (Cavanna, Le saviez-vous ? le petit Cavanna illustré (1987), ch. 10 ; Folio n°2146, 1990, p. 281).
. Être con est tout à fait supportable tant qu’on l’est suffisamment pour ne pas savoir qu’on l’est. (Cavanna, Le saviez-vous ? le petit Cavanna illustré (1987), ch. 10 ; Folio n°2146, 1990, p. 286).
. Je n’aime pas qu’on méprise ce que j’aime. C’est mépriser le français que de préférer à ses mots des mots étrangers, c’est avoir honte de sa propre langue, et donc honte de ce qu’on est soi-même, que de se gargariser de vocables américains là où on n’en a que faire. C’est être, proprement, foncièrement, un colonisé, un bougnoule. Nous sommes les bougnoules des Amerlocks, bougnoules volontaires, bougnoules extatiques et bêlants. Si vraiment il est des cas où le mot importé est irremplaçable, francisons-le, nom de dieu, comme on francisait au grand siècle ! (Cavanna, Mignonne, allons voir si la rose… (1989), 2 ; Livre de poche n°6998, 1991, p. 13-14).
. L’anglais, c’est pour cinquante pour cent du français petit-nègre. Nous n’avons pas de leçons à recevoir d’indigènes qui ont laissé se détériorer le trésor que nous leur laissâmes. Non, mais… (Cavanna, Mignonne, allons voir si la rose… (1989), 9 ; Livre de poche n°6998, 1991, p. 104).
. Jadis, l’assimilation ne posait pas problème. L’infiltration des mots étrangers, qui fut toujours active au gré des fluctuations de l’histoire, était digérée au fur et à mesure. Les Français n’avaient nul scrupule à franciser ce qu’ils n’avaient pas envie de traduire. […] Il y avait même une certaine affectation à prononcer, non pas tel qu’on lisait […] mais tel qu’on entendait, ou qu’on croyait entendre. […] On n’allait pas se surmener les badigouinces et s’arracher la luette pour imiter des sauvages qui n’étaient pas foutus de parler chrétien. Le mot barbare devait se plier au gosier français, jamais l’inverse. (Cavanna, Mignonne, allons voir si la rose… (1989), 10 ; Livre de poche n°6998, 1991, p. 119-120).
. Le français meurt de l’indifférence des Français, et aussi de la prodigieuse, de la triomphante bêtise des publicitaires, qui se font plus bêtes encore (ils n’ont aucun mal) que le public qu’ils méprisent pour le flatter. (Cavanna, Mignonne, allons voir si la rose… (1989), 16 ; Livre de poche n°6998, 1991, p. 196).
. Ma belle langue, ma bien-aimée, il me faut donc te voir jour après jour devenir insipide, bêtasse, rabâcheuse et prétentieuse, il me faut te voir dire « O.K. » en mâchant de la gomme, voir tes yeux pleins de malice s’éteindre et ne plus refléter que la connerie satisfaite des performants de l’immobilier et des battants du marketing, l’emphase boursoufflée des « porte-parole » et autres politicards, le faux enthousiasme hystérique des commentaires sportifs… / […] Il faut s’y faire, mais je ne m’y fais pas, et je crèverai malheureux, ô ma bien-aimée. Ils ont posé leur gros cul sur ton cher visage, ils t’ont avilie, ils t’ont ravalée à leur propre nullité, à leur vulgarité crasse. / Même les poètes t’ont lâchée. Ils se sont réfugiés dans l’abscons. […] Allons, ils l’auront, leur réforme de l’orthographe. Mais qu’en feront-ils ? Ils n’écrivent plus. (Cavanna, Mignonne, allons voir si la rose… (1989), 17 ; Livre de poche n°6998, 1991, p. 202-203).
. J’aimerais voir les Français aussi fiers, aussi jaloux, pour tout dire aussi chauvins de leur langue, y compris son orthographe à panache, que de leurs vins. (Cavanna, Mignonne, allons voir si la rose… (1989), 17 ; Livre de poche n°6998, 1991, p. 207).
PHILIPPE BOUVARD (1929-…) : [page spéciale en préparation]
. Le monde est peuplé d’imbéciles qui se battent contre des demeurés pour sauvegarder une société absurde. (Jean Yanne, Pensées, répliques, textes et anecdotes (1999), II ; J’ai lu n°5629, 2001, p. 41).
. Le jour du jugement dernier, Dieu comparaîtra devant moi. (Jean Yanne, Pensées, répliques, textes et anecdotes (1999), III ; J’ai lu n°5629, 2001, p. 62).
. Le plus beau compliment que je puisse faire à une femme est de lui dire : « Je suis aussi bien avec toi que si j’étais tout seul. » (Jean Yanne, Pensées, répliques, textes et anecdotes (1999), V ; J’ai lu n°5629, 2001, p. 80).
. Comment voulez-vous que les hommes politiques n’aient qu’une parole, étant donné le nombre de médias ! (Jean Yanne, J’me marre (2003), III, Le Cherche-midi, 2003, p. 41).
. Les moutons ont quand même cet avantage sur l’homme qu’on les conduit à l’abattoir sans leur parler patriotisme ou promesse d’un monde meilleur. (Jean Yanne, J’me marre (2003), IV, Le Cherche-midi, 2003, p. 64).
