MA VISITE À LA CONVENTION IDENTITAIRE D’ORANGE : TÉMOIGNAGE ET RÉFLEXIONS (1)
07.11.2012
Le déclinologue a fait un long voyage pour se rendre jusqu’à Orange et assister, en observateur sympathisant mais critique, à la 3ème convention nationale organisée par les Identitaires.
Ce samedi 3 novembre à 9 heures, j’arrive devant un gros bâtiment moderne qui ne ressemble à rien, sis devant une place entièrement occupée par un parquingue, au pied de la colline Sainte-Eutrope (derrière le magnifique théâtre antique). Il porte le beau titre de « Palais des Princes d’Orange », mais ne ressemble à rien de moins qu’un palais. Chose étrange, il est flanqué sur ses côtés de deux bâtiments dont les façades sont faites de volets de bois bien délabrés. Le bâtiment de droite au moins est imbriqué avec le bâtiment central, et pourtant, sauf le premier étage qui correspond à l’espace buvette du « palais », il semble qu’il s’agisse d’un immeuble d’habitations. En outre, côté place, ce corps de bâtiment (qui au départ aurait fait partie intégrante de l’édifice, puis aurait été reconverti en partie habitée ?) est directement accolé à un immeuble quelconque, ce qui est d’un effet désastreux. Je ne suis pas encore entré que, sur le trottoir, je suis arrêté par un panneau posé contre la grille, et dont je retrouverai un autre exemplaire derrière la façade de verre : « Ce bâtiment d'une laideur indéniable a été conçu et édifié par la précédente municipalité socialiste en contradiction avec le Plan d'Occupation des Sols mais avec le soutien du ministre socialiste de l'époque. / Première pierre posée en 1993. / Coût : 19,5 millions d'euros (128 millions de Francs)... / ...Les Orangeois l'auront payé pendant plus de 15 ans. / Ville d'Orange, 2007 ». Je ne peux retenir un large sourire devant le courage qu’implique l’affichage d’une telle opinion. C’est à de petits signes comme cela qu’on se dit qu’une gestion différente est possible avec le Front National. Eh oui, Orange peut s’enorgueillir d’être la ville la plus à droite de France, puisqu’en 1995, elle a élu maire Jacques Bompard, membre fondateur du FN, avant de le réélire haut la main dès le premier tour en 2001 et 2008 [1]. Les élus locaux de l’UMPS, depuis des dizaines d’années, portent une responsabilité accablante dans l’enlaidissement de la France, en la couvrant de hideux bâtiments censés faire « moderne ». Et, plus grave encore, ils contribuent à la corruption du goût public en se refusant à toute critique de ces horreurs, à la fois par esprit de consensus et parce qu’ils sont tétanisés à l’idée qu’on se moque de leur ringardise. Mais grâce au FN, il m’aura été donné au moins une fois dans ma vie de lire le mot « laideur » sur un panneau officiel… Quel rafraîchissant culot ! J’aime cette démarche combattive : on explique clairement ce qu’on reproche à l’adversaire, on pointe l’illégalité, on exhibe les coûts. Il est étonnant que les élus de l’UMPS, qui n’ont que les mots de « démocratie » et « transparence » à la bouche, ne généralisent pas cette pratique. Ils doivent avoir peur qu’on regarde de trop près ce qu’ils font, et qu’on en vienne à les remettre en cause.
En rédigeant cet article, j’ai la curiosité de vérifier sur l’internet si d’autres personnes que moi ont été frappées par ce panneau. Eh bien oui ! Je tombe sur le blogue de deux lesbiennes, qui est surtout l’album-photos de leur virée dans le sud, avec très peu de commentaires. Par exception, elles s’offrent un petit billet d’humeur, mais elles ne sont pas plus douées pour l’écriture et que pour la photographie, ne respectant même pas leurs lecteurs par un usage correct de l’orthographe ni des majuscules. Chose frappante et ô combien symptomatique, elles expriment leur répulsion physique : « on est parties quand même. ça pue. » (sic), mais se montrent incapables d’argumenter. Le jour où les droidlomistes sauront critiquer le nationalisme autrement qu’en le qualifiant de « nauséabond », ils prouveront qu’ils sont capables de penser. Des esprits malicieux qui ont détourné ce panneau en en effaçant quelques lettres pour transformer « laideur » en « aide » sont pour cela seul qualifiés par nos deux cruches d’ « hommes libres et sains d'esprits ». Je me demande où sont la santé et la liberté à défendre un bâtiment laid, coûteux et illégal ! Seul reproche explicite à ce double panneau : « on est très proche de la propagande... ». Et pourquoi pas ? La belle affaire ! Les bulletins que, partout en France, éditent les collectivités territoriales des autres partis ne sont-ils pas, presque toujours, de la propagande à la gloire de l’équipe en place, et le plus souvent avec une mielleuse hypocrisie absolument insupportable ? Les deux gourdes n’osent même pas se prononcer sur la valeur esthétique de cette bâtisse, elles n’ont aucune opinion sur son coût, mais ce panneau à lui seul les fait fuir : « c'est à ce moment là qu'on a décidé de reprendre la voiture et de quitter cette ville... » On est très proche du pur parti-pris, là… Cependant, je me dis qu’après tout cette réaction primaire peut s’interpréter aussi bien comme un lamentable préjugé sectaire que comme un admirable éclair d’intelligence : il leur aura suffi d’un rien pour sentir que la mentalité d’un élu FN est aux antipodes de la leur, ce qui est assurément juste. À quoi bon pousser plus loin leur enquête ? Cela ne leur aurait apporté que de fastidieuses confirmations… En somme, elles n’ont pensé que des bêtises sur ce panneau, mais elles l’ont néanmoins bien compris. Grande leçon : il ne faut pas sous-estimer l’intuition des imbéciles. Ils trouvent toujours leur chemin du premier coup.
