GILBERT CESBRON : SES MEILLEURS APHORISMES
18.10.2017
Gilbert Cesbron (1913-1979) fut un romancier catholique extrêmement populaire des années 1950 aux années 1980 : ses romans [1], ancrés dans la réalité sociale contemporaine, abordant des thèmes parlant au grand-public (les prêtres-ouvriers, la jeunesse délinquante, l’euthanasie, la violence, le divorce, les handicapés mentaux, etc) dans un style accessible et un ton compatissant, dépassèrent souvent le million d’exemplaires. C’était un peu le Marc Lévy ou le Paulo Coelho de l’époque, mais avec un peu plus de vocabulaire et de tenue littéraire : chaque époque a le Marc Lévy qu’elle mérite, et le grand-public plébiscite les plumitifs qui se mettent à son niveau ! Ces romans massivement imprimés pendant plus de trente ans se trouvent aujourdhui très facilement pour 2 € dans les bouquineries, voire pour 0,50 € dans les braderies caritatives. Mais comme souvent ce genre de production, ils sont passés de mode et ont cessé d’être réédités dans les années 2000 : le nom de Cesbron est aujourdhui absent des catalogues du Livre de poche, de J’ai lu et de Pocket, où il a pourtant été longtemps l’une des vedettes. Même les éditions Robert Laffont, à qui il a tant rapporté, l’ignorent désormais ! Sic transit… [2]
Cesbron avait aussi publié des essais et des recueils d’aphorismes [3], totalement méconnus et oubliés quant à eux. J’y ai cependant trouvé quelques dizaines de formules appréciables. Je goûte en particulier son aversion de la bourgeoisie catholique, même si on pourrait dire méchamment qu’il y a en lui un Bernanos du pauvre. L’aphoriste n’est pas Paul Valéry ou Cioran, mais il vaut bien Gustave Thibon, pour le comparer à quelqu’un qui partage ses orientations.
J’ai réparti les aphorismes que j’ai choisis en dix rubriques accessibles d’un clic : La vie Psychologie Les femmes et l’amour Morale La France et les Français Le monde moderne Politique Littérature Religion La mort
. Le temps coule, goutte à goutte. Toute vie, toute œuvre valable est une stalactite. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 101). [4]
. La vie n’est qu’un passage ; certains, qui se prétendent pourtant chrétiens, veulent en faire un « passage clouté ». (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas (1957), « Des branches et des racines » ; Robert Laffont, 1957, p. 129).
. La vie distribue les cartes ; on en jette ; elle en redonne. Et puis elle s’arrête, on ne sait ni quand ni pourquoi, et c’est avec ce jeu-là qu’il faut achever la partie. (Gilbert Cesbron, Journal sans date II [5], Robert Laffont, 1967, p. 192).
. S’étant avisé que, sur soixante-quinze ans de vie, il en perdrait vingt-cinq à dormir, il décida de se priver de sommeil pour regagner ces vingt-cinq années. Mais il mourut à cinquante ans… (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 92).
. Un enfant devient une grande personne le jour où il comprend qu’il n’y a pas de grandes personnes. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 21).
. Celui qui croit avoir toujours raison a premièrement toujours tort en celà. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 165).
. Vient toujours un moment où les évènements donnent raison à n’importe qui. La prophétie est un refuge sans danger. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 103).
. L’Histoire braque plus volontiers ses projecteurs sur ceux qui posent furieusement des problèmes que sur ceux qui, patiemment, les résolvent. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas (1957), « Des branches et des racines » ; Robert Laffont, 1957, p. 139).
. L’Histoire est déjà une imposture en ceci qu’elle est écrite par les survivants. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas (1957), « Des branches et des racines » ; Robert Laffont, 1957, p. 153).
. L’Histoire n’est un « perpétuel recommencement » que pour les myopes et les presbytes : pour ceux qui la regardent de trop haut ou qui n’en voient que des détails. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 91).
. Historiens et philosophes sont souvent pareils aux enfants qui inventent les règles de leurs jeux au fur et à mesure de leur envie de gagner. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas (1957), « Des branches et des racines » ; Robert Laffont, 1957, p. 135).
. L’ordre des uns est le désordre des autres – maxime ménagère et politique. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas (1957), « Des branches et des racines » ; Robert Laffont, 1957, p. 151).
. Un avion qui s’attaque à un record n’emporte rien d’autre que du carburant. Mais un avion est fait pour transporter des voyageurs et du courrier, pas de l’essence. / Un homme qui n’a pour moteur que son ambition va très loin mais n’y apporte rien. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 85).
. Un homme qui « réussit » est suspect : il s’est laissé ébrancher pour monter plus haut. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas (1957), « Des branches et des racines » ; Robert Laffont, 1957, p. 163).
. Tu n’es jamais en paix avec ton corps : en armistice seulement, à ses meilleures heures. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas (1957), « Des branches et des racines » ; Robert Laffont, 1957, p. 118).
. Des goûts et des couleurs, si l’on ne discutait pas, de quoi parlerait-on ? (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas (1957), « Des branches et des racines » ; Robert Laffont, 1957, p. 129).
. Dans bien des domaines, ce sont les incidents de frontière qui seuls précisent les frontières. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 84).
. Ce que les hommes appellent dialogue est, le plus souvent, la coexistence de deux monologues qui consentent à s’interrompre afin de se succéder. Il n’y a guère qu’au théâtre et dans les circonstances graves que les protagonistes se répondent vraiment. Sinon, ce sont deux rails parallèles que relient des traverses. (Gilbert Cesbron, Journal sans date II, Robert Laffont, 1967, p. 59-60).
. Il est singulier d’éprouver à la fois le sentiment d’avoir fait le tour des choses et celui de n’être qu’un enfant. Mais peut-être est-ce le secret final. (Gilbert Cesbron, La regarder en face (1982), « Il y avait là un jardin… » ; Presses-Pocket n°2186, 1983, p. 233).
. On passe sa vie à calfater de petites brèches sans jamais prendre le temps de regarder ce qu’il y a de l’autre côté du mur. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas (1957), « Des branches et des racines » ; Robert Laffont, 1957, p. 140).
. On ne devine que ce qu'on savait à son insu. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 85).
. On passe sa vie à modifier ses définitions du bonheur et du malheur. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 100).
. Trouver quelqu’un intelligent, c’est consentir à le comparer à soi-même. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 79).
. Chaque fois que nous doutons de nous, c’est seulement la médiocrité des autres qui nous rassure. [6] (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas (1957), « Des branches et des racines » ; Robert Laffont, 1957, p. 145).
. La médiocrité de certaines vies nous propose un mystère plus profond que l’éclat de certaines autres. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 206).