. Franchement, quand on voit qui est célèbre aujourdhui, on s’étonne qu’il y ait encore des mecs qui aient suffisamment mauvais goût pour rêver de l’être eux aussi un jour. (Jean Yanne, J’me marre (2003), V, Le Cherche-midi, 2003, p. 75).
. Je me suis lancé dans la méditation. C’est mieux que de rester bêtement assis par terre sans rien faire. (Jean Yanne, J’me marre (2003), VI, Le Cherche-midi, 2003, p. 84).
. Il faut commencer à se méfier le jour où l’on a plus de souvenirs que de projets. (Jean Yanne, J’me marre (2003), VI, Le Cherche-midi, 2003, p. 93).
. Quand le chat n’est pas là, les souris s’emmerdent. (Pierre Perret, Les Pensées, Presses-Pocket n°2044, 1982, p. 11).
. On a souvent besoin d’un plus petit que soi pour lui casser la gueule. (Pierre Perret, Les Pensées, Presses-Pocket n°2044, 1982, p. 11).
. Il faut toujours frapper un homme à terre avant qu’il ne se relève. (Pierre Perret, Les Pensées, Presses-Pocket n°2044, 1982, p. 11).
. Qui vole un œuf n’a vraiment pas gros appétit. (Pierre Perret, Les Pensées, Presses-Pocket n°2044, 1982, p. 15).
. Quand une femme vous dit : « Je t’aime, je t’aimerai », on se demande où elle va chercher tout ça ! (Pierre Perret, Les Pensées, Presses-Pocket n°2044, 1982, p. 70).
. Le patriotisme a au moins ceci de bien : le héros ne sait jamais qu’il est mort pour rien. (Pierre Perret, Les Pensées, Presses-Pocket n°2044, 1982, p. 139).
. Un intellectuel est un type qui est rassuré quand il n'est pas compris. (Pierre Perret, Les Pensées, Presses-Pocket n°2044, 1982, p. 148).
. Le respect de la religion n’est autre que l’adoration de ce même grigri dont les peuples civilisés se moquent lorsqu’il s’agit d’un totème vénéré par les "sauvages" dans la brousse. (Pierre Perret, Les Pensées, Presses-Pocket n°2044, 1982, p. 148).
. Savoir être jeune est un art qu’on apprend toujours trop tard. (Pierre Perret, Les Pensées, Presses-Pocket n°2044, 1982, p. 151).
. Un jeune con est assurément plus dangereux qu’un vieux ! Il a tout l’avenir devant lui. (Pierre Perret, Les Pensées, Presses-Pocket n°2044, 1982, p. 151).
. On ne peut pas se venger du monde. Celà demande trop de temps et trop d’avocats. (Woody Allen, interviou dans Playboy, mai 1967 ; cité dans Le Petit Woody Allen illustré, chap. 7, Plon, 1995, p. 173).
. L’univers n’est jamais qu’une pensée fugitive dans l’esprit de Dieu – pensée joliment inquiétante, pour peu que vous veniez d’acheter une maison à crédit. (Woody Allen, Pour en finir une bonne fois pour toutes avec la culture (1971), 4. « Ma philosophie » (paru dans The New Yorker, 27 décembre 1969) ; dans Opus 1 et 2, Solar, 1979, p. 312).
. On peut s’accommoder du néant éternel, pour peu qu’on ait le costume adéquat. (Woody Allen, Pour en finir une bonne fois pour toutes avec la culture (1971), 4. « Ma philosophie » (paru dans The New Yorker, 27 décembre 1969) ; dans Opus 1 et 2, Solar, 1979, p. 312).
. Non seulement Dieu n’existe pas, mais essayez d’avoir un plombier pendant le ouiquenne ! (Woody Allen, Pour en finir une bonne fois pour toutes avec la culture (1971), 4. « Ma philosophie » (paru dans The New Yorker, 27 décembre 1969) ; dans Opus 1 et 2, Solar, 1979, p. 313).
. Être aimé est très différent d'être admiré, car l'on peut être admiré de loin, alors que pour aimer réellement quelqu'un, il est essentiel de se trouver dans la même chambre, et si possible sous le même drap. (Woody Allen, Dieu, Shakespeare… et moi (1975), I, 1. « Premiers essais » (paru dans The New Yorker, 20 janvier 1973) ; dans Opus 1 et 2, Solar, 1979, p. 14).
. Comment pourrais-je croire en Dieu alors que je viens de me coincer la langue dans le ruban de ma machine à écrire électrique ? Le doute me ronge. Et si tout n'était qu'illusion ? Si rien n'existait ? Dans ce cas, j'aurais payé ma moquette beaucoup trop cher. Si seulement Dieu voulait m’adresser un signe de son existence… S’il me déposait un bon paquet de fric dans une banque suisse, par exemple ! (Woody Allen, Dieu, Shakespeare… et moi (1975), I, 2. « Sélection du Allen’s Digest » (paru dans The New Yorker, 5 novembre 1973) ; dans Opus 1 et 2, Solar, 1979, p. 21).
. Et Abraham tomba à genoux : […] « Mais cela ne prouve-t-il pas que je T'aime ? J'étais prêt à tuer mon fils unique pour Te montrer mon amour… » Et le Seigneur parla, en sa grande sagesse : « Ça ne prouve qu'une chose : que des crétins suivront toujours les ordres, si imbéciles soient-ils, pour peu qu'ils soient formulés par une voix autoritaire, retentissante et bien modulée ! » (Woody Allen, Dieu, Shakespeare… et moi (1975), I, 6. « Les parchemins » (paru dans The New Republic, 31 août 1974), II ; dans Opus 1 et 2, Solar, 1979, p. 45).