Mais introduisons-nous dans cette Convention identitaire. Une foule est massée au pied de l’édifice et sur l’escalier qui mène à la salle d’entrée. Je prends place dans la queue, qui avance très lentement. Arrivé enfin devant le bureau d’accueil, je suis comme tout le monde palpé par un vigile, qui me demande si j’ai sur moi un couteau ou une gazeuse. Une fois admis, je passe la buvette pour m’attarder devant une suite d’étals de livres, dédaignant, au fond, le stande de la Génération identitaire, qui vend affiches, autocollants, insignes, et devant lequel sont attroupés de jeunes militants aux cheveux courts, parlant fort et arborant fièrement le même maillot. Le stande de la librairie (par correspondance) Europa-diffusion est assez riche, proposant à la fois des livres connus d’éditeurs notoires, et des livres plus confidentiels de petits éditeurs nationalistes. J’aperçois quelques titres qui m’étaient inconnus.
Pendant que la foule du bas continue d’entrer lentement dans l’édifice, je circule un peu entre les groupes de gens qui devisent déjà dans la place, laissant traîner mon oreille au milieu du brouhaha ambiant. Parmi les propos militants des plus banals, ressassant les lieux-communs droitiers et des considérations ennuyeuses au possible sur l’aggravation de la crise, la montée de l’insécurité et l’incurie du gouvernement, je suis frappé par un témoignage que confie un homme d’environ 35-40 ans à sa voisine. J’en ai aussitôt pris note et je le rapporte ici, car il s’agit d’un fait intéressant, que je suppose véridique, non d’une opinion discutable : « Dans l’école élémentaire où se trouvent mes deux enfants, une petite école de campagne, ils ont un programme de cultures du monde [2]. Eh bien ça fait trois ans que ma fille fait l’Afrique ! La première année, c’était les masques africains, la deuxième, les femmes du Niger, la troisième, les danses africaines. Ça suffit, là ! J’ai dit à la maîtresse : "Il y a cinq continents dans le monde, pourquoi est-ce qu’on ne leur parle que de l’Afrique ? On pourrait peut-être aussi leur parler un peu de l’Europe, non ? C’est là qu’on habite, je crois !" Elle m’a répondu : "Ah mais on leur apprend aussi des chansons françaises". Encore heureux ! Sur 120 élèves, on n’était que deux parents à protester, moi et un autre. Il y a bientôt une "sortie verte" organisée, pour les initier à quoi ? au tam-tam africain ! Eh bien, je leur ai dit : "Ma fille, elle n’ira pas. J’en ai assez de cette façon de leur faire croire qu’ils vivent en Afrique. Et si le matraquage continue, l’année prochaine, vous perdrez deux élèves. Je les mettrai ailleurs pour qu’on leur apprenne autre chose que la culture nègre. Peut-être que ça vous aidera à comprendre qu’il y en a marre". Et c’est une petite école de campagne, hein ! pas une école de banlieue remplie d’immigrés. On va où, là ? »
Peu après, je monte les escaliers internes pour gagner le cœur du bâtiment, qui est en fait une salle de spectacle, et m’installer. Les strapontins rouges, assez serrés, sont peu confortables : il manque un espace au sol pour étendre ses pieds. La salle se remplit très lentement et j’en profite pour scruter l’assistance. Très peu de femmes : peut-être 80% d’hommes, voire un peu plus. J’ai aussi l’impression que deux catégories dominent : des jeunes de 20-30 ans, la plupart aux cheveux courts, et des personnes de plus de 55 ans. La catégorie intermédiaire des 30-55 ans me paraît nettement déficitaire, quoique je ne garantisse pas la fiabilité de cette estimation qui n’a rien de statistique.
Le programme annonce un discours d’ouverture à 9h30, mais nous devons poireauter très longuement devant la scène vide avant que les choses commencent, sans que nous ayons droit à un mot d’excuse ni d’explication. Je suppose que cela est imputable à une maladresse de l’organisation, qui n’a pas su gérer, avec l’efficacité nécessaire, l’entrée du public dans le bâtiment. Enfin, à 11h05, paraît au micro un grand jeune homme bien coiffé, en complet noir et cravate rouge, qui ne se présentera pas. Est-ce Christophe Pacotte, qui était chargé du discours d’ouverture ? Mystère. Il se contente de quelques brefs mots d’introduction, et annonce que la Convention est d’ores et déjà un succès, avec plus de 500 entrées, soit davantage qu’à la 1ère Convention de 2009, déjà à Orange. Pourtant l’orchestre comporte 10 rangées de 22 sièges, soit 220 places, et au balcon, il n’y a que 8 rangées : soit 400 places en tout. Or les sièges ne sont remplis qu’aux trois quarts, ce qui ferait donc plutôt une assistance de 300 personnes environ. Peut-être certains sont-ils restés à la buvette ou devant les standes ?