. On demande toujours aux gens comment ils se portent. On devrait leur demander comment ils se supportent. (Gilbert Cesbron, Journal sans date II , Robert Laffont, 1967, p. 13).
. Pour la plupart des humains, chaque jour, chaque semaine, chaque année de leur vie n’est qu’une tacite reconduction. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 99).
. Ce qu’ils appellent leur vie, c’est leur emploi du temps. (Gilbert Cesbron, Journal sans date II, Robert Laffont, 1967, p. 19).
. Un imbécile de bonne foi est malheureusement toujours un imbécile. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 142).
. Un sot trouve toujours un plus sot qu’il admire. [7] (Gilbert Cesbron, Journal sans date II, Robert Laffont, 1967, p. 136).
. Les personnes sans personnalité jouent un personnage. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 219).
. Chacun de nous possède une musique d'accompagnement intérieure. Et si les autres l'entendent aussi, cela s'appelle la personnalité. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 113).
. « Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas ! » disent les imbéciles quand ils changent. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 85).
. Ceux qui disent : « J’ai des principes » n’ont, le plus souvent, que des habitudes ou des préjugés. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 203).
. N’importe qui est capable de choisir ce qu’il préfère ; mais seuls les superbes savent préférer ce qu’ils choisissent. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 144).
. Les hommes sans aucune angoisse m’angoissent. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 99).
. Les ratés qui ont réussi – race impitoyable. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas (1957), « Des branches et des racines » ; Robert Laffont, 1957, p. 165).
. La leçon du Christ a porté : on répugne à jeter « la première pierre ». Mais, pour les suivantes, on ne se gêne point. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas (1957), « Des branches et des racines » ; Robert Laffont, 1957, p. 177).
. Sous prétexte que la passion conduit à des excès, ils prennent leurs excès pour de la passion. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas (1957), « Des branches et des racines » ; Robert Laffont, 1957, p. 147).
. Ce qu’on appelle dignité chez les autres, c’est une attitude qui nous épargne la compassion. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas (1957), « Des branches et des racines » ; Robert Laffont, 1957, p. 147).
. Confondre pitié et compassion c’est assimiler celui qui donne l’alerte quand un homme se noie à celui qui plonge pour le sauver. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas (1957), « Des branches et des racines » ; Robert Laffont, 1957, p. 132).
. Test cruel : remercier ou louer chaleureusement quelqu’un d’un bienfait ou d’une réussite auxquels on sait qu’en vérité il n’a pris aucune part. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas (1957), « Des branches et des racines » ; Robert Laffont, 1957, p. 142).
. On est ambitieux par orgueil, et arriviste par manque d’orgueil. (Gilbert Cesbron, Journal sans date II, Robert Laffont, 1967, p. 207).
. Les intrigants me déroutent plus souvent par leur enfantillage que par leur machiavélisme. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 177).
. Il ne suffit pas d’être opportuniste, il faut encore l’être à temps. L’opportuniste tardif : personnage de comédie. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 86).
. La sottise des puissants est de ne pas s’entr’allier selon leurs affinités ou leurs besoins, mais seulement en fonction de leur degré de puissance. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 107).
. Les gens importants ne nous jugent guère que sur notre façon de les écouter. (Gilbert Cesbron, Journal sans date II, Robert Laffont, 1967, p. 115).
. Il n’y a pas moins de vanité à se croire le plus heureux que le plus malheureux des hommes. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas (1957), « Des branches et des racines » ; Robert Laffont, 1957, p. 174).
. Les bien-portants trouvent que la médecine progresse à pas de géant. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas (1957), « Des branches et des racines » ; Robert Laffont, 1957, p. 138).
. L’homme a une rougeur et croit que c’est un cancer, un cancer et croit que c’est une rougeur. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 106).
. Trouver quelqu’un de têtu, c’est seulement avouer qu’il est plus obstiné que soi. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas (1957), « Des branches et des racines » ; Robert Laffont, 1957, p. 139).
. Que mon meilleur ami saute en parachute devant moi ne m’épargne pas l’appréhension de me jeter à mon tour dans le vide ; mais la pensée que je vais le retrouver au sol me soutient. (Gilbert Cesbron, La regarder en face (1982), « Mille copeaux d’ébène » ; Presses-Pocket n°2186, 1983, p. 119).
. Un peu de clairvoyance rend impitoyable ; davantage rend charitable. (Gilbert Cesbron, Journal sans date II, Robert Laffont, 1967, p. 227).
. Le contraire de l’amour, ce n’est pas la haine : c’est l’absence d’amour, souvent pire que la haine. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas (1957), « Des branches et des racines » ; Robert Laffont, 1957, p. 117).
. Les arrière-pensées que nous prêtons aux autres ne sont jamais que nos propres pensées. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 163).
. Vaincre sans péril est peut-être la seule chance de triompher sans péril. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 16).
. Il se pourrait qu'on jugeât mieux un homme d'après ses ennemis que d'après ses amis. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 122).
. Quand on cache une infirmité, on s’expose à ceci que celui qui s’en avise remarque en même temps votre rouerie et ne retient plus qu’elle. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas (1957), « Des branches et des racines » ; Robert Laffont, 1957, p. 146).
. On n’est jamais si bien asservi que par soi-même. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 54).
. Un bonheur qu’il faut « défendre » n’est déjà plus tout-à-fait un bonheur. (Gilbert Cesbron, Journal sans date II, Robert Laffont, 1967, p. 65).
. On a rarement le bonheur que l’on croit mériter, toujours la Joie que l’on mérite. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 161).
. Nous pouvons vivre seuls, pourvu que ce soit dans l'attente de quelqu'un. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 102).
. Les gens qui se suicident ne se suppriment pas : ils suppriment les autres. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas (1957), « Des branches et des racines » ; Robert Laffont, 1957, p. 152).
. Il y a pire que le pire : l’attente du pire. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 86).
. Le témoin de Pascal « prêt à se faire égorger » [8] n’est peut-être qu’un partisan. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 94).
. Le propre des « coups de tête » est que, généralement, la tête n’y prend aucune part. (Gilbert Cesbron, Journal sans date II, Robert Laffont, 1967, p. 50).
. Les spécialistes commencent par n’apprendre que ce qu’ils aiment et finissent par n’aimer que ce qu’ils ont appris. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 126).
. Il y a du déserteur dans le héros : l’un et l’autre, pour des raisons inverses, préfèrent le jeu personnel, le risque imprécis, au danger prévu et commun. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 226).
. Ce qui définit les vacances c’est le sentiment du lendemain. C’est pourquoi elles commencent la veille de leur début et se terminent un jour avant leur fin. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 76).