. Les méchants ont sans doute compris quelque chose que les bons ignorent. (Woody Allen, Dieu, Shakespeare… et moi (1975), I, 7. « Proverbes et sentences » (paru dans The New Republic, 31 août 1974) ; dans Opus 1 et 2, Solar, 1979, p. 47).
. Pour Needleman, le libre-arbitre consistait à avoir conscience de l’absurdité de la vie : « Dieu reste muet, se plaisait-il à dire, si seulement nous pouvions convaincre l’homme d’en faire autant. » (Woody Allen, Destins tordus (1980), 1. « In memoriam » (paru dans The New Republic, 24 juillet 1976), Seuil, Point-Virgule n°V58, 1988, p. 10).
. Cloquet haïssait la réalité, mais admettait que c’était quand même le seul endroit où se faire servir un bon stèque. (Woody Allen, Destins tordus (1980), 2. « Le Condamné » (paru dans The New Yorker, 21 novembre 1977), Seuil, Point-Virgule n°V58, 1988, p. 15).
. Il semblait que le monde fût divisé entre bons et méchants. Les bons dormaient mieux, pensait Cloquet, mais les méchants profitaient beaucoup plus de leurs heures de veille. (Woody Allen, Destins tordus (1980), 2. « Le Condamné » (paru dans The New Yorker, 21 novembre 1977), Seuil, Point-Virgule n°V58, 1988, p. 17).
. Si un homme chante une belle chanson, c’est merveilleux. S’il la chante pendant des heures, on commence à avoir la migraine. (Woody Allen, Destins tordus (1980), 5. « La différence entre Socrate et moi », Seuil, Point-Virgule n°V58, 1988, p. 45).
. Aujourdhui plus qu’à toute autre époque de son histoire, l’humanité est à un carrefour. Un chemin conduit à l’amertume et au désespoir absolu. L’autre à l’extinction pure et simple. [More than any other time in history, mankind faces a crossroads. One path leads to despair and utter hopeless-ness. The other, to total extinction.](Woody Allen, Destins tordus (1980), 7. « Mon allocution » (paru dans The New York Times, 10 août 1979), Seuil, Point-Virgule n°V58, 1988, p. 73).
. Sonia : « Oh non, Boris, je t’en prie ! Le sexe sans amour est une expérience vide. » — Boris : « Oui, mais parmi les expériences vides, c’est une des meilleures ! » (Woody Allen, dialogue de Guerre et amour (1975) ; cité dans Le Petit Woody Allen illustré, chap. 5, Plon, 1995, p. 100).
. Alvy : « C’est une vieille blague. Deux dames du troisième âge sont dans les monts Catskill, au vert. La première dit : "Mon Dieu, ce qu’on mange mal dans ces auberges !" L’autre ajoute : "Oui, c’est vrai, et puis, c’est pas copieux !" Moi, grosso modo, c’est comme ça que je vois la vie. Un monument de solitude, de misère, de souffrance et de malheur, et, en plus, ça passe comme un déjeuner au soleil ! » (Woody Allen, dialogue de Annie Hall (1977) ; cité dans Le Petit Woody Allen illustré, chap. 12, Plon, 1995, p. 270).
. Cécilia : « Je viens de rencontrer un homme merveilleux. Évidemment, il est imaginaire, mais on ne peut pas tout avoir. » (Woody Allen, dialogue de La Rose pourpre du Caire (1985) ; cité dans Le Petit Woody Allen illustré, chap. 5, Plon, 1995, p. 94).
. Dorry : « Oh, aujourdhui il n’y a qu’un genre d’amour qui dure. C’est l’amour malheureux. Il ne vous quitte jamais. » (Woody Allen, dialogue de Ombres et brouillards (1992) ; cité dans Le Petit Woody Allen illustré, chap. 5, Plon, 1995, p. 113).
. Le Belge prête à rire parce qu’il est blanc, ce qui permet aux comiques chafouins [9] de se gausser à ses dépens sans encourir les foudres des diverses associations pour la défense de la dignité des Bougnoules. (Pierre Desproges, Les Étrangers sont nuls (1981), « Les Belges », Seuil, Point-Virgule n°V150, 1995, p. 38).
. Ils ne sont pas comme nous. Dans ce cas, le mieux n’est-il pas de s’éviter ? C’est ce que je dis toujours : moins on fréquente les étrangers, moins on s’expose à leur xénophobie. (Pierre Desproges, Les Étrangers sont nuls (1981), « Les Suisses », Seuil, Point-Virgule n°V150, 1995, p. 45).
. La naïveté grotesque des enfants fait peine à voir, surtout si l’on veut bien la comparer à la maturité sereine qui caractérise les adultes. Par exemple, l’enfant croit au Père Noël. L’adulte non. L’adulte ne croit pas au Père Noël. Il vote. (Pierre Desproges, Manuel de savoir-vivre (1981), III, Seuil, Point-Virgule n°V1, 1995, p. 32).
. Que choisir ? Tout, dans la vie, est affaire de choix. Celà commence par : « La tétine ou le téton ? ». Et celà s’achève par : « Le chêne ou le sapin ? » (Pierre Desproges, Manuel de savoir-vivre (1981), XV, Seuil, Point-Virgule n°V1, 1995, p. 105). [10]
. Comment mourir sans avoir l’air d’un con ? / C’est la grande question. En effet, mourir ce n'est pas le vrai problème. C'est à la portée du premier venu. (Pierre Desproges, Manuel de savoir-vivre (1981), XVII, Seuil, Point-Virgule n°V1, 1995, p. 119).
