RAYMOND RADIGUET : LES MAXIMES D'UN JEUNE NÉO-CLASSIQUE (17.12.2016)
[Présentation de Radiguet (1903-1923) à paraître] [1]
ARTICLES
. Les conseils s’adressent toujours aux médiocres. (Raymond Radiguet, « Conseils aux grands poètes », article publié dans Le Coq parisien, n°4, novembre 1920 ; Pochothèque, 2001, p. 98).
. « Efforcez-vous d’être banal », recommanderons-nous au grand poète. La recherche de la banalité le préviendra contre la bizarrerie, toujours détestable. […] Mais malheur aux poètes sans personnalité qui suivraient notre conseil. Que gagneraient-ils à se montrer nus ? (Raymond Radiguet, « Conseils aux grands poètes », article publié dans Le Coq parisien, n°4, novembre 1920 ; Pochothèque, 2001, p. 98).
. S’il est parfois fort noble d’avoir des opinions qui vous sont personnelles et ne rencontrent aucun partisan, c’est un poids bien lourd à porter et, la plupart du temps, fort inutile. (Raymond Radiguet, « Parade », article publié dans Le Gaulois, 25 décembre 1920 ; Pochothèque, 2001, p. 107).
. Certaines œuvres obscures sont fort belles. Mais je leur préférerai toujours les œuvres dont la beauté ne nuit pas à la clarté. (Raymond Radiguet, « Parade », article publié dans Le Gaulois, 25 décembre 1920 ; Pochothèque, 2001, p. 112).
. Les uns courent après l’originalité : en vain, car elle court toujours plus vite que celui qui cherche à l’attraper. C’est la méthode des artistes trop faibles pour renoncer à surprendre le public. (Raymond Radiguet, « Ingres et le cubisme », article publié dans Le Gaulois, 21 mai 1921 ; Pochothèque, 2001, p. 133).
. On ne peut rien faire de complètement nouveau. Le voudrait-on, les œuvres qui en résulteraient nous ôteraient l’envie de recommencer. (Raymond Radiguet, « Ingres et le cubisme », article publié dans Le Gaulois, 21 mai 1921 ; Pochothèque, 2001, p. 133).
. Il est plus difficile pour un peintre de faire exactement ce qu’il sent, tout en respectant la nature, au lieu de lui infliger de graves corrections, comme font les cubistes. […] [Ingres] enseigne […] qu’on peut respecter la nature tout en la dominant. (Raymond Radiguet, « Ingres et le cubisme », article publié dans Le Gaulois, 21 mai 1921 ; Pochothèque, 2001, p. 134-135).
. Je crois qu’à tout âge, et dès le plus tendre, on a à la fois vécu et l’on commence de vivre. (Raymond Radiguet, « Mon premier roman : Le Diable au corps », article paru dans Les Nouvelles littéraires, n°21, 10 mars 1923 ; Pochothèque, 2001, p. 379).
. C’est un travers trop humain de ne croire qu’à la sincérité de celui qui s’accuse ; or, le roman exigeant un relief qui se trouve rarement dans la vie, il est naturel que ce soit justement une fausse autobiographie qui semble la plus vraie. (Raymond Radiguet, « Mon premier roman : Le Diable au corps », article paru dans Les Nouvelles littéraires, n°21, 10 mars 1923 ; Pochothèque, 2001, p. 379).
RÉCITS et POÉSIES
. Quand un désir est assez faible et qu’on veut lui donner l’apparence de l’amour, il ne faut négliger aucune des ressources, des minuties, s’adressant à l’imagination. (Raymond Radiguet, Denise (1920) ; Pochothèque, 2001, p. 642).
. Nous avons toujours besoin de donner des raisons à nos mouvements d’âme les plus déraisonnables. (Raymond Radiguet, Denise (1920) ; Pochothèque, 2001, p. 642).
. Notre temps se perd en regrets et en souhaits ; nous sommes toujours dans la vie, comme dans son lit un homme atteint d’insomnie, et qui croit qu’il s’endormirait s’il couchait à plat ventre sur la descente de lit ou la tête plus basse que les pieds. Cette nouvelle posture le satisfait un instant, puis elle lui apparaît encore plus incommode que les autres. (Raymond Radiguet, Denise (1920) ; Pochothèque, 2001, p. 644-645).
. Je n’ai jamais ressenti plus ardemment la morsure du doute. Ne pas savoir à quoi s’en tenir, c’est le plus terrible. (Raymond Radiguet, Denise (1920) ; Pochothèque, 2001, p. 646).