. Ce qu’il y a de meilleur dans le dimanche, c’est encore le samedi soir. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 193).
. On est jeune tant qu’on ne fait pas de différence entre monter et descendre un escalier. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 88).
. On est jeune tant qu'on souhaite que chaque jour diffère de la veille ; vieux, quand on espère que chaque année ressemblera à la précédente. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 196).
. J’ai tellement prévu et imaginé cet instant, je l’ai si souvent raconté dans mes livres que celà m’empêche à présent d’y croire tout-à-fait. (Gilbert Cesbron, La regarder en face (1982), « Il y avait là un jardin… » ; Presses-Pocket n°2186, 1983, p. 242).
. Garçon a deux féminins : « fille » et « garce ». (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 20).
. La médiocrité des hommes engendre celle des femmes et lui sert d’alibi. Et réciproquement. C’est sans espoir. (Gilbert Cesbron, Journal sans date II, Robert Laffont, 1967, p. 160).
. Les règles du « jeu de dames » sont bizarres. Par exemple, il est souvent plus difficile d'adresser la parole à une femme que de coucher ensuite avec elle. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 70).
. Il se mit à manquer de respect aux femmes : à ne plus se retourner sur leur passage… (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 179).
. L’exhibitionnisme conduit les femmes à la fortune et les hommes en prison. (Gilbert Cesbron, Ce siècle appelle au secours, « Le calepin de l’Anglais » (1952) ; J’ai lu n°365, 1972, p. 50).
. C’est le génie de l’homme que d’avoir transformé les mamelles en seins. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 90).
. La plupart des hommes sont chastes mais n’osent pas l’avouer. Un monde où seuls les libertins se vantent… (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 87).
. Tu as le cœur en commun avec saint François d’Assise et saint Vincent de Paul. Mais le sexe, tu l’as en commun avec le type qui a violé, étranglé et jeté à l’eau une petite fille de dix ans… (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 89).
. Aimer vraiment quelqu’un, c’est vouloir de toutes ses forces se retrouver à jamais où lui-même se trouve. Serait-ce un lieu inconnu – la mort, par exemple. (Gilbert Cesbron, La regarder en face (1982), « Mille copeaux d’ébène » ; Presses-Pocket n°2186, 1983, p. 119).
. Ce qui est difficile à réussir, ce n’est pas un ménage, c’est un couple. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 90).
. Choisir sa vie, c’est décider à l’avance et volontairement ce qui vous empêchera de dormir. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 91).
. L’ennui condamne plus souvent celui qui s’ennuie que ce qui l’ennuie. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 175).
. Chacun se juge peut-être sur la manière dont il prend son parti de soi-même. (Gilbert Cesbron, Journal sans date II, Robert Laffont, 1967, p. 113).
. Les métiers nobles (ou la manière noble d’exercer son métier), voici à quoi on les reconnaît : ils sont sans issue ; on ne peut jamais faire ses comptes et dormir tranquille. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 94).
. Le faux ambitieux tient à aller vite, le vrai à aller loin. (Gilbert Cesbron, Journal sans date II, Robert Laffont, 1967, p. 188).
. C'est l'eau qui fait le cygne. Qui veut faire le cygne sans l'eau fait l'oie. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 9).
. Pour polir toute matière il faut les mille dents de la lime ; pour rendre un enfant poli, les mille contraintes de l'éducation. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 138).
. Un Français à qui je reprochais sa légèreté me répondit : « Dans la pêche à la ligne, le liège est aussi essentiel que le plomb. » (Gilbert Cesbron, Ce siècle appelle au secours, « Le calepin de l’Anglais » (1952) ; J’ai lu n°365, 1972, p. 46).
. Les Français croient qu’on peut fêter la mi-carême sans observer le carême. (Gilbert Cesbron, Ce siècle appelle au secours, « Le calepin de l’Anglais » (1952) ; J’ai lu n°365, 1972, p. 63).
. Il y a ceux qui cherchent, par leur vie, à justifier leurs principes ; et ceux qui cherchent, par leurs principes, à justifier leur vie. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 101).
. Les Bourgeois confondent la satisfaction du devoir accompli avec celle des comptes bien en règle. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 107).
. Ils connaissent mieux leur dû que leur devoir. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas (1957), « Des branches et des racines » ; Robert Laffont, 1957, p. 131).
. Tous ces gens qui se croient riches parce qu’ils ont de l’argent ! (Gilbert Cesbron, Ce siècle appelle au secours, « Le calepin de l’Anglais » (1952) ; J’ai lu n°365, 1972, p. 59).
. Nous leur demandons seulement d'aimer leur prochain autant que leur voiture. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 75).
. Il vaut mieux donner son âme au diable que d’essayer de la vendre à Dieu. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 156).
. La délicatesse avec laquelle on en use n’a jamais suffi à justifier un privilège. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 108).
. Le Ridicule est le travers de se croire observer ; la Politesse en est l’art. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas (1957), « Des branches et des racines » ; Robert Laffont, 1957, p. 121).
. Un homme qui se vante du grand nombre de ses passades tire donc orgueil de son mauvais goût, de son mauvais caractère ou de son mauvais cœur. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 248).
. Quand le résultat serait le même, il y a une très grande différence entre faire machine arrière et faire demi-tour. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 209).
. Ne pas haïr celui qui te tue, s’il te tue sans haine. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 244).
. Quand on a trop de cordes à son arc, on ne peut plus tirer. (Gilbert Cesbron, Journal sans date II, Robert Laffont, 1967, p. 189).
. Le succès n’est pas une preuve, et encore moins une justification. (Gilbert Cesbron, Journal sans date II, Robert Laffont, 1967, p. 197).
. Dans les domaines du cœur et de l’esprit, « ne rien devoir à personne » est le signe d’une grande malhonnêteté. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 225).
. Les proverbes sont des alibis. Tout cœur de qualité se doit de les faire mentir. (Gilbert Cesbron, Journal sans date II, Robert Laffont, 1967, p. 53).
. Le plus grave défaut est de ne pas connaître ses défauts. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 180).
. Savoir faire la part de sa chance et celle de son mérite. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 94).
. Sauf en de rares périodes d’unanimité, l’histoire de la France (comme celle de tous les pays) est l’histoire des quelques hommes qui ont souffert, lutté, créé pour que la France conserve son visage malgré tous les autres Français. (Gilbert Cesbron, Journal sans date II, Robert Laffont, 1967, p. 211).