11h10 (prévu à 10h). « Hollande n’est pas notre président », par Simon Charles. Ce jeune militant du Bloc Identitaire d’Île-de-France vient parler des actions menées dans sa région, en particulier la campagne « Hollande n’est pas mon président ». Ça commence par une vidéo, qui fait très "clipe publicitaire", et dont le lancement correct est retardé par des problèmes techniques. M. Charles n’est pas un orateur. Élocution hachée, du bafouillage parfois, un ton trop monocorde : son discours était médiocre dans le fond et la forme, voire carrément pénible. Et d’autant plus pénible qu’il fut fréquemment ponctué par les vivats de militants gueulards, qui formaient un bon tiers de l’assistance, et dont les réactions primales me sont aussi odieuses que celles de supporteurs de foute (qui sont bien souvent les mêmes). C’est tout le problème de ce genre de « conventions » : on est à mi-chemin entre le mitingue où dirigeants et militants se réchauffent en se célébrant les uns les autres, et le colloque où les curieux viennent réfléchir en écoutant des interventions libres.
Je suis agacé d’entendre le jeune militant traiter je ne sais plus qui de « has been » : il faudra lui dire que les anglicismes ne font pas partie de l’identité française ; agacé aussi qu’il prétende qu’Harlem Désir soit partisan d’un « socialisme totalitaire » et installe une « dictature ». Les récentes déclarations du nouveau Premier Secrétaire du P.S. ont certes été absurdes voire grotesques, mais recourir à des hyperboles aussi caricaturales pour les qualifier disqualifie celui qui les emploie. C’est cela qui m’horripile dans les discours partisans : l’idéologie qui paralyse la lucidité, les simplifications qui déforment la réalité, les slogans qui remplacent la pensée.
Cette campagne « Hollande n’est pas mon président », lancée dès le lendemain du premier tour, a été paraît-il un succès. Ah bon. Pour qu’on puisse en être sûr, il aurait fallu publier dès son démarrage quels seraient les critères qui valideraient, ou non, sa réussite. Mais quel militant fait un discours public pour déclarer à ses camarades militants que leur action a été un bide ? En tout cas, cette campagne n’est pas parvenue jusqu’à ma connaissance de citoyen lambda. D’autre part, l’idée qu’Hollande n’est pas notre président suscite apriori en moi une réaction très négative. J’y vois le signe d’une dissolution de l’esprit civique, d’une rébellion individualiste contre la Loi et l’Ordre, et j’ai même un article en chantier sur le sujet. Si chaque parti conteste l’autorité de celui qui est au pouvoir, il n’y a plus de société possible. Cependant, Simon Charles avance un argument qui donne un fondement à cette thèse téméraire de l’illégitimité de François Hollande : 93 % des musulmans, paraît-il, auraient voté pour lui. D’où vient ce chiffre ? Quelle est sa fiabilité ? S’agit-il du premier ou du second tour ? De toute façon, il est forcément mal formulé : il ne concerne pas 93% des musulmans résidant en France, ni même 93% des citoyens français de confession musulmane, mais 93% des suffrages exprimés de confession musulmane, ce qui est différent et demande aussi, pour être bien apprécié, à être mis en rapport avec la proportion des musulmans ayant voté pour un candidat. C’est bien léger que de balancer un tel chiffre sans aucune précision, vu l’importance de la question [3]. En effet, on touche là à une problématique à mes yeux cruciale : la différence entre les « vrais » Français et les Français de papiers, ces pseudo-nationaux auxquels, depuis des dizaines d’années, un pouvoir insensé a suicidairement accordé la nationalité juridique, alors qu’ils sont dépourvus de toute francité, n’ayant guère avancé qu’une phalange dans la broyeuse assimilatrice. Que vaut une élection dans laquelle l’apport décisif est dû aux Français de papiers, faussant ainsi la souveraineté du vrai peuple ? Quand faudra-t-il considérer que le « peuple légal » est devenu une fiction qui usurpe la place du peuple réel ? Seulement le jour où les Français de papiers seront statistiquement majoritaires, ou bien dès le jour où un parti dévolu à leur cause servira leur intérêt avant, et même contre, celui des Français historiques ? Et comment en décider objectivement ? Qu’est-ce qui permettrait de juger qu’on est entré, mutatis mutandis, dans une situation analogue à celle de 1940-44 : un pouvoir officiel qui n’est plus le représentant légitime du peuple français, mais l’émanation fallacieuse du « parti de l’étranger », profitant de la lâcheté et de l’aveuglement universels pour dissoudre la France en parlant en son nom ? Ces questions sont terribles. Simon Charles n’aura fait que les effleurer.
Une autre idée m’a fortement irrité, c’est celle que le vrai peuple ne suivra pas François Hollande. Qu’est-ce que le « vrai peuple » ? M. Charles l’entend-il dans un sens ethnique, comme moi ci-dessus, ce qui ne lui attribue aucune opinion, ou bien dans un sens idéologique ? Les deux à la fois, peut-être : le vrai peuple, c’est le Bloc identitaire ? Il y a là un cliché increvable des militants de n’importe quel parti : le vrai peuple, les vrais gens sont par principe de leur avis. S’ils sont minoritaires en ce moment, ce ne peut être qu’à cause d’une malheureuse méprise historique, forcément provisoire : ils sont victimes d’un complot, ou la population est aliénée par la propagande de leurs adversaires, ou égarée par la crise, ou séduite par le charisme d’un chef ennemi, ou perturbée par la météo, – mais tout va inéluctablement rentrer dans l’ordre, en vertu d’une Nécessité transcendante : Dieu va terrasser Satan, ou l’Histoire va s’accomplir, ou la marche du Progrès va reprendre, ou la voix du Sang va parler, ou l’âme du Peuple va se régénérer, ou les Lumières vont percer les Ténèbres… Mythologies que tout cela, idolâtries ! Simon Charles pense que le vrai peuple ne suivra pas François Hollande… mais Alain Badiou pense que le vrai peuple se détachera du lepénisme, haha ! (comme je l’ai relevé il y a quelques mois). Ayons le courage de ne pas croire que nous incarnons un Bien et un Vrai ontologiquement voués à l’emporter à la fin sur nos adversaires qui seraient l’incarnation du Mal et du Faux. Cette idée puérile est peut-être bonne à réchauffer l’ardeur des militants (qui ne sont rien d’autre que des croyants ayant besoin d’un Espoir mystique), mais elle offusque gravement la lucidité. Se bercer de l’illusion funeste que la majorité des Français adhère, au fond d’elle-même, aux thèses des Identitaires, refuser d’admettre que l’idéologie droidlomiste est très majoritaire et très profondément enracinée dans les esprits, c’est se condamner à ne rien comprendre au monde actuel. C’est ne pas prendre la mesure de l’adversaire, et donc perdre d’emblée la guerre.