. Quels mauvais maîtres ont enseigné à toute une jeunesse que, pour atteindre au cœur des choses, il suffit de les dépouiller de tout ce qui les entoure, et qu’en supprimant les barrières, on touche la poésie de plus près ? (Raymond Radiguet, Les Joues en feu, avant-propos (septembre 1923) ; Pochothèque, 2001, p. 540).
. C’est avant, ou après notre cœur, que s’éveillent nos sens ; jamais en même temps. (Raymond Radiguet, Les Joues en feu, avant-propos (septembre 1923) ; Pochothèque, 2001, p. 540).
. Plus d’hommes qu’on ne croit restent des collégiens, toute leur vie. Niaises curiosités, rires à contretemps, combien peu, avec l’âge, s’en débarrassent. (Raymond Radiguet, Les Joues en feu, avant-propos (septembre 1923) ; Pochothèque, 2001, p. 541).
LE DIABLE AU CORPS
. L’égoïsme des enfants est-il se différent du nôtre ? L’été, à la campagne, nous maudissons la pluie qui tombe, et les cultivateurs la réclament. (Raymond Radiguet, Le Diable au corps (1923), 1 ; Pochothèque, 2001, p. 258).
. À force de vivre dans les mêmes idées, de ne voir qu’une chose, si on la veut avec ardeur, on ne remarque plus le crime de ses désirs. (Raymond Radiguet, Le Diable au corps (1923), 5 ; Pochothèque, 2001, p. 281).
. Dans l’extrême jeunesse, l’on est trop enclin, comme les femmes, à croire que les larmes dédommagent de tout. (Raymond Radiguet, Le Diable au corps (1923), 5 ; Pochothèque, 2001, p. 282).
. Quand les liens ne sont pas encore solides, pour perdre quelqu’un de vue, il suffit de manquer une fois un rendez-vous. (Raymond Radiguet, Le Diable au corps (1923), 5 ; Pochothèque, 2001, p. 283).
. La fureur du loup pris lui fait autant de mal que le piège. (Raymond Radiguet, Le Diable au corps (1923), 7 ; Pochothèque, 2001, p. 290).
. Ce n’est pas dans la nouveauté, c’est dans l’habitude que nous trouvons les plus grands plaisirs. (Raymond Radiguet, Le Diable au corps (1923), 7 ; Pochothèque, 2001, p. 291).
. Celui qui aime agace toujours celui qui n’aime pas. (Raymond Radiguet, Le Diable au corps (1923), 8 ; Pochothèque, 2001, p. 293).
. Nous croyons être les premiers à ressentir certains troubles, ne sachant pas que l’amour est comme la poésie, et que tous les amants, même les plus médiocres, s’imaginent qu’ils innovent. (Raymond Radiguet, Le Diable au corps (1923), 9 ; Pochothèque, 2001, p. 302).
. Envisager la mort avec calme ne compte que si nous l’envisageons seul. La mort à deux n’est plus la mort, même pour les incrédules. Ce qui chagrine, ce n’est pas de quitter la vie, mais de quitter ce qui lui donne un sens. Lorsqu’un amour est notre vie, quelle différence y a-t-il entre vivre ensemble ou mourir ensemble ? (Raymond Radiguet, Le Diable au corps (1923), 9 ; Pochothèque, 2001, p. 303).
. L’amour, qui est l’égoïsme à deux, sacrifie tout à soi, et vit de mensonges. (Raymond Radiguet, Le Diable au corps (1923), 10 ; Pochothèque, 2001, p. 305).
. Les moments où on ne peut pas mentir sont précisément ceux où l’on ment le plus, et surtout à soi-même. Croire une femme « au moment où elle ne peut mentir », c’est croire à la fausse générosité d’un avare. (Raymond Radiguet, Le Diable au corps (1923), 11 ; Pochothèque, 2001, p. 309).
. Ma clairvoyance n’était qu’une forme plus dangereuse de ma naïveté. Je me jugeais moins naïf, je l’étais sous une autre forme, puisque aucun âge n’échappe à la naïveté. Celle de la vieillesse n’est pas la moindre. (Raymond Radiguet, Le Diable au corps (1923), 11 ; Pochothèque, 2001, p. 309).
. Rien ne nous rend moins « sentimental » que la passion. (Raymond Radiguet, Le Diable au corps (1923), 14 ; Pochothèque, 2001, p. 318).