. « La France est le pays du Goût », mais comme l’Inde celui des diamants : le Goût y est le privilège de quelques-uns – privilège qui ne s’abolit ni se partage. (Gilbert Cesbron, Ce siècle appelle au secours, « Le calepin de l’Anglais » (1952) ; J’ai lu n°365, 1972, p. 48).
. Un Français préfère être le dernier à Paris que le premier dans son village. (Gilbert Cesbron, Ce siècle appelle au secours, « Le calepin de l’Anglais » (1952) ; J’ai lu n°365, 1972, p. 36).
. Les duels étaient plus odieux que ridicules ; pourtant, en France, c’est leur ridicule qui les a tués. (Gilbert Cesbron, Ce siècle appelle au secours, « Le calepin de l’Anglais » (1952) ; J’ai lu n°365, 1972, p. 45).
. En France, quand un homme vous avoue qu’il est d’une intelligence moyenne, c’est qu’il va ajouter que son fils est, par contre, doué d’une intelligence supérieure. (Gilbert Cesbron, Ce siècle appelle au secours, « Le calepin de l’Anglais » (1952) ; J’ai lu n°365, 1972, p. 47).
. Les Français ne s’inquiètent que des évènements politiques. Aussi inconséquents que les enfants qui, ignorant que la foudre est déjà tombée, n’ont peur que du tonnerre… (Gilbert Cesbron, Ce siècle appelle au secours, « Le calepin de l’Anglais » (1952) ; J’ai lu n°365, 1972, p. 37).
. Les Français ont perdu le goût de la Poésie à mesure qu’ils prenaient celui des discours. (Gilbert Cesbron, Ce siècle appelle au secours, « Le calepin de l’Anglais » (1952) ; J’ai lu n°365, 1972, p. 47).
. Les Français ont les journaux qu’ils méritent : quand un peuple accepte de recevoir de ses journalistes des leçons de grandeur, tant pis pour lui ! (Gilbert Cesbron, Ce siècle appelle au secours, « Le calepin de l’Anglais » (1952) ; J’ai lu n°365, 1972, p. 40).
. Le manque d’esprit politique de la plupart des Français vient de ce qu’ils sont incapables de ressentir plus d’une haine à la fois. (Gilbert Cesbron, Ce siècle appelle au secours, « Le calepin de l’Anglais » (1952) ; J’ai lu n°365, 1972, p. 42).
. Quand les Français crient « Vive quelque chose ! », celà signifie surtout « À bas le contraire ! » (Gilbert Cesbron, Ce siècle appelle au secours, « Le calepin de l’Anglais » (1952) ; J’ai lu n°365, 1972, p. 47).
. Les décorations françaises sont de deux sortes : celles qu’on mérite en faisant quelque chose, celles qu’on « mérite » en étant quelqu’un. (Gilbert Cesbron, Ce siècle appelle au secours, « Le calepin de l’Anglais » (1952) ; J’ai lu n°365, 1972, p. 57).
. Quand ils s’avisèrent que leur légèreté était un défaut incurable, les Français décrétèrent que c’était une qualité. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas (1957), « Des branches et des racines » ; Robert Laffont, 1957, p. 124).
. Dans leur naïf besoin de se sentir satisfaits d’eux-mêmes, les Français baptisent souvent détachement leur indifférence, opiniâtreté leur besognerie, docilité leur bassesse, patriotisme leur chauvinisme, simplicité leur platitude, etc. (Gilbert Cesbron, Ce siècle appelle au secours, « Le calepin de l’Anglais » (1952) ; J’ai lu n°365, 1972, p. 43).
. L’esprit de contradiction est si vif en France qu’on y nuit moins à une cause en l’attaquant brutalement qu’en l’exaltant sans réserves. (Gilbert Cesbron, Ce siècle appelle au secours, « Le calepin de l’Anglais » (1952) ; J’ai lu n°365, 1972, p. 42).
. Il y a en France dix fois plus de cafés que d’églises. L’anticlérical dénonce la prétendue dictature du curé et accepte celle du bistrot. (Gilbert Cesbron, Ce siècle appelle au secours, « Le calepin de l’Anglais » (1952) ; J’ai lu n°365, 1972, p. 45).
. Quand on adopte une méthode aux États-Unis, c’est qu’elle est rentable ; en Russie, c’est qu’elle le sera ; en France, c’est qu’elle aurait dû l’être. (Gilbert Cesbron, Ce siècle appelle au secours, « Le calepin de l’Anglais » (1952) ; J’ai lu n°365, 1972, p. 50).
. En France, la démocratie ne pourra durer qu’en commettant aux plus hautes charges des hommes ayant un tempérament de dictateur. (Gilbert Cesbron, Ce siècle appelle au secours, « Le calepin de l’Anglais » (1952) ; J’ai lu n°365, 1972, p. 54-55).
. Les Français ne manquent pas de patriotisme. Seulement, ce n’est pas la même France qu’ils aiment. (Gilbert Cesbron, Ce siècle appelle au secours, « Le calepin de l’Anglais » (1952) ; J’ai lu n°365, 1972, p. 62).
. Les Français se prennent encore pour des témoins ; ils ne sont plus que des spectateurs. (Gilbert Cesbron, Ce siècle appelle au secours, « Le calepin de l’Anglais » (1952) ; J’ai lu n°365, 1972, p. 56).
. La France a toujours tort, dans les assemblées internationales, de montrer les dents : on s’aperçoit qu’elles sont fausses. (Gilbert Cesbron, Ce siècle appelle au secours, « Le calepin de l’Anglais » (1952) ; J’ai lu n°365, 1972, p. 42-43).
. La France nous a appris comment pouvait s’effondrer une nation : à la manière d’une falaise, invisiblement rongée, minée, sapée durant le temps qu’il faut. Et, tout d’un coup… (Gilbert Cesbron, Ce siècle appelle au secours, « Le calepin de l’Anglais » (1952) ; J’ai lu n°365, 1972, p. 46).
. « Quand j’étais enfant, m’a dit un Français, on s’attroupait autour d’une auto ; quand je serai vieux, on s’attroupera autour d’un cheval… » (Gilbert Cesbron, Ce siècle appelle au secours, « Le calepin de l’Anglais » (1952) ; J’ai lu n°365, 1972, p. 55).
. Les routiers baptisent leur camion comme, autrefois, les capitaines leur navire. Mais, au lieu de « La Valeureuse », c’est « Ma Lolotte ». (Gilbert Cesbron, Journal sans date II, Robert Laffont, 1967, p. 249).
. L’automobile a plus fait pour la démocratie que cent-cinquante années de lutte. Au lieu de « Liberté-Égalité-Fraternité », la République française reconnaissante devrait inscrire sur ses frontons : « Renault-Peugeot-Citroën ». (Gilbert Cesbron, Ce siècle appelle au secours, « Le calepin de l’Anglais » (1952) ; J’ai lu n°365, 1972, p. 44).