11h30 (prévue à 10h15). Table ronde : « Quelle(s) union(s) pour quelle(s) droite(s) ? » D’après le programme, cette « table ronde » devait comporter quatre membres, dont un jeune membre de l’U.N.I et de l’U.M.P., Edgar Saint-Jean, et Christian Vanneste, l’ancien député de l’UMP, devenu président du RPF. Mais le second n’arrivera qu’à 16h, et le premier a renoncé à venir. À la place, il a envoyé un message, lu par l’animateur : en gros, il se sent très proche du combat des Identitaires, il est favorable à des alliances, il aurait aimé se trouver parmi eux… mais on lui a dit que s’il venait, il serait exclu, et il a obéi comme un bon petit soldat. Il reconnaît que cette attitude manque de courage, mais pense qu’en restant au sein de l’UMP, il sera plus utile à nos idées, et blablabla. Il doit sans doute le croire sincèrement, sinon il ne se serait pas déconsidéré en avouant sa lâcheté dans ce message public. Bon vent, petit carriériste… Le Front National et Debout la République ont refusé d’envoyer quelqu’un. De la sorte, la « table ronde » (sans table) est réduite aux interventions croisées de deux personnages inconnus : Gérard Hardy, représentant le RPF, et Stéphane Delahaye, fondateur du Mouvement Unitaire des Droites Indépendantes. Ce dernier a été membre du FN de 2001 à 2006, puis il est passé à l’UMP et a pu être élu conseiller municipal de Sotteville-lès-Rouen en 2008, mais il a démissionné d’une UMP trop laxiste en 2010 pour fonder le M.U.D.I. Ce groupuscule, surtout implanté en Normandie, se revendique d’une droite ouvrière et patriote ; il n’aspire pas à devenir un grand parti dominant, mais plutôt, en favorisant la double adhésion, à fédérer des militants qui se reconnaissent dans ses valeurs, et les aider à réussir leur implantation locale en se faisant élire.
Réduite à deux participants, boudée par l’UMP, le FN et DLR, cette table ronde est d’emblée un échec, avant même qu’une seule phrase soit prononcée. Quel sens cela a-t-il de vouloir s’allier avec des formations qui non seulement ne le souhaitent pas, mais qui en outre vous considèrent comme un pestiféré ?! Deux idées sont ressorties de ce faux dialogue. La première est restée implicite : c’est la prévalence du clivage droite/gauche. Pour les intervenants, l’important est de battre la gauche, donc d’unir tous les patriotes pour y parvenir. Ce qui occulte complètement la question de savoir si cette « droite » ne serait pas une étiquette fallacieuse, qui inclut en majorité des forces ne travaillant pas pour le salut de la France. La seconde a été explicitée. On a bien sûr demandé à MM. Delahaye et Hardy s’il n’était pas absurde de vouloir apporter leur soutien à un gros parti (l’UMP), qui n’a de cesse de clamer qu’il refuse farouchement tout accord avec le FN et tout groupuscule d’extrême-droite. Réponse : – certes, les états-majors parisiens sont sur cette ligne, mais ce n’est pas du tout celle des militants, des cadres, des élus locaux, qui sont très favorables à des alliances locales. Nous pensons donc qu’il y aura forcément une révolte des élus locaux contre le siège parisien, parce qu’ils en auront marre de perdre élection après élection à cause de cette stratégie suicidaire de l’isolement.