. Elle était comme ces poètes qui savent que la vraie poésie est chose « maudite », mais qui, malgré leur certitude, souffrent parfois de ne pas obtenir les suffrages qu’ils méprisent. (Raymond Radiguet, Le Diable au corps (1923), 15 ; Pochothèque, 2001, p. 321).
. Rien n’absorbe plus que l’amour. […] L’amour sent confusément que son seul dérivatif réel est le travail. Aussi le considère-t-il comme un rival. Et il n’en supporte aucun. (Raymond Radiguet, Le Diable au corps (1923), 17 ; Pochothèque, 2001, p. 325).
. Si la jeunesse est niaise, c’est faute d’avoir été paresseuse. Ce qui infirme nos systèmes d'éducation, c'est qu'ils s'adressent aux médiocres, à cause du nombre. Pour un esprit en marche, la paresse n'existe pas. Je n'ai jamais plus appris que dans ces longues journées qui, pour un témoin, eussent semblé vides, et où j’observais mon cœur novice comme un parvenu observe ses gestes à table. (Raymond Radiguet, Le Diable au corps (1923), 17 ; Pochothèque, 2001, p. 325).
. La puissance ne se montre que si l’on en use avec injustice. (Raymond Radiguet, Le Diable au corps (1923), 19 ; Pochothèque, 2001, p. 332).
. Sans doute sommes-nous tous des Narcisse, aimant et détestant leur image, mais à qui toute autre est indifférente. C’est cet instinct de ressemblance qui nous mène dans la vie, nous criant « halte ! » devant un paysage, une femme, un poème. Nous pouvons en admirer d’autres, sans ressentir ce choc. L’instinct de ressemblance est la seule ligne de conduite qui ne soit pas artificielle. (Raymond Radiguet, Le Diable au corps (1923), 19 ; Pochothèque, 2001, p. 333).
. L’instinct est notre guide ; un guide qui nous conduit à notre perte. (Raymond Radiguet, Le Diable au corps (1923), 21 ; Pochothèque, 2001, p. 335).
. Cette alerte me fit maudire l’amour qui nous force à rendre compte de nos actes, alors que j’eusse tant aimé n’en jamais rendre compte, à moi pas plus qu’aux autres. (Raymond Radiguet, Le Diable au corps (1923), 23 ; Pochothèque, 2001, p. 345).
. Il faut pourtant […] que l’amour offre de grands avantages puisque tous les hommes remettent leur liberté entre ses mains. Je souhaitais d’être vite assez fort pour me passer d’amour et, ainsi, n’avoir à sacrifier aucun de mes désirs. J’ignorais que servitude pour servitude, il vaut encore mieux être asservi par son cœur que l’esclave de ses sens. (Raymond Radiguet, Le Diable au corps (1923), 23 ; Pochothèque, 2001, p. 346).
. Comme l’abeille butine et enrichit la ruche, – de tous ses désirs qui le prennent dans la rue –, un amoureux enrichit son amour. Il en fait bénéficier sa maîtresse. Je n’avais pas encore découvert cette discipline qui donne aux natures infidèles la fidélité. Qu’un homme convoite une fille et reporte cette chaleur sur la femme qu’il aime, son désir plus vif parce qu’insatisfait laissera croire à cette femme qu’elle n’a jamais été mieux aimée. On la trompe, mais la morale, selon les gens, est sauve. À de tels calculs, commence le libertinage. Qu’on ne condamne donc pas trop vite certains hommes capables de tromper leur maîtresse au plus fort de leur amour ; qu’on ne les accuse pas d’être frivoles. Ils répugnent à ce subterfuge et ne songent même pas à confondre leur bonheur et leurs plaisirs. (Raymond Radiguet, Le Diable au corps (1923), 23 ; Pochothèque, 2001, p. 346).
. [Nos amis] jugent nos maîtresses insupportables et indignes de nous. C’est notre seule sauvegarde. Lorsqu’il n’en va plus ainsi, elles risquent de devenir les leurs. (Raymond Radiguet, Le Diable au corps (1923), 26 ; Pochothèque, 2001, p. 353).
. Toutes les mères, par principe, ne souhaitent rien tant pour leurs fils que le mariage, mais désapprouvent la femme qu’ils choisissent. (Raymond Radiguet, Le Diable au corps (1923), 27 ; Pochothèque, 2001, p. 357).