. Au sens que la plupart donnent à ce mot, « moderne » signifie : démodé d’avance. (Gilbert Cesbron, Journal sans date II, Robert Laffont, 1967, p. 217).
. Les mots « devenir meilleur » n’évoquent à peu près rien pour nos contemporains, sauf dans le langage sportif. (Gilbert Cesbron, Journal sans date II, Robert Laffont, 1967, p. 179).
. La radio et la télévision fabriquent de grands hommes pour petites gens. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 129).
. Pourquoi les gens d’ici seraient-ils encore courageux, généreux, sublimes ? Chaque jour sur les écrans, dans les romans, dans les journaux, des héros le sont à leur place ? (Gilbert Cesbron, Ce siècle appelle au secours, « Le calepin de l’Anglais » (1952) ; J’ai lu n°365, 1972, p. 43).
. Un paysan ne pleure pas sa mère comme un habitant de la Plaine Monceau, sauf s’il a vu beaucoup de filmes. (Gilbert Cesbron, Ce siècle appelle au secours, « Le calepin de l’Anglais » (1952) ; J’ai lu n°365, 1972, p. 53).
. Il y a deux sortes de journalistes : ceux qui s’intéressent à ce qui intéresse le public ; et ceux qui intéressent le public à ce qui les intéresse – et ce sont les grands. (Gilbert Cesbron, Journal sans date II, Robert Laffont, 1967, p. 64).
. La Bourgeoisie française crut longtemps que les savants, les missionnaires et les officiers coloniaux qu’elle produisait, rachetaient ses financiers et ses mauvais patrons. Quelle erreur ! À l’intérieur d’une classe sociale il n’y a pas compensation mais contagion : les seigneurs de province, pères de leurs villages, n’ont pas sauvé les courtisans de Versailles ; mais ceux-ci les ont entraînés dans leur chute. (Gilbert Cesbron, Ce siècle appelle au secours, « Le calepin de l’Anglais » (1952) ; J’ai lu n°365, 1972, p. 44).
. Nous sommes d’un siècle où il fait bon mourir tôt. Si Charles Péguy avait vécu, il aurait peut-être été excommunié, ou fusillé, ou les deux. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 86).
. Dans ce siècle, il ne s’agit pas tant d’inventer quelque chose d’utile aux autres que de les persuader qu’ils ont besoin de ce qu’on a inventé. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 103).
. La rime ne sert plus guère que dans les chansonnettes et les formules publicitaires. La canaille se drape dans des défroques royales. (Gilbert Cesbron, Journal sans date II, Robert Laffont, 1967, p. 170).
. Civilisation qui tend à ne construire et à ne fabriquer que des bâtisses et des objets qui ne laisseront ni ruines ni vestiges. Civilisation qui court volontairement et avec jactance à sa perte totale. Civilisation du tout-à-l’égout. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 177-178).
. L’assassinat de Louis XVI a introduit la notion de peur chez les monarques français ; ils étaient perdus. Un roi qui craint pour sa vie n’est déjà plus roi. Un roi moins courageux, moins désintéressé que ses gardes du corps, où est sa justification ? (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas (1957), « Des branches et des racines » ; Robert Laffont, 1957, p. 135).
. De Marat il reste une baignoire, de Camille Desmoulins une histoire d’amour, de Fabre d’Églantine une chanson… – C’était bien la peine ! (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 96).
. Dans cette république des aveugles, Gambetta avait sa chance : il était borgne. (Gilbert Cesbron, Ce siècle appelle au secours, « Le calepin de l’Anglais » (1952) ; J’ai lu n°365, 1972, p. 45).
. Gauche, droite, gauche, droite : les gouvernements se succèdent en France. Mais ce qui favorise les premiers, c’est qu’il est impossible de revenir définitivement sur des réformes de gauche, tandis qu’on peut toujours annuler d’un coup celles de droite. (Gilbert Cesbron, Ce siècle appelle au secours, « Le calepin de l’Anglais » (1952) ; J’ai lu n°365, 1972, p. 49-50).
. Il y a un cynisme de bonne foi, propre aux gens de droite, plus naïf encore que l’utopie démagogique propre aux gens de gauche. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 107).
. Les meilleurs hommes de gauche viennent souvent de la droite, et les pires hommes de droite de la gauche. Car la gauche a besoin d’autorité, et la droite se perd dans la démagogie. (Gilbert Cesbron, Journal sans date II, Robert Laffont, 1967, p. 59).
. La Démocratie est un luxe. S’il n’est pas exceptionnellement vertueux, un pays pauvre qui se paye la Démocratie vit, comme la France, au-dessus de ses moyens. (Gilbert Cesbron, Ce siècle appelle au secours, « Le calepin de l’Anglais » (1952) ; J’ai lu n°365, 1972, p. 48).
. Sans tyran pas d’esclaves peut-être ; mais sans esclaves pas de tyran. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas (1957), « Des branches et des racines » ; Robert Laffont, 1957, p. 118).
. On bafoue moins la Liberté en la violant qu’en la prostituant. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas (1957), « Des branches et des racines » ; Robert Laffont, 1957, p. 139).
. Prétendre que les trop riches sont utiles parce qu’ils font travailler les trop pauvres est une grande naïveté : les uns n’existeraient pas sans les autres. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 98).
. Deux sortes d’abus : ceux qui naissent de la logique d’un régime et ceux qui naissent de son incohérence. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 118).
. J’ai entendu le discours d’un Officiel : il parlait de la France et des heures tragiques que le Pays traversait, et il rotait de temps à autre parce qu’il avait trop déjeuné. (Gilbert Cesbron, Ce siècle appelle au secours, « Le calepin de l’Anglais » (1952) ; J’ai lu n°365, 1972, p. 45).
. Les hommes politiques ont une manière pompeuse et prophétique de gérer le pays au jour le jour. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 97).
. Maxime politique : il est moins dangereux de faire quatre mécontents qu'un satisfait et trois jaloux. [9] (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 231).
. Le racisme consiste à mépriser une autre espèce, non à l’estimer différente ; et, à la limite, à la juger inférieure, pas à l’estimer dangereuse. Si je me sens étranger aux Arabes, si je pense que les Chinois constituent un péril, je ne suis absolument pas raciste. Je suis et je pense, c’est tout. (Gilbert Cesbron, Journal sans date II, Robert Laffont, 1967, p. 80).
. Seuls, les grands politiques savent quand il faut faire passer demain avant aujourdhui et quand, aujourdhui avant demain. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 227).