Si la salle avait eu la faculté de poser des questions, j’aurais demandé le micro pour dire ceci : « Vous dites que la base va se révolter, que les militants de l’UMP vont contraindre l’UMP à s’allier avec sa droite. J’en doute, mais admettons. Le problème, c’est que ça changerait quoi ? Si l’UMP remporte alors des élections nationales, ce ne sont pas les militants, ce ne sont même pas les petits élus locaux qui entreront au gouvernement : ce seront toujours les mêmes dirigeants nationaux. Or ceux-là continueront de pratiquer exactement la même politique gauchisante et immigrationniste, comme sous Sarkozy ! Même s’il y avait un ou deux ministres FN en échange de l’alliance, ils ne serviraient à rien, et se feraient cocufier, exactement comme les communistes en 81 ou les écolos aujourd’hui. Donc pourquoi s’arc-bouter sur cette stratégie fumeuse d’aider cette pseudo-droite qui nous déteste et déteste nos idées, pourquoi aspirer à rester éternellement les idiots utiles des droidlomistes de l’UMP ? Pourquoi vouloir aider cette fausse gauche contre la vraie gauche ? Moi, tant qu’à faire, je préfère encore que ce soit le PS plutôt que l’UMP qui soit au pouvoir : la politique menée est la même, mais au moins les choses sont claires, l’ennemi combat à visage découvert. On n’est pas trompé, trahi, vaincu, humilié, dévalisé, piétiné par un faux allié. »
12h05 (prévue à 10h45). « Union/fusion des droites en Italie : quel bilan ? » Cette intervention est assurée par Antonio Rapisarda, jeune journaliste au Secolo d'Italia, le quotidien de l’extrême-droite italienne. M. Rapisarda ne parle pas le français et la prononce en italien. Le traducteur prévu n’est pas là ; c’est Claude Chollet qui vient le remplacer. Mais en réalité il ne traduit rien du tout, il lit un texte qu’il tient à la main et sur lequel la traduction a déjà été faite. Il est assez pénible de devoir écouter un texte tronçonné, dont la partie française est lue par quelqu’un qui le découvre en même temps que nous, et ne met pas forcément le bon ton. Pire encore : M. Rapisarda ne s’est pas soucié de pédagogie. Les subtilités de la politique intérieure italienne depuis 25 ans ne sont pas forcément maîtrisées par le Français moyen : même s’il a suivi les alternances entre la gauche et Berlusconi, il n’est pas au fait de tous les méandres de la carrière sinueuse de Gianfranco Fini, ni de l’existence de tous les partis de droite avec leurs spécificités et leur évolution. Or M. Rapisarda n’a pas eu l’idée de partir de zéro en brossant un tableau d’ensemble de la droite italienne, ses composantes et ses enjeux. On avait souvent l’impression qu’il s’adressait à un auditoire italien, et son ton mécanique, comme son attitude figée, n’incitaient pas du tout à faire un effort pour rentrer dans son propos, si bien que j’ai rapidement décroché (et je ne pense pas être le seul). Ce n’était pas un discours, mais un article lu en public, ce qui est le plus souvent calamiteux. Je n’ai pas pris de notes et j’avoue donc que, deux jours après, je suis incapable de dire quel bilan M. Rapisarda tire du rapprochement entre les extrêmes-droites et le centre-droit berlusconien. Délaissant le contenu, j’ai surtout été sensible à l’agrément de la langue italienne. Ah, me suis-je dit, comme le monde aurait une autre couleur si la langue d’usage international était l’italien, plutôt que cet horrible idiome bâtard qu’est l’anglais !
12h40 (prévue à 11h15). « Immigration : quelle réponse pour la droite ? », par Yves-Marie Laulan. Heureusement, l’assemblée a été tirée de son assoupissement par l’intervention suivante, d’une toute autre qualité et d’une chaleur remarquable. M. Laulan a plus que l’âge réuni de MM. Charles et Rapisarda, mais il a largement plus que leurs deux talents additionnés. Il a l’art de mettre le public dans sa poche par sa bonhommie, sa vivacité, ses blagues, ses formules. Le nom de ce banquier et économiste, qui a travaillé au F.M.I., à la Banque mondiale et fut même président du conseil économique de l’OTAN, ne m’est pas inconnu. Il y a déjà quelques années, j’avais relevé que cet essayiste assez conventionnel pour voir ses titres repris dans la collection de poche Hachette-Pluriel (La Triche. À qui profite la crise ? en 1982, puis La Planète balkanisée en 1993) était en quelque sorte passé dans le côté obscur à la fin des années 90, en publiant chez François-Xavier de Guibert (petit éditeur catho-réac) des livres assez critiques sur le monde actuel (Les Nations suicidaires, 1998, 2ème éd. 2003 ; Jacques Chirac et le déclin français 1974-2002, 2001 ; Allemagne, chronique d’une mort annoncée, 2004 ; Le Couple Giscard-Chirac. Deux années de plomb qui amorcent le déclin : 1974-1976, 2009). Toutefois, je le prenais pour un de ces démographes qui, tels Pierre Chaunu, Jean-Claude Chesnais ou Roland Hureaux, se contentent de tirer la sonnette d’alarme sur le vieillissement des peuples européens, voire s’inquiètent d’une immigration incontrôlée, mais sans oser franchir le fossé conceptuel et psychologique décisif, celui du « grand remplacement » d’une population par une autre. Je découvre à Orange qu’il est nettement plus téméraire que je le croyais. Il l’explique d’ailleurs dans son exorde : il sait qu’il sera très critiqué d’être venu ici, mais il l’a déjà été tellement qu’il s’en moque. Sa réputation est cramée depuis longtemps, alors il n’est plus à ça près. Il se fera traiter de facho, « mais facho, aujourd’hui, ça veut dire patriote ! » (tonnerre d’applaudissements). En consultant sa notice sur Wikipédia, je m’aperçois qu’il a même été condamné pour « provocation à la haine envers les Roms » suite à des propos tenus en 2005 dans C dans l’air sur France 5, qui ont suscité la plainte des sempiternelles associations persécutrices, les « professionnels de l’indignation ». Il est d’ailleurs intéressant de noter que Laulan a été condamné en 2009, à nouveau condamné par la cour d’appel en 2010… puis blanchi par la Cour de cassation en 2011. Dans son arrêt, la plus haute autorité judiciaire a estimé que les propos litigieux, « portant sur une question d'intérêt public relative aux difficultés d'intégration de la communauté rom, ne dépassaient pas les limites admissibles de la liberté d'expression » et que « le délit de provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence raciale n'était constitué en aucun de ses éléments ». On voit que ce n’est pas un vice de forme qui a amené la Cour à casser le double jugement, mais bel et bien l’idée que ce double jugement était en lui-même infondé ! Voilà une affaire exemplaire, qui aurait mérité plus de publicité : elle montre que, toute opinion étant relative, la notion de délit d’opinion est elle-même relative, si bien que tout jugement sur un délit d’opinion est terriblement relatif, et donc inepte et monstrueux dans une société qui se targue de faire de la liberté de pensée et de parole un de ses principes fondateurs. Apprécier si les « limites admissibles » de la liberté d’expression ont été dépassées ou non est forcément subjectif. Quant à la notion de « provocation à la discrimination ou à la haine », c’est du pur délire. Ce désaveu de deux jugements par la Cour de cassation est un terrible aveu de l’absurdité de ces lois liberticides, qui permettent, en s’appuyant sur le même dossier, à deux tribunaux de juger un homme coupable, et à un troisième de le juger innocent !