. L’enfance cherche des prétextes. Toujours appelée à se justifier devant les parents, il est fatal qu’elle mente. (Raymond Radiguet, Le Diable au corps (1923), 29 ; Pochothèque, 2001, p. 362).
. Le malheur ne s'admet point. Seul, le bonheur semble dû. […] J’écoutais, stupide, l’arrêt du médecin, comme un condamné sa sentence. S’il ne pâlit point : « Quel courage ! » dit-on. Pas du tout : c’est plutôt manque d’imagination. Lorsqu’on le réveille pour l’exécution, alors, il entend la sentence. (Raymond Radiguet, Le Diable au corps (1923), 31 ; Pochothèque, 2001, p. 366-367).
. L’amour est la forme la plus violente de l’égoïsme. (Raymond Radiguet, Le Diable au corps (1923), 32 ; Pochothèque, 2001, p. 371).
. C’est l’objet que nous avons constamment sous les yeux que nous reconnaissons avec le plus de difficulté, si on le change un peu de place. (Raymond Radiguet, Le Diable au corps (1923), 32 ; Pochothèque, 2001, p. 371).
. L’homme très jeune est un animal rebelle à la douleur. (Raymond Radiguet, Le Diable au corps (1923), 32 ; Pochothèque, 2001, p. 373).
. Rien ne ressemble moins aux choses elles-mêmes que ce qui en est tout près. Un homme qui a failli mourir croit connaître la mort. Le jour où elle se présente enfin à lui, il ne la reconnaît pas : « Ce n’est pas elle », dit-il, en mourant. (Raymond Radiguet, Le Diable au corps (1923), 32 ; Pochothèque, 2001, p. 373).
. [Il est] insupportable que la personne que nous aimons se trouve en nombreuse compagnie dans une fête où nous ne sommes pas. (Raymond Radiguet, Le Diable au corps (1923), 33 ; Pochothèque, 2001, p. 376).
LE BAL DU COMTE d’ORGEL
. Les manœuvres inconscientes d’une âme pure sont encore plus singulières que les combinaisons du vice. (Raymond Radiguet, Le Bal du comte d’Orgel (1924), 1 ; Pochothèque, 2001, p. 385).
. Tout âge porte ses fruits, il faut savoir les cueillir. Mais les jeunes gens sont si impatients d’atteindre les moins accessibles, et d’être des hommes, qu’ils négligent ceux qui s’offrent. […] De toutes les saisons, le printemps, s’il est la plus seyante, est aussi la plus difficile à porter. (Raymond Radiguet, Le Bal du comte d’Orgel (1924), 1 ; Pochothèque, 2001, p. 391-392).
. Vivre un conte de fées n’étonne pas. Son souvenir seul nous en fait découvrir le merveilleux. (Raymond Radiguet, Le Bal du comte d’Orgel (1924), 1 ; Pochothèque, 2001, p. 394).
. Toute mode est délicieuse qui répond à une nécessité, non à une bizarrerie. (Raymond Radiguet, Le Bal du comte d’Orgel (1924), 1 ; Pochothèque, 2001, p. 398).
. Le propre d’une nature noble [est] de ne pas imaginer que tout lui est dû, ou du moins de cacher qu’elle le croit. (Raymond Radiguet, Le Bal du comte d’Orgel (1924), 1 ; Pochothèque, 2001, p. 411).
. [Il] goûtait assez les bavards, non pour ce qu’ils disent, mais parce qu’ils permettent de se taire. (Raymond Radiguet, Le Bal du comte d’Orgel (1924), 3 ; Pochothèque, 2001, p. 419).
. Plus que nos manières, dont les public est juge, importe la politesse du cœur et de l’âme, dont chacun de nous a seul le contrôle. (Raymond Radiguet, Le Bal du comte d’Orgel (1924), 5 ; Pochothèque, 2001, p. 434).
. C’est lorsqu’un mal entre en nous que nous nous croyons en danger. Dès qu’il sera installé, nous pourrons faire bon ménage avec lui, voire ne pas soupçonner sa présence. (Raymond Radiguet, Le Bal du comte d’Orgel (1924), 5 ; Pochothèque, 2001, p. 435).
. Les idées de François sur l’amour étaient toutes faites. Mais parce que c’est lui qui les avait faites, il les croyait sur mesure. (Raymond Radiguet, Le Bal du comte d’Orgel (1924), 6 ; Pochothèque, 2001, p. 436).