. Le très grand homme fait coïncider ses propres défauts avec son aventure, et son aventure avec l’Histoire. [10] (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 93).
. Il y a des livres-putains dont le désir qu’on a de les lire n’a d’égal que le dégoût de les avoir lus. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 87).
. La première fois que j’ai lu Le Rouge et le noir, je me suis passionné pour madame de Rênal ; la seconde fois, pour Julien ; la troisième, pour Stendhal. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 217).
. Les hommes de talent essaient de démonter la serrure ; l’homme de génie enfonce la porte d’un coup d’épaule. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 75).
. Le propre des génies est moins de surprendre que de se surprendre : ils expriment plus qu’ils ne le croyaient. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 91).
. Le génie seul peut se permettre le mauvais goût ; après lui, il est bon. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 85).
. La Postérité n’existe pas ; il y a des postérités, successives, outrancières, versatiles. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 14).
. Ils me disent : « Vos livres devraient êtres comme ceci, ou comme celà… ». Je leur réponds : « S’ils l’étaient, ce seraient vos livres, pas les miens. » (Gilbert Cesbron, Journal sans date II, Robert Laffont, 1967, p. 207).
. La jeune institutrice reçoit une lettre de rupture. Les larmes aux yeux, elle en corrige les fautes à l’encre rouge. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 90).
. Depuis deux-milles ans, les chrétiens ont l’habitude d’être traités de fous. Et c’est lorsqu’on ne les appelle plus ainsi qu’ils doivent se défier d’eux-mêmes. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « Introduction à la méthode de Ponce Pilate » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 26).
. Saint François d’Assise se serait-il attendri sur « notre petit frère » le microbe de la peste ? (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 83).
. Tout chrétien qui, entre deux alliances, choisit, même provisoirement, même avec une arrière-pensée, celle du plus fort, trahit. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « Introduction à la méthode de Ponce Pilate » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 32).
. On lit à l’entrée du Jardin des plantes, à Paris : « Il est interdit de se livrer à toute action pouvant entraîner une protestation du public… » Par exemple dire la vérité, pratiquer l’Évangile, risquer sa vie pour la Justice, etc. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 96).
. Un évêque, en cérémonie, porte dix-sept vêtements ou accessoires ; le Christ : une robe sans couture. Celà donne assez la mesure de l’encombrement dont souffre l’Église. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « Introduction à la méthode de Ponce Pilate » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 11).
. Ces faux chrétiens – et leur nom est légion – [sont] si prompts à se scandaliser mais les seuls à ne pas s’aviser qu’ils incarnent le plus grand scandale. Tombeaux du Christ, ils ferment sans cesse à coups de signe de croix leur domaine réservé. Pourquoi vont-ils à la messe ? Par habitude, par politesse. Dieu est un vieil ami de la famille, une sorte de président, quelqu’un de notre milieu et dont on peut avoir besoin. Le dimanche matin, il y a l’église et la pâtisserie. Parmi les numéros de téléphone des fournisseurs, on inscrit celui du curé. […] « On nous a changé notre religion », se plaignent-ils chaque fois que la liturgie se purifie. Mais leur religion est au christianisme ce que le musée Grévin est à l’Histoire de France. Qu’attendent-ils donc du Royaume de Dieu et de sa Justice ? Tout ce qu’ils n’auront même pas tenté de réaliser ici-bas. Le Ciel est l’alibi de leur inaction. Heureux quand ils n’en espèrent pas toutes sortes de vengeances : Gott mit uns… […] S’Il se présentait – et c’est chaque jour – ils feraient passer le Christ par l’escalier de service. Il est le seul Juif, le seul pauvre, le seul métèque avec qui ils aient conservé des relations. Chrétiens par héritage, par imitation, par manque d’imagination. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « Introduction à la méthode de Ponce Pilate » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 22-23).
. Un bourgeois chrétien est un homme qui semble d’avance condamné à trahir : son Dieu, son devoir ou ses pairs – à lui de choisir ! Cette Société dont il tient les rênes est entièrement construite à l’écart de l’Évangile : à chacune des démarches qu’il entreprend, le partage s’accentue. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « Introduction à la méthode de Ponce Pilate » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 24).
. Ils veulent bien « pratiquer » leur religion, mais pas la mettre en pratique. (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas (1957), « Des branches et des racines » ; Robert Laffont, 1957, p. 133).
. Non, ce n’est pas une croix d’or qu’elles portent sur leur poitrine trop décolletée : c’est un bijou en forme d’avion, tout au plus ! (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 95).
. « Mon ami – dit la grosse dame au mendiant – je n’ai pas le temps de fouiller dans mon sac : je suis déjà en retard pour la messe… » (Gilbert Cesbron, Libérez Barabbas, « De petites choses » ; Livre de poche n°3311, 1972, p. 79).
. Dieu n’est pour la plupart qu’un immense au cas où. (Gilbert Cesbron, Journal sans date (1963) ; Livre de poche n°4703, 1979, p. 250).
. Pour beaucoup, Dieu est une sorte d’oncle d’Amérique dont on espère vaguement qu’il se manifestera au moment même où on ne l’espérait plus. (Gilbert Cesbron, Journal sans date II, Robert Laffont, 1967, p. 179).
. Seuil de la mort, jamais usé malgré tant de passants… (Gilbert Cesbron, La regarder en face (1982), « Mille copeaux d’ébène » ; Presses-Pocket n°2186, 1983, p. 106).
. Tout homme est Damoclès ; il l’oublie seulement. (Gilbert Cesbron, La regarder en face (1982), « Mille copeaux d’ébène » ; Presses-Pocket n°2186, 1983, p. 86).
. S’il y a quelque chose « qu’il faut voir pour le croire », c’est bien la mort ! (Gilbert Cesbron, La regarder en face (1982), « Mille copeaux d’ébène » ; Presses-Pocket n°2186, 1983, p. 72).
. Un peu d’imagination rend la mort terrifiante ; un peu plus la rend familière. (Gilbert Cesbron, La regarder en face (1982), « Mille copeaux d’ébène » ; Presses-Pocket n°2186, 1983, p. 93).
. Si presque tous les hommes étaient immortels, mourir serait sans doute un privilège. Si tous l’étaient et que l’un d’eux mourût, ils se le donneraient pour dieu. (Gilbert Cesbron, La regarder en face (1982), « Mille copeaux d’ébène » ; Presses-Pocket n°2186, 1983, p. 77).
. Si la mort n’était réservée qu’à quelques-uns et que rien ne désignerait à l’avance, les rapports entre les humains seraient passionnants et terribles. (Gilbert Cesbron, La regarder en face (1982), « Mille copeaux d’ébène » ; Presses-Pocket n°2186, 1983, p. 82).