. L'âge mûr, par définition, c'est la période de la vie qui précède l'âge pourri. (Pierre Desproges, Vivons heureux en attendant la mort, « Prélude » (1983), Seuil, Point-Virgule n°V151, 1994, p. 10). [11]
. Le docteur Métastasenberg : « Moralement, de très nombreuses personnes parviennent cependant à supporter assez bien la vie en s'agitant pour oublier. C'est ainsi que certains sont champions de course à pied, président de la République, alcoliques ou chœurs de l'Armée rouge. Autant d'occupations qui ne débouchent évidemment sur rien d'autre que sur la mort, mais qui peuvent apporter chez le malade une euphorie passagère, ou même permanente, chez les imbéciles notamment. » — « Et vous n’avez pas d’autre médication à me suggérer ? » — « Il y a bien la religion : c’est une défense naturelle qui permet à ceux qui la possèdent de supporter relativement bien la vie en s’autosuggérant qu’elle a un sens et qu’ils sont immortels. » — « Soyons sérieux… » (Pierre Desproges, Vivons heureux en attendant la mort, « Prélude » (1983), Seuil, Point-Virgule n°V151, 1994, p. 14).
. Je hais toute l’humanité. Plus je connais les hommes, plus j’aime mon chien. Plus je connais les femmes, moins j’aime ma chienne. / Je n'aime pas les racistes, mais j'aime encore moins les nègres. Je voue aux mêmes flammes éternelles les nazis pratiquants et les communistes orthodoxes. / Je mets dans le même panier les connards phallocrates et les connasses MLF. / Je trouve que les riches puent et je sais que les pauvres sentent, que les charcutiers ont les yeux gras et les végétariens les fesses glauques. Maudite soit la sinistre bigote grenouilleuse de bénitier qui branlote son chapelet en chevrotant sans trêve les bondieuseries incantatoires dérisoires de sa foi égoïste rabougrie. Mais maudit soit aussi l’anticlérical primaire demeuré qui fait croacroa au passage de mère Teresa. / C’est dur à porter, une haine pareille, pour un homme seul. Ça fait mal. Ça vous brûle de l’intérieur. On a envie d'aimer mais on ne peut pas. Tu es là, homme mon frère, mon semblable, mon presque-moi. Tu es là, près de moi, je te tends les bras, je cherche la chaleur de ton amitié. Mais au moment même où j'espère que je vais t'aimer, tu me regardes et tu dis : « Vous avez vu Serge Lama samedi sur la Une, c'était chouette. » (Pierre Desproges, Vivons heureux en attendant la mort, I, 9. « Chapitre beurk » (1983), Seuil, Point-Virgule n°V151, 1994, p. 74-75).
. La culture, c’est comme l’amour. Il faut y aller à petits coups au début pour bien en jouir plus tard. (Pierre Desproges, Vivons heureux en attendant la mort, II, 6. « Chapitre plume » (1983), Seuil, Point-Virgule n°V151, 1994, p. 153). [12]
. Savez-vous, tas d’infirmes culturels sous-enseignés, savez-vous que le fait de prononcer les mots « Françaises, Français » constitue une totale hérésie grammaticale ? Ben oui, bande de flapis cérébraux, c’est une énorme connerie pléonastique de dire : « Françaises, Français ». C’est comme si je disais : « Belges, Belges ». J’aurais l’air d’un con. / […] Comment, sans vous rabaisser au rang de crétins congénitaux, comment vous faire admettre que l’expression « les Français » sous-entend à l’évidence les hommes et les femmes de France ? Si je dis : « Les Français sont cons », j’englobe tous les hommes de France et toutes les femmes de France. / […] Comme alors expliquer que tous les hommes politiques de ce pays, et quand je dis « les hommes » je pense aussi « les femmes », CQFD, comment expliquer que tous, de l’extrême-droite à l’extrême-gauche, tous commencent leurs discours, à vous destinés, par une énorme faute de français (et de française) ? […] / Chez ces bonnes gens qui nous gouvernent, ou qui nous ont, ou qui vont, ou qui re-re-vont nous gouverner, l’expression « Françaises, Français » signifie : « Bonjour les veaux, et bonjour aussi à vous les génisses, eh, les gonzesses, vous aussi, n’oubliez pas de voter pour moi, eh, les filles, vous avez vu : j’ai pas seulement dit "Français", j’ai dit aussi "Françaises", eh, oh, ma petite dame, ne m’oublie pas dans l’urne, ne me quitte pas, ne me quitte pas, laisse-moi m’aplatir plus bas que l’ombre de ton chien, mais je t’en supplie : vote pour moi. » (Pierre Desproges, Vivons heureux en attendant la mort, II, 6. « Chapitre plume » (1983), Seuil, Point-Virgule n°V151, 1994, p. 160-161). [13]
. Bien qu’il n’y ait plus de saisons et que le prix du super ait encore augmenté, de nombreuses personnes renâclent à l’idée de mourir un jour. (Pierre Desproges, La Minute nécessaire de monsieur Cyclopède, « Apprenons à vaincre la mort avec un marteau » (4-12-1982), Seuil, Points n°P348, 1997, p. 25).