Dans son vigoureux discours, Y.-M. Laulan, après quelques considérations préliminaires, s’excuse de devoir nous asséner des chiffres. Il rappelle le coût de l’immigration : 73,3 milliards d’euros de pertes nettes (120 milliards de coût brut). Il détaille ensuite les flux annuels moyens de l’immigration : 85 000 au titre du regroupement familial ; 48 000 au titre de l’immigration nuptiale ; 40 000 demandes d’asile (10 000 acceptées, mais les 30 000 refusés deviennent des clandestins qui restent sur place) ; 20 000 pour l’immigration humanitaire ; 60 000 titres de séjour pour les étudiants étrangers ; 110 000 pour l’immigration en outre-mer (antichambre de la métropole) ; 15 000 pour l’immigration de travail. Cette arrivée massive permanente nécessite et justifie des naturalisations à tours de bras : plus de 143 000 par an (95 000 par décret ; 22 000 par déclaration au ministère de l’Intérieur, c’est-à-dire surtout par mariage ; 27 000 par déclaration au ministère de la Justice, c’est-à-dire surtout des étrangers nés en France). Y.-M. Laulan me réjouit en ajoutant l’immigration intérieure : près du quart de nos naissances sont déjà extra-européennes (165 000 sur 800 000 en 2008 ; sans doute 180 000 en 2012). En s’appuyant sur les travaux de Philippe Carbon, il affirme que si la France continue à recevoir plus de 200 000 immigrés par an, elle sera inéluctablement submergée. Si en revanche on arrive à faire baisser ce chiffre à 100 000, elle devrait survivre.
L’orateur propose enfin quelques pistes pour restreindre cette immigration, car cet objectif est incompatible avec la législation actuelle (il pense que la réduire à zéro est un rêve, et plus encore virer les Français de papiers. Je le pense aussi, hélas, droidlomisme oblige. On ne pourra rien faire d’efficace tant qu’on ne se sera pas débarrassé de l’héritage de 1789, cette Déclaration des Droits de l’Homme qui est notre socle et notre tombeau) : – Ne pas mettre en place cette ineptie grotesque qu’est le mariage homosexuel, qui serait aussi une nouvelle porte ouverte à l’immigration (eh oui ! voilà un argument qu’on a complètement oublié ! L’immigration nuptiale va devenir encore plus facile…) ; – Supprimer le décret de 1974 sur le regroupement familial ; – Durcir les conditions d’accès à la nationalité (comme au Canada) ; – Limiter les allocations familiales, ou du moins les repenser complètement, car les familles nombreuses étant essentiellement des familles non-européennes, le système actuel des allocations familiales nous ruine à la fois financièrement et démographiquement, en dopant la fécondité des immigrés ; – Remettre en cause la loi Veil-Roudy sur l’avortement, qui nous coûte entre 200 000 et 250 000 naissances par an, surtout des souchiens.
Ce discours peut se retrouver sur le blogue d’Yves-Marie Laulan, où il est daté du 5 octobre et posté le 28 octobre. Toutefois, il faut mettre au crédit de M. Laulan de ne pas nous en avoir asséné la monocorde lecture : il s’agissait bien d’un discours, pas d’un article lu, car il s’est servi de son texte comme base de son propos, sans en être prisonnier. Il n’a pas hésité à l’agrémenter de réjouissantes plaisanteries qu’on chercherait en vain dans le texte publié : « démographe honnête, mais ces deux mots sont normalement incompatibles » ; au moment où un problème technique parasite son micro : « ah, ça doit être encore un coup de l’UMP ! » ; « Le Conseil Constitutionnel est une véritable verrue institutionnelle » ; « Simone Veil, qui trône à l’Académie française alors qu’elle n’a pas écrit un seul livre », etc. Cette verve sympathique rend d’autant plus consternant le truisme qu’il nous a infligé en guise de clausule : « Le temps des parlottes est révolu, celui de l’action est venu ». Si je n’ai pas déjà entendu ça 300 fois… L’avantage avec ce poncif, c’est qu’il peut être utilisé par n’importe quel parti, dans n’importe quelle circonstance. Plus j’en ai les oreilles rebattues et plus j’adhère, par réaction, à son retournement, l’un des slogans soixante-huitards les moins connus et les plus géniaux : « Assez d’actes : des mots ! »
Ce qui m’amène aux trois critiques de fond que m’inspire le discours d’Yves-Marie Laulan. D’abord, il aurait été plus convaincant s’il avait eu l’honnêteté d’y glisser une ou deux phrases d’autocritique. En tant qu’ancien cadre de plusieurs institutions internationales, il aurait pu rappeler le rôle des structures mondialistes dans l’uniformisation généralisée, – et cela lui eût été d’autant plus facile qu’il l’a déjà fait par écrit : La Faillite des machins, Les Belles-Lettres, 1996. En tant qu’ancien cadre du RPR et membre de cabinets ministériels de droite, il aurait pu rappeler le rôle accablant de la droite dans l’effondrement de notre pays, – et cela lui eût été d’autant plus facile qu’il l’a déjà fait par écrit, dans Jacques Chirac et le déclin français 1974-2002, F.-X. de Guibert, 2001 et dans Le Couple Giscard-Chirac. Deux années de plomb qui amorcent le déclin : 1974-1976, F.-X. de Guibert, 2009. On a le droit de changer d’avis, mais à condition d’être clair sur son passé et conscient de ses responsabilités. Le conseil économique de l’OTAN, qu’est-ce que c’est que ce machin ? Avant même 1989, l’OTAN n’était donc pas une pure structure militaire, c’était aussi un organisme favorisant la création d’un espace économique atlantique… autrement dit la satellisation de l’Europe par le grand satan yanqui ? Et M. Laulan a été membre du RPR, autrement dit d’un parti gaulliste ?!!! Tout cela demandait un loyal éclaircissement. Il était amusant de glisser une blague sur un complot UMP à l’origine d’une défaillance technique ; il eût été beaucoup plus porteur d’insérer un développement sur le thème : l’UMP est aussi coupable, et je vais vous expliquer pourquoi car je la connais de l’intérieur.