. Il y a quelque chose de suspect à louer exagérément les morts : c’est une façon de critiquer les vivants. (Gilbert Cesbron, La regarder en face (1982), « Mille copeaux d’ébène » ; Presses-Pocket n°2186, 1983, p. 81).
. Ils sont si fiers de leur bonne mémoire ! Qu’ils attendent seulement l’instant de leur mort : de quels tourments, de quels remords ne sera-t-elle pas l’instrument… (Gilbert Cesbron, La regarder en face (1982), « Mille copeaux d’ébène » ; Presses-Pocket n°2186, 1983, p. 76).
. Certains meurent de la présence des autres, assez lentement ; certains, de leur absence, très vite. (Gilbert Cesbron, La regarder en face (1982), « Mille copeaux d’ébène » ; Presses-Pocket n°2186, 1983, p. 95).
. La plupart meurent morts ; et depuis si longtemps qu’on se demande comment Dieu les ressuscitera ! (Gilbert Cesbron, La regarder en face (1982), « Mille copeaux d’ébène » ; Presses-Pocket n°2186, 1983, p. 98).
. Au fond, contrairement à ce que l’on dit, ce serait assez simple de mourir seul, pourvu que ce soit vite. (Gilbert Cesbron, La regarder en face (1982), « Il y avait là un jardin… » ; Presses-Pocket n°2186, 1983, p. 231).
. À celui qu’on sait capable de la supporter, il faut certainement dire la vérité sur son état. Il faut lui permettre de reprendre son souffle avant de le perdre. (Gilbert Cesbron, La regarder en face (1982), « Il y avait là un jardin… » ; Presses-Pocket n°2186, 1983, p. 233).
. Le plus difficile est qu’il faut à la fois y penser et n’y pas penser. (Gilbert Cesbron, La regarder en face (1982), « Il y avait là un jardin… » ; Presses-Pocket n°2186, 1983, p. 242).
. « Longue et douloureuse maladie »… Ce n’est pas du cancer qu’il s’agit, mais de la peur de mourir. (Gilbert Cesbron, La regarder en face (1982), « Mille copeaux d’ébène » ; Presses-Pocket n°2186, 1983, p. 113).
. Depuis que j’ai appris la nouvelle, mon esprit se refuse à emmagasiner, comme auparavant, les informations, les publicités, les programmes à venir. De cette prolifération de vie, de ce cancer-là, du moins, je me tiens à l’écart. (Gilbert Cesbron, La regarder en face (1982), « Il y avait là un jardin… » ; Presses-Pocket n°2186, 1983, p. 229).
. C’est un tout autre regard que nous portons sur les choses lorsque nous les savons condamnées, ou lorsque nous nous savons condamnés. (Gilbert Cesbron, La regarder en face (1982), « Il y avait là un jardin… » ; Presses-Pocket n°2186, 1983, p. 230).
. Le jour où j’ai appris [que j’avais un cancer], j’écoutais le bulletin d’information d’une oreille distraite. Il me semblait – quelle forfanterie ! – qu’ils en oubliaient une… (Gilbert Cesbron, La regarder en face (1982), « Il y avait là un jardin… » ; Presses-Pocket n°2186, 1983, p. 230).
. J’éprouve désormais chaque instant de bonheur à l’ombre de la mort. C’est ainsi que nous devrions toujours l’éprouver si nous n’avions pas reçu le don précieux de la frivolité. (Gilbert Cesbron, La regarder en face (1982), « Il y avait là un jardin… » ; Presses-Pocket n°2186, 1983, p. 230).
. Je suis un homme qui va mourir – mais tout homme va mourir ! Mais je suis un homme qui le sait : qui le sait de corps, et non d’esprit. J’ai déjà changé de planète. (Gilbert Cesbron, La regarder en face (1982), « Il y avait là un jardin… » ; Presses-Pocket n°2186, 1983, p. 234).
. Toute aisance, toute faculté, tout pouvoir que l’on perd est désormais sans retour. C’est le signe. Comme dans ces interrogatoires où l’inculpé s’enferre progressivement. Et c’est bien la même angoisse. (Gilbert Cesbron, La regarder en face (1982), « Il y avait là un jardin… » ; Presses-Pocket n°2186, 1983, p. 247).
. Entre deux morts, quand on le peut, ne pas choisir la moindre. (Gilbert Cesbron, La regarder en face (1982), « Mille copeaux d’ébène » ; Presses-Pocket n°2186, 1983, p. 110).
. Le moins que l’on puisse espérer est que notre mort ne nous ridiculise pas. (Gilbert Cesbron, La regarder en face (1982), « Mille copeaux d’ébène » ; Presses-Pocket n°2186, 1983, p. 117).
. Il faut se préparer longuement à mourir subitement. (Gilbert Cesbron, La regarder en face (1982), « Mille copeaux d’ébène » ; Presses-Pocket n°2186, 1983, p. 124).
. Être prêt à mourir à tout moment est le propre des hommes en guerre et de ceux qui vivent dans une paix extrême. (Gilbert Cesbron, La regarder en face (1982), « Mille copeaux d’ébène » ; Presses-Pocket n°2186, 1983, p. 94).
. La seule vraie richesse consiste à ne pas craindre la mort. (Gilbert Cesbron, La regarder en face (1982), « Mille copeaux d’ébène » ; Presses-Pocket n°2186, 1983, p. 72).
. Tout homme qui meurt est un mystère ; et celui qui meurt sans parler en est un plus grand ; et plus grand encore celui qui se tue sans un mot d’explication. (Gilbert Cesbron, La regarder en face (1982), « Mille copeaux d’ébène » ; Presses-Pocket n°2186, 1983, p. 78).
. Les survivants font regretter les morts. Non que la mort choisisse les meilleurs, comme on le dit quelquefois, mais parce que la vie abîme les autres. (Gilbert Cesbron, La regarder en face (1982), « Mille copeaux d’ébène » ; Presses-Pocket n°2186, 1983, p. 87).
. Les morts vieillissent mieux que les survivants. (Gilbert Cesbron, La regarder en face (1982), « Mille copeaux d’ébène » ; Presses-Pocket n°2186, 1983, p. 122).
. Et tandis que le défunt se décompose sous terre, les survivants commencent à le « recomposer » à leur façon. (Gilbert Cesbron, La regarder en face (1982), « Mille copeaux d’ébène » ; Presses-Pocket n°2186, 1983, p. 80).