. Pour qu’un couple soit une réussite et que triomphe l’Amour, il faut que l’homme et la femme aient des goûts communs et une sensibilité commune, et, bien sûr, qu’ils gagnent au moins trente-milles francs par mois. Mais ce n’est pas tout. (Pierre Desproges, La Minute nécessaire de monsieur Cyclopède, « Faisons exploser notre sensualité à peu de frais » (13-12-1982), Seuil, Points n°P348, 1997, p. 74).
. De nombreuses personnes s’imaginent que, pour voir apparaître la Sainte Vierge, il suffit de ramasser du bois mort dans les Pyrénées-Orientales en enjambant des ruisseaux. C’est faux. / Pour être sûr de bien voir apparaître la vraie Sainte Vierge, il faut de surcroît être une humble bergère. (Pierre Desproges, La Minute nécessaire de monsieur Cyclopède, « Essayons vainement de faire apparaître la Sainte Vierge » (17-12-1982), Seuil, Points n°P348, 1997, p. 65).
. En temps de paix, le kamikaze n’a plus de raison de sauter sur quoi que ce soit d’inflammable. Il s’étiole. Le suicide était le seul but de son existence : maintenant qu’il n’a plus de raison de mourir, il n’a plus de raison de vivre. (Pierre Desproges, La Minute nécessaire de monsieur Cyclopède, « Euthanasions un kamikaze » (16-2-1983), Seuil, Points n°P348, 1997, p. 68).
. Le but de l’homme moderne sur cette terre est à l’évidence de s’agiter sans réfléchir dans tous les sens, afin de pouvoir dire fièrement, à l’heure de sa mort : « Je n’ai pas perdu mon temps ». (Pierre Desproges, La Minute nécessaire de monsieur Cyclopède, « Concubinons dans la trépidance avec une star du muet » (17-2-1983), Seuil, Points n°P348, 1997, p. 42).
. Joviale jusqu’à friser l’hébétude, la majorette affiche en permanence sur son visage hilare la fringante sérénité des êtres que nul doute n’habite. (Pierre Desproges, La Minute nécessaire de monsieur Cyclopède, « Démoralisons une majorette » (19-2-1983), Seuil, Points n°P348, 1997, p. 49).
. À part le défunt lui-même qui n’en a plus rien à secouer, les proches venus rendre hommage à la dépouille mortelle d’un cher disparu s’emmerdent profondément lors de la traditionnelle veillée funèbre. (Pierre Desproges, La Minute nécessaire de monsieur Cyclopède, « Égayons une veillée funèbre » (1-3-1983), Seuil, Points n°P348, 1997, p. 51).
. Le Seigneur a dit : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Personnellement, je préfère moi-même. Et dailleurs, j’ai horreur qu’on me tutoie. (Pierre Desproges, La Minute nécessaire de monsieur Cyclopède, « Jouons à colin-maillard avec un aveugle » (11-3-1983), Seuil, Points n°P348, 1997, p. 80). [14]
. Contrairement à ce que croit la majorité des gens, qui ne sont pas l’élite, sinon par définition ils ne seraient pas la majorité des gens… (Pierre Desproges, La Minute nécessaire de monsieur Cyclopède, « Bouffons du lion » (28-2-1984), Seuil, Points n°P348, 1997, p. 33).
. Une groupie du « Jésus fan-club » me demande s’il est bien exact que Jésus-Christ était plus fort que Superman. / Hélas ! non, chère groupie. Certes, Jésus multipliait les pains dans le désert. Mais Superman, lui, multipliait les pains dans la gueule. C’est mieux. (Pierre Desproges, La Minute nécessaire de monsieur Cyclopède, « Défendons la veuve contre l’orphelin » (8-3-1984), Seuil, Points n°P348, 1997, p. 44).
. On peut diviser l’humanité en deux grandes catégories : les juifs et les antisémites. De nos jours, afin de ne pas être ridicule en société, il est très important que les antisémites apprennent à cacher leur antisémitisme. Mais ce n’est pas si simple. (Pierre Desproges, La Minute nécessaire de monsieur Cyclopède, « Essayons en vain de cacher notre antisémitisme » (9-3-1984), Seuil, Points n°P348, 1997, p. 63).
. À l’heure où la machine tend de plus en plus à remplacer la main de l’homme, gifler autrui reste une des dernières joies tangibles de ce siècle inhumain. Mais attention : il est très mal élevé de gifler n’importe qui. Un vrai gentleman ne doit gifler que les têtes à claques ! (Pierre Desproges, La Minute nécessaire de monsieur Cyclopède, « Sachons reconnaître une tête à claques », Seuil, Points n°P348, 1997, p. 144).
. La femme est assez proche de l’Homme, comme l’épagneul breton. À ce détail près qu’il ne manque à l’épagneul breton que la parole, alors qu’il ne manque à la femme que de se taire. Par ailleurs, la robe de l’épagneul breton est rouge feu et il lui en suffit d’une. / Dépourvue d’âme, la femme est dans l’incapacité de s’élever vers Dieu. En revanche, elle est en général pourvue d’un escabeau qui lui permet de s’élever vers le plafond pour faire les carreaux. C’est tout ce qu’on lui demande. (Pierre Desproges, Dictionnaire superflu (1985), « Femme », Seuil, Points n°P403, 1997, p. 20).