Ensuite, je conteste une thèse qui semble importante aux yeux d’Yves-Marie Laulan. Pour lui, l’incitation à l’immigration est avant tout une manœuvre politique des socialistes : « Il s’agit bel et bien d’une démarche politique délibérée qui vise à chasser durablement la droite du pouvoir et de permettre à la gauche de se constituer, aux frais du contribuable, une forteresse électorale quasi inexpugnable, c’est-à-dire d’assurer à la Gauche la capacité de s’emparer du pouvoir et le conserver pour longtemps, très longtemps. » Au cas les chefs du PS auraient conçu ce plan machiavélique, ce serait très naïf et même absurde, car si les immigrés s’intègrent, ils se fondront dans la population et n’auront plus de raison de voter spécifiquement pour la gauche ; et s’ils ne s’intègrent pas, ils en viendront progressivement à imposer leurs propres valeurs, des valeurs… qui sont aux antipodes du gauchisme ! : refus de la laïcité, obsession du religieux, mentalité patriarcale, soumission de la femme, polygamie, austérité des mœurs, haine de l’individualisme, rejet de la diversité, mépris du progrès scientifique, etc. Sans compter que l’immigration incontrôlée entraîne une forte réaction de la population et une hostilité marquée à l’encontre des partis qui la favorisent : c’est donc déshabiller Pierre pour habiller Paul, ou plutôt perdre la voix de Marcel pour gagner celle de Rachid : quel intérêt ? Mais admettons que les socialistes soient assez sots pour n’avoir jamais réfléchi à cela. Il reste que cette thèse n’explique pas que la droite soit presque aussi immigrationniste que la gauche, et qu’elle n’ait jamais pris que des mesures symboliques et inefficaces pour endiguer le raz-de-marée. M. Laulan sait mieux que personne que le regroupement familial est dû à la droite, puisqu’il a consacré à cette erreur tragique de 1974 une bonne partie de son dernier livre. Et il ne peut oublier que feu Bernard Stasi, l’auteur de L’Immigration, une chance pour la France (Laffont, 1984) et de Tous Français, l'immigration, la chance de la France (Hugo Document, 2007), fut un élu et dirigeant de l’UDF, et même un ministre de Pompidou.Il doit aussi avoir en mémoire le discours de Sarkozy à Palaiseau en 2008 : « L’objectif, c’est relever le défi du métissage. […] Ce n’est pas un choix, c’est une obligation, c’est un impératif. On ne peut pas faire autrement. […] Nous devons changer, alors nous allons changer ». Bref, la thèse ne tient pas. Ramener une aussi formidable mutation historique à une vulgaire compétition partisane, c’est regarder les choses par le petit bout de la lorgnette, ce qui empêche de voir le problème dans toute son ampleur. Ajoutons aussi que nos voisins européens sont confrontés au même problème, et que chez eux aussi, les gouvernements des deux bords ont pareillement favorisé l’invasion. L'idée que l’immigration serait due à un coup politique du PS me paraît tristement myope et archaïque, – et aussi très dangereuse, car elle implique qu’il devrait être aisé de montrer aux socialistes que leur stratégie est vicieuse : un politicard cynique est toujours plus facile à dissuader qu’un idéologue. Cette lecture politicienne du problème est un vestige d’une époque révolue, où l’on croyait (et parfois à raison) que la droite et la gauche s’opposaient réellement, et que toutes les décisions politiques pouvaient s’expliquer par leur confrontation. Or depuis environ 30 ans, les différences qui séparent les deux branches de l’UMPS sont devenues très ténues, puisque toutes les deux se réclament résolument de la Révolution française et de l’économie de marché. Le quinquennat de Sarkozy aura eu au moins ce mérite de montrer que même quand le discours de campagne de la droite paraît s’opposer à la bien-pensance droidlomiste, aucun acte concret ne suit derrière, sinon une suite de concessions et de reculades. Je crois que ce qui est en jeu dans l’immigrationnisme, partagé par la droite quoi qu’elle en dise, c’est beaucoup, beaucoup plus qu’un mesquin calcul électoral : une véritable vision du monde, dont la diversité, la xénophilie, le tolérantisme, l’œcuménisme sont des bases incompressibles. Tous les hommes sont frères, tous sont égaux, tous méritent notre amour, c’est ce poison chrétien qui est le sang même du droidlomisme. La plupart des militants socialistes croient sincèrement qu’une France multicolore est bien préférable à une France « blafarde », et que la présence sur notre sol de communautés arabes, nègres, jaunes est en soi une excellente chose, quand bien même elles ne voteraient pas pour le PS. Et beaucoup d’électeurs de l’UMP le croient aussi, indépendamment du vote de ces communautés.