. Nous sommes attirés par qui nous flatte, de quelque façon que ce soit. [… Il éprouvait…] un peu de cette reconnaissance que l’on éprouve envers qui nous porte envie. (Raymond Radiguet, Le Bal du comte d’Orgel (1924), 6 ; Pochothèque, 2001, p. 437).
. « Et puis, c’est une sainte », ajoutaient, à la fin, ceux qui faisaient son éloge. Cela signifiait que la nature l’avait peu comblée. (Raymond Radiguet, Le Bal du comte d’Orgel (1924), 7 ; Pochothèque, 2001, p. 439).
. Il avait toujours évité l’amour comme une chose trop exclusive. Pour aimer il faut du loisir. (Raymond Radiguet, Le Bal du comte d’Orgel (1924), 8 ; Pochothèque, 2001, p. 440).
. Il en est des êtres comme des mers ; chez les uns l’inquiétude est l’état normal ; d’autres sont une Méditerranée, qui ne s’agite que pour un temps et retombe en la bonace. (Raymond Radiguet, Le Bal du comte d’Orgel (1924), 11 ; Pochothèque, 2001, p. 449).
. La fable lui paraissait maladroite, comme ce qui est vrai. (Raymond Radiguet, Le Bal du comte d’Orgel (1924), 13 ; Pochothèque, 2001, p. 452).
. La poésie tient plus de la précision que du vague. (Raymond Radiguet, Le Bal du comte d’Orgel (1924), 16 ; Pochothèque, 2001, p. 458).
. Chacun manqua surprendre un peu de la vérité. Mais tout rentra bientôt dans l’ordre, c’est-à-dire dans les ténèbres. (Raymond Radiguet, Le Bal du comte d’Orgel (1924), 18 ; Pochothèque, 2001, p. 463).
. Il en est du bonheur comme de la santé : on ne le constate pas. (Raymond Radiguet, Le Bal du comte d’Orgel (1924), 19 ; Pochothèque, 2001, p. 466).
. Il est au-dessus de notre force de supporter les blessures de vanité. Elles nous tournent la tête. (Raymond Radiguet, Le Bal du comte d’Orgel (1924), 19 ; Pochothèque, 2001, p. 467).
. Rien ne nous enhardit plus que le trouble des autres. (Raymond Radiguet, Le Bal du comte d’Orgel (1924), 20 ; Pochothèque, 2001, p. 468).
. De loin, personne n’est reconnaissable, parce que plus ressemblant. Si la séparation peut créer des barrières, elle en supprime d’autres. […] Il semble pourtant que dans la séparation il devrait être plus facile de se déguiser. C’est juste le contraire. (Raymond Radiguet, Le Bal du comte d’Orgel (1924), 22 ; Pochothèque, 2001, p. 473).
. [Ils] se piqu[aient] d’émulation dans des sentiments qu’ils tenaient jadis pour risibles : la fidélité, le respect de soi-même et d’autrui, ce mélange qui n’est insipide que pour ceux qui n’ont pas de goût, le devoir. (Raymond Radiguet, Le Bal du comte d’Orgel (1924), 25 ; Pochothèque, 2001, p. 480).
. L'insouciance ne s'improvise pas. (Raymond Radiguet, Le Bal du comte d’Orgel (1924), 27 ; Pochothèque, 2001, p. 485).
. Ce qui est trop simple à dire, on n’arrive pas à l’énoncer clairement. (Raymond Radiguet, Le Bal du comte d’Orgel (1924), 29 ; Pochothèque, 2001, p. 491).
. L’honnêteté, la vertu peuvent mettre dans un état d’incompréhension féroce. (Raymond Radiguet, Le Bal du comte d’Orgel (1924), 29 ; Pochothèque, 2001, p. 491).
. Il en coûte cher de modifier ses opinions. (Raymond Radiguet, Le Bal du comte d’Orgel (1924), 32 ; Pochothèque, 2001, p. 505).
. La folie collective apparaissait. Chacun accusait les autres de l’y avoir entraîné, en voulait encore plus à ceux qui avaient gardé de la mesure. (Raymond Radiguet, Le Bal du comte d’Orgel (1924), 32 ; Pochothèque, 2001, p. 510).
. Le drame se complaît souvent autour des objets les moins significatifs. De quelle signification puissante il aime alors à revêtir un chapeau ! […] Elle fit alors un de ces gestes d’autant plus héroïques que leur grandeur ne frappe personne, tant nous préjugeons et tant il nous est difficile d’admettre qu’un feutre tyrolien peut devenir le centre d’une tragédie ! (Raymond Radiguet, Le Bal du comte d’Orgel (1924), 32 ; Pochothèque, 2001, p. 512).