. Quand un Blanc dit qu’un Noir est un con, on dit que le Blanc est raciste. Quand un Noir dit qu’un Blanc est un con, ont dit que le Blanc est un con. (Pierre Desproges, Dictionnaire superflu (1985), « Afrique », Seuil, Points n°P403, 1997, p. 71).
. Depuis [la mort du général de Gaulle], nous n’avons plus de grand homme, mais des petits qui grenouillent et sautillent de droite et de gauche avec une sérénité dans l’incompétence qui force le respect. (Pierre Desproges, Dictionnaire superflu (1985), « Gaulle (Charles de) », Seuil, Points n°P403, 1997, p. 91).
. C’est ça aussi, la démocratie. C’est la victoire de Belmondo sur Fellini. C’est aussi l’obligation, pour ceux qui n’aiment pas ça, de subir à longueur d’antenne le foutebôle et les embrassades poilues de ces cro-magnons décérébrés qu’on a vus s’éclater de rire sur le charnier de leurs supporteurs. La démocratie, c’est aussi la loi du Top 50 et des mamas gloussantes reconverties en dondons tisanières. La démocratie, c’est quand Lubitsch, Mozart, René Char, Reiser ou les batailleurs de chez Polac, ou n’importe quoi d’autre qu’on puisse soupçonner d’intelligence, sont reportés à la minuit pour que la majorité puisse s’émerveiller dès 20 heures 30, en rotant son fromage du soir, sur le spectacle irréel d’un béat trentenaire figé dans un sourire définitif de figue éclatée, et offrant des automobiles clé en main à des pauvresses arthritiques sans défense et dépourvues de permis de conduire. (Pierre Desproges, Chroniques de la haine ordinaire, « La démocratie » (3 mars 1986), Seuil, Point-Virgule n°V50, 1987, p. 42-43).
. La caractéristique principale d’un ami est sa capacité à vous décevoir. (Pierre Desproges, Chroniques de la haine ordinaire, « L’humanité » (10 mars 1986), Seuil, Point-Virgule n°V50, 1987, p. 58).
. L[a] servilité sans faille [des jeunes] aux consternantes musiques mort-nées que leur imposent les marchands de vinyle n’a d’égale que leur soumission béate au port des plus grotesques uniformes auquel les soumettent les maquignons de la fripe. […] / Et comment ne pas claquer ces têtes à claques devant l’irréelle sérénité de la nullité intello-culturelle qui les nimbe ? Et s’ils n’étaient que nuls, incultes et creux, par la grâce d’un quart de siècle de crétinisme marxiste scolaire, renforcé par autant de diarrhéique démission parentale, passe encore. Mais le pire est qu’ils sont fiers de leur obscurantisme, ces minables. / Ils sont fiers d’être cons. (Pierre Desproges, Chroniques de la haine ordinaire, « Non aux jeunes » (9 avril 1986), Seuil, Point-Virgule n°V50, 1987, p. 98-99).
. La nostalgie, c’est comme les coups de soleil. Ça fait pas mal pendant. Ça fait mal le soir. (Pierre Desproges, Chroniques de la haine ordinaire, « Aurore » (6 juin 1986), Seuil, Point-Virgule n°V50, 1987, p. 147).
. Un psychotique, c'est quelqu'un qui croit dur comme fer que 2 et 2 font 5, et qui en est pleinement satisfait. Un névrosé, c'est quelqu'un qui sait pertinemment que 2 et 2 font 4, et ça le rend malade. (Pierre Desproges, Textes de scène, Deuxième spectacle (1986), 1, Seuil, 1988, p. 58).
. À part la droite, il n'y a rien au monde que je méprise autant que la gauche. (Pierre Desproges, Textes de scène, Deuxième spectacle (1986), 2, Seuil, 1988, p. 61). [15]
. C'est important l'intelligence. L'intelligence, c'est le seul outil qui permet à l'homme de mesurer l'étendue de son malheur. L'intelligence, c'est comme les parachutes. Quand on n'en a pas, on s'écrase. (Pierre Desproges, Textes de scène, Deuxième spectacle (1986), 3, Seuil, 1988, p. 66).
. Je manifeste toujours tout seul. Quand on est plus de quatre on est une bande de cons. A fortiori, moins de deux, c’est l’idéal. […] Au reste mes idées sont trop originales pour susciter l'adhésion des masses bêlantes ataviquement acquises aux promiscuités transpirantes et braillardes inhérentes à la vulgarité du régime démocratique imposé chez nous depuis deux siècles par la canaille régicide. (Pierre Desproges, Textes de scène, Deuxième spectacle (1986), 4, Seuil, 1988, p. 69).
. Incroyable mais vrai : le jour de Pâques, dans les familles catholiques, les enfants croient vraiment que les poules pondent des œufs en chocolat, et leurs parents croient vraiment que le Christ est ressuscité ! (Pierre Desproges, L’Almanach, éd. Rivages, 1988, p. 28).
. Vers la fin de sa vie, Mozart était obligé de faire du porte à porte pour survivre en proposant des leçons de piano. Aujourd’hui, il suffit d’allumer la télé pour voir jouer Richard Claydermann pour pas un rond. C’est ça aussi, le progrès. (Pierre Desproges, L’Almanach, éd. Rivages, 1988, p. 68).
. L’ennemi, c’est comme le sexe. Faut tirer dessus de temps en temps pour avoir la paix. (Pierre Desproges, L’Almanach, éd. Rivages, 1988, p. 72).