Le dernier reproche, bien sûr, c’est la timidité des remèdes proposés. M. Laulan n’a pas tort de juger que voir appliquées les mesures « de survie » qu’il préconise est aussi improbable que voir François Hollande réussir l’ascension de l’Everest seul et sans oxygène, ce qui fait que « la France meurt à petit feu ». Pour autant, ces mesures seraient tout à fait insuffisantes, et on ne peut se satisfaire de ramener le flots d’immigrés inassimilables à 100 000 par an. Je félicite M. Laulan d’avoir franchi un fossé psychologique en comprenant que nous avions affaire à une lente substitution de population. Il lui reste un second fossé à franchir, celui consistant à prôner l’expulsion de tous les étrangers et les faux Français indésirables, par intimidation ou contrainte forcée (à l’image de l’Algérie, qui sut en 1962 se débarrasser de ses 10% de pieds-noirs et liquider ses traîtres harkis). Envisager cela, ce n’est plus basculer dans le « côté obscur », mais carrément dans l’abîme le plus ténébreux… Cela demande une révolution mentale bien plus profonde que d’arriver à vitupérer Giscard, Chirac et Sarkozy quand on vient de l’UMP, puisqu’il s’agit de rien de moins que d’éradiquer en soi le droidlomisme, et plus profondément encore le christianisme. Comprendre que la vie humaine n’est pas la valeur suprême, et qu’il vaut mieux que « périssent dix-milles barbares plutôt qu’un seul d’entre nous », comme dit Magdassan dans Salammbô. Transvaluation de toutes les valeurs ! Dans l’état de décadence où se trouve l’Europe, c’est là une tâche proprement surhumaine… mais c’est la seule issue.
En conclusion : c’est bien, mais peut mieux faire… Il faut rendre grâce à Yves-Marie Laulan de regarder d’un œil lucide la disparition progressive de notre peuple, même s’il n’a pas le courage d’envisager froidement les vrais remèdes. C’est déjà beaucoup que de poser un bon diagnostic. C’est avec des petits pas comme le sien que la prise de conscience se généralisera. Peut-être n’est-ce qu’une question de génération : ceux qui ont vu venir la Bête de loin croient qu’il suffira de semer tranquillement un peu de répulsif pour la faire repartir ; seuls ceux qui ont grandi en sentant son souffle brûlant sur eux comprendront qu’il faut l’égorger avec violence et sans scrupules.
13h15 (prévue à 11h). « La Destra sociale dans l’union des droites : quelle influence ? » Cette intervention est due à Gabriele Marconi, journaliste italien dont on nous dit qu’il est le directeur de l’influente revue Area, et qui ressemble beaucoup à José Mourinho, en un peu plus grand et plus élancé. Mais lui aussi va parler en italien (d’où un discours péniblement tronçonné par la traduction), et il annonce d’emblée qu’une partie de son propos a déjà été esquissée par son collègue Rapisarda, et il commence à se faire tard… Comme une bonne partie du public, je choisis de quitter la salle pour m’accorder une petite pause-déjeuner et me dégourdir les jambes.
(À suivre)
[1] Sous l’étiquette MPF la troisième fois, car il a quitté le FN en 2005, en désaccord avec le pouvoir personnel de Jean-Marie Le Pen. Voir cet article.
[2] Un programme de cultures du monde ? Je n’étais pas sûr d’avoir bien compris ce point. J’ai consulté ce document officiel, et j’y ai trouvé, à la rubrique : « la sensibilité, l’imagination, la création » à développer en classe maternelle, cette consigne : « Une collection, un musée de classe peuvent être constitués à partir d'un projet ou en lien avec les moments exceptionnels de la vie de la classe. Cette collection est l'occasion de faire exister concrètement une culture commune à l'ensemble du groupe. Ces œuvres qui sont données à voir et à comprendre permettent de faire les liens avec les réalisations des enfants. Elles ménagent l'ouverture à la diversité des expressions artistiques, des techniques, des formes, et aux cultures du monde. » Bien que je n’aie pas eu le courage de lire en entier ce copieux document, je constate que l’orientation xénomaniaque n’est pas un objectif revendiqué des programmes. Il s’agit donc bien des enseignants qui l’interprètent ainsi, en surinterprétant une consigne assez vague et générale pour inoculer le virus de l’africanophilie à nos chères petites têtes blondes.
[3] Vérification faite, il s’agit du chiffre du second tour, d’après un sondage de l’institut Opinion Way : 93% pour Hollande et 7% pour Sarkozy. Certaines sources indiquent qu’il s’agirait des musulmans pratiquants, d’autres des musulmans simples. Au 1er tour, les votes de ces deux millions d’électeurs auraient été : Hollande 59%, Mélenchon 23%, Bayrou 7%, Sarkozy 4%. Voir cet article de La Vie. Ces chiffres sont extrêmement intéressants, car il est évident que sur toutes les questions sociétales, les musulmans sont très conservateurs, donc plus proches de la droite. Il s’agit par conséquent d’un vote communautaire. Ils ne choisissent pas le candidat qui correspond le mieux à leurs idées sur la façon dont la société doit être conduite de façon générale, ils choisissent le candidat qui aura le plus d’égards pour eux en tant que musulmans et immigrés. Magnifique preuve qu'ils ne sont nullement assimilés, ces pseudo citoyens français.
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