. On est malhabile en face d’un incrédule. (Raymond Radiguet, Le Bal du comte d’Orgel (1924), 33 ; Pochothèque, 2001, p. 518).
CORRESPONDANCE et PROPOS ORAUX
. « Le mécanisme d’un chef-d’œuvre étant invisible, je ne peux apprendre que dans les livres qui passent pour l’être et qui ne le sont pas. » (Raymond Radiguet, propos oral rapporté par Jean Cocteau dans La Difficulté d’être (1947), coll. 10/18 n°164, 1973, p. 22).
[À compléter]
Autres pages de citations en rapport avec celle-ci sur ce blogue : Écrivains et penseurs de droite [en préparation] ; Écrivains divers du XVIIe siècle [en préparation] ; La Rochefoucauld ; La Bruyère ; Écrivains divers du XVIIIe siècle [en préparation] ; Dramaturges classiques : Corneille, Molière, Racine et les autres ; Libertins du XVIIIe siècle [en préparation] ; Stendhal [en préparation] ; Balzac [en préparation] ; Romanciers français 1848-1914 ; Romanciers français de la première moitié du XXe siècle ; Poètes français modernes [en préparation] ; Oscar Wilde ; Paul-Jean Toulet ; Marcel Proust [en préparation] ; André Gide [en préparation] ; Paul Léautaud ; Jean Giraudoux ; Jean Cocteau [en préparation] ; Paul Morand ; François Mauriac [en préparation] ; Julien Green ; Montherlant [en préparation] ; Hubert Monteilhet, – et la page générale : citations choisies et dûment vérifiées.
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[1] Je donne les références au volume des Œuvres en Pochothèque (réalisée par Clément Borgal en 2001) plutôt que dans l’édition des Œuvres complètes en Omnibus (réalisée par Chloé Radiguet et Julien Cendres en 2012) : la première a un aspect matériel (papier, typographie) bien supérieur, et me semble promise à rester plus longtemps dans les librairies. Cependant, j’ai bien conscience qu’elle est critiquable, voire détestable : elle est lacunaire, alors qu’un tel volume avait vocation à rassembler tous les écrits de Radiguet ; elle est dépourvue de toute annotation et ne comporte pas de chronologie (on en trouvera une, détaillée, dans le volume de poche Œuvre poétique, collection La petite vermillon n°141, La Table ronde, 2001, p. 259-281) ; enfin elle a choisi de présenter les écrits par ordre chronologique, ce qui fait alterner articles, poèmes et récits dans un mélange bien plus confus que révélateur. Si encore ce parti avait été méthodiquement suivi ! Mais en fait d’ordre chronologique, on a ici non pas l’ordre d’écriture, mais, absurdement, l’ordre de publication, y compris pour les textes posthumes imprimés entre 1924 et 1927 !! Ainsi les deux pièces Le Gendarme incompris et Les Pélican sont-elles données l’une après l’autre, dans l’année 1921, alors que la première a été écrite (en collaboration avec Cocteau) en janvier 1920 et la seconde en novembre 1919 ; ainsi ni Le Diable, écrit pendant l’été 1921, ni Le Bal, écrit pour l’essentiel entre mai et octobre 1922, ne sont correctement situés, et ils précèdent la deuxième série des Joues en feu, recueil de poèmes presque tous écrits en mars-avril 1921, qui lui-même précède Denise, nouvelle écrite en mars 1920 ! On est très loin de l’œuvre-vie vers quoi tendait cette édition, et qui eût pu être éclairante si elle avait été menée avec rigueur (ce qui aurait nécessité d’éclater les recueils poétiques constitués par Radiguet). — Ajoutons que la référence au texte de Cocteau donné pages VIII-IX est fausse : il ne s’agit pas d’un extrait du Journal 1942-1945 (cette référence correspond au texte suivant, page X), il s’agit d’un extrait de la Lettre à Jacques Maritain (1926).
18:45 Écrit par Le déclinologue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : raymond radiguet, jean cocteau, le diable au corps, le bal du comte d'orgel, les joues en feu, clément borgal, chloé radiguet, julien cendres, citations, cynisme, enfant terrible, classicisme, modernité, denise, égoïsme, amour, années folles, libertinage, psychologie, cubisme | | | Facebook | | Imprimer | | Digg |