. Il n’y a pas de reproche dans le regard mouillé du chien battu. C’est ce qui le différencie de l’œil blasé des pauvres, souvent ombré d’inextinguible rapacité. (Pierre Desproges, L’Almanach, éd. Rivages, 1988, p. 88).
. Les animaux sont moins intolérants que nous : un cochon affamé mangera du musulman. (Pierre Desproges, Fonds de tiroir, « Bestiaire », Seuil, 1990, p. 22).
. J’aime bien les histoires qui finissent mal. Ce sont les plus belles car ce sont celles qui ressemblent le plus à la vie. (Pierre Desproges, Fonds de tiroir, « Histoires », Seuil, 1990, p. 73).
. Je déteste l’été. Tous les ans, c’est la même chose. Dès les premiers vrais beaux jours, quand la nature est en fête et les oiseaux fous de joie, je regarde le ciel bleu par-dessus les grand marronniers de mon jardin, et je me dis : « Ah, ça y est, quelle horreur : dans six mois c’est l’hiver. » (Pierre Desproges, Fonds de tiroir, « Optimiste », Seuil, 1990, p. 100).
. Pourquoi, Dieu me tripote, faut-il toujours-z-et-encore que, siècle après siècle, civilisation après civilisation, se répète inlassablement le terrible adage qui nous enseigne que le plus court chemin de la barbarie à la décadence passe toujours par la civilisation ? (Pierre Desproges, Fonds de tiroir, « Routine », Seuil, 1990, p. 117).
. Le savoir-vivre est la somme des interdits qui jalonnent la vie d’un être civilisé, c’est-à-dire coincé entre les règles du savoir-naître et celles du savoir-mourir. (Pierre Desproges, Fonds de tiroir, « Savoir-vivre », Seuil, 1990, p. 120).
. J'adhérerai à SOS-Racisme quand ils mettront un S à « racisme ». Il y a des racistes noirs, arabes, juifs, chinois, et même des ocre-crème et des anthracite-argenté. Mais à SOS-Machin, ils ne fustigent que le Berrichon de base ou le Parisien-baguette. C'est sectaire. (Pierre Desproges, Fonds de tiroir, « SOS-Racisme », Seuil, 1990, p. 129).
. La télévision, d’État ou pas, c'est quand Lubitsch, Mozart, René Char ou Reiser, ou n'importe quoi d'autre qu'on puisse soupçonner d'intelligence, sont programmés à minuit, pour que la majorité béate des assujettis sociaux puisse s'émerveiller dès 20h30, en rotant son fromage du soir, sur le spectacle irréel d'un hébété trentenaire, figé dans un sourire définitif de hernie ventrale, et offrant des automobiles clé en main à des pauvresses authentiques sans défense et dépourvues de permis de conduire. / D’État ou pas, la télé, c’est comme la démocratie : c’est la dictature exercée par le plus grand nombre sur la minorité. (Pierre Desproges, Fonds de tiroir, « Télévision », Seuil, 1990, p. 132).
Autres pages de citations en rapport avec celle-ci sur ce blogue : Chamfort ; Victor Hugo [en préparation] ; Romanciers français 1848-1914 ; Romanciers français de la première moitié du XXe siècle ; Romanciers français de la seconde moitié du XXe siècle [en préparation] ; Dramaturges français XIXe-XXe [en préparation] ; Flaubert [en préparation] ; Vallès, Mirbeau, Darien ; Léon Bloy ; Oscar Wilde ; Ambrose Bierce [en préparation] ; Jules Renard ; Georges Courteline ; Paul Léautaud ; Jean Giraudoux ; Marcel Pagnol ; Georges Elgozy [en préparation] ; Jean Dutourd [en préparation] ; Philippe Bouvard [en préparation], – et la page générale : citations choisies et dûment vérifiées.
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[1] Un peu moins de quinze ans plus tard, Monnier adapta le mot pour le Neveu, dans la Revue comique de 1871 : « Il y a longtemps que je l’ai dit et je le répète, Napoléon III n’était qu’un ambitieux : s’il était resté simple représentant du peuple, il serait encore sur le trône. » (voir Aristide Marie, L’Art et la vie romantiques. Henry Monnier (1799-1877), Floury, 1931, chap. VII, p. 67).
[2] Cette maxime, comme plusieurs autres de la section, a été recyclée dans la partie « Maximes et pensées » du dernier livre de Scholl, Poivre et sel (Flammarion, 1901), où on la lit p. 290.
[3] Scholl fait bien entendu allusion au Génie du christianisme (1802).
[4] Guibollard est à la seconde moitié du XIXe siècle ce que fut Joseph Prudhomme à sa première moitié : une caricature du bourgeois stupide et satisfait, une machine infatigable à produire des truismes et des balourdises, par exemple : « Voyons, si Dieu n’existait pas, comment aurait-il eu un fils ? ». Scholl en a fait sa cible privilégiée, lui attribuant toutes les stupidités que le hasard faisait tomber dans ses oreilles, ou en inventant lui-même, comme le faisait le jeune Flaubert avec le « Garçon ». Il lui consacre toute la troisième section de Poivre et sel (p. 294-330), comme il lui avait déjà consacré plusieurs pages dans Fleurs d’adultère (Dentu, 1880) et quelques-unes dans Les Coulisses (Victor-Havard, 1887). J’ignore si Guibollard est une création de Scholl qui a été reprise et développée par d’autres auteurs, ou une sorte d’invention anonyme et collective. En tout cas, Nadar dans L’Hôtellerie des coquecigrues (Dentu, 1880) et dans Le Monde où on patauge (Dentu, 1883) s’est aussi fait le scribe de ses intarissables balivernes. Il est aussi le co-héros de Guibollard et Ramollot de Charles Leroy (Flammarion, 1891).