Autres pages de citations en rapport avec celle-ci sur ce blogue : Auteurs religieux divers [en préparation] ; Penseurs religieux du Grand Siècle : Pascal, Bossuet, Fénelon et les autres [en préparation] ; Joseph Joubert [en préparation] ; Stendhal [en préparation] ; Balzac [en préparation] ; Flaubert [en préparation] ; Maupassant [en préparation] ; Vallès, Mirbeau, Darien ; Léon Bloy ; Maurice Barrès [en préparation] ; Charles Péguy ; Bernanos ; Paul Valéry [en préparation] ; Romanciers français de la première moitié du XXe siècle ; Romanciers français de la seconde moitié du XXe siècle [en préparation] ; Dramaturges français XIXe-XXe siècles ; François Mauriac [en préparation] ; Julien Green ; André Malraux [en préparation] ; Albert Camus et Antoine de Saint-Exupéry [en préparation] ; Gustave Thibon [en préparation] ; Marcel Pagnol ; Robert Sabatier [en préparation], – et la page générale : citations choisies et dûment vérifiées.
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[1] Les plus notables sont Notre prison est un royaume (1948), Les Saints vont en enfer (1952), Chiens perdus sans collier (1954), Il est plus tard que tu ne penses (1958), C’est Mozart qu’on assassine (1966). Mentionnons aussi la pièce de théâtre Il est minuit docteur Schweitzer (1952). Il est de bon ton d’en parler avec un ricanement condescendant. Une amie férue de littérature romanesque m’a pourtant assuré qu’ils restaient très valables, pas du tout dégoulinants de bons sentiments comme on l’imagine. J’avoue que je n’ai guère envie d’aller y voir de près…
[2] Inutile d’ajouter que le monde universitaire ne s’est pas intéressé à lui. La seule exception est Michel Barlow, auteur de nombreux ouvrages de didactique littéraire, de science de l’éducation et de théologie protestante. En 1965, il publie Gilbert Cesbron, témoin de la tendresse de Dieu (R. Laffont), et en 1989, La Foi de Gilbert Cesbron (Centurion), après avoir soutenu en 1987 à Grenoble 3 une thèse de doctorat sur Gilbert Cesbron, romancier chrétien. Le net nous apprend qu’il donnait encore une conférence sur « Gilbert Cesbron, l’écrivain et ses lecteurs : une vraie communauté », à Paris le 11 avril 2015. Plus de cinquante ans de compagnonnage avec le même auteur, c’est beau…
[3] La série Journal sans date en cinq tomes chez R. Laffont : Journal sans date (1963) ; Tant qu’il fait jour (1967) ; Un miroir en miettes (1973) ; Bonheur de rien (1979) ; Un désespoir allègre (1983). Seul le premier a été repris en format poche. Il a aussi fait une Lettre ouverte à une jeune fille morte (Albin Michel, 1968), un Ce que je crois (Grasset, 1970), un recueil d’entretiens (Ce qu’on appelle vivre, Stock, 1977). Dans Libérez Barabbas (R. Laffont, 1957), à côté de chroniques et d’aphorismes, on trouve une « Introduction à la méthode de Ponce Pilate », intéressante réflexion sur la bourgeoisie catholique. On a aussi édité La regarder en face (R. Laffont, 1982), recueil de textes et d’aphorismes, parfois saisissants, inspirés par la montée du cancer.
[4] La version Livre de poche de Libérez Barabbas est très différente de l’édition R. Laffont parue en 1957 sous le même titre. Celle-ci contient vingt articles, puis une collection d’aphorismes intitulée « Des branches et des racines », puis l’ « Introduction à la méthode de Ponce Pilate ». Quinze ans plus tard, l’édition Livre de poche commence par l’ « Introduction à la méthode de Ponce Pilate », continue par une autre collection d’aphorismes intitulée « De petites choses », et se termine par dix-sept articles (rangés en trois chapitres) dont seulement cinq sont communs avec les vingt de la première édition. Je suppose que les douze autres sont tirés d’autres essais, notamment Chasseur maudit (R. Laffont, 1953). Les deux collections d’aphorismes sont tout-à-fait différentes. D’où est tiré « De petites choses » ? Et pourquoi avoir laissé tomber « Des branches et des racines » ?
[5] J’ai gardé le titre qui figure sur l’exemplaire que je possède. C’est sans doute quelques années plus tard que le livre a été rebaptisé Tant qu’il fait jour, l’ancien titre Journal sans date II devenant alors le sous-titre. Peut-être en 1973, au moment de la sortie du troisième volet de la série, Un miroir en miettes. Journal sans date III ?
[6] Variation sur la pensée émise entre 1771 et 1781 par le médecin Paul-Joseph Barthez : « Quand je pense seul à la science, je me sens confondu, humilié, et je me prosterne. Mais quand je me compare… je ne tarde guère à me consoler et à me redresser », reformulée par le cardinal Jean-Sifrein Maury en 1806-1807 : « Je vaux très peu quand je me considère, beaucoup quand je me compare ».
[7] Il s’agit d’un détournement de la maxime bien connue : « Un sot trouve toujours un plus sot qui l’admire ». C’est le dernier vers du chant I de l’Art poétique de Boileau (Pléiade, 1966, p. 162).
[8] « Je ne crois que les histoires dont les témoins se feraient égorger. » (Pascal, Pensées, Le Guern n°672, Pléiade tome II, 2000, p. 819 ; ou Sellier n°663, classiques Garnier, 1991, p. 455) : une des nombreuses inepties qui émaillent les Pensées de Pascal. Comme si le fanatisme était une preuve de vérité ! Comme si les cris d’un martyr l’emportaient sur une preuve scientifique ! Dailleurs, s’en avise-t-on, ce fragment a pour but d’évacuer toute remise en cause de l’histoire sainte par la prise en compte des annales chinoises : Pascal est convaincu mordicus que le monde a été créé tel que le dit Moïse (!) dans la Genèse, qu’importe si des documents chinois suggèrent qu’il est beaucoup plus ancien. Ô fou qui donne dans tous les aveuglements pour sauver ses délires ! Saluons la sagesse tranquille de Cesbron, préférons la cynique lucidité d’Oscar Wilde : « Une idée n’est pas nécessairement vraie du fait qu’un homme meurt pour elle. » [A thing is not necessarily true because a man dies for it.] (Le Portrait de M. W.H. (1889), chap. I ; Pléiade, 1996, p. 206).
[9] Selon Voltaire, Louis XIV aurait dit : « Toutes les fois que je donne une place vacante, je fais cent mécontents et un ingrat. » (Le Siècle de Louis XIV (1751), chap. 26 ; Pléiade Œuvres historiques, 1958, p. 914).
[10] Cette maxime est précédée du nom de Lyautey.
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