[5] Les journaux de l’époque aimaient à publier des petites collections d’anas, qui parfois, compilées, donnaient lieu à des publications en librairie comme celles de Lorédan Larchey ou, dans les années 1920, celles de Léon Treich. Mais ces grands ou petits recueils de traits d’esprit étaient, tout aussi bien que ceux d’aujourdhui, établis avec une complète désinvolture philologique : on ramassait les bons mots à la pelle, n’importe où, en se moquant comme d'une guigne de vérifier leur authenticité. Il convient donc de regarder avec la plus grande circonspection les trois aphorismes que je tire d’un article de L’Illustration, ne les ayant pas trouvés dans une source plus sûre. Je les ai mis entre guillemets pour indiquer que je les considère (jusqu'à preuve du contraire) comme des propos oraux recueillis par un témoin. De fait, ce petit corpus contient au moins une fausse citation : « L’arrêt du destin est conçu en ces termes : les riches devront bientôt chercher leur sécurité dans l’absence de désespoir chez les pauvres » n'est pas d'Aurélien Scholl, c'est de Stendhal (Mémoires d'un touriste). C'est dire la fiabilité de cet article. — Il y a quelques autres mots attribués à Scholl, peut-être purement oraux, auxquels je n’ai encore pu assigner aucune origine, par exemple : « Ne frappez jamais une femme, elle en prendrait vite l'habitude et cela deviendrait fatiguant. » ; « Une affaire superbe : achetez toutes les consciences au prix qu'elles valent et revendez-les pour ce qu'elles s'estiment. » ; « Ne plus aimer n’est qu’un malheur, ne pas le dire est une injure. » ; « Il fut un temps où les bêtes parlaient ; aujourd'hui, elles écrivent. »
[6] On trouve dans n’importe quel recueil de mots d’esprit beaucoup de citations attribuées à Tristan Bernard, qui devait les prodiguer oralement à ses amis. Malheureusement, quand on essaye de les sourcer, on rencontre les plus grandes difficultés. J’en ai recueilli une dizaine que j’aurais aimé inclure dans cette page, mais je n’ai pas réussi à leur donner une origine incontestable, et je n’ai pas voulu déroger à ma règle de ne publier que des citations dûment référencées. Par exemple : « L’humanité qui devrait avoir six-milles ans d’expérience retombe en enfance à chaque génération. » ; « Dans la vie, il faut ne compter que sur soi-même. Et encore, pas beaucoup ! » ; « Rien ne ressemble plus à un innocent qu’un coupable qui ne risque rien. » En outre, il y en a d’autres dont j’ai pu identifier le livre dont elles proviennent, mais il s’agit de romans ou de pièces que je ne possède pas et n’ai pas encore eu l’occasion d’aller consulter en bibliothèque.
[7] Envoyé à Drancy, Tristan Bernard fut rapidement libéré grâce à l’intervention de Sacha Guitry et Arletty.
[8] On retrouve l’idée plus loin dans le livre : « La pensée c’est comme ça, quand on commence on ne sait jamais où ça va vous emmener. » (II, 2, 3, 9 ; p. 225).
[9] Félicitons Desproges d’employer ici congrument l’adjectif « chafouin », qui signifie rusé, sournois, et non pas chagrin, renfrogné, comme tout-le-monde s’est mis à le croire aujourdhui.
[10] Ce passage est repris dans Textes de scène, Premier spectacle (1984), 3. « Que choisir ? », Seuil, 1988, p. 16.
[11] Cette définition est reprise dans Textes de scène, Premier spectacle (1984), 1. « Je baisse », Seuil, 1988, p. 10.
[12] La formule se trouvait déjà dans le « réquisitoire contre André Balland » (4 novembre 1982) : Les Réquisitoires du tribunal des flagrants délires, tome II, Seuil, 2003, p. 27. Les livres de Desproges reprennent très largement ses saynètes radiophoniques et télévisuelles (et ses spectacles reprennent des parties de ses livres). Ainsi ce chapitre « plume » de Vivons heureux en attendant la mort est-il constitué par le réquisitoire contre André Balland, puis par la majeure partie du réquisitoire contre Patrick Poivre d’Arvor, puis par une très large partie du réquisitoire contre Maurice Siégel, enfin par la moitié du réquisitoire contre Sapho.
[13] Cette tirade est reprise de la première partie du « réquisitoire contre Sapho » (16 novembre 1982) : Les Réquisitoires du tribunal des flagrants délires, tome II, Seuil, 2003, p. 48-49. Voir note précédente.
[14] La plaisanterie apparaissait déjà en 1981 dans le chapitre VI du Manuel de savoir-vivre (Point-Virgule n°V1, 1995, p. 49-50).
[15] Ce rejet universel apparaissait déjà, sous une forme légèrement différente, deux ans avant : « Aussi loin que je remonte dans le catalogue de mes haines, la seule chose au monde que je haïsse autant que la gauche, c’est la droite. » (Textes de scène, Premier spectacle (1984), 6, Seuil, 1988, p. 32